Mais quel est ce faux débat mis en scène autour d’un président au milieu d’une salle avec une petite centaine de (...)
Conseil National des 27 et 28 mars 2010
Front de Gauche, les raisons d’un échec
Intervention d’Alain DE POILLY
J’ai fait partie de ceux qui ont voté la poursuite du Front de gauche, parce que je pense que nous ne gagnerons pas tous seuls la bataille contre le capitalisme .Mais déjà au dernier conseil national, j’avais émis une crainte au vu des premières négociations, c’est que dans ces négociations, le Parti communiste passe sous la table.
Or, force est de constater aujourd’hui au vu des résultats, que nous sommes effectivement passés sous la table. Bien sûr, les résultats sont inégaux. Mais globalement, nous passons de 185 élus PCF en 2004 à 95 élus en 2010.
Dans le Val-de-Marne, où on a progressé légèrement en pourcentage et où le Parti communiste représente 95 % des militants et de l’électorat du Front de gauche, nous avions 4 élus PCF en 2004 et nous n’avons plus que 2 élus PCF aujourd’hui. Alors pourquoi notre parti a-t-il dans cette élection perdu environs 50 % de ses élus ?
D’abord parce le Front de gauche n’a pas créé la dynamique électorale attendue, c’est donc un échec. Mais surtout parce que dans les négociations, nous avons privilégié l’intérêt du Front de gauche sur celui du Parti communiste. Nous avons négocié avec de très petits partis qui n’existaient pas électoralement. En conséquence, nous avons accepté de partager avec eux notre propre électorat.
Il suffit pour s’en convaincre de constater que là ou le Front de gauche fait ses meilleurs scores, c’est là où le Parti communiste est le plus dynamique.
Aussi un Front de gauche qui fait perdre au Parti communiste la moitié de ses élus n’a pas d’utilité, donc n’a pas d’avenir.
Il faut donc changer la nature de ce Front de gauche en y intégrant plus d’acteurs du mouvement social et moins de dirigeants de minis partis grands consommateurs de mandats électifs. Il faut en faire un front de luttes qui s’appuie sur les mouvements populaires. Mais sur le plan électoral, il faut arrêter que ce Front de gauche soit mortifère pour le Parti communiste.
Nous allons avoir des élections cantonales l’année prochaine. Je vous rappelle que notre parti a fait un score de 8,77 % à ces élections en 2008. En 2011, allons-nous accepter de perdre la moitié de nos conseillers généraux au profit du Parti de gauche, de Gauche unitaire et des Alternatifs ? Avec les conséquences que cela entraînera automatiquement sur les élections sénatoriales et par conséquent, sur les moyens dont notre parti disposera dans l’avenir pour conduire la lutte contre le système capitaliste.
Je pense que l’usage qui a été fait du Front de gauche est contraire au vote des communistes sur la poursuite du Front de gauche. Il y a détournement d’usage, parce que nous avons permis au Front de gauche de se comporter comme une nouvelle force de gauche, comme un nouveau parti au détriment du Parti communiste.
On nous annonce un congrès pour le 18-19-20 juin. Or, compte tenu de la situation actuelle, nous ne pouvons plus éviter certains débats, sur la démocratie interne, sur l’avenir du parti, sur le communiste du 21ème siècle . Ce n’est pas en fuyant les problèmes que nous allons les résoudre, il est temps d’affronter notre réalité. Mais pour cela il faut donner aux communistes le temps nécessaire aux débats.