Un communiqué commun, signé par plus de cinquante collectifs, syndicats, associations dénonce la répression accrue (...)
Pour gagner, le rôle de la classe ouvrière reste déterminant
Neuf mois après l’élection de F. Hollande à l’Élysée, il convient de relever que les luttes les plus significatives qui s’opposent à la politique destructive de l’emploi du MEDEF et du gouvernement socialiste, touchent en particulier la sidérurgie avec Arcelor Mittal, et l’industrie automobile avec Peugeot PSA, Renault et Goodyear l’équipementier. Depuis des semaines le personnel du groupe Sanofi, ouvriers et chercheurs s’opposent avec fermeté à la liquidation de la recherche. Une fois encore la classe ouvrière se trouve au centre de l’affrontement de classe. Il est une donnée majeur de la société française.
Cette constatation dément la thèse émise par certains "grands penseurs" selon laquelle la classe ouvrière aurait disparu. La vie sociale et politique, ainsi que les chiffres du recensement démentent une telle affirmation. Certes depuis 1980, la part des ouvriers dans le recensement est passé de 32 à 23%. Il y a moins de personnes qualifiées dans l’industrie [1], mais les ouvriers représentent encore un tiers de la population active.
Pour le pouvoir politique et économique la classe ouvrière reste bien le danger, sinon on ne comprend pas pourquoi ils font preuve d’une telle obstination pour mépriser le monde du travail. La lettre du patron de l’entreprise américaine TITAN insultant les travailleurs de Goodyear Amiens en est une démonstration. La dénaturation des luttes actuelles en est une autre. Les grévistes sont présentés comme des voyous, des casseurs, en particulier les militants syndicaux qui conduisent ces grèves. Les directives du ministre de l’intérieur tentent de discréditer, de criminaliser les luttes des travailleurs.
Étant en légitime défense, les ouvriers défendent leur outil de travail, ils s’opposent à la fermeture de leur entreprise, aux licenciements, aux accords de régression sociale que les patrons veulent imposer. Le gouvernement socialiste, avec l’accord national interprofessionnel (ANI) qu’il entend faire voter par les députés au moyen d’une procédure accélérée, sans amendement, sans débat, démontre bien qu’il se conduit tel un gérant loyal du capital, celui des actionnaires et de l’obscénité des richesses.
Les médias ne parlent jamais du coût du capital, le coût des dividendes et de la rente. De la fuite des capitaux, des placements financiers. Ainsi la distribution des dividendes est passée de 92 milliards en 1999 à 237 milliards en 2011. Le pouvoir politique et économique craint l’explosion sociale résultant de leur politique d’austérité et d’inégalités. Il est vrai que lorsqu’un homme privé d’emploi et d’indemnisation est conduit à s’immoler devant une agence Pôle Emploi, c’est tout un système, le capitalisme, qui doit être mis au banc des accusés
Dans une telle situation les problèmes sociétaux sont appelés à occuper une place prépondérante dans les décisions du pouvoir politique. Relayés par les médias et la classe politique ils enfumeront l’atmosphère et sont appelés à jouer le rôle de diversion pour stopper la montée des luttes sociales et politiques, et pour diviser les générations et les différentes couches sociales.
Loin de diminuer, comme voudrait le faire croire les propagandistes de la finance, le rôle de la classe ouvrière reste entier. Elle continue de subir le plus directement l’exploitation capitaliste. Aujourd’hui les ouvriers ne sont plus présents à l’assemblée nationale. Ils occupent peu de responsabilités dans les directions des syndicats et des partis qui se réclament du monde du travail, pourtant la classe ouvrière n’aspire à exploiter aucune autre classe sociale. Comme le déclarait le Manifeste Communiste « Elle n’a que ses chaines à perdre, elle a un monde à gagner avec la révolution socialiste ».
Aujourd’hui ses possibilités d’alliance avec les autres couches de la population laborieuse sont plus réelles que jamais. Une fois de plus l’expérience de ces derniers mois atteste que l’alternance politique ne produit pas d’effet magique. La priorité des priorité reste bien la réalisation de l’union à la base, avec la notion des luttes collectives et de leur convergence, ce qui implique de lever les clivages entre fonctionnaires et travailleurs du privé, entre les différentes catégories de salariés, entre les générations. Autant de conditions pour aboutir à la réalisation d’un vaste mouvement populaire dans lequel se retrouvera le monde du travail et de la création, la jeunesse, les privés d’emploi.
Pour les semaines à venir tout devrait être mis en œuvre pour obtenir le rejet de la loi de régression sociale (ANI ) que le pouvoir socialiste -sous la pression de l’union Européenne- entend faire voter par le sénat et l’assemblée nationale. Le rejet est possible. Cette victoire emblématique donnerait du souffle aux luttes populaires. Le peuple redécouvrirait qu’il est assez fort pour vaincre, faire prévaloir ses droits, hors et dans les entreprises et administrations, pour aussi décider de son avenir. L’espoir est de ce côté.
Guy Poussy, le 22 février 2013
Lu sur Combat