Une forte mobilisation et la gauche au plus bas face à une extrême-droite au plus haut

, par  pam , popularité : 2%

Il y a deux phénomènes dans le résultat de ce 30 juin 2024,
 le niveau très élevé de mobilisation pour des élections législatives, le plus élevé depuis 25 ans, qui se rapproche d’un niveau présidentiel, même s’il reste encore loin des niveaux du XXe siècle (la participation aux législatives était de 80% jusqu’aux années 90...)
 le niveau très bas d’une gauche qui a tenté de s’inscrire dans l’histoire longue des victoires populaires en évoquant 1936, face à une extrême-droite qui bat tous ses records historiques. Le Front Populaire de 1936 était une réaction populaire et unitaire face à la menace fasciste des violences de 1934. Le nouveau Front populaire ne peut que constater la division profonde du peuple organisée par le rassemblement national, avec la défaite de Fabien Roussel et la situation difficile de François Ruffin, ceux qui symbolisait l’effort pour reprendre des voix populaires au rassemblement national. La réaction populaire à la violence capitaliste s’est faite avec l’extrême-droite.

Le premier graphique montre les résultats depuis 1981 en nombre, qui fait apparaitre la progression lente du nombre d’inscrits jusqu’en 2017, puis une légère baisse depuis qu’il faudrait étudier, et les résultats en % des inscrits... qui est la meilleure manière de montrer le rapport de forces réel dans la société. La gauche mobilise moins de un électeur sur 5.... (19%)

Le deuxième graphique montre les résultats depuis 1981 avec un histogramme reposant sur le nombre de voix exprimées (donc sans les abstentions), qui fait donc encore mieux apparaitre la mobilisation exceptionnelle, mais qui affiche le résultat en % des exprimés, illustrant bien la défaite de la gauche, à un niveau historiquement bas de 30% (avec les divers gauche hors nouveau Front Populaire).

Il faut toujours apprendre de ses échecs, dit-on, il faut espérer que les dirigeants communistes vont prendre conscience que le rapport de forces ne change pas par le succès ou l’insuccès médiatique, mais par la capacité de mobilisation organisée, consciente, et donc qu’elle ne peut reposer que sur la vérité... Faire croire que l’emballage publicitaire du nouveau Front Populaire allait transformer le réel est peut-être acceptable pour ceux qui s’inscrivent dans l’idéalisme électoral, mais il est un contresens, une erreur grave, pour ceux qui veulent changer de société. L’élection est un thermomètre qui ne fait que mesurer le rapport de forces.

Le troisième graphique montre les résultats depuis 1981 avec un histogramme classique sur la répartition des exprimés, indépendamment de la participation. Ce graphique confirme que la gauche est très loin de pouvoir gagner. Elle mobilise moins de voix qu’en 1981, 1988, 1997, 2012... dates de ses victoires électorales, et fait un résultat parmi ses plus bas en poids des exprimés, 30%, en gros au niveau des deux dernières législatives.

C’est le sujet qui devra mobiliser le débat politique à gauche. Comment sortir de cette longue séquence historique ouverte depuis la victoire de 1981 qui n’a pas permis de « changer la vie » et qui s’est transformée en impasse avec le rejet de François Hollande après son mandat de 2012... Comment rassembler et unir les milieux populaires, en assumant l’échec et l’impasse de la gauche dirigée par les socialistes, et donc en proposant clairement autre chose ? Ce résultat ne nous aide pas, mais il nous oblige à chercher la réponse. Et les militants insoumis qui se réjouissent sur les réseaux et croient avoir enfin tué définitivement le parti communiste confirment que l’anticommunisme mène toujours au pire, dans ce cas, se réjouir de la victoire du RN ! Une élection qui permet de réélire François Hollande, de battre Fabien Roussel et de mettre en difficulté François Ruffin ne peut pas être une bonne nouvelle pour le monde du travail et les milieux populaires.

Il manque des millions de voix populaires à la gauche, et comme le disait Thorez en 1937 au moment du débat sur « la pause » que Blum défendait, préparant la chute du Front Populaire...

« Nous croyons possible le rapprochement avec la plus grosse partie des paysans et ouvriers qui ont encore voté, le 3 mai 1936, à plus de quatre millions pour les candidats opposés au Front populaire. »

La difficulté est que LFI ne se préoccupe pas de faire reculer le vote RN. Au contraire, à chaque occasion, Mélenchon utilise son poids médiatique pour creuser la fracture politique dans le peuple, instrumentalisant la police, le racisme et l’antisémitisme pour mobiliser dans des milieux populaires urbains et notamment les vieilles banlieues rouges, tout en repoussant le monde du travail et les milieux ruraux vers le RN. C’est un jeu dangereux qui pèsera dans les années qui viennent y compris dans les banlieues, qui pour l’instant, assurent le matelas parlementaire de LFI.

Mais cet enfermement dans la division du peuple est évidemment une impasse. Thorez qui en 1937 alertait sur la nécessité de gagner des millions de voix populaires sentait bien venir et le fascisme et la guerre. Ceux qui croient qu’on peut « jouer » l’électoralisme dans la crise démocratique sont des apprentis-sorciers.

La question décisive pour la suite est simple. Comment faire reculer l’extrême-droite et donc comment regagner des millions d’électeurs populaires du RN ?

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