Nationalisation d’Alstom : sortir de l’UE pour créer un pôle public de l’industrie et réindustrialiser le pays

, par  PRCF , popularité : 3%

En 2006, C’était l’opération a priori parfaite. En rachetant pour 2 milliards d’euros les 21% d’Alstom détenus par l’Etat, Bouygues initiait une nouvelle diversification dans l’énergie à la satisfaction quasi générale.

2006, la très bonne affaire de Bouygues et les diktats de la Commission Européenne

Celle du gouvernement, tout d’abord, qui est sorti du capital d’Alstom, deux ans après l’avoir sauvé de la faillite, et deux ans avant la date limite imposée par Bruxelles en échange de l’acceptation du plan de sauvetage. Il faut rappeler que l’État avait dû intervenir en raison d’une crise financière du groupe largement causée par le versement de dividendes colossaux à ses actionnaires (Marconi 230 M€, Alcatel 230 M€). L’État a empoché au passage une soit disant plus-value de 1,26 milliard d’euros bien utile en ces temps d’endettement public record. Par cette opération de vente des bijoux de famille, l’État français a surtout satisfait l’actionnariat d’un des fleurons de notre industrie ainsi que la famille Bouygues, en appliquant une fois de plus le principe de nationalisation des pertes et de privatisation des profits. Depuis 2006, Alstom a en effet dégagé un résultat net cumulé de plus de 5 milliard d’euros…

Bouygues, donc, a pu ainsi se développer dans le nucléaire (voir les chantiers des EPR…) et pourrait revendre sans aucune perte et probablement même, au vu des chiffres qui circulent, avec une bonne plus-value sa participation dans Alstom, après avoir profité de confortables dividendes. D’après le site tradingsat.com, entre 2008 et 2012, c’est un dividende moyen de 0,92 € qui a été versé par action soit une rentabilité de près de 3,5%. Entre 2008 et 2012 c’est donc près de 1,43 milliard d’euros de dividendes qui ont été versés aux actionnaires, soit environ 413 millions d’euros pour Bouygues, 30% des bénéfices…

Alstom, ensuite, a clos avantageusement une restructuration difficile à laquelle Bruxelles (vive l’Europe !) avait posé des conditions drastiques. Outre la cession d’actifs à hauteur de 10% du chiffre d’affaires – un objectif bien engagé avec la vente des chantiers navals de l’Atlantique –, il a trouvé en Bouygues le partenaire industriel privé également exigé par la Commission de Bruxelles. En mai 2006, le groupe annonçait un bénéfice net de plus de 150 millions d’euros qui aurait pu aller dans les poches de l’État. Mais, pour éponger la dette, il vaut mieux piocher dans les poches des travailleurs et des retraités.

Huit ans après, Bouygues met en vente Alstom avec les conséquences que cela va engendrer pour les salariés et pour notre industrie, puisque le géant américain General Electric compte acheter les actifs d’Alstom liés à l’énergie (équipements pour centrales thermiques, lignes à haute tension, énergies renouvelables, soit les divisions "Power" et "Grid"), qui représentent plus de 70% de l’activité de ce groupe français…

Soulignons que les travailleurs d’Alstom sont à la pointe dans le domaine du ferroviaire lourd (train, TGV) et léger (métro, tramway). Qu’ils sont à la pointe dans le domaine des turbines, en particuliers les turbines hydroélectriques, où Alstom est le leader mondial ainsi que pour le nucléaire. Alstom ne travaille donc principalement que pour des commandes publiques, que ce soit en France où à l’international. Le développement d’hydroliennes en France a ainsi fait l’objet d’un appel à projet de l’État, avec un investissement massif d’argent public. Le développement du TGV, des métros, des turbines hydroélectriques ou pour le nucléaire est aussi le résultat des investissements publics. Cette technologie largement financée par la Nation appartient donc à la Nation… L’énergie et les transports, il s’agit là de deux domaines qui avaient été nationalisés sous forme de monopoles publics, notamment pour EDF à la libération par le ministre communiste du CNR, Marcel Paul. Il s’agit là de domaines stratégiques qui engagent l’avenir de la Nation, car un pays incapable de construire ses propres infrastructures, incapable de produire son énergie ne peut être indépendant et ne peut décider de sa politique. Cela importe peu, bien sûr, à notre classe capitaliste qui fait le choix de la mise en coupe réglée du pays pour construire l’UE après avoir fait celui de la collaboration. Pour les capitalistes, seuls comptent les profits !

Rappelons qu’Alstom vient d’annoncer un vaste plan social touchant l’activité ferroviaire. Sans doute pour rendre la mariée plus profitable aux yeux des actionnaires. Et c’est les travailleurs qui payent l’addition !

Les déclarations et transactions vont bon train et c’est à qui trouvera des solutions pour toujours plus de concentration industrielle. Il n’y pas besoin d’être sorti de l’ENA ou de Polytechnique pour comprendre que la vente d’Alstom va avoir pour conséquence à terme la suppression de centaines, voire de milliers d’emplois dans notre pays, le départ aux États-Unis (ou une fois de plus vers l’Allemagne et son hinterland d’Europe de l’est) de notre industrie et bien sur l’augmentation du chômage en France. Il n’est pas non plus besoin d’avoir fait HEC pour comprendre que le rachat par le géant Siemens de la division énergie – outre qu’elle implique le transfert à l’Allemagne d’un de nos domaines de technologie de pointe, domaine stratégique s’il en est, qui est celui de la production d’énergie et notamment d’énergie nucléaire – et le transfert par ce groupe d’une partie de son activité transport à Alstom ne peut également se traduire que par la suppression de milliers d’emplois : les activités des deux groupes ne sont en effet pas du tout complémentaires. C’est ce qui avait d’ailleurs conduit l’État justement à intervenir en 2006 pour empêcher Alstom de se faire dépecer par Siemens. «  Les solutions européennes ont déjà été recherchées et il y a eu beaucoup de contacts avec Siemens depuis deux ans, elles sont très destructrices d’emplois ; les solutions miracle n’existent pas », estime une source gouvernementale qui trouve de meilleures complémentarités avec General Electric, rapporte d’ailleurs le très patronal journal les Échos.

Le bal des hypocrites : tout en faisant semblant de refuser de danser avec les USA, faisant la grimace à General Electric, l’UE prépare le Grand Marché Transatlantique avec les USA, avec le traité de libre échange UE / USA (TTIP / TAFTA)

Sur le plan politique, il est assez piquant de voir tous les eurolâtres faire mine de monter sur leurs grands chevaux pour dénoncer le départ vers les USA d’Alstom et l’offre de General Electric. On ne les a pourtant pas entendus quand "General Electric" a déjà racheté une partie des activités d’Alstom. Alors, ils prétextent qu’il faut construire un géant européen, avec des accents de nationalisme européen, ce nationalisme de l’impérialisme capitaliste. De fait, ils ne parlent au fond que de renforcer le géant allemand Siemens… Dans les deux cas, ce qui est sûr, c’est que ce seront les travailleurs et les citoyens français qui paieront la note, et que si l’opération doit être profitable cela sera uniquement pour les actionnaires. L’intérêt des travailleurs, l’intérêt de la Nation n’est pas celui de la classe capitaliste, de ses multinationales et de son Union Européenne.

Faire de la mousse et ainsi faire diversion, n’est ce pas là le seul but de ce gouvernement Valls et de François Hollande, serviteurs zélés du CAC 40 et de l’oligarchie capitaliste ? Car dans le même temps, l’UE – dont la France – en fidèle roquet, agit de concert avec les USA pour déstabiliser l’Ukraine. Dans le même temps, la Commission Européenne – dans le plus grand secret – est en train de négocier un nouveau traité de libre échange (le fameux TAFTA /TTIP ou Grand Marché Transatlantique)… avec les USA. Et n’est ce pas le but d’un grand marché transatlantique que de permettre aux multinationales américaines telles General Electric que de pouvoir venir faire leurs courses en Europe et réciproquement, cela bien évidemment toujours sur le dos des travailleurs ? Assez d’hypocrisie !

Il n’est pas possible de mener une politique de gauche sans sortir de l’UE, sans sortir de l’Euro !

Le NPA, JL Mélenchon ou des organisations syndicales comme FO demandent une nationalisation partielle d’Alstom, oubliant au passage que cela est impossible sans sortir de l’UE. L’expérience de 2005-2006 à Alstom l’a bien prouvé ! Pourtant, ce sont bien le NPA et Mélenchon qui refusent d’appeler à sortir de l’UE et de l’Euro. Leur discours ne peut donc être compris par les travailleurs que comme ce qu’il est : de belles promesses absolument pas crédibles.

Depuis longtemps, le PRCF dénonce la liquidation totale ou partielle de notre industrie qui est imposée à marche forcée par l’Union Européenne au nom de la « concurrence libre et non faussée », dogme fondateur de l’UE, présent dès le traité de Rome en 1957. Les vagues de libéralisations et de privatisations, la mise en concurrence des travailleurs d’Europe ont eu pour conséquence de mettre en place dans notre pays un véritable désert industriel, et pour les entreprises du service public SNCF, EDF, Poste, Télécommunications, Hôpitaux etc., des conséquences désastreuses pour la sécurité et la santé des Françaises et des Français sans compter le service rendu à la population.

Nationalisation d’Alstom : sortir de l’UE pour créer un pôle public de l’industrie et réindustrialiser le pays

Dans l’intérêt de la Nation, de la classe des travailleurs, c’est la nationalisation pleine et entière d’Alstom qu’il faut exiger, tout comme nous avions exigé la nationalisation de ses aciéries, de ses raffineries, etc… que la classe capitaliste ne sait pas conserver.

Ce serait là le moyen de construire un grand pôle public de l’industrie pour réindustrialiser le pays et produire en France, dans le respect des droits des travailleurs et de notre environnement.

Ce serait là le moyen de faire baisser le chômage, de donner des débouchés à notre recherche, le moyen de continuer à garantir l’indépendance énergique du pays, sa capacité à construire des infrastructures performantes.

Alstom, nous dit-on, éprouve des difficultés à l’international car trop petite ne donne pas de garantie suffisantes à ses clients. Cela n’est pas tout à fait juste, c’est surtout les dividendes versés qui pèsent sur les capacités financières du groupe. Mais quelle meilleure garantie que celle d’une entreprise publique adossée donc à la 6e puissance mondiale peut-on offrir ? Il est vrai que la condamnation de la France a été récemment confirmée par l’Union Européenne, lui interdisant d’apporter de telles garanties à ses entreprises publiques…

Pour un grand pôle public de l’industrie et réindustrialiser le pays et produire en France, il faut sortir de l’UE et sortir de l’Euro !

Commission Luttes du PRCF – 28/04/2014

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