Fralib, nouvelles de la lutte pour briser l’opacité.
Sarkozy, Xavier Bertrand, Unilever et les licenciements Un article de Rouge Midi

, par  lepcf.fr , popularité : 1%

Fralib, hier 14 mars, Sarkozy et Xavier Bertrand ont une fois de plus montré quel était leur camp ; ils ont choisi d’être en première ligne pour la multinationale Unilever. Ne relâchons pas la solidarité avec nos camarades en lutte.

Plus de 500 jours de lutte pour les salaires et pour l’emploi : les salariés de Fralib à Gémenos/Aubagne mènent une action d’ampleur nationale. Les médias y font justement écho. L’avantage de cet article est d’être un témoignage direct.

Salaires, emplois, travailler au pays, refuser de nouvelles délocalisations intra-CEE (Belgique, Pologne) détruisant l’emploi productif ; un plan de poursuite de la production mettant en avant l’emploi et l’intérêt écologique en face d’Unilever, solidarité de classe sans failles de la CGT et de sa Fédération de l’Agro en particulier, tout y est. C’est à juste raison que les salariés en lutte de cette entreprise défileront en tête des entreprises en lutte dans la manifestation du 18 mars à la Bastille. Prenez ci-dessous connaissance d’un témoignage vécu hier lors d’une délégation auprès des services de l’emploi.

Paul Barbazange


En direct de la DIRECCTE

L’arrogance des maîtres, la lâcheté obtuse des larbins, la montée en puissance (cela est encore possible) de la colère et de la détermination des FRALIB.

Ce 14 mars était une nouvelle journée d’initiative pour les FRALIB face aux manœuvres d’UNILEVER que le gouvernement soutient dans la plus parfaite opacité et avec le cynisme le plus absolu.

Une camarade raconte :

Je file donc à l’usine ce matin. J’arrive, pas de conf de presse, mais je les vois tous en tenue de combat dans la cour, "ah, tu es là, tu as une voiture ? Tu peux prendre trois filles avec toi ?"

euh oui, ou on va ?

"Je sais pas, on le verra en route !".

Ah bon d’accord, mais on va loin ? Et on revient quand ?

"Je sais pas".

Bon ! Nous voilà partis, en file indienne, direction Marseille, ah, vers le Prado... Bd Perier... Gagné ! Direction du Travail ! Hop, à l’attaque !

A la fin du dernier PSE  [1], il y avait eu une rencontre des délégués avec l’inspecteur du travail. Celui-ci s’était engagé à rédiger dans le délai légal de 8 jours une lettre d’observation à destination du juge chargé de leur dossier, notant les irrégularités s’il y a lieu, de la procédure écoulée. Les irrégularités constatées, une lettre a bien été rédigée... Sauf que les salarié-e-s apprennent qu’elle s’est volatilisée, et qu’en fin de compte, aucune irrégularité n’a été signalée au juge !

Ce courrier était prêt, il n’est pas parti, pourquoi ?

Après un appel de Xavier Bertrand, ministre du travail et de l’emploi ? Passé ce délai de 8 jours, la direction d’UNILEVER peut donc considérer qu’elle a quitus de la DIRECCTE pour engager la procédure de licenciement.

Nous voilà donc ici pour avoir quelques explications.

Confrontation musclée, dans la grande salle de réunion, pleine à craquer, avec la banderole au balcon, nous attendons avec détermination. Deux cadres de la DIRECCTE demandent à ce que la presse ne soit pas présente lors des réponses qui vont être données aux salariés.

La raison invoquée, malgré l’insistance des Délégués pour que la presse ait accès à la vérité des faits, sera souvent entendue au cours de l’entretien « nous n’avons pas le droit de nous exprimer devant la presse, directive de l’état » ; ton cassant, obtus.

La presse sort de la salle.

L’explication Vient. Embarrassée.

Les services n’ont plus le dossier. Il est traité directement par le ministre Xavier Bertrand. Le ministre, décide donc, que la procédure conduite par Unilever est dénuée d’irrégularités, et que franchement, M. ou Mme le juge, allez y, c’est bon, on peut licencier !

Les échanges fusent et commencent par cette mise au point de l’UD CGT 13 :

« Il n’est pas naturel d’intervenir auprès de la DIRECCTE sur le comportement de l’administration. Si nous nous autorisons aujourd’hui à le faire, c’est en réponse à l’absence d’observation dans le dossier UNILEVER qui se traduit aujourd’hui, pour la CGT, comme un obstacle de plus qui s’ajoute sur notre chemin.

Alors que la justice a par 2 fois recalé le groupe UNILEVER, nous ne pouvons accepter que tous les moyens dont dispose l’état ne soient pas mis en œuvre pour sauver notre entreprise et nos emplois.

Pourquoi n’y a-t-il pas eu de PV de carence pour arrêter toute la procédure, ni lettre d’observation ?

Par ailleurs, lors de la rencontre des Délégués à Matignon, les représentants de F. Fillon s’étaient engagés à apporter une réponse à la demande de table ronde autour du projet alternatif, dans un délai de 7 jours, pas de réponse, donc pas de table ronde. »

Un marin, en lutte lui aussi, renchérit en connaissance de cause "Les droits des salariés sont bafoués, la lutte pour leur emploi est bafouée".
Un autre "L’Etat, ses représentants et ses services ne mettent pas tout en œuvre pour sauver les emplois".

Il va clairement apparaître au cours des débats qui ont suivi, que l’administration, au mépris de son devoir d’indépendance a bel et bien bloqué, les observations relevées sur les irrégularités du 3ème PSE, sur ordre du ministre du travail et de l’emploi, Xavier Bertrand.

Le même ministre qui dit qu’il ne peut intervenir auprès d’Unilever - car c’est une entreprise privée - pour sauver les salariés, mais peut tout a fait le faire pour les assassiner.

Ce pouvoir n’est pas « aux ordres » des multinationales, mais leur complice.

L’argument « Unilever est une entreprise privée, nous ne pouvons rien faire pour sauver les travailleurs » n’est semble-t-il valable que dans un sens. A la question d’un Délégué sur la non transmission des observations relevées par l’Inspecteur du travail, et des positions qui ont été prises : « nous ne pouvons penser que ce que pense le ministre » (heureusement que sous Vichy d’autres fonctionnaires n’ont pas dit la même chose, NDR).

Olivier intervient : « moi, les ordures qui me traînent depuis 14 ans de droite à gauche et qui veulent virer des familles, auront beau me dire ce qu’ils veulent, je ne dirais jamais que c’est parce que c’est mon patron qu’il a raison. Ce n’est pas dans ce pays que je veux vivre, c’est dans un pays ou la liberté est respectée ».

Bernard : « Je comprends, vous vous abritez derrière le ministre, mais là c’est bien de VOUS qu’il s’agit. La DIRECCTE est l’interlocuteur de nombreuses organisations syndicales dans le département. Toutes les discussion de travail qu’on peut avoir n’ont donc aucune fiabilité car vous pouvez vous retourner du jour au lendemain. Dans le département votre image est entachée ; c’est VOTRE problème et les salariés en lutte espéraient que vous vous positionneriez comme il faut. Depuis des semaines vous nous faites croire que, mais vous savez. On sait bien ce qu’est le pouvoir. Mais là c’est votre intégrité qui est en cause !

En face, ils tentent de se défendre : « ce dossier a une portée nationale, et a donc été mis dans les mains du ministre. Le ministre s’en est saisi ».

Olivier : « si le ministre vous dit de licencier Fred  [2], vous allez le licencier ? »

DIRECCTE : « On n’est pas dans les mêmes champs de compétence. L’inspection du travail a, de part ses statuts, un statut d’indépendance, dérogatoire au statut des fonctionnaires ».

Cynthia [3] : « ON ne peut pas s’en mêler, c’est une entreprise privée, et au moment où il s’en mêle, c’est pour nous étouffer ».

DIRECCTE : « Pour qu’un acte administratif ait une valeur, il faut que la personne qui le signe, ait la compétence reconnue pour… et la délégation du ministre pour le faire ! Et là il ne nous a pas donné l’autorisation ».

Ça fuse de tous les côtés.

Avelino, « Êtes-vous dans ce dossier, obligé de mettre une position qui n’est pas celle de la DIRECCTE ? » :

« Un fonctionnaire n’a pas de position ».

« Ce que vous avez écrit le 1° décembre, pourriez vous le re-écrire ? pourquoi revenez vous sur vos décisions précédentes ? » :

« On ne peut pas vous en dire plus ».

On est repartis vers 14h. La rage au cœur. Suis restée à l’usine avec eux jusque vers 16h. La colère est dans tous les propos. "Tu sais, il faut faire la révolution, on est dans une situation pré révolutionnaire ! C’est sûr !". Mais j’ai moi aussi une sale rage. La jeune Rim, qui était dans la voiture et à mes côtés pendant la réunion, tremblait et pleurait de colère et d’impuissance...

Ce matin nouvelle descente à Marseille pour soutenir nos camarades de la SNCM. On ne lâchera rien !

Le soir dans son meeting de campagne à Marseille, François Hollande parlera de notre conflit et dédiera son meeting à notre lutte.

Article paru sur Rouge Midi.

[1Le 3ème PSE présenté au CE du 7 mars dernier, voir articles joints.

[2Un des deux délégués de la SNCM contre qui la direction a lancé une procédure de licenciement.

[3Secrétaire de l’UL CGT d’Aubagne.

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