Comment cet accord où nous cédons la place dans des villes historiques du PCF serait une victoire quand il permet à la FI de nous attaquer dans des villes aussi importantes que Montreuil, Tremblay en France et La Courneuve ?
Cette déclaration est violente pour les très nombreux communistes partout en France qui se trouvent confrontés à la France insoumise, dans nos villes et au-delà.
Je suis engagée depuis plusieurs semaines, comme beaucoup de communistes dans la bataille des municipales, à Vénissieux, la ville communiste la plus importante hors région parisienne.
Poursuivre le combat de ces villes dirigées par des maires communistes, le plus souvent dans le cadre de rassemblement de la gauche et des citoyennes et citoyens progressistes et républicains, est essentiel pour l’avenir. Au même titre que la sécurité sociale, ces villes témoignent de la place des communistes et de leurs propositions dans la société française. Leur moteur reste le progrès social et démocratique. Quelle que soit l’évolution de la situation politique nationale, ces villes seront déterminantes pour résister, unir, faire vivre la solidarité.
Elles sont le premier rempart contre la droite et l’extrême droite pour battre leurs projets réactionnaires et mettre en échec leur tentative de rapprochement. Car elles font la démonstration de notre capacité à unir notre peuple contre ceux qui le divisent. C’est le sens profond du communisme municipal, préfigurer une société d’unité populaire.
Dans toutes les élections municipales, nous sommes confrontés à la question des alliances pour faire vivre ce rassemblement populaire autour de projets progressistes, solidaires, utiles, des projets qui font reculer la crise politique, la division populaire. Ces alliances ont toujours pris des formes variables selon les rapports de force locaux, le comportement des autres forces politiques…
En 2014, nous avions connu une situation particulièrement chaotique dans le Rhône. A Vénissieux et Vaulx-en-Velin, le parti socialiste tentait de s’emparer de villes dirigées par des maires communistes. Les Lyonnais choisirent une liste autonome du socialiste Gérard Collomb qui s’alliait déjà à Lyon et dans la Courly avec ’le centre droit’, des camarades partaient avec le PS dans d’autres communes. Cela ne manquait pas de créer des tensions et laissa un goût amer d’autant que nous perdrons alors 3 villes, dans des configurations différentes, la poussée de la droite et de l’extrême-droite deux ans seulement après l’élection de François Hollande en ayant surpris plus d’un. Elle conduisit à plusieurs bascules de villes socialistes à droite, la seule victoire du PS étant de s’emparer de la ville communiste de Vaulx en Velin. Le macronisme, « ni de droite ni de gauche », était déjà en route, Gérard Collomb, maire de Lyon, en sera un fervent défenseur jusqu’à en chuter en 2020.
Le 38e congrès du PCF avait commencé à tirer les leçons de l’échec d’une union de la gauche électoraliste et dirigée par le parti socialiste, malheureusement sans effet sur les logiques électorales locales qui restaient dominés par la recherche de places dans des accords électoraux, du type de ceux qui avaient conduit à donner les clés du département de Seine-Saint-Denis au PS.
Nous sommes aujourd’hui dans une nouvelle étape, différente dans la forme, mais d’une même nature. Comment s’appuyer sur les élections municipales pour contribuer à reconstruire le parti communiste ? La ligne nationale de la FI a pour premier objectif d’empêcher un succès politique du parti communiste et donc s’attaque tout particulièrement aux maires communistes.
Cette ligne fait suite à l’accord inique de 2022 imposé par Jean Luc Mélenchon aux législatives, reconduit pour l’essentiel en 2024. le PCF est sa cible principale, nous interdisant de nous présenter dans plus de 90% des circonscriptions, pour s’ouvrir le chemin des villes à direction communiste. Son seul objectif, nous minorer le plus possible pour s’imposer comme seule possibilité aux présidentielles.
Certains diront que plus nous sommes affaiblis, moins Mélenchon aura de concurrent aux présidentielles, plus ses chances de parvenir au second tour seront élevées et de se retrouver comme alternative contre le candidat RN, son meilleur ennemi. Il peut penser que les électeurs socialistes et écologistes voteront pour lui au second tour, quelques soient les polémiques à gauche.C’est pourquoi son objectif essentiel est la présidentialisation de l’élection municipale.
Le bilan de la dernière élection présidentielle comme des législatives et européennes depuis est pourtant clair. Sans faire reculer l’abstentionnisme et le vote RN dans la classe ouvrière et les catégories populaires, la gauche n’a aucune chance de battre le RN au second tour, quelque soit son candidat. Jean-Luc Mélenchon a tout fait pour interdire le débat nécessaire sur les raisons profondes des échecs successifs de la gauche et de ses propres défaites, et imposer sa seule personne « la gauche, c’est moi ». Mais ce débat est indispensable pour faire reculer l’extrême-droite et empêcher l’union des droites qui s’organise.
Le « communalisme » est là pour masquer une réalité pourtant connue, Mélenchon n’a jamais considéré les communes comme un maillon essentiel de la république et de l’action citoyenne. Il veut faire disparaître le communisme municipal comme repère politique sur la possibilité d’une autre société.
Les liste FI fleurissent donc à Montreuil, Tremblay en France, La Courneuve, Vitry, Echirolles, Vénissieux... Idem là où nous sommes légitimement en situation de reconquête ou de conquête de notre influence comme à Givors, Villefranche, Nimes, Champigny, comme dans des villes où nos élus sont reconnus dans le cadre de majorité de gauche comme à Paris, Marseille, Villeurbanne...
C’est une ligne nationale qui s’applique donc, une ligne électoraliste d’abord, celle de la terre brûlée dont le risque essentiel est de profiter à la droite et l’extrême droite. Quelle que soit leur situation locale, les communistes devraient avoir le souci de ne pas nourrir la dynamique nationale que recherche la FI pour ces élections, dynamique qu’elle ne trouve pas pour le moment. La déclaration de la direction Fédérale du 93, qui cherche à faire passer un mauvais arrangement pour une victoire, est une quasi provocation dont elle aurait du s’abstenir. Il faut dire que c’est un député communiste de Seine-Saint-Denis qui en 2022 avait menacé de venir soutenir le candidat de la France insoumise à Vénissieux quand nous nous battions pour maintenir une candidature communiste.
Le communisme municipal est une force nécessaire à la reconstruction du parti communiste. Il ne peut exister sans reconstruire le rassemblement populaire sur d’autres bases que l’électoralisme, qu’il soit dominé par une social-démocratie gouvernementale ou qu’elle se se présente comme radicale. Il a besoin de courage et d’un parti !
Déclaration de Pierre Lacaze, responsable national du PCF aux élections.
Je ne partage pas l’accord dit « départemental ». Soutien aux maires communistes, aux adhérents et sections des 39 villes du 93. En France rassemblons sur des projets communs et sur l’union de gauche et écologistes. Attention « aux eaux glacées du calcul égoïste » (K. Marx). pic.twitter.com/Kzp2JXiU2R
— Pierre Lacaze (@PierreLacaze31) December 6, 2025
Déclaration de Francois Asensi, Maire de Tremblay en France, député Honoraire
J’ai pris connaissance avec effarement de l’accord entre la fédération du PCF de Seine-Saint-Denis et la France Insoumise.
Un accord conclu entre appareil, en haut, que les communistes découvrent par voie de presse. À l’opposé des pratiques démocratiques, de la révolution citoyenne dont les signataires de l’accord se prévalent. Bref, un accord qui incarne ce que les gens rejettent le plus : les accords politiciens sans consultations, ni avis des militants concernés… Une bien piètre image de la politique.
Selon cet accord, des villes historiques du communisme municipal comme Saint-Denis et Aubervilliers ont été offertes à la France Insoumise. Et sur la base de quoi, à part pour les uns gagner des places et les autres sauver des sièges, nous ne le saurons sûrement jamais. Et bien sûr cet accord n’est signé sur aucune base d’accord programmatique.
Je suis atterré par cette compromission qui nous lie à une formation qui n’a qu’un seul objectif : faire perdre les municipalités communistes comme dans la ville dont je suis maire, à Tremblay-en-France.
Comment donner la tête de liste à Saint-Denis et Aubervilliers sans même envisager une reconquête populaire ?
Je crois avoir quelques titres pour aborder ces questions compte tenu que j’ai été, si d’aucuns s’en souviennent, secrétaire de cette fédération dont on m’a limogé pour avoir contesté une orientation ouvriériste du parti communiste, alors que nous dirigions à l’époque 27 villes communistes, avec 8 députés sur 9, 27 conseillers départementaux...
Il ne s’agit pas ici de nostalgie mais bien de parler vrai, de dire que cet héritage nous le revendiquons et avec la modernité de notre époque, nous allons le porter à nouveau.
C’est quoi le communisme municipal :
– Une politique sociale avancée
– Un soutien indéfectible à la classe ouvrière et plus généralement aux salariés
– Une politique culturelle audacieuse avec la création de scènes nationales comme le théâtre Gérard Philipe et le théâtre de la commune, l’action pour défendre et promouvoir le cinéma avec le rachat de plusieurs salles emblématiques aux majors de l’industrie cinématographique en Seine-Saint-Denis.
– La création de bibliothèques municipales avec une politique audacieuse de lecture publique
– Le combat inlassable pour essayer de maintenir une activé industrielle
– Une politique audacieuse à destination de la jeunesse
J’ai en tête des dizaines d’entreprises aux noms prestigieux comme Râteau, Roussel Uclaf, Alstom que nous avons défendues.
Cette politique donnait de la fierté, de la dignité aux habitants de la banlieue et tout cela aujourd’hui sera bradé ! Ignoré !
Allons donc ! Ce n’est pas sérieux et très contre-productif.
Pour ma part à Tremblay, la commune que je dirige depuis 35 ans, nous avons une large liste de rassemblement, à l’image de ce département de la Seine-Saint-Denis auquel je suis très attaché.
On verra bien à la fin, le résultat final de ces renoncements mais pour ma part il ne fait aucun doute qu’il sonne le glas d’une politique authentiquement communiste.
« l’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte de classes »

(2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler
