Un communiqué commun, signé par plus de cinquante collectifs, syndicats, associations dénonce la répression accrue (...)
Alstom : sortir l’État de son impuissance Le point de vue de Patrice Carvalho, député communiste
L’affaire Alstom est emblématique de la société dans laquelle nous vivons, celle de la mondialisation capitaliste.
Voilà une entreprise, parmi nos fleurons nationaux, leader dans le transport et l’énergie, qui dépend pour 70% de son chiffre d’affaires de la commande publique. Ceci aurait pu lui inspirer un peu de respect pour ses clients, à savoir l’État et les entreprises publiques (SNCF, RATP, collectivités locales, Areva…).
Il n’en est rien et son PDG, M. Patrick Kron a négocié en catimini la cession de la branche énergie du groupe à l’américain General Electric. Voilà ce qui s’appelle ne pas avoir la reconnaissance du ventre mais faut-il s’en étonner ?
A l’origine de l’opération se trouve Bouygues, le principal actionnaire, qui a décidé de vendre ses actions en vue d’une plus-value immédiate, sans se soucier des conséquences pour Alstom.
Le cynisme est à l’œuvre sur toute la ligne et les appétits financiers n’ont aucun souci des intérêts nationaux, économiques, industriels et sociaux.
General Electric arrive donc à la rescousse en chevalier blanc, espérant que l’affaire se conclut en quelques jours.
Le groupe Allemand Siemens contre-attaque avec sa propre offre, avec le soutien du gouvernement français, qui, lui, a appris l’opération made in US par la presse ou quasiment.
Le problème est que les deux offres en question sont œuvre de prédateurs. Siemens souhaite absorber ainsi son principal concurrent et General Electric s’accaparer les brevets. C’est le choix entre la peste et le choléra.
Ce qui frappe, c’est l’impuissance consentie de l’État, qui n’entend se borner qu’à arbitrer entre les vautours.
Alstom occupe pourtant une place stratégique dans les secteurs clés du transport et de l’énergie. Ce qui le guette, si nous laissons faire, c’est le dépeçage, comme a pu connaitre, voici quelques années, Péchiney, qui a fini par disparaitre
Nous avons les moyens, si l’État en a la volonté, d’organiser une riposte à la hauteur des enjeux, avec la constitution d’un grand pôle public de l’énergie et des transports avec l’entrée au capital d’Alstom, de EDF, Areva, la SNCF et la RATP.
Alstom n’est pas un canard boiteux. Le groupe connait certes un endettement important mais aussi et avant tout un carnet de commandes de 53 milliards € pour les années à venir.
La perspective d’échapper à la prédation est donc bien réelle. Elle suppose une volonté politique de l’État, qui semble, pour le moment, avoir choisi l’impuissance.