Andreï Makine : « Pour arrêter cette guerre, il faut comprendre les antécédents qui l’ont rendue possible »

, par  Ruiz Eric

Le 18 mars 2022 à 13:11, par Ruiz Eric En réponse à : Andreï Makine : « Pour arrêter cette guerre, il faut comprendre les antécédents qui l’ont rendue possible »

Cet échange tourne à la foire d’empoigne et je sens que les arguments des uns et des autres sont de plus en plus des accusations qu’autre chose !
A la base, le débat n’est pas de savoir s’il faut être derrière Poutine ou derrière l’Ukraine, si la Russie est ou non impérialiste et, si la réponse est oui, si elle est plus ou moins impérialiste que les États-Unis ?
Quelque part, tout le monde a raison !
L’Ukraine est devenue, après Maïdan, une pièce de l’échiquier américain pour isoler la Russie ou la pousser à la faute. Pour cela, l’appui de nostalgiques du régime pro-nazi de Bandera a été utile, autant pour réussir le Maïdan, que pour renforcer le courant pro-occidental en Ukraine et faire taire toute velléité d’opposition. Même si, électoralement, l’extrême-droite ukrainienne ne pèse pas grand chose, sa présence militaire et son poids idéologique son toujours là : la célébration du régime de Bandera ou l’interdiction de fêter la victoire contre le nazisme sont des symboles de son influence. Le revirement de Zelensky, élu pour faire la paix au Donbass et se rapprocher de la Russie, montre aussi combien pèsent les extrémistes néo-nazis en Ukraine.
En face, oui, la Russie n’est pas l’héritière de l’URSS et Poutine est, effectivement, le représentant d’une oligarchie qui pille les richesses de son pays. La différence entre lui et Eltsine, c’est peut-être sa volonté de préserver une certaine indépendance de la Russie, pour des valeurs nationalistes ou, plus probablement, pour préserver l’oligarchie russe.
De là, l’intervention russe en Ukraine se justifie t-elle ?
D’un point de vue géopolitique, oui. L’Ukraine dans l’OTAN avec un régime sous influence néo-nazie, fortement antirusse, sur une grande partie de sa frontière sud, la Russie ne pouvait le tolérer.
D’un point de vue humain, évidemment non !
On sait bien qu’une guerre se fait toujours au dépend des populations civiles, par les morts et les destructions, mais aussi par son coût économique que devra supporter le peuple. Et puis, la guerre est une mécanique incontrôlable dont on sait difficilement à quoi elle va mener.
Mais, que pèsent les souffrances des peuples par rapport aux questions géopolitiques des grandes puissances capitalistes ? Rien ! Depuis quand les peuples sont-ils la préoccupation des États-Unis, des puissances européennes et de l’oligarchie russe ?
Au final, ce qui compte, c’est d’être en capacité d’expliquer les mécanismes de cette guerre pour montrer au peuple que ce qui est derrière, ce n’est pas la folie d’un homme (Poutine) ou l’influence des néo-nazis ukrainiens, mais un système, le capitalisme, qui par son avidité prédatrice entraîne les peuples à s’affronter pour le contrôle de territoires ou de richesses.
« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » disait Jaurès. Ce qui a conduit à la création du Parti communiste, il y a cent ans, est toujours vrai. En 1920, il s’agissait de tirer les leçons de la Grande Guerre et de la nécessité de renverser le capitalisme pour en finir avec les guerres.
Aujourd’hui, la guerre en Ukraine montre que les propos de Jaurès sont toujours d’actualité et que les mêmes causes, l’opposition de deux impérialismes, donnent les mêmes effets.

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