Candidatures aux présidentielles : mon opinion sur la démarche d’Emmanuel Dan Trang

, par  Armand Lecoq , popularité : 3%

Des camarades s’interrogent sur la candidature d’un nouveau membre du CN alors que des perspectives de rassemblement apparaissaient ; Armand Lecoq a jugé utile d’envoyer ses réflexions au site. N’hésitons pas à débattre si nécessaire.

Paul Barbazange


« Nous ne pouvons pas faire la même politique en France avec un PCF à 5% et avec un PCF à 20% »

« Nous allons procéder maintenant à détricoter toutes les mesures prises par le CNR à la Libération »

Ces propos ont été tenus à trente ans d’intervalles, le premier par Mr Gandois, alors dirigeant du CNPF, en 1977, et le second par un certain Kessler, du MEDEF, il y a quelques années. Ces grands capitalistes ne se trompent pas de cible lorsqu’ils évoquent ces deux caractéristiques de la société française : un PCF puissant et bien implanté dans le monde politique et social de notre pays, et les avancées sociales inédites dans une société capitaliste.

Il est vrai que les avancées considérables de civilisation que nous a apportés l’application partielle du programme du CNR, au lendemain de la seconde guerre mondiale, ont non seulement permis au pays de se relever économiquement des dommages de guerre, mais ont aussi innové en matière de protection sociale, d’essor de l’enseignement, de créations massives d’emplois, d’accroissement des libertés syndicales et sociales tout simplement, d’accès aux loisirs (avec les colonies de vacances rendues possibles par les comités d’entreprises) et au confort minimum, avec l’énergie vendue à prix coûtant... C’est, je l’affirme, le poids prépondérant du PCF dans la vie politique et sociale de notre pays qui a rendu possible l’application de ces mesures dans notre pays.

Ce bond historique de civilisation, bénéfique pour l’immense majorité des français, a toujours constitué un véritable obstacle, pour les capitalistes qui nous exploitent, afin de réaliser le maximum de profits dans le délai le plus court. La part importante du secteur public dans l’économie entravait la course aux profits, à l’exploitation du travail et à la rentabilité immédiate des dividendes !

L’affaiblissement progressif du PCF, initié notamment à l’époque du programme commun, n’a cessé de favoriser les idées réformistes représentées par le parti socialiste.

Je ne m’étendrai pas sur l’érosion de nos effectifs, sur le recul électoral qui a vu diminuer le nombre de nos élus, sur la perte de nombreuses implantations municipales... La dérive social-démocrate a fait, et continue de faire bien des ravages dans nos rangs, notamment chez nos dirigeants, et dans l’influence que nous avions dans ce pays.

La crise profonde du système, dont les premiers effets se sont fait sentir il y a environ trois ans appelle une sortie vers le haut, vers le socialisme. Ici et là, notamment en Amérique Latine, certains pays explorent cette orientation, avec leur propre chemin.

C’est justement cet objectif que notre direction a choisi d’ignorer, sous prétexte que le « socialisme » s’est écroulé à l’Est (aucune analyse sérieuse dans le parti de cet événement historique). Affaiblie dans ses convictions par le spectacle d’un PCF de plus en plus rabougri, d’une élection à l’autre, cette direction a choisi de liquider, pour d’autres, d’accompagner la liquidation d’un parti communiste qui ne correspond plus à ses ambitions, et auquel elle ne croit plus, au bénéfice d’une organisation plus ou moins social-démocrate, concoctée, sans que l’ensemble du parti ait eu la possibilité d’en discuter, avec un politicien à la tête d’un petit groupe, le PG, composé de « transfuges » issus du PS et de la mouvance FASE-libertaire, et une poignée de militants qui ne se retrouvent plus dans une LCR remaniée NPA !

Il y a un peu plus de deux ans, à Malakoff, nous avions regroupé beaucoup des communistes qui refusaient la disparition du parti révolutionnaire qu’ils pensent toujours décisivement utile aux transformations dont le développement actuel, crise capitaliste comprise, est porteur. Nous nous refusions et c’est toujours le cas, de participer en spectateurs consentants au mouvement qu’ont connu nos camarades Italiens ou Espagnols, pour ne pas citer les autres en Europe, spectacle d’un parti qui navigue à vue, vidé de sa substance révolutionnaire, machine à faire élire (dans la mesure où ça marche encore !), ayant perdu sa boussole marxiste, avant de se fondre dans un magma social-démocrate de renonciation et d’accompagnement d’un système en place devenant de ce fait décidément inébranlable !

Nous avions, alors, constaté que notre pays avait plus que jamais besoin d’un PCF révolutionnaire, résolument marxiste et à vocation à préparer le rapport des forces nécessaires pour le changement politique et économique.

Nous comptions contribuer à l’unité de tous les communistes, malgré leurs saines différences, afin de rendre au parti les couleurs qu’il n’aurait jamais dû perdre. Nous prenions d’ailleurs un risque, celui d’être identifiés comme une tendance dans ce parti, nous qui sommes précisément contre les tendances.

Cette recherche d’unité retrouvée et d’idéal révolutionnaire partagé en commun ne doit pas disparaître. Notre volonté de retrouver un PCF va à l’encontre de toute démarche centrée sur un isolement révolutionnaire constitué de tous ceux qui sont persuadés d’avoir raison. Le regroupement des communistes dans le « réseau » n’a pas vocation non plus à se ranger derrière un meneur qui aurait toujours raison (ou presque...).

L’orientation que nous avons prise pour les présidentielles procède de la bataille que nous continuons à livrer pour gagner face à une direction tombée dans le réformisme, pour bon nombre de ses membres influents. Son issue sera lourde de conséquences pour l’avenir du parti. Nous avons l’impérieuse nécessité de retrouver cette unité qui a présidé à la naissance du réseau, en l’élargissant le plus possible à tous les camarades qui, dans leur diversité, n’ont pas perdu l’espoir de reconstituer un parti communiste digne de ce nom. Nous devons retrouver l’alliance qui a présidé à Malakoff, dans le souci constant de rassembler tous les communistes dans une bataille politique commune, sous peine de voir la victoire des éléments réformistes présents dans notre direction, et le PCF disparaître au profit d’un « Front de gauche » érigé en « nouveau parti politique ».

La pétition que nous avons lancée sur le site du réseau peut peser très lourd dans la décision finale, si nous poussons tous ensemble du même côté. Nous demandons que la conférence du parti choisisse un communiste bien identifié communiste, comme candidat d’une union la plus large possible, allant bien au-delà du Front de gauche, et porteur des idéaux communistes et de la volonté d’abolir cette république inaugurée par le pouvoir personnel du général De Gaulle. Cette proposition que nous adressons à tous les communistes s’oppose à la candidature de Mélenchon choisi par Pierre Laurent et Marie Georges Buffet. Il nous est possible de gagner cette bataille politique dans l’intérêt d’un Parti Communiste enfin retrouvé si nous savons réunir la grande diversité qui traverse le parti.

C’est pour cela, essentiellement, que la candidature d’Emmanuel, apparaît comme un obstacle à la recomposition de notre identité communiste. Nous devons, là aussi, unir nos forces et pousser dans le même sens. Il a sa place, non en porteur de division, mais en apportant sa sensibilité au rassemblement de ceux qui veulent continuer le PCF dans la diversité. Cette candidature, toute récente, ne peut qu’affaiblir les rangs de ceux qui ont choisi de mettre un coup d’arrêt à la dilution du parti dans un machin social-démocrate. En dispersant nos forces et affaiblissant notre possibilité de gagner.

J’en appelle au sérieux des enjeux et à la responsabilité de chacun. Je ne suis pas résolu à me battre tout seul, en me passant de camarades qui ne pensent pas exactement comme moi !

L’échéance électorale est un moment de la lutte. La bataille pour redonner au parti ses couleurs révolutionnaires va bien au-delà des élections. Les périodes électorales sont, je l’ai déjà écrit, un moment privilégié pour rencontrer le maximum de citoyens, pour mettre sur la table les problèmes qui nous assaillent et envisager les propositions que nous avons pour en sortir. La période électorale nous permet de nous renforcer et contribue à créer le rapport des forces nécessaire pour préparer le changement révolutionnaire. Mais c’est dans l’activité militante, permanente, que nous sommes les plus efficaces. Il est essentiel que nous nous retrouvions, enfin rassemblés dans une action commune, avec la volonté de refaire ce parti qui nous manque, à nous et à tous les laissés pour compte. Nous avons besoin de TOUS les camarades pour reconstruire ce parti et aborder le futur congrès dans les conditions les plus favorables.

Nous devons retrouver ENSEMBLE la volonté qui nous animait à Malakoff de refaire un véritable parti communiste. Nous ne le ferons pas chacun de son côté !

Armand Lecoq, section de Béziers le 04/05/2011.

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