Lu sur le blog de Danielle Bleitrach "Histoire et Société"
A l’initiative du groupe de musique italien « Banda Bassotti », la Caravane antifasciste est née au lendemain du massacre de la Maison des syndicats d’Odessa de 2 mai 2014 où périrent brûlés vifs la quarantaine de militants syndicaux et anti-Maïdan qui s’y étaient réfugiés suite à l’assaut de hordes de néonazis ukrainiens.
Depuis, chaque année, plusieurs militants communistes et antiimpérialistes italiens, espagnols, basques, portugais, allemands, mexicains y compris une palestinienne, se déplacent au Donbass pour apporter solidarité morale et matérielle aux populations des territoires insurgés du Donbass, aujourd’hui rattachés à la Fédération de Russie par la volonté de ses habitants. Pour la première fois, un représentant de France intégrait la délégation. Pendant que nos gouvernements envoient armes, chars, obus, munitions et conseillers, nous nous apportons du matériel scolaire et de l’argent.
Durant toute l’année, les participants collectent des fonds et du matériel scolaire pour les orphelinats des Républiques populaires et font campagne dans leur pays respectif pour la libération des frères Kononovitch, dirigeants de la jeunesse communiste d’Ukraine, arrêtés à Kiev, torturés et détenus par les services secrets du régime.
Dix ans après sa création, la Caravane affirme toujours son soutien au Donbass et aux antifascistes et communistes ukrainiens persécutés par le gouvernement ukrainien.
Cette initiative s’inscrit également dans une démarche de recherche de la vérité et du combat pour la paix. Faire preuve de solidarité envers les populations du Donbass, dénoncer les exactions et les massacres perpétrés par le régime de Kiev contre les travailleurs de ces régions, informer des exécutions, tortures et disparitions de militants et sympathisants de gauche ukrainiens par les forces néonazies, est mal vu en France, quitte à se faire traiter de pro-russe et complotiste.
Presque tous les médias sont entre les mains de l‘impérialisme et, en tant que communistes, il est de notre devoir de tout faire pour démasquer le vrai visage du fascisme ukrainien.
Depuis 2014, la guerre menée par les pays de l’OTAN contre les territoires du Donbass, de Zaporozhie et de Kherson est financé avec nos impôts et nous devons tout faire pour arrêter l’escalade belliciste dans laquelle nos gouvernements sont en train de nous plonger et poursuivre la lutte de ceux qui s’opposent de toutes leurs forces aux possibilités d’assister à un retour du fascisme au cœur de l’Europe.
Il est essentiel de rappeler que c’est l’interdiction d’enseigner le russe à l’école et la qualification de « sous-hommes » par le régime surgit du coup d’état du Maïdan qui a mis le feu aux poudres dans les régions russophones de l’est de l’Ukraine. De Kharkov à Marioupol, d’Odessa à Lougansk, de Melitopol à Donetsk, la population a résisté et résiste toujours.
Nous sommes partis pour une semaine.
Nous avons passé quelques jours avec les syndicalistes, les militants progressistes et les éducateurs d’orphelinats avec lesquelles nous sommes en contact depuis longtemps. Nous avons apporté des fournitures scolaires pour les orphelinats ainsi que des médicaments. Nous avons parcouru plusieurs régions (Lougansk, Donetsk, Zaporozhie). La semaine a été très intense.
Nous avons traversé des zones d’habitations détruites, ce qui confirme que l’armée ukrainienne vise bien les populations civiles grâce à la technologie moderne de ciblage employée par les satellites de l’OTAN. Les coordonnées des frappes ne sont guère obtenues par hasard. Depuis que les pays de l’OTAN envoient des armes plus sophistiquées et à plus longue portée, les bombardements et les drones kamikazes sont plus précis et le nombre de victimes augmente grâce notamment au guidage opéré par des militaires occidentaux présents à l’arrière.
La haine des symboles soviétiques de la part de l’armée ukrainienne est aussi palpable. De nombreux monuments conservent encore les traces de l’obsession maladive d’un régime fasciste qui a tenté en vain de faire disparaître tout vestige de la grande guerre de libération contre l’occupation nazie de 1941-1945. Il est bon de rappeler que le 23 février 2014, le parlement issu du coup d’état du Maïdan avait abrogé la loi qui prévoyait de punir toute négation publique ou légitimation des crimes du fascisme et propagande de l’idéologie nazie, et la loi punissant toute destruction et vandalisme des monuments érigés en mémoire des combattants soviétiques et des partisans qui s’étaient battus contre le nazisme pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Lorsqu’on arrive dans le Donbass on se rend très vite compte que cette région a souffert de la politique destructrice de Kiev. Les bombardements des régions de Lougansk et Donetsk depuis 2014 et son intensification en janvier 2022, un mois avant l’intervention russe, ont entraîné une détérioration visible des infrastructures, de l’habitat et des communications. Cependant, plusieurs membres de la Caravane qui avaient fait le voyage en 2023, nous disent que les villes que nous traversions ont connu des changements notables en 2024. Le gouvernement russe a envoyé une aide importante pour soutenir et réparer les infrastructures, routes, réseau ferroviaire, bâtiments, etc.
A notre arrivée à Lougansk, nous avons été accueillis par Oleg Akimov, dirigeant du syndicat de la région qui s’est félicité de notre venue ce qui confirme que le Donbass compte avec de nombreux amis parmi les travailleurs dans le monde.
Nous avons pu également nous entretenir avec Stanislav qui gère le site du PC de Donetsk (faisant maintenant partie du KPRF) et avec Alexey Albou, ancien député régional d’Odessa pour l’organisation communiste « Borotba » qui à la suite du massacre de la Maison des syndicats en mai 2014, a dû se réfugier dans les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, comme beaucoup d’autres ukrainiens communistes et progressistes qui ont fui la répression néonazie. Alexey Albou était particulièrement heureux d’apprendre que de nombreux citoyens d’Europe et d’ailleurs se déplacent au Donbass pour les soutenir et pour s’opposer aux livraisons d’armes et à l’agression des pays de l’OTAN. Il a déclaré « il est très important que les victoires sur le terrain de l’information augmentent chaque jour. Lorsque vous rentrerez dans votre pays, vos témoignages seront cruciaux pour ouvrir les yeux des Européens. Les gens ne feront plus confiance à leurs médias, qui ne couvrent que la version ukro-atlantiste ».
Par la suite, nous avons pu nous rendre dans des lieux mémorables du Donbass et de Novorossya (Zaporozhie).
Nous avons pu également visiter le cimetière de la ville où sont enterrées de nombreuses personnes qui n’ont pu être identifiées. Chaque tombe porte un numéro à la place d’un nom.
En compagnie des autorités de Lougansk et du syndicat nous avons pu aussi nous rendre au parc « Shors » qui est le parc des enfants de Lougansk tués depuis 2014 par l’armée ukrainienne. Un monument porte le nom de chaque enfant.
Durant notre séjour à Lougansk, l’armée ukrainienne avait bombardé à trois reprises à l’aide de drones plusieurs villes de la région, détruisant plusieurs immeubles d’habitation.
La Caravane antifasciste a également apporté un soutien financier à Miguel, le fils d’Alexis Castillo, militant communiste et internationaliste hispano-colombien tombé au combat à l’automne 2022 sur le front. Depuis 2014, de nombreux militants communistes espagnols, italiens, et de plusieurs pays de l’ancienne URSS, avaient rejoint le Donbass pour soutenir les populations victimes de l’agression du régime de Kiev. Intégrés dans les Milices populaires de Donetsk et de Lougansk, organisés dans des bataillons communistes composés essentiellement de mineurs et de métallurgistes, certains d’entre eux y laissèrent leur vie.
L’armée ukrainienne continue de bombarder les populations civiles dans le Donbass. Des quartiers populaires, des villages, les marchés, mais également des villes comme Belgorod ou Koursk, qui se trouvent au nord de la frontière sur territoire russe, sont la cible des tirs d’artillerie et de drones kamikazes. A Donetsk, plusieurs quartiers sont visés, plus particulièrement celui de Petrovsky. Tous les jours il y a des morts et des blessés. Ces tirs d’obus et de roquettes à sous-munitions sont opérés par des lance-roquettes multiples Himars américains et des canons français Caesar, que certains en France osent honteusement qualifier d’armes « défensives ».
Lors de notre passage à Donetsk, nous nous sommes séparés en deux groupes. Une délégation s’est dirigée à Petrovsky où la veille un bombardement ukrainien avait tué trois enfants et a pu constater les terribles effets de cette attaque.
L’autre groupe s’est déplacé à l’Hôpital des enfants dans le centre-ville de Donetsk et a pu rencontrer des enfants et leurs parents, blessés et mutilés pour certains d’entre eux.
Il faut savoir qu’avec leurs tirs d’artillerie, les Ukrainiens ont semé les rues de plusieurs quartiers de Donetsk, Gorlovka et autres localités, de mines « pétales ». Pouvant tenir dans le creux de la main, ces mines terrestres causent beaucoup de mutilations chez les enfants et chez les adultes, les premiers les prenant pour des jouets.
Selon le médecin de l’hôpital de Donetsk, ils effectuent de nombreuses interventions chirurgicales sur des enfants.
Pourtant l’Ukraine avait ratifié la convention d’Ottawa pour éliminer les 2 millions de mines antipersonnel « pétale » qu’ils avaient en stock. En effet, ils les éliminent à coup de canon, en parsemant des zones résidentielles entières dans les localités se trouvant à 20-30 km de la ligne de front.
Se déplacer dans Donetsk et ses environs comporte aussi des risques. Des commandos de saboteurs clandestins ukrainiens font parfois des attentats à la voiture piégée et des quartiers de la ville se font constamment bombardés. Et pourtant, les habitants sont d’un calme à toute épreuve.
Lors de notre périple, nous avons vécu des moments très émouvants. Particulièrement lorsque nous avons visité les orphelinats de Chakhtiorsk, Altchevsk, Stakhanov.
A Chakhtiorsk, des enfants handicapés nous ont préparé un spectacle de bienvenue. Lorsqu’on les voit rire et danser, on pense à tout ce traumatisme qu’ils doivent surmonter avec l’aide du personnel éducatif. De nombreux enfants ont vu leurs parents mourir sous les bombardements ou les exactions commises par l’armée ukrainienne et ce avant l’intervention russe de février 2022. Faut savoir que certains des enfants présents ont été récemment sortis par les troupes russes du fond des caves où ils se terraient avec leurs parents ou leurs grands-parents après de long mois de massacres, exactions et tueries menées par les bataillons néonazis Aïdar, Azov, Sich ou Dnipro dans les villes qu’ils occupaient. Le nombre d’enfants traumatisés par les bombardements, la destruction de leur maison et la perte de leurs parents exécutés par les Ukrainiens ou morts sous les bombes, est considérable.
En passant par Stakhanov, dans la région de Donetsk, les mines de charbon et l’industrie lourde (usine de ferro-alliages) dominent le paysage. Nous avons pu également constater les dégâts causés par l’artillerie ukrainienne dans le centre-ville où n’existe point d’objectif militaire.
L’activité industrielle de ces villes qui se trouvent exposées aux bombardements ukrainiens cherche à atteindre un niveau de production normal. Dès les attaques ukrainiennes en 2014, un très grand nombre de travailleurs de l’industrie métallurgique et des mines de charbon s’étaient organisés en milices populaires pour combattre l’offensive lancée par le régime de Kiev. Lorsque les républiques de Lougansk et de Donetsk s’étaient constituées, les entreprises ont sauvegardé l’emploi des volontaires et les ont rémunérés comme s’ils étaient au travail assumant également le versement d’indemnités aux blessés et familles des morts au combat.
Aujourd’hui, les installations de production fonctionnent et sont approvisionnées. Plus de 11.000 personnes travaillent actuellement dans les aciéries et fonderies. Plus de 2.000 personnes ont été embauchées récemment et de nombreux jeunes suivent des formations qualifiantes dans le secteur industriel. Pour le syndicat, une fois que les combats seront terminés et que les territoires seront entièrement libérés, la reconstruction du pays va s’accélérer.
Les habitants de la région sont sous le feu de l’artillerie ukrainienne depuis 2014.
Les gens avec qui nous avons parlé, commerçants, syndicalistes, conducteurs de bus, femmes de ménage, étudiants, réceptionnistes des hôtels, ne comprennent pas pourquoi en Europe ça ne réagit pas contre le drame qu’ils sont en train de vivre depuis le coup d’état du Maïdan. Tous ceux avec qui nous avons parlé sont en colère contre la participation de nos pays aux côtés de néonazis. Même des étudiantes nous ont dit mais comment est-ce possible qu’après ce que la France a subi avec l’invasion nazie durant la Seconde Guerre Mondiale, Macron puisse se ranger du côté de Kiev et des Américains. Comme quoi, les étudiants du Donbass sont plus informés sur la Seconde guerre mondiale que nos étudiants en France.
Un autre moment fort émouvant a été la visite d’un endroit discret situé loin de la ligne du front. Un centre pour les réfugiés. Des familles et des personnes qui ont été libérées par les Russes dans les villes d’Artiomovsk (Bahkmut) ou Avdivka.
Ils arrivent dans des conditions de mauvaise santé, de malnutrition et de séquelles psychologiques après des semaines ou des mois d’isolement, cachés dans des sous-sols à l’abri des bombardements, des snipers et de l’artillerie, avec peu d’eau, pas d’électricité, et parfois même blessés plus ou moins gravement et sans soins médicaux.
Dès leur arrivée au centre, ils sont pris en charge et on s’occupe de leurs besoins les plus urgents, jusqu’à ce qu’ils se rétablissent progressivement et puissent trouver un logement et des conditions pour réorienter leur vie dans un nouveau lieu.
L’aide humanitaire est rassemblée dans différents entrepôts du centre : vêtements et chaussures, nourriture, appareils électroménagers, parmi beaucoup d’autres choses. Cette aide provient de différents lieux et institutions. Nous avons vu des boîtes de la Croix-Rouge internationale, ainsi que des institutions officielles, mélangées à des contributions de solidarité de collectifs, d’associations et d’anonymes. Un cas particulier est celui de certaines villes russes qui sont jumelées pour financer et travailler à la reconstruction, comme c’est le cas de Saint-Pétersbourg, qui est jumelée avec Marioupol.
Après avoir visité le centre, nous avons été présentés aux réfugiés présents et leur avons fait part du but de notre voyage. Parmi un groupe d’une dizaine de personnes, notamment des gens âgés, deux femmes d’une cinquantaine d’années prennent la parole. Elles nous disent que les réfugiés regardent tout visiteur avec méfiance, ils sont encore marqués par la peur. Un vieil homme nous demande de ne pas photographier leurs visages, et commencent à partager leurs témoignages avec nous.
L’un des réfugiés nous raconte : « Nous ne voulions pas parler aux journalistes, parce qu’à chaque fois que les journalistes venaient, nous étions bombardés quelques heures après, nous avions très peur de voir des journalistes parce que cela signifiait que nous serions à nouveau bombardés ».
Ils nous racontent les conditions dans lesquelles ils ont dû survivre, terrés dans les caves et les sous-sols, maltraités par les bataillons néonazis qui faisaient régner la terreur à la surface. « Lorsque l’un d’entre nous sortait pour essayer de trouver de l’eau, les Azov organisaient des safaris et tuaient sans pitié ». Nous restions silencieux, nous ne voulions pas leur poser des questions pour éviter de leur rappeler toutes les atrocités qu’ils avaient subies ; nous voulions juste qu’ils sachent que nous ferions de notre mieux pour dire aux gens qui ne savent pas ce qui se passe vraiment dans cette guerre. Mais les femmes insistent : « Des femmes étaient extraites des sous-sols et sous la menace des armes elles étaient violées par les Azov ». Certains réfugiés pleurent. Certains d’entre nous sommes émus par ces mots.
Un autre homme âgé nous demande qu’une fois de retour dans nos pays respectifs, d’interpeller les gens pour qu’ils se mobilisent afin que nos gouvernements n’envoient plus d’armes en Ukraine, « elles tuent principalement la population civile, ces armes tuent des gens qui ne participent pas à la guerre ».
Une autre femme nous dit : « Nous avons subi ce que font les militaires ukrainiens, en particulier les bataillons néonazis comme Azov ou Aïdar. Ils tiraient sur les gens et leur lançaient des grenades depuis les églises. Nous savons tous que les gouvernements européens fournissent des armes à l’Ukraine, mais personne ne dit qu’ils utilisent ces armes contre des civils ». Alors qu’elle raconte son témoignage, une femme plus âgée pleure et peu à peu, d’autres réfugiés veulent prendre la parole.
« Nous avons été traumatisés pour toujours, quand nous entendons un avion ou un coup de feu ou juste un bruit fort, nous avons très peur à cause du souvenir de ce que nous avons vécu. Et il y a encore beaucoup de Russes vivant en Ukraine qui vivent dans cette même peur ».
Un membre de la Caravane et dirigeant du Parti communiste allemand leur dit : « Depuis l’époque de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne a une grande dette envers cette terre et son peuple et nous ne cesserons pas d’exiger par des manifestations et de combattre la propagande de guerre des gouvernements d’Europe, en particulier de l’Allemagne, qu’ils arrêtent leur aventure guerrière en Ukraine. Nous savons que la guerre est rentable pour l’industrie allemande de l’armement. Cela et la fourniture d’armes ne contribue pas à la paix ». L’un des membres de la Banda Bassotti d’Italie commente : « De plus en plus de gens dans nos pays s’élèvent contre la guerre et les dépenses qu’elle engendre, laissant les gens sans protection et retirant de l’argent aux dépenses sociales et aux subventions pour enrichir l’industrie de l’armement ».
Pour ma part, étant le seul venant de France, je prends la parole : « Les déclarations du président Macron sont contraires à ce que veulent de nombreuses personnes en France. L’opinion des travailleurs est très différente, et de nombreux travailleurs en France ne veulent pas que des personnes soient envoyées au combat, pour conseiller ou former l’armée ukrainienne dans la guerre, alors que chez nous, les droits sociaux et les services publics pour lesquels on s’est tant battu sont de plus en plus détruits. Macron prend des mesures pour nous réprimer et nous intimider afin de nous empêcher de dénoncer ou de protester contre ces politiques, cherche à nous museler pour que l’on ne parle pas de ce qui se passe réellement en Ukraine et dans le Donbass mais en voyant le courage que vous avez de continuer, il est clair pour nous que nous continuerons à le faire ».
Plusieurs membres de la Caravane venus d’Espagne se sont également rendus en Palestine et l’une de nos camarades originaire de Gaza s’adresse aux réfugiés : « Je suis née dans un camp de réfugiés et, avec ma famille, nous avons toujours vécu d’un camp à l’autre et nous savons ce que cela signifie d’être un réfugié. Bien que chacun le vive différemment et que la cause du peuple palestinien soit très différente, nous savons tous ce que c’est que de lutter contre le fascisme et le racisme. Ma famille vit sous des bombardements continus depuis six mois. Et nous savons que lorsque les réfugiés doivent fuir leur maison, ils deviennent souvent la voix de ce qui s’y passe ».
Les réfugiés font preuve d’une grande affection et d’une grande solidarité envers le peuple palestinien.
Un réfugié plus âgé nous demande : « S’il vous plaît, dites la vérité quand vous retournerez dans vos pays. Il est très important que vous racontiez tout ce qui se passe et les choses que vos gouvernements font ici ».
Une autre femme s’exprime en ukrainien : « Zelenski a trahi son propre peuple et son propre pays. J’ai vu comment les troupes ukrainiennes ont bombardé son propre peuple et il a envoyé des troupes assassiner des civils ».
Une autre femme raconte : « Nous n’avions plus rien, plus de vêtements, plus de maison, ils nous ont amenés ici sales et affamés, certains d’entre nous étant blessés. Heureusement, nous avons maintenant pu nous remettre de tout cela, mais nous avons toujours peur ».
Un autre réfugié déclare : « Nous voulons aussi dire que nous ne voulons pas vivre de l’aide, nous voulons vivre bien, nous voulons vivre sans peur, avoir nos affaires, notre maison, notre travail et pouvoir avoir une vie en paix. Nous voulons vivre bien avec tous les pays, parce que cette guerre n’est bonne pour personne ».
Le 17 mars, était le dernier jour des élections présidentielles en Russie et les membres de la Caravane ont eu l‘occasion d’en être témoins directs. A Berdiansk, ville portuaire de 100.000 habitants de la région de Zaporozhie, au bord de la mer d’Azov, nous avons visité deux écoles où se trouvaient les bureaux de vote. Nous avons été impactés par la forte participation et la détermination de nombreux électeurs de tous âges qui nous faisaient savoir qu’ils étaient fiers de pouvoir voter en tant que Russes et que nos gouvernements feraient mieux de cesser l’envoi d’armes et de favoriser la négociation. A l’école du 10e district, nous avons pu constater qu’un commando terroriste avait attaqué l’école avec des grenades, dans la nuit de samedi à dimanche, et les dégâts étaient fraîchement visibles. J’ai pu m’entretenir avec le maire de la ville. Il m’a demandé de tout faire pour que l’amitié des peuples soit préservée contre l’escalade guerrière et que depuis la Seconde Guerre Mondiale, l’URSS et aujourd’hui la Russie et la France avaient toujours été amis. « Mir » (Paix), m’a-t-il répété à trois reprises avant de se quitter.
Pendant les trois jours que se sont déroulées les élections, l’armée ukrainienne avait lancé plusieurs attaques de drones kamikazes ainsi que des bombardements. Au cours du week-end, les systèmes de défense ont détecté et détruit 183 drones au-dessus des villes de Donetsk, Makeyevka, Yasinovataya et Gorlovka. Dans les régions de Kherson et Zaporozhie, des attentats à la bombe et des tirs d’artillerie contre des collèges électoraux ont tué et blessé plusieurs personnes.
En fin de journée, la Caravane s’est rendue à Melitopol. Les bureaux de vote avaient fermé à 16 heures et le dépouillement avait commencé. Dans la soirée, la participation électorale était de 89% pour la région de Donetsk et de 87% pour la région de Lougansk. La victoire de Poutine a une explication. Les communistes nous ont clairement expliqué que dans un tel contexte de guerre, la tradition est de soutenir le chef de l’État. Pour eux la question existentielle des frontières de la Russie pèse énormément et face à l’attaque des USA, OTAN et pays de l’UE, ils estiment que la survie du pays passe avant les divergences politiques. « Une fois que nous aurons gagné la Paix, après la victoire, le combat politique reprendra sa place », disent-ils.
Après avoir quitté la région de Zaporozhie, nous nous sommes dirigés vers Marioupol. Cette ville renaît de ses cendres. Les efforts de reconstruction sont visibles partout. Il y avait des travaux de réparation des rues et de reconstruction des immeubles partout.
Lors des combats de 2022, de nombreux immeubles étaient totalement détruits, et beaucoup d’autres dans un piteux état. Pourtant, nous avons découvert une ville avec des bâtiments tout neufs, offrant des logements confortables aux habitants qui avaient tout perdu lors des combats.
Marioupol a été reconstruite à une vitesse hallucinante. Avec l’aide de travailleurs venus de différents coins de Russie mais également avec l’aide de la Corée du Nord.
Dans cette ville nous avons aussi entendu des témoignages qui font froid dans le dos. Lors de notre visite de la reconstruction du théâtre, signalé par les médias occidentaux comme lieu ciblé par l’artillerie russe causant la mort de centaines de civils, des habitants nous ont raconté une autre version. Ce fut en réalité un lieu semblable à celui d’Oradour-sur-Glane : des centaines de civils y périrent certes, mais après que le Bataillon Azov les ait enfermé à l’intérieur et fit sauter le bâtiment. En 2014, la majorité des habitants de Marioupol avait pris les rues pour protester contre le coup d’état du Maïdan. Les néonazis leur firent payer cher [1].