« Rendre crédible une véritable alternative » Serge Truscello (CGT Bosch Vénissieux)

, par  Serge Truscello , popularité : 2%

Dernier article du numéro 3 de la revue "Unir les communistes" dans la série "la parole aux militants d’entreprise"... Les numéros 4 et 5 sont en vente, le numéro 6 sera présenté à la fête de l’humanité... pensez à vos abonnements pour faire vivre cette revue !

Il pose une question clé pour les luttes et pleine d’actualité dans les suites du diktat imposé aux grecs... Quelle perspective s’il est interdit de rompre avec la mondialisation capitaliste et son euro... ?

Serge Truscello est délégué CGT Bosch de Vénissieux.

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Bosch est un groupe allemand, parmi les leaders mondiaux des équipementiers automobiles, mais qui est présent aussi dans d’autres domaines (électroménager, outillage électroportatif, thermo-technique, etc..) et qui ces dernières années développe une branche concernant l’internet des objets. Bosch n’est pas côté en bourse. C’est une fondation qui détient plus de 90% du capital. C’est sans doute un avantage parce que cela donne au groupe une certaine indépendance par rapport au marché financier, indépendance qui lui permet de prendre le temps de développer des projets, sans être tenu par un retour sur investissement rapide.

Mais c’est aussi une structure qui permet de développer une culture d’entreprise très forte, favorisant un niveau d’intégration important des représentants du personnel, comme des salariés.

Régulièrement, lors des réunions, Comité Européen, CCE, un des arguments de la direction pour justifier une décision (suppressions d’emplois, fermeture de site, abandon d’activité, remise en cause d’acquis), c’est la nécessité pour garder son indépendance par rapport au marché financier, rester autonome, rester compétitif, de baisser le coût du travail par tous les moyens et notamment le transfert et le développement d’activité dans des pays « low cost ».

C’est cette logique mise en place, notamment depuis la fin des années 1990, qui a entrainé une diminution importante des emplois en France du groupe Bosch, passant en un peu plus de 10 ans de 11.000 salariés à 6.000.

Sur l’usine de Vénissieux depuis 2009, c’est la suppression de plus de 500 emplois, après être passé par la remise en cause d’acquis en 2004 (notamment remise en cause des 35 heures) pour améliorer la compétitivité !!! Accompagné dans cette démarche par notamment la CFDT.

La chute du Mur de Berlin, la concurrence libre et non faussée prônée par l’UE, l’Euro, ont permis à Bosch, comme sans doute aux autres groupes, une mise en concurrence des sites des salariés, les poussant vers l’excellence (zéro défaut, juste-à-temps, etc…).

Bosch ajoutant à sa stratégie, pour le maintien de ses emplois en Allemagne (ou les salariés subissent aussi des accords de diminution des coûts) un développement fort dans les ex-pays de l’Est, lui permettant ainsi d’atteindre un prix moyen de ces produits estimé compétitif sur les marchés. Stratégie qui a comme conséquence les suppressions de sites et d’emplois dans les autres pays de l’Europe de l’Ouest.

Face à cette situation, les batailles menées n’ont pas suffi à inverser la logique mise en place. D’une part le rôle joué par notamment la CFDT pour l’acceptation de cette logique auprès des salariés, d’autre part la perception des salariés d’être face à des décisions qui les dépassaient, face à une logique qui s’impose à tous même si elle n’est pas partagée, enfin les moyens financiers mis par Bosch dans les différents PSE, n’ont pas permis des mobilisations à la hauteur des enjeux.

Il y a pourtant, chez un grand nombre, la perception, la compréhension, d’être confronté à la course aux profits et d’en être les victimes. Comme il y a la perception d’une Union Européenne qui impose des choix au détriment des salariés et des populations.

Il manque dans le monde du travail, ou pour le monde du travail, une force politique porteuse d’idées et d’alternatives. Qui à la fois rende lisible les orientations et stratégies mises en place, et construise des propositions permettant de rendre crédible une autre politique, une véritable alternative.

Nous pouvons nous appuyer sur les campagnes actuelles sur le coût du capital, sur une autre répartition des richesses créées, mais cela ne suffit pas, parce que d’une part, il manque des relais militants, notamment dans les entreprises, pour porter ces idées et que d’autre part, il faut qu’il y ait à ce travail militant une cohérence nationale.

Un militant CGT (non adhérent du PCF) du site de Vénissieux me disait il y a quelques mois, que le PCF avait vocation à être cette force politique à condition de se dégager clairement du PS et au-delà à porter une idée, une image moderne de la politique.

La situation des salariés, des militants dans les entreprises, confrontés à la violence des choix fait par le patronat, nécessite un énorme effort d’explication, de présence, de confrontation, d’élaboration d’alternative, d’organisation militante. Le PCF est-il prêt pour cela, en a-t-il la volonté ?

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