Le rôle d’Israël dans la création du Hamas et son génocide de représailles à Gaza Par Nazia Nazar

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Les récentes attaques du Hamas contre Israël, en présence de l’un des meilleurs services de renseignement au monde, ont une fois de plus rappelé les déclarations faites par certains responsables israéliens concernant le rôle secret d’Israël dans la formation du Hamas, qui est un acronyme arabe pour « Mouvement de résistance islamique ». Le général de brigade Yitzhak Segev, qui a servi comme gouverneur militaire israélien à Gaza au début des années 1980, avait révélé dans une interview au New York Times qu’il avait contribué au financement du mouvement islamiste palestinien en tant que « contrepoids » à l’Organisation de Libération de la Palestine et au parti Fatah. Il a en outre avoué que le gouvernement israélien lui avait fourni un budget. Un fonctionnaire israélien à la retraite, Avner Cohen, avait également fait une déclaration similaire lors de son interview au Wall Street Journal le 24 janvier 2009. « Le Hamas, à mon grand regret, est la création d’Israël », a-t-il avoué et a expliqué qu’« Israël a coopéré avec un religieux estropié et à moitié aveugle nommé Cheikh Ahmed Yassine, alors même qu’il jetait les bases de ce qui allait devenir le Hamas ». En outre, Cohen a révélé qu’il avait mis en garde ses officiers contre la poursuite d’une politique de diviser pour régner dans les territoires occupés et qu’il s’était opposé avec véhémence au soutien d’Israël aux islamistes palestiniens plutôt qu’aux laïcs palestiniens. L’ancien membre républicain du Congrès Ron Paul a également déclaré que « le Hamas a en fait été encouragé et initié par Israël pour contrer Yasser Arafat ». En outre, le colonel David Hacham, un expert des affaires arabes dans l’armée israélienne, a décrit le soutien d’Israël comme le « péché originel ».

Bien qu’elle ait joué un rôle dans la formation du Hamas, l’armée israélienne prend des mesures punitives contre le peuple palestinien non armé, y compris les enfants et les femmes. À la suite des récentes attaques du Hamas, l’armée israélienne a lancé des frappes aériennes et des bombardements ininterrompus sur Gaza, démolissant sans discernement des maisons, des hôpitaux, des écoles et des lieux de culte. Selon le ministère de la Santé de Gaza, le nombre de Palestiniens tués à la suite d’une attaque aérienne israélienne à grande échelle sur la bande de Gaza a dépassé les 4.000 depuis le 7 octobre 2023. Le nombre réel de victimes est probablement beaucoup plus élevé, car des milliers de personnes restent piégées sous les décombres. Malheureusement, on s’attend à ce que le nombre de morts augmente jusqu’à ce que la communauté internationale prenne des mesures pour mettre fin à l’effusion de sang.

Il semble qu’Israël ne soit pas en guerre contre le Hamas mais contre la population palestinienne. Le Hamas n’est rien d’autre qu’une excuse commode pour Israël pour maintenir son occupation illégale des territoires palestiniens et ses politiques agressives. La perte de vies israéliennes résultant des attaques du Hamas est indéniablement condamnable et ne peut être soutenue d’aucune manière. Cependant, sous couvert de représailles, l’armée israélienne a eu tendance à causer des pertes 20 fois supérieures à ses propres pertes. Selon les Nations unies (OCHA), entre 2008 et septembre 2023, environ 6.407 Palestiniens et 308 Israéliens ont été tués. Sur la base de ces statistiques, l’agression de l’armée israélienne pourrait être qualifiée de « génocide de représailles ».

Israël a imposé un blocus terrestre, maritime et aérien à Gaza depuis 2007, entraînant une grave pénurie de ressources essentielles comme la nourriture, l’eau, le gaz et l’électricité. Un rapport de l’ONU a qualifié l’approche d’Israël de « politique de punition collective », ce qui a entraîné « un effondrement complet de l’économie, des infrastructures dévastées et un système de services sociaux qui fonctionne à peine ». En conséquence, plus de 80 % des habitants de Gaza dépendent de l’aide humanitaire.

Environ la moitié de la population de Gaza est composée d’enfants de moins de 18 ans, ce qui souligne que les actions de l’armée israélienne touchent principalement les enfants. Selon les recherches de Farajallah, 95% des enfants de la bande de Gaza présentaient des symptômes d’anxiété, de dépression et de traumatisme. Elle a raconté une histoire déchirante avec ces mots : « J’ai rencontré un garçon de neuf ans qui m’a dit que lorsqu’il entendait une bombe, il se précipitait chez lui et se cachait sous les couvertures du lit. Il le fait en espérant qu’il ne sera pas vu et qu’il ne sera donc pas bombardé ».

Il est faux de supposer que les atrocités commises par Israël sont des représailles aux attaques du Hamas. Ce n’est pas la première fois que l’armée israélienne exerce son pouvoir sur des civils non armés et semble se diriger vers des actes de génocide et de nettoyage ethnique des Palestiniens. L’histoire est évidente que l’armée israélienne s’est engagée dans le nettoyage ethnique du peuple palestinien avant la formation du Hamas. Les événements de la Nakba de 1948 et de la Naksa de 1967 en sont quelques exemples. Une experte des droits de l’homme de l’ONU, Francesca Albanese, a déclaré avec justesse : « Israël a déjà procédé à un nettoyage ethnique massif des Palestiniens dans le brouillard de la guerre… Encore une fois, au nom de la légitime défense, Israël cherche à justifier ce qui équivaudrait à un nettoyage ethnique. Par conséquent, il n’est pas exagéré de dire qu’Israël a joué un rôle dans la création du Hamas, l’a ensuite déclaré ennemi et a cherché à se venger du peuple palestinien ».

Certains pays occidentaux ont déjà désigné le Hamas comme une organisation terroriste. Compte tenu de l’histoire d’Israël en matière d’atrocités et de violences contre le peuple palestinien, ainsi que de sa violation constante des résolutions de l’ONU et du droit international depuis plusieurs décennies, il y a de solides arguments en faveur d’une condamnation d’Israël pour terrorisme d’État. Malheureusement, les déclarations de l’ONU sur cette question semblent n’être que de la rhétorique. Des sanctions n’ont jamais été imposées à Israël, et son adhésion à l’ONU n’a jamais été suspendue. Selon un rapport du Service de recherche du Congrès, les États-Unis, étant le plus grand soutien d’Israël, ont fourni environ 158 milliards de dollars d’aide militaire et financière à Israël et se sont engagés à en envoyer davantage dans les prochains jours. Un rapport de Research and Action for Peace and Disarmament a souligné que les pays de l’UE ont concédé des licences d’environ 2 milliards d’euros de contrats militaires à Israël au cours des 10 dernières années. Antony Loewenstein, l’auteur de The Palestine Laboratory, a dit avec justesse : « L’ensemble du monde occidental soutient Israël et voudra soutenir l’État juif en achetant ses armes et en approuvant sa décimation brutale de Gaza ».

Tous ces développements ont découragé et désillusionné les Palestiniens, qui ont perdu confiance dans la communauté internationale. De leur point de vue, des décennies de résistance pacifique n’ont abouti qu’à de nouvelles difficultés et à une expansion ininterrompue de l’occupation illégale des territoires palestiniens par Israël. L’occupation illégale de la Palestine par Israël depuis 75 ans et les atrocités qui y sont associées, ainsi que le siège imposé à Gaza depuis 17 ans, n’ont pas suscité de réaction significative de la part de la communauté internationale. Néanmoins, les récentes attaques du Hamas contre Israël ont attiré l’attention du monde sur la gravité de la question. Dans ce contexte, on peut trouver une explication à la popularité croissante du Hamas parmi le peuple palestinien.

Dr. Nazia Nazar est une chroniqueuse indépendante basée en Finlande. On peut la joindre au nazianazar783@gmail.com
Sur le site Counterpunch
Traduction D.Bleitrach pour Histoire et Société

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