Combien étions-nous ce jeudi 31 mars dans toute la France ?
Evidemment entre le ministère de l’Intérieur et les organisations qui appelaient à manifester les chiffres varient. A Marseille la préfecture de police a même atteint un sommet dans le domaine du grotesque. Alors que les organisations annonçaient le nombre impressionnant de 120.000 manifestants, il s’est trouvé quelqu’un en préfecture pour annoncer sans rire le chiffre de 11.200 !
Et pourquoi pas 11207 pour être encore plus soi-disant précis dans le ridicule !!!
Ils n’ont encore compté que les chauves à lunettes ?
Mais il y a une donnée sur laquelle tout le monde est d’accord et la presse le souligne ce matin : que l’on prenne les chiffres du pouvoir ou ceux des organisations le constat est le même : nous étions dans les rues de France le double du 9 mars.
Autrement dit les manœuvres en recul du gouvernement, le soutien appuyé de la CFDT (dont quelques organisations étaient d’ailleurs présentes dans les manifestations) n’y ont rien fait : la vague est montante.
Hier à Marseille ce qui frappait, c’est à la fois la force des professions et entreprises représentées et à ce titre, outre les portuaires particulièrement nombreux, on remarquait la force historique de la délégation des salarié-e-s d’Eurocopter, mais aussi la grande diversité des entreprises présentes avec certaines d’entre elles pour qui c’était la première manifestation et avaient fait faire pour l’occasion des banderoles neuves.
Dans ces dernières le mouvement n’en est qu’à ses débuts et la marge de progression n’en est que plus forte. Et il le faudra car pour le moment le gouvernement ne va pas reculer pour deux raisons fondamentales.
– D’abord pour des raisons de politique politicienne, les seules que souligne généralement la presse. Le gouvernement qui vient de se prendre une gamelle sur la déchéance de nationalité ne veut pas apparaître comme un gouvernement de l’à peu près et de l’indécision. Valls, admirateur de Clémenceau, veut donner une image de fermeté. Une autre version d’une raffarinade célèbre : « ce n’est pas la rue qui gouverne ».
– Il y a ensuite une raison encore plus fondamentale : ce gouvernement ne peut pas, ne veut pas se mettre en délicatesse avec l’Union Européenne qui lui a enjoint de faire cette réforme, qui entre bien dans sa logique de pressurer une à une les classes ouvrières nationales des pays de l’union.
C’est une question de classe : obéir au capital ou s’affronter. Le gouvernement a choisi de se soumettre voire d’anticiper les désirs de ses maitres.
Nous, nous avons choisi de nous battre non seulement pour le retrait de la loi mais aussi pour faire avancer nos propositions.
Aussi forte fut la journée du 31 mars elle ne suffira pas. On va donc continuer :
– Dans les quartiers populaires confrontés au chômage de masse et à la précarité et qui ont besoin d’emplois, de réindustrialisation, de services publics et non de mesures destinées à les mettre à la merci du grand patronat,
– Dans les entreprises où nombre d’organisations syndicales vont agir pour que partout le plus haut niveau possible d’action avec la plus forte participation possible de salarié-e-s,
– Dans tous les lieux où se rassemble la jeunesse afin qu’elle ne soit pas une génération sacrifiée.
De grèves en manifestations, de mobilisations diverses en mouvement général, nous sommes partis pour durer.
Durer pour gagner et faire enfin reculer le capital.