A Amiens, la gauche privatise les transports : vive la gôôôôche ! Intervention du conseiller municipal communiste Cédric Maisse

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Commentaire de Cédric Maisse sur le déroulement de son intervention :

Un refus de la liberté d’expression par Gilles II

En séance du 18 avril 2012, Gilles Demailly, président socialiste d’Amiens-Métropole, n’a pas cessé de m’interrompre afin que je ne puisse pas m’exprimer et développer correctement mes arguments. Il a fait preuve d’intolérance lui qui se fait le chantre de la démocratie participative. Au lieu de réfléchir et de répondre raisonnablement, il a préféré réagir par le rejet pur et simple : "votre place n’est pas ici Monsieur Maisse, m’a-t-il lancé". Quant à Thierry Bonté, vice-président socialiste aux transports, l’assemblée a eu droit à son expertise en matière de logorrhée : "Monsieur Maisse, vous nous infligez à longueur d’assemblée votre logorrhée verbale (ce qui est un pléonasme, mais ce n’est pas étonnant de la part d’un pédant tel que lui) et vos plaisanteries, ce n’est plus supportable ! De plus vos interventions sont d’une très mauvaise qualité littéraire".

Si les membres de l’exécutif réagissent ainsi, c’est qu’ils sont loin d’être sereins et qu’ils n’ont que peu d’arguments ! Ils se réfugient dans des arguties du type : "mais on ne vote pas le rapport, seulement le contrat !", alors que les deux textes sont inclus dans la délibération. Notre collectivité est dirigée par de petits messieurs qui ne sont capables de s’intéresser qu’à la place d’une virgule dans un texte et non à son esprit...

Intervention de Cédric Maisse sur l’affermage confié à Keolis par le conseil d’Amiens-Métropole du 18 avril 2012

Préambule :

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je souhaite revenir sur ce que vous m’aviez dit la dernière fois à propos du dossier de la citadelle. Vous avez affirmé que je prétendais parler au nom de la communauté universitaire. Rien n’est plus faux. Dans cette assemblée je m’exprime en tant qu’élu investi de la légitimité du suffrage universel. Je m’exprime au nom des électeurs, les mêmes que vous M. le président… Pour la délibération présente, je ne parle donc pas au nom des salariés ou des usagers mais en tant qu’élu, représentant soucieux du bien commun.

1) La délégation de service public, c’est la perte du contrôle démocratique de la gestion de notre territoire.

Page 4 du rapport du président : on a choisi la délégation de service public comme mode d’exploitation du réseau. L’expression même de délégation de service public est utilisée pour masquer une réelle privatisation. C’est quasiment la novlangue décrite par George Orwell dans 1984. On exprime une chose pour signifier son exact contraire. On garde le terme positif de service public auquel les Français tiennent beaucoup ainsi que le montrent toutes les études d’opinion. On garde ce terme pour mieux le vider de son sens dans la réalité.

Le système de l’affermage est assez complexe. Quand le montage est complexe, cela ne peut favoriser les contestations. N’importe quel Amiénois doit pouvoir comprendre comment se répartissent les responsabilités de chacun.

Dans le rapport de décembre 2010, il est bien dit que l’affermage amoindrit la capacité politique d’intervention. On laisse plus d’autonomie à Keolis pour ne pas assumer ses responsabilités en tant qu’autorité politique ! On verse 30 millions d’euros pour 5 millions de recette.

On abdique toute responsabilité : page 9, Keolis propose une Société d’économie mixte et Amiens-Métropole refuse !

2) Keolis le sauveur ?

Sa mission est de réorganiser le réseau (page 7 du rapport du président). Il apparaît que les élus de l’exécutif se dessaisissent de tout contrôle du tracé des lignes et laissent toute liberté à Keolis pour décider où vont passer les bus ! Or on doit avant tout répondre aux besoins des Amiénois et non privilégier les intérêts financiers d’une entreprise.

Keolis dit s’appuyer (page 12 du rapport) sur 1 enquête de déplacement, des entretiens leaders d’opinion, des réunions qualitatives d’habitants, des audits sur le terrain. Mais ce n’est pas à Keolis de faire ce travail, c’est à nous élus de le faire ! A quoi sert donc la démocratie participative ?

Page 17 : fréquence de 10 minutes sur les lianes, est-ce possible ? Amiens Métropole a négocié par souci d’économie que les LIANES 3 et 4 s’arrêtent à 23 heures.

L’arrivée de Keolis rassure à première vue. On part de tellement bas avec la CFT. Quand je critiquais la CFT on disait que j’étais un irresponsable et que dit le rapport :

Page 11 : réseau de transport très ancien et ne correspondant plus aux besoins de déplacement.

Page 20 : Il est certain que la population est en forte attente d’un réseau de transport en bon fonctionnement et que la fréquentation du réseau a un potentiel de développement très important sous réserve d’une offre adaptée et fiable (retards, perturbations sociales etc.). En effet, on constate déjà aujourd’hui sur le réseau existant non restructuré, des hausses de fréquentation immédiates dès lors que le réseau fonctionne normalement.

Page 24 : Les candidats ont donc eu des difficultés à reconstituer les effectifs nominaux et en équivalent temps plein du réseau AMETIS et présents dans l’entreprise et la masse salariale correspondante. De plus, des agents affectés à un poste théorique sont affectés de manière effective à un autre poste dans la réalité, ce qui nuit à la transparence de l’information.

3) Qui est vraiment Keolis ?

Keolis Amiens est une filiale à 100 % de Keolis, société anonyme multinationale au capital de 46.561.500 € dont le siège est à Paris. En France, Keolis contrôle un tiers du marché du transport public urbain et interurbain. Cela représente 52 % de son chiffre d’affaires, le reste étant réalisé à l’international, en particulier au Québec. En 2010, le groupe employait dans le monde 47.200 salariés, dont plus de 22.000 conducteurs et possédait 200 filiales et son chiffre d’affaires s’est élevé à 4,1 milliards d’euros. En 2011 son capital est détenu :
- à 56,7 % par la SNCF, établissement public dont la direction est nommée par le gouvernement français,
- à 40,8 % par Kebexa, dont les actionnaires sont par ordre d’importance : à hauteur de 50 % la Caisse de dépôt et placement du Québec, caisse de retraite paragouvernementale dont les administrateurs sont nommés par le gouvernement du Québec, pour 43,6 % Axa private equity, filiale du groupe d’assurances Axa, et enfin pour 6,4 % le fonds d’investissement Pragma (depuis avril 2007),
- à 2,5 % par les cadres de Keolis.

Or en 2009, selon le dernier rapport financier publié sur leur site, le groupe Keolis a distribué à ses actionnaires 46 millions d’euros sous forme de dividendes et ses 11 principaux dirigeants se sont réparti 3,9 millions d’euros… soit près de 1000 euros par jour et par patron !

Donc Keolis vient pour faire de l’argent, ce n’est pas une entreprise philanthropique !

4) La stratégie de Keolis.

1er volet => page 8 : augmenter les recettes commerciales.

Page 21 : Avec KEOLIS, la nouvelle tarification réduit la part des voyages gratuits qui représente un poids important dans la tarification actuelle ; la gratuité de l’abonnement scolaire valable pour un aller-retour par jour scolaire dans la nouvelle tarification génère une fréquentation plus importante que dans l’option où il est payant.

Page 33 : Des tarifs plus attractifs et conformes à l’offre du réseau : une réduction du carnet de tickets limitée à 10% du billet à l’unité, une augmentation des tarifs des abonnements tout public qui sont d’un niveau bas, la limitation des réductions sur les titres annuels.

Ticket 1,20 euros : cela reste pareil

Nouveau ticket duo ou tribu : de bonnes idées (attractivité)

Carnets de 10 : augmentation de 10 euros à 10,80 (+ 8 %)

Abonnement mensuel : augmentation de 25,40 à 27 euros (+ 6 %)

Abonnement annuel : augmentation de 242 à 276 euros (+ 14 %)

Abonnement annuel campus : augmentation de 183 à 200 euros (+ 9,3 %)

En plus il est prévu, en option de supprimer la gratuité d’un aller-retour pour les scolaires.

Page 34 : La mise en place de cette nouvelle gamme tarifaire permettrait de faire progresser les recettes d’environ 450.000 € HT par an.

On s’attaque au pouvoir d’achat des Amiénois parce que l’on n’a pas le courage de faire le travail nous-mêmes. On préfère tout confier à une entreprise privée.

L’an dernier les élus communistes de l’agglomération de Lille ont fait signer une pétition contre la suppression de la gratuité des transports pour les lycéens. Ils ont voté contre en assemblée. Qui gère le réseau lillois ? Keolis.

Deuxième volet => l’augmentation de la productivité.

Page 25 : Les deux candidats sont en phase sur l’appréciation des sureffectifs actuels tant pour la conduite que pour d’autres postes dont l’entretien maintenance. De 470,3 ETP, on passe à 454,7 soit – 10,3 %. Objectif : augmenter la productivité.

Le nombre de conducteurs reste stable.

Le nombre des mécaniciens baisse de – 14 postes. Keolis va mettre en sous-traitance les réparations !

Page 15 : sous-traitance. On nous avait vendus la CFT en prétendant qu’il n’y aurait plus de sous-traitance !

Page 27 : L’entretien maintenance est également un point fondamental pour Amiens Métropole compte tenu de l’âge jeune du parc et du mauvais état d’entretien maintenance constaté du parc actuel.

Page 19 : sous-traitance aux taxis pour le TAD.

Le nombre de contrôleurs va passer de 48 à 25,5. Comment assurer 95 % de paiement de tickets comme Keolis le souhaite avec deux fois moins de contrôleurs ?

Le nombre de cadres est divisé par deux : c’est conforme à ce que je disais. Il y avait trop d’encadrements pour le nombre de chauffeurs.

5) Diverses remarques.

L’installation d’un nouveau dépôt à la Madeleine. Est-ce que la population du quartier est au courant ? A-t-on examiné les problèmes de voirie ?

La publicité va contribuer aux recettes à hauteur de 100.000 euros. Encore une prolifération de la publicité à Amiens.

6) Une contre-proposition.

Nous favoriserons le développement des transports publics de proximité et leur gratuité (page 15 du programme aux présidentielles du Front de gauche).

LES TRANSPORTS EN COMMUN GRATUITS, CE N’EST PAS UNE UTOPIE, CELA EXISTE DÉJÀ DANS 12 VILLES ou agglomérations, dont 3 seulement sont de gauche !

Une politique de transports publics gratuits est appliquée par des municipalités ou des agglomérations de gauche (Aubagne, agglomération de 100.000 habitants, à majorité PCF-PS-Modem, depuis 2009) comme de droite (Châteauroux - 76.000 h, et Vitré - 64.000 h, depuis 2001, mais aussi Compiègne - 70.000 h, Gap - 38.000 h, toutes à direction UMP). Et tout cela avec succès, puisque le nombre d’utilisateurs des bus y a augmenté, tandis que le trafic automobile et donc la pollution induite ont baissé.

COMMENT LES FINANCER ?

On nous dit que cela coûterait trop cher aux contribuables. En réalité, les transports en commun sont déjà largement financés par l’argent public : ainsi, dans le coût global des transports, dans notre agglomération comme ailleurs, les ventes de tickets ou d’abonnements au réseau ne représentent qu’une petite partie du coût réel.

A Amiens, par exemple, elles ne représentaient que 17 % des recettes (14 % à Chateauroux avant le passage à la gratuité en 2001)

La gratuité a été financée par une augmentation du versement transport et la suppression des frais de billetterie, dans le cadre d’une politique écologiste volontariste.

Bilan de la gratuité à Aubagne :

En 2 ans la gratuité c’est :

- 1 million de voyageurs en plus, + 87% d’usagers, + 96 % sur les lignes régulières,

- 13% de circulation automobile en moins,

- 33% d’usagers en plus dans les transports scolaires, pourtant gratuits auparavant, dont la dynamique globale a permis l’attraction d’encore plus d’usagers.

Il y aussi moins de dégradation des transports en commun.

Conclusion

Pour toutes ces raisons nous votons Contre cette délibération.

Je demande à ce que l’on fasse comme à Aubagne une Délégation de Service Public avec 0 recette.

CONTRE : 2 (les délégués communistes M.-H. Loew et C. Maisse)

Abstentions : 3

Tiré du blog de Cédric Maisse, conseiller municipal communiste d’Amiens, délégué à Amiens-Métropole

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