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Vers l’unité de deux grands partis révolutionnaires, pour célébrer l’anniversaire de la révolution d’Octobre.
Je n’ai pas pu venir à la réunion de Vénissieux, à mon grand regret. Avec un peu de recul et en visionnant les vidéos mises en ligne, notamment les interventions des camarades russes et chinois, j’en viens à penser que cet événement a une grande portée.
Tatiana Desiatova, représentante du KPRF, critiqua dans ses réponses aux questions du public l’abandon par Khrouchtchev de la dictature du prolétariat et la négation de la lutte des classes :
« Quand on oublie des concepts comme la dictature du prolétariat dans l’histoire de mon pays malheureusement cela a joué un rôle destructeur après la mort de Staline. Khrouchtchev a commencé à renoncer à la dictature du prolétariat, à nier le concept de lutte des classes ». [25’45 de l’enregistrement]
Je retiens aussi ce passage de l’intervention de Youping Cui :
« En 1978 nous avons déjà abandonné l’idée erronée qui considère la lutte des classes comme la contradiction principale. Nous avons concentré nos efforts sur l’édification économique parce que nous pensons que seules des forces productives développées permettent de dépasser ou de démontrer la supériorité du système socialiste.
Et dans le rapport du 19ème congrès, on dit que la contradiction principale s’est transformée pour devenir la contradiction entre les aspirations de la population pour une vie meilleure et le développement déséquilibré et insuffisant
Mais cela ne signifie pas que la lutte des classes a déjà disparu. En raison de la situation intérieure et extérieure la lutte des classes en Chine existe dans certains champs ou dans certains domaines parce que sur le plan international il existe l’impérialisme et aussi l’hégémonie et à l’intérieur du pays, il y a aussi beaucoup de contradictions.
Donc la lutte des classes peut se manifester de temps en temps. Mais nous pensons que grâce au développement des forces productives ce genre de contradictions va être réglé. » [15’50 de l’enregistrement]
Et maintenant permettez-moi de faire ce rapprochement avec un texte de 1956 :
« A mon avis, il y a deux "épées" : l’une est Lénine et l’autre, Staline. L’épée qu’est Staline, les Russes l’ont maintenant jetée. Gomulka et certains Hongrois l’ont ramassée pour frapper l’Union soviétique, pour combattre ce qu’on appelle le stalinisme. Dans beaucoup de pays d’Europe, les partis communistes critiquent aussi l’Union soviétique ; leur leader c’est Togliatti. Les impérialistes se servent aussi de cette épée pour tuer les gens ; Dulles par exemple l’a brandie un moment. Cette arme n’a pas été prêtée, elle a été jetée. Nous autres Chinois, nous ne l’avons pas rejetée. Premièrement, nous défendons Staline et deuxièmement, nous critiquons aussi ses erreurs ; et pour cela, nous avons écrit l’article "A propos de l’expérience historique de la dictature du prolétariat". Aussi au lieu de le diffamer et de l’anéantir comme font certains, nous agissons en partant de la réalité.
Quant à l’épée qu’est Lénine, n’a-t-elle pas été, elle aussi, rejetée en quelque sorte par les dirigeants soviétiques ? A mon avis, elle l’a été dans une assez large mesure. La révolution d’Octobre est-elle toujours valable ? Peut-elle encore servir d’exemple aux différents pays ? Le rapport de Khrouchtchev dit qu’il est possible de parvenir au pouvoir par la voie parlementaire ; cela signifie que les autres pays n’auraient plus besoin de suivre l’exemple de la révolution d’Octobre. Une fois cette porte grande ouverte, le léninisme est pratiquement rejeté. »
[Mao Zedong, 15 novembre 1956, Discours à la deuxième session plénière. Œuvres choisies, tome V, Ed. en Langues étrangères, Beijing, 1977, p.369.]
Autrement dit, le mouvement communiste international était divisé depuis 61 ans, et nous assistons à l’unité de ces deux grands partis révolutionnaires, pour célébrer l’anniversaire de la révolution d’Octobre.
Ce n’est pas rien et ce n’est pas vide de sens non plus.
Qu’ils soutiennent l’un et l’autre la voie révolutionnaire d’Octobre, et que la lutte des classes se poursuit – même sous une forme atténuée – dans la société socialiste ne nous est pas indifférent non plus. D’abord il s’agit de leur propre expérience dans deux exemples de la société socialiste. Et ensuite il s’agit précisément de notre expérience de la voie pacifique, et de notre programme : laisserons-nous les capitalistes agir comme bon leur semble dans la société socialiste ?
La dictature du prolétariat est une expression « qui fait peur » dans notre pays, mais si on y réfléchit les ordonnances de Macron sont une forme de dictature. Et la grève victorieuse des camarades de Pasquier est aussi une insupportable dictature.
La présence des communistes russes et chinois à cette tribune signifiait donc la fin d’une ère et le début d’une nouvelle. La présence de membres et de non membres du PCF dans cette réunion va évidemment dans le même sens. Il fut un temps où on s’échangeait aussi des noms d’oiseaux, mais ce temps est révolu.
Il reste un pas à franchir dans notre unité, si on considère l’ensemble des communistes et en particulier ceux pour qui la Chine serait devenue capitaliste. C’est vrai que nous nous posons de nombreuses questions depuis disons la réforme de Deng Siaoping. Mais il existe dans nos rangs des points de vue franchement opposés sur ce sujet.
La camarade Zizi Li a parlé longuement de l’étude du marxisme, ce qui confirme l’ampleur de l’étude en cours, qui est étendue aux enseignants et aux journalistes. Elle a conclu :
« La nouvelle ère appelle à de nouvelles théories. Travaillons ensemble afin d’avancer à de nouvelles théories et de nouvelles pratiques. »
Ceci veut dire que la théorie marxiste-léniniste doit s’adapter à une situation internationale inédite. Il est en effet inédit que la première économie mondiale soit celle d’un pays socialiste, ou encore que l’hégémonie US commence à battre en retraite, que celle-ci se replie et celui-là s’ouvre. Que signifie la mondialisation ? Quel est son sens dans l’histoire et obéit-elle à la dialectique, c’est-à-dire a-t-elle des aspects contradictoires qui se transforment l’un en l’autre, ou si on préfère qui dominent tour à tour ? Beaucoup de questions se posent alors, et nous devrions bien étudier ce sujet en mesurant ce qui naît et se développe d’un côté, et ce qui s’éteint de l’autre. Mais quoi qu’il en soit, l’affaiblissement des anciennes puissances impérialistes est un cas favorable pour la révolution prolétarienne dans notre pays.
Salutations fraternelles
Jean