Conseil départemental du 62,
18h30, vendredi 11 mai
Chers camardes,
Merci de m’accueillir aujourd’hui dans votre assemblée, à laquelle je n’appartiens pas.
Je m’appelle Gautier Weinmann, j’ai 29 ans et suis militant du Parti depuis 2005. Je réside depuis quelques années à Leforest.
Certains d’entre vous ont peut-être reçu mon courriel en réaction à l’actualité dans la 11e circonscription.
J’irai droit au but, je désire vous faire part de ma proposition de candidature pour l’élection législative dans la 11e circonscription.
Pourquoi ce choix personnel ?
J’avoue avoir éprouvé un sentiment désagréable, et je dois même dire, de la colère, quand j’ai appris qu’il était question que nos candidats désignés et déjà en campagne, Hervé Poly et Bernard Czerwinski, comptaient se retirer au profit de Jean-Luc Mélenchon.
Je voudrais vous dire sur le fond pourquoi je m’oppose à cette perspective.
Je précise tout d’abord que je ne suis pas contre tout parachutage. Nous le pratiquons en certaines circonstances, quand nous n’avons pas les forces sur le terrain. Mais tel n’est pas le cas dans la 11e.
Jean-Luc Mélenchon a choisi de faire tourner en bourrique tous les militants du Front de Gauche en retardant jusqu’au dernier moment son ambition pour les législatives. Il se voyait déjà au 2e tour de la présidentielle ?
Un coup, on apprenait qu’il était une « institution à lui tout seul », et qu’il n’était pas question qu’il passe ses nuits à l’Assemblée nationale, que « c’était déjà assez pénible comme ça au Sénat ».
Un coup, on l’attendait ici, ou là, ou on l’espérait… Cela ne m’amuse pas du tout.
Pour la 11e circonscription, le choix était clair, combattif : les communistes allaient à la reconquête et y mettaient toutes leurs forces et toute leur âme.
La symbolique était forte, encore renouvelée par l’inauguration du siège à Hénin.
Nous sommes, dans le Front de Gauche, une alliance de partis, et non un seul parti.
Je suis opposé à la venue de Mélenchon pour plusieurs raisons :
– le respect de la souveraineté des communistes et des accords nationaux, la circonscription étant réservée au PCF dans le cadre d’un accord national validé par les militants,
– le refus de stopper une campagne déjà commencée,
– le refus de la personnalisation à outrance de la vie politique,
– le refus de l’attitude pour le moins changeante de J-L M, dont l’ego est manifestement surdimensionné, même s’il a des qualités par ailleurs,
– le refus de sa démarche d’invective publique, d’injure, face à Marine LE PEN (et aussi, au passage, face à certains journalistes), attitude qui n’a pas fait ses preuves et qui me déplait,
– le refus de refaire le "match de la présidentielle", chaque élection ayant un enjeu différent,
– enfin, le refus de la politique spectacle.
Retirer notre candidat communiste constituerait à mon sens un abaissement du Parti communiste français et un recul par rapport à notre ambition.
Il s’agirait d’un camouflet sans précédent, du signal définitif que le PCF n’a plus de rôle à jouer sur la scène politique nationale.
Je note que le FN n’a pas besoin de présenter de "pointures", comme aux élections cantonales, pour réaliser d’excellents scores dans le bassin minier de notre Région.
Je note que le score communiste est en recul important dans nos bastions par rapport à la présidentielle de 1995, où pourtant nous faisions moins au niveau national que 11 %...
Aussi, posons-nous la question de ce que les gens veulent et attendent, notamment des communistes.
Militants, nous avons des droits.
Pour moi, l’enjeu n’est pas de trouver le mouton à 4 têtes.
Nous devons sortir de la personnalisation présidentielle de la vie politique.
Nous devons sortir du mythe du sauveur suprême.
Je me plierai à la décision du conseil départemental, seul compétent.
Je ne veux pas ajouter encore plus de pagaille, mais proposer un choix alternatif aux camarades, qui doivent, très nombreux je pense, s’interroger.
Concernant le Front de Gauche, si l’union est un combat, cette fois, c’est la goutte d’eau qui fait déborder mon vase.
Je vous propose ma candidature, sans aucune ambition personnelle.
Hervé, tu as dit : « Ni Dieu, ni César, ni Tribun ». Je dis : chiche ?
Jamais le Front de Gauche n’aura porté une conception aussi éloignée de l’Internationale !
Tu as aussi dit : « il est le meilleur d’entre nous ». Je ne suis pas d’accord. Il a fait, NOUS avons fait, une belle campagne présidentielle, mais une campagne collective. Il n’est pas meilleur que chacun d’entre nous ici.
Nous ne pourrons de toute façon pas mettre 577 Mélenchon dans toutes les circonscription de France.
Tu dis que tu seras le seul « député de terrain » et que lui sera à Paris. Il n’y qu’un seul député, et il doit faire les deux.
Dans ce cas, pourquoi ne propose-t-il pas d’être ton suppléant ?
Franchement, ne confondons pas audace et naïveté.
(…)
Débat général.
Hervé, tu dis que ma candidature serait celle du seul PCF, que nous ne pouvons pas décider ici pour le Front de Gauche.
Or, je me présente ici pour le Front de Gauche avec l’humain d’abord !
Tu dis que c’est Pierre Laurent qui a proposé la venue de Mélenchon. Or, il n’en a pas le droit, nous avons un accord national sur cette circonscription, validé par les adhérents.
Le choix est donc un non-choix, il est complètement biaisé. Dans ces conditions, je retire ma candidature.