En date du 19 décembre 2023, l’hebdomadaire ultra-réactionnaire "Le Point" fait état d’un sondage auprès des français (...)
BRICS : le camouflet des pays émergents à l’hégémonie américaine
Je crois que le ballet autour de l’aide humanitaire refusée à Moscou sous peine de sanctions par les Etats-Unis, alors même que les dits Etats-Unis vont faire des "frappes"humanitaires" contre leur créature et celle de leurs alliés saoudiens pour renvoyer un premier ministre irakien jugé trop proche des iraniens et pour surveiller les pétroles de Mossoul sans la moindre autorisation de personne, aura éclairé sur l’intérêt d’un autre système financier mondial que celui qui fait du dollar une arme politique de l’arbitraire des Etats-Unis. Que les français qui négligent cette "révolution" venue du sud ou qui proposent une intervention directe de Poutine, considèrent leur propre gouvernement, la lâcheté de TOUTES les forces politiques françaises. (note de Danielle Bleitrach)
En annonçant à Fortaleza (Brésil), la création de leur propre banque de développement et de leur propre fonds de devises, les pays émergents des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud) sont en passe non seulement de torpiller l’ordre monétaire international, mais de déclencher une révolution géopolitique à l’échelle planétaire.
Car si le projet des BRICS va à son terme, c’est bien l’hégémonie américaine héritée de la Seconde guerre mondiale et l’omnipotence du roi-dollar consacrée lors des accords de Bretton Woods en 1944 qui seront battues en brèche.
Résumons succinctement les conditions techniques de l’opération :
la Nouvelle Banque de Développement (NBD) aura un capital initial autorisé de 100 milliards de dollars ;
chaque pays membre participera selon ses moyens ; d’autres pays pourront s’adjoindre à la fine équipe, mais les BRICS se réserveront une part de contrôle minimum de 55% du total ;
l’ensemble sera opérationnel avant la prochaine réunion des BRICS, dès 2015 ; le siège de la banque sera située à Shangaï ;
les échanges entre les pays membres s’effectueront directement dans l’une ou l’autre des monnaies de leur cru (et non plus en passant par le billet vert US).
Les conséquences géopolitiques
Les conséquences de ces décisions sont sans appel pour le vieil ordre occidental chancelant :
le dollar y perd son hégémonie de monnaie-étalon qui permettait entre autres aux Etats-Unis de faire financer leur énorme dette par les autres pays ;
la Banque mondiale et le FMI, pièces maîtresses du système occidental, perdent une grande part de leurs moyens exclusifs de pression ;
l’arme de dissuasion financière dont disposait exclusivement Washington voit sa force d’impact considérablement réduite ;
un bouleversement d’envergure en matière de répartition des ressources mondiales apparaît comme de plus en plus probable à assez brève échéance (notons que lors du sommet de Fortaleza, Vladimir Poutine a aussi proposé une association énergétique à ses partenaires).
Vers un nouvel ordre monétaire international
Le camp occidental tente bien sûr de faire bonne figure devant l’annonce. Quand ils ne font pas silence, ses médias s’emploient à essayer d’en banaliser la portée. Mais le camouflet est cuisant pour le vieux système néolibéral septuagénaire. Et la réponse de Poutine aux sanctions américaines et européennes, cinglante.
Pour tout dire, il ne fallait pas être fin analyste pour savoir que les mesures radicales prises par les BRICS pendaient depuis longtemps aux nez du suzerain américain et de ses commensaux européens.
Il y eut cette alerte d’octobre 2009. Puis ce tout récent accord gazier entre la Russie et la Chine, précipité par les manigances de l’Otan en Ukraine (après l’Irak, la Libye, la Syrie…), mais aussi par les inconséquences financières de la Fed qui, en janvier 2014, firent vaciller les monnaies des BRICS.
En décrétant leur émancipation, les pays émergents ouvrent la voie à une refondation de l’ordre monétaire global, condition sine qua non à l’avènement du monde d’après.
Voir en ligne : Sur le journal Politis