Il n’y a que les luttes qui peuvent nous permettre de reprendre aux patrons ce qu’ils nous ont pris ! Intervention CGT Fralib au Carrefour des luttes le 28 juin 2013

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Tous d’abord nous tenons à remercier tous les participants a cette initiative d’aujourd’hui, délégations des syndicats venus des quatre coins de notre pays et du département, nos structures UL, UD, Fédération et Confédération.

J’interviens au nom des syndicats CGT et CGC de FRALIB et des salariés de notre entreprise en lutte depuis plus de 1.000 jours contre la fermeture de notre site, pour le maintien de notre activité industrielle et de nos emplois.

Durant ces 3 ans de lutte, nous avons reçu beaucoup de soutiens des syndicats de notre profession et de l’interprofessionnel, de la population, de partis politiques de gauche, d’organisations et associations démocratiques, paysannes, humanistes, d’artistes, d’élus locaux, départementaux, régionaux et nationaux, de toutes les tendances de la gauche de notre pays, mais aussi au-delà, soutiens qui se sont aussi concrétisés dans le déploiement de notre comité de soutien co-présidé par André Chassaigne, député communiste du Puy de Dôme.

L’Agroalimentaire est concerné par de nombreuses luttes. Des conflits importants sont en cours.

D’autres conflits se développent aussi dans toutes les industries, le commerce, la santé, les services publics.

Nous avons participé ou organisé nombre d’actions communes avec d’autres camarades menant des luttes, et portons ensemble nos exigences communes.

Le capital impose aux peuples des politiques anti-sociales et anti-démocratiques. Il veut accroître encore les pressions et l’exploitation. Les gouvernements accompagnent ses orientations et stratégies de casse et d’abandon. En Europe, les politiques d’austérité exigées et appliquées répondent aux exigences patronales. En France, outre les volontés affirmées de s’attaquer à la protection sociale, l’emploi est sacrifié, et en 1er lieu l’emploi industriel.

Pour autant nous, les travailleurs présents aujourd’hui, nous résistons et menons des luttes. Je vais me lancer dans l’énumération de la liste, en m’excusant par avance auprès de ceux que j’omettrais de citer. Mais ils auront tout à l’heure, dans notre forum, l’occasion de corriger mes oublis.

Arcelor Mittal, Goodyear, PSA, Pilpa, Fraisnor, Val D’Aucy, Danone, Clément Faugier, Bonduelle, Yoplait, Bel, Continental Nutrition, Moulins Maurel, Saint Louis sucre, Grands Moulins de Strasbourg, Kronenbourg, Salvesen, Nestlé, Jacquet, Madrange, Knorr, Chocolaterie de Bourgogne, Brasserie de Champigneulles, Vilmorin, Téréos, ISS, la réparation navale, les Ports et Docks, Kem One, Lyondel Basel, La Centrale de Gardanne, Sanofi, Véninov Kleber, Ford… la liste est longue de boîtes où s’exprime la résistance à la casse.

Ce mouvement dépasse l’industrie : Grand Conseil de la Mutualité, Virgin, ICTS, Air France, la SNCM, le commerce, la construction, l’éducation nationale, les cheminots, la Santé, sans oublier les travailleurs privés d’emploi…

Dans nos combats, nous interpelons les pouvoirs publics et politiques sur les mesures qu’ils doivent prendre à tous les niveaux (ville, département, région, État) pour arrêter ce massacre. Si nos engagements aident au développement des luttes, ils créent aussi les conditions d’ouvrir des perspectives nouvelles et émancipatrices indispensables à des changements fondamentaux démocratiques, sociaux et politiques et notamment l’appropriation sociale et publique, la nationalisation de nombre de secteurs et groupes stratégiques pour notre pays.

La CGT porte l’urgence du changement de cap contenu dans maintes promesses du candidat à l’élection présidentielle François Hollande devenu Président de la République depuis plus d’une année, promesses trop souvent non tenues, abandonnées, dévoyées, détournées. Nous appelons à agir tous ensemble pour combattre les stratégies et logiques patronales qui sont encore aujourd’hui au cœur des orientations gouvernementales, comme s’il n’y avait pas d’autres logiques démocratiques, sociales, politiques et culturelles.

C’est tout le sens de notre initiative aujourd’hui, qui s’inscrit dans une démarche de coordination des luttes, de cohérence, de combativité, de rassemblement, d’unité des salariés. Nous pensons utile, efficace de faire converger tous nos combats pour la défense de l’emploi et du potentiel industriel national notamment. Que la CGT soit au centre de ce combat juste et légitime, nous en sommes fiers, comme nous le sommes de toute son histoire de combats pour la libération de tous les travailleurs ici et partout dans le monde.

Nous sommes porteurs de réelles exigences bien d’actualité pour un vrai changement de société. Nous voudrions notamment souligner l’importance fondamentale de la réappropriation par les travailleurs de leurs moyens de production et des nationalisations démocratiques qui sont des moyens pour y parvenir.

Il n’y a que les luttes qui peuvent nous permettre de reprendre aux patrons ce qu’ils nous ont pris ! La preuve en est faite avec notre lutte.

Cet après-midi, à l’occasion du forum que nous organiserons, nous souhaitons que nous puissions échanger tous ensemble sur nos luttes et l’urgence de les faire converger. Nous souhaitons contribuer à prendre les dispositions nécessaires pour élargir le rapport des forces et s’inscrire dans les combats à venir pour redynamiser l’industrie, s’attaquer aux inégalités et à la grande misère, faire de l’emploi un objectif essentiel, faire entendre les exigences des salariés sur les salaires et les retraites.

Les conditions de travail dans le groupe Unilever se dégradent fortement et deviennent insupportables aux salariés.

Les accidents du travail, les arrêts maladie, les suicides au travail même explosent dans l’ensemble des sites. Dans le même temps, les actionnaires s’engraissent !

Les dividendes distribués à quelques actionnaires en 2011 par le groupe Unilever Monde ont atteint 2,5 milliards d’€, soit un taux de distribution des bénéfices issus de l’exploitation des travailleurs de 60 %, après 55 % (2,3 milliards) en 2010. C’est le plus fort taux sur les 5 derniers exercices. Le rendement annuel de l’action Unilever s’élève à 5,7 %, taux parmi les plus élevés de l’industrie.

Et les mêmes nous disent que rien ne va plus, qu’il faudrait se serrer la ceinture, que la crise oblige à des sacrifices et qu’à ce titre il faudrait accepter fermetures d’usines, chômage et misère. Messieurs, il y a belle lurette que nous ne croyons plus vos boniments, si un jour nous y avons cru d’ailleurs. Nous ne vivons pas dans un monde virtuel. Les réalités sont incontournables. Le capitalisme a fait son temps.

La stratégie de rentabilité financière du groupe coûte cher aux salariés et au pays. La recherche de profits toujours plus élevés, de gains de productivité à n’importe quel prix aboutit à ce que les salariés du groupe perdent leur vie à tenter de la gagner. Le nombre de salariés du groupe Unilever France est passé de plus de 11 500 personnes en 1998 à 2.800 en 2012, soit une saignée de plus de 8.700 salariés en une dizaine d’années.

De nombreux sites ont connu restructurations, licenciements et fermetures (Miko, Amora-Maille, Dove, Timotéi, Signal…). La centaine de salariés de Fralib ici résistent. Nous nous battons contre la volonté de fermeture de notre usine et la délocalisation de la production en Belgique et en Pologne.

Le siège social du groupe Unilever n’est pas épargné, il a subi des réorganisations et suppressions de postes continuelles depuis le début des années 2000. De 1.884 en 2005, le nombre de salariés est passé à 1.228 en 2011.

Le dernier plan si indûment dénommé « de sauvegarde de l’emploi » et que nous nommons « sabordage de l’emploi » présenté en janvier 2013, met en œuvre 152 suppressions de postes dont la quasi totalité, délocalisées à l’étranger. Unilever a beau tenter de se redorer la pilule par quelques opérations cosmétiques, elles ne suffisent plus à cacher les charrettes de licenciements.

Notre Éléphant lui résiste et avance doucement mais sûrement vers la mise en œuvre de notre solution alternative et le démarrage de notre SCOP T.I

Nous avons obtenu l’annulation par la justice des trois plans de sabordage de l’emploi présentés par UNILEVER. A l’évidence la lutte paie.

Le dernier arrêt rendu par la Cour d’Appel d’Aix le 28 février, est très clair. Le 3ème plan patronal est annulé ainsi que les licenciements. Les salariés ont été licenciés deux fois et deux fois les licenciements auront été annulés !

Unilever tourne le dos à une telle décision de justice. Il tente de la dévoyer, de passer au travers. Tout lui est bon pour cet objectif. Il soudoie des salariés, fait miroiter monts et merveilles, en fait, du vent et de la misère. Il vise le pourrissement de notre combat et pour cela, ses seules armes, l’argent, la bassesse, le mensonge, l’ignominie, l’utilisation de mercenaires qui, preuves à l’appui, représentent 200.000 €/mois, soit 5 millions pour les 2 ans passés sans compter frais d’huissiers et autres instruments de répression et d’entrave aux droits sociaux. Ceux qui luttent sont étranglés financièrement, sont voués aux basses fosses. Que des juges s’inscrivent dans de tels scénarios nous confirment que la justice de notre pays est encore et toujours un combat de classe à mener. « Et pourtant, elle tourne, la terre » disait Galilée. Et pourtant nous sommes debout.

Nous exigeons que nous soient cédés la marque « Éléphant » ainsi que les volumes de production nécessaires à la reprise de notre activité.

François Hollande et le gouvernement doivent maintenant être conséquents, et concrétiser leur volonté affichée à plusieurs reprises d’être aux côtés des salariés de Fralib.

Nous ne sommes pas de ces bourgeois de Calais, la corde au cou.

Nous voulons leur imposer qu’ils prennent toutes les dispositions concrètes au plan politique, économique et social pour faire sauter « le verrou d’UNILEVER » qui bloque la solution alternative.

Les experts du Comité d’Entreprise ont confirmé la viabilité et la rentabilité de notre entreprise et de notre projet. Nous relevons le défi avec détermination et courage, autour de notre projet alternatif qui est la seule solution sérieuse et crédible pour le maintien de notre activité industrielle et de nos emplois.

Le combat pour la poursuite de l’activité de production et de conditionnement de thé et d’infusions sur le site de Gémenos, le maintien de la marque « Éléphant » implantée depuis 120 ans en Provence et commercialisée uniquement en France, des tonnages de production en sous-traitance et des moyens financiers et organisationnels suffisants, sont des exigences qu’il faut concrétiser.

UNILEVER doit assumer toutes ses responsabilités. Il en a les moyens, l’État en a la responsabilité !!!

Nous avons obtenu par notre lutte que les bâtiments et les terrains soient rachetés par la Communauté Urbaine de Marseille. Nous avons imposé qu’UNILEVER cède l’ensemble de l’outil industriel pour l’€uro symbolique.

Cela nous permet de fortifier notre projet pour le maintien de l’activité industrielle autour, avant tout, de la perspective de production de thés et infusions.

Cette nouvelle situation se construit par la convergence d’objectifs communs et la volonté de forces nombreuses pour une « réappropriation ouvrière et publique des moyens de production ».

En septembre 2011, le Ministre du Redressement Productif Arnaud Montebourg, alors en campagne aux primaires socialistes pour l’élection présidentielle, est venu nous rencontrer dans notre usine. Il s’exprimait ainsi en ce qui concerne la défense de notre patrimoine industriel et en réponse à la question posée par les Fralibs. Il proposait de prendre possession de la marque, d’exproprier Unilever, de l’indemniser à la hauteur de ce qu’il indemnise les salariés et il disait qu’il ferait une loi pour cela !!! Sans commentaire.

Alors, si les exigences de réappropriation des moyens de production, et notre projet coopératif en est une forme, et de nationalisation font partie des promesses d’un candidat du parti socialiste devenu Ministre aujourd’hui, leur réalisation concrète est du domaine du possible. Il s’agit-là d’une revendication forte portée par notre syndicat CGT dans le combat de classe qui nous oppose au Grand Capital.

CGT de Fralib, le 28 juin 2013

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