Rythmes scolaires, une lecture politique

, par  Mireille Popelin , popularité : 1%

Seulement 20% des communes ont choisi d’appliquer les nouveaux rythmes scolaires. Et les résultats sont loin de faire l’unanimité. Souvent :
- Les intervenants ne sont pas qualifiés,
- Les locaux sont inadaptés. La classe de l’enseignant ne peut être utilisée pour les activités périscolaires (désordre, matériel endommagé),
- Les horaires sont inadaptés, les élèves (surtout en maternelle) sont épuisés,
- La multiplication des intervenants déstructure, déstabilise, angoisse les enfants,
- Cette réforme va coûter cher aux communes, aggravant l’inégalité entre communes riches et communes pauvres (en intervenants qualifiés, en matériel).

Si l’on veut éviter le refus et la grève (comme à Aubervilliers), il faut tout reprendre :

1) Obtenir un consensus du conseil d’école, c’est-à-dire parents enseignants, inspecteur, DDEN, assistante sociale, mais surtout et ce sera nouveau, les intervenants.

2) Assurer un financement à long terme (cette année 150 € par élève mais après ?).

3) Ces activités périscolaires doivent être assurées par des intervenants de qualité, c’est-à-dire bien formés.

4) Mais il faut que les enseignants et tous les citoyens attachés à l’école publique fassent très attention : la tentation est grande de « sortir » certaines activités (sport et musique) du cadre de l’Éducation Nationale, et d’aller progressivement, si l’on n’y prend garde, à livrer ces activités au privé.

5) Il faut d’autres rythmes pour la maternelle.

Enfin, il faut avoir une analyse POLITIQUE de cette réforme :

- Elle ne résoudra pas le problème de l’échec scolaire et de la baisse continuelle de la qualité de l’école publique et laïque, qui était une des meilleures au monde.
- Il faut lier cette réforme à l’indispensable REFONDATION de l’école. Proposer de refonder l’école car les réformes successives depuis 30 ans ont échoué et le constat d’échec est flagrant.

La principale erreur a été de croire que l’école avait pour mission l’adaptation sociale. L’école a été assaillie de toutes parts. L’Union européenne, avec Viviane Reding, a dicté aux pays européens :
- le contenu
- les réformes

... pour mettre l’école au service de l’économie européenne (traité de Lisbonne).

C’est-à-dire :
- Spécialisation de haut niveau pour l’élite,
- SMIC culturel pour le plus grand nombre avec un minimum de « compétences » (lire « La nouvelle école capitaliste » aux éditions La Découverte, excellente étude de la FSU sur la politique de l’UE et la mise en œuvre de cette politique par les gouvernements via les inspecteurs).

L’école publique a donc « allégé » contenus, programmes horaires, etc. Les élèves de milieux favorisés ont trouvé dans leur milieu familial le complément + les cours particuliers et ont pu faire les « grandes écoles ». Les autres ? Ils ont dû continuer dans cette école « light », école publique de plus en plus pauvre, en n’acquérant que les « compétences de base ». Expression passée dans le langage des inspecteurs de l’enseignement ! « Compétences » pour fournir au capitalisme une main d’œuvre « adaptable, mobile », et surtout, taillable et corvéable.

C’est bien une analyse de fond, de CLASSE qu’il faut mener.

On voit donc que les réformes Fillon, Arena, Moretti ont été pilotées par l’Union européenne. Elles ont un objectif commun :

De moins en moins d’enseignement public pour aller progressivement vers… l’enseignement privé ! Si la droite, en accord avec le patronat, approuve ces réformes, la gauche socialiste n’a pas vraiment remis en cause ces réformes, hélas !

D’ailleurs Laurence Parisot est déjà prête pour remplacer l’école défaillante :

"Nous, entrepreneurs, nous pouvons être à ce siècle ce que les instituteurs ont été à la IIIe République. L’école était chargée de former le citoyen. N’est-ce pas à nous, à l’entreprise aujourd’hui, de leur apprendre le nouveau monde" (ex-patronne du MEDEF et actionnaire de l’IFOP en 2005).

N’est-ce pas édifiant ? L’Union européenne, en accord avec le patronat, veut "former" le citoyen, elle veut remplacer l’école publique et laïque.

Il faut donc :

1) Faire connaître ces objectifs pour bien analyser les réformes proposées.

2) Lutter pour que la communauté éducative et tous les citoyens défendent avec force un enseignement de QUALITÉ pour une école PUBLIQUE, laïque et GRATUITE.

Mireille Popelin

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