Le PS, un parti de "gauche" ? Un conte pour Bisounours...

, par  Yvette Genestal , popularité : 2%

Céline Brulin, responsable de la Fédération PCF de Seine-Maritime, conseillère régionale, dans une tribune libre de Paris-Normandie dénonce la politique des socialistes au pouvoir qui tourne le dos « au progrès social » et votent de « nouvelles attaques contre le code du travail », politique qui génère « déception et colère ».

Elle condamne, à juste raison, le refus de la loi d’amnistie « des syndicalistes abusivement condamné, criminalisés même, sous l’ère Sarkozy ». Jusque là, tout va bien.

Mais plus loin ça ne va plus : elle fait appel à « toute la gauche » en y incluant le PS … et appelle à une souveraineté populaire qu’elle oppose à la souveraineté nationale

En finir avec ces illusions sur la « gauche »

Le PS : A « gauche » dans les mots dans l’opposition,
Puis, au pouvoir, main dans la main avec la droite !

La dirigeante du PCF souligne l’« incohérence avec le vote exprimé par la majorité de gauche du Sénat » avant… les élections présidentielles et législatives. Idem à propos de l’interdiction des « licenciements boursiers et les suppressions d’emploi abusives », votée début 2012 au Sénat puis rejetée par ces mêmes socialistes aujourd’hui. La majorité du Sénat et l’Assemblée nationale ne sont pas à « gauche » puisque les socialistes majoritaires ne cessent de voter des lois contre les salariés et refusent de nationaliser les entreprises que les multinationales sont en train de brader ?

Un conte pour bisounours : l’ inflexion sociale du capitalisme

Si le PS compte dans ses rangs des hommes et des femmes sincèrement attachés à une transformation sociale de la société, lui-même en a depuis longtemps abandonné l’idée. Toutes les exhortations pour le « faire revenir à gauche » ou pour faire « réussir la gauche » au gouvernement aujourd’hui sont vaines et dangereuses. Son histoire et sa raison d’être sont d’accompagner le capitalisme en créant l’illusion d’une possible inflexion sociale de celui-ci… F.Hollande a mis ses pieds dans les chaussures de Sarkozy et continue la même politique en France, en Afrique et au Moyen-Orient. Il reste dans l’OTAN.

Le PS a choisi l’« économie de marché » et la loi des multinationales

Il a signé tous les traités européens. Il a trahi les électeurs en votant le traité de Lisbonne alors que son jumeau, le traité constitutionnel, avait été rejeté par une majorité de Français. Il accepte toutes les directives européennes parce qu’il y adhère. Voilà pourquoi il est si sensible aux diktats du Medef, a voté l’ANI et se félicite des accords Renault-Ghosn. Voilà pourquoi il s’apprête à obéir aux recommandations de l’UE concernant les retraites, et la flexibilisation de l’emploi que Bruxelles juge encore insuffisante.

Cessons donc d’employer le mot « gauche » à propos du PS.

C’est inapproprié et cela crée des illusions chez les travailleurs. Cela entretient la confusion entre le mouvement communiste et le social-libéralisme. Le trouble est ainsi jeté chez les électeurs qui choisissent parfois, pour « battre la droite », le candidat socialiste contre le candidat communiste. C’est comme cela, par exemple qu’une quasi inconnue, Catherine Le Troallic, estampillée PS, a battu Jean-Paul Lecoq, député communiste, dans la 8ème circonscription de Seine-Maritime. Cette dernière s’est empressée de voter sans états d’âme toutes les lois concoctées contre les travailleurs par le gouvernement socialiste. Mais au-delà de ces considérations électoralistes, le plus grave est que les salariés sont aujourd’hui désespérés et ne se mobilisent pas en assez grand nombre contre les mesures anti-sociales votées par les députés qu’ils ont élus. Le pire est qu’ils en viennent à se détourner de la politique et ne voient aucune issue à la crise capitaliste qu’on leur fait payer. Pourquoi imaginer une issue puisque les socialistes et la droite leur répètent qu’il n’y a pas d’autres voies ? Et que le PCF leur a laissé croire qu’on pouvait « réussir à gauche » avec ce PS pro-atlantliste, pro-européen et social-libéral ?

Parler clairement de souveraineté populaire et nationale

Souveraineté nationale et nationalisations

Céline Brulin nous explique aussi qu’il faut aller « vers une affirmation de la puissance publique pour reprendre la main sur les secteurs stratégiques ».
Elle appelle à « arrêter de donner la priorité à la recherche de "rentabilité" pour les actionnaires sous couvert de compétitivité ».

Si cela signifie qu’il faut nationaliser les secteurs stratégiques, nous sommes d’accord. Mais pourquoi ne pas l’écrire clairement ? C’est que le PCF et le Front de gauche parlent plus volontiers de pôles publics que de nationalisations. Or les pôles publics laissent une part au privé.

Et là où est le privé il y a recherche de profits, ce qui contredit une gestion nationale et sociale de nos secteurs stratégiques. Là où est la propriété, là est le pouvoir. Les multinationales ne doivent plus garder une once de pouvoir dans les orientations économiques et politiques de la France. Voilà pourquoi les nationalisations sont nécessaires.

Cela permettra que s’exerce doublement le pouvoir que les citoyens délèguent à l’Etat par l’intermédiaire de ses députés (souveraineté nationale) et le pouvoir des travailleurs (souveraineté populaire) dans la gestion des secteurs clés de notre économie, qu’il s’agisse de la production ou des services publics. C’est sur cette base que pourront s’envisager des recherches de coopérations et d’échanges internationaux mutuellement avantageux, non seulement en Europe mais aussi avec le reste du monde, et notamment avec les pays du bassin méditerranéen.

Souveraineté nationale et souveraineté populaire

C.Brulin souhaite aussi « une nouvelle souveraineté populaire pour sortir de la soumission à la commission européenne ou au FMI ». Et elle semble exclure la souveraineté nationale, expression qu’elle veille à ne pas employer.

Qu’est-ce que cette « nouvelle souveraineté populaire » ? L’expression est floue. Sans le dire, ou à son insu, C.Brulin l’oppose à souveraineté nationale car elle suppose qu’elle s’exercerait au niveau de l’Europe (« sortir de la soumission à la commission européenne »), voire mondialement (« ou au FMI »). A aucun moment elle ne revendique l’indépendance nationale ou la souveraineté nationale face à Bruxelles ou au FMI. Et elle n’explique nullement comment s’exercerait cette nouvelle souveraineté. Faudrait-il refuser l’autorité européenne ? Quelle stratégie est adoptée à l’égard de la politique européenne ? Aucune réponse claire à cette question.

Sous prétexte que le FN emploie les mots nation et national, voilà que le PCF ne s’y réfère plus. Les résistants ouvriers, les communistes ont pourtant su la défendre au moment où ils participaient à l’élaboration du programme du Conseil national de la résistance. Aujourd’hui encore la résistance face à la mondialisation capitaliste se conjugue avec la lutte contre l’effacement national. La citoyenneté se forge avec l’héritage des luttes, Révolution française, Front populaire, Programme du CNR, luttes anti-coloniales, Mai 68… Et c’est dans le cadre national que se développent les luttes le plus facilement parce que nous avons quelque chose à défendre en commun : nos acquis nationaux et parce que nous avons une culture syndicale et politique commune.

Indépendance nationale et transformation sociale

Voilà pourquoi la défense de la Nation, de l’indépendance nationale va de pair avec la transformation sociale dans notre pays. Faire reculer les transformations sociales à l’horizon européen, ou à l’horizon mondial, c’est faire reculer les espoirs de changements pour les travailleurs. Se donner pour seul horizon l’UE, c’est refuser de mettre le socialisme à l’ordre du jour. Il faudra bien commencer la révolution quelque part. Commençons par y travailler là où nous sommes, c’est-à-dire en France. Et pour cela battons-nous jalousement pour notre indépendance, pour qu’aucune autre puissance que le pouvoir populaire et national ne vienne nous dicter sa loi.

Action Communiste

Voir en ligne : sur le blog d’Action Communiste Haute-Normandie

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