Et le peuple dans tout ça ?

, par  Patrick Mignard , popularité : 3%

Un texte incisif d’un dessinateur humoriste politique qui nous fait rire chaque jour par un envoi qu’on ne trouvera pas dans la presse, rire souvent jaune parce que ses dessins nous disent une réalité connue, mais que l’habitude et l’urgence nous font parfois mettre en arrière-plan...

Sa critique de ce que sont les partis nous est utile autant parce qu’elle nous rappelle que le parti communiste a été au contraire le parti de la prise de responsabilité des ouvriers et non des arrivistes, et que toute la question politique du peuple et des populismes est justement de reconstruire un parti de l’engagement populaire, un parti communiste...

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La jungle

De même que le sang attire et rend fou les requins et les fauves, l’argent, les privilèges et la notoriété, rendent fous les politiciens, les rendant capables des pires infamies, trahisons, renoncement… et cela dans tous les camps susceptibles d’accéder au pouvoir.

Au vu des comportements de la classe politique, il faut avoir l’estomac bien accroché pour ne pas avoir envie de vomir… et je ne parle pas de voter.

Entre « parachutages », exclusions et dissidences quelle que soit la formation – qui a des chances d’avoir des élus – le spectacle est affligeant d’indécence et de bêtise.

Le bal des arrivistes et des médiocres

La préparation des élections législatives donne un spectacle digne du « bal des vampires »… Tous les coups sont permis, et sous les sourires hypocrites réservés aux médias, les coups bas se multiplient, les déclarations assassines, les ambitions plus ou moins affublées d’oripeaux démocratiques, sociaux et humanistes se déversent dans un marigot répugnant de prétentions illégitimes.

Avez-vous entendu parler à propos de conflit dans un même camp de divergences programmatiques importantes ? De questions d’éthique qui feraient problèmes ? De désaccords sur des mesures essentielles à prendre ? Non bien sûr ! Tous cela est secondaire au regard des ambitions personnelles.

Par contre, écoutez bien, c’est souvent en subliminal, vous n’entendez que récrimination, trahison, ambition, félonie, indiscipline, chasse gardée, place réservée, promise, tradition familiale (népotisme « démocratique »),…

Et le Front National n’est pas le dernier à agir de la sorte, lui qui renifle l’odeur enivrante de plus en plus forte du pouvoir, écume les bas fonds de la fange de ses partisans les moins scrupuleux pour se lancer dans une arène qu’il n’a de cesse de dénoncer au nom d’une éthique qui lui est totalement étrangère… l’Histoire l’a mainte fois démontré.

Bien sûr, les bon esprits et les « républicains » bon teint vont rétorquer, « ils ne sont pas tous pareils », « ce sont des exceptions » !... Peut-être, mais ce sont ces exceptions qui définissent la règle générale. La voracité à l’égard du pouvoir, des privilèges et de la notoriété, rythme ce que l’on nous vend comme du « fonctionnement démocratique ». Ce ne sont pas les « petits candidats » qui font problème, mais les grands prédateurs (et leurs laquais), qui squattent le pouvoir… les premiers ne sont que les cautions démocratiques des seconds.

Le carburant de fonctionnement des moteurs des partis politiques ne sont ni les idées, ni les projets, encore moins l’éthique – ça se saurait depuis le temps ! – mais l’ambition.

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Les partis, syndicats d’intérêt

Le drame dans cette affaire, ce sont les partis. Les partis politiques qui ne sont pas à leur place, qui usurpent des fonctions et qui finalement confisquent la démocratie, la vraie, pas celle qu’ils fabriquent, dans leurs orgies bureaucratiques, pour leurs propres intérêts, mais celle qui consisterait à avoir comme seul objectif, les intérêts de la population.

Qu’il existe des groupes, des associations, brefs des partis qui regroupent des individus en fonction de leurs opinions communes, ceci est parfaitement sain sur un plan politique. Que ces mêmes partis participent, incitent, aident, favorisent la réflexion citoyenne, ceci est encore plus sains sur le plan politique.

Mais que ces mêmes partis confisquent le pouvoir, au nom… au nom de quoi d’ailleurs ? Ceci est extrêmement dommageable sur le plan politique et détruit à terme – ce que nous vivons aujourd’hui – l’essence même de la citoyenneté.

Instrument de pouvoir et instrument d’accès au pouvoir, le parti politique change sa vraie nature. D’un lieu de réflexion, il devient un moyen de promotion sociale, et entraîne dans son sillage toute une faune d’arrivistes, d’incompétents, de médiocres qui fondent leur légitimité sur la veulerie, l’obéissance et les courbettes aux chefs… Des noms ? Il suffit de regarder la télévision.

Toute cette fange qui se bouscule au portillon du pouvoir, est souvent prête à changer d’étiquette si son ambition n’est pas satisfaite… des noms ? A utiliser n’importe quel argument pour justifier son maintien… des noms ? ou pour prendre la place d’un autre… des noms ?

Les décisions bureaucratiques, généralement prises à Paris, sont imposées aux subordonnés qui doivent céder au nom des intérêts supérieurs du parti. L’exclusion, forme d’excommunication, frappe les indisciplinés.

Et le peuple dans tout ça ?

Tout ces gens là, évidemment s’en foutent… il ne constitue qu’une masse de manœuvre pour réaliser les ambitions personnelles et faire perdurer un système qui les engraisse (voir leurs revenus, leurs privilèges, leurs avantages en nature…).

Il est d’autant moins bien considéré que systématiquement il renomme les mêmes individus qui le grugent. Quel crédit peut avoir le peuple pour ces ambitieux quand ils savent que l’on peut le manipuler, lui mentir, lui raconter n’importe quoi… et que généralement il le croit.

Ce système pervers, dit démocratique, et on le voit en Grèce, en Espagne et à peu près dans toutes les « grandes dites démocraties », a réduit le peuple à une masse ballottée par des mystificateurs qui, sans scrupules, promettent des choses dont on sait qu’ils ne les tiendront pas. Les candidats parlent d’ailleurs, sans ambiguïté, de « leurs électeurs » comme de leur cheptel. Et ils savent qu’effectivement ils sont de fait « captifs », par leur culture, leurs habitudes, leurs croyances, leurs ignorances. Les changements majoritaires de couleurs ne se font qu’à la marge, sans rationalité, où la séduction et la démagogie, voire l’intérêt personnel, l’emportent sur la réflexion.

La « peur du vide » qui habite le peuple, consciencieusement entretenue par les politiciens, incite les plus réticents à faire le pas et à aller donner leurs suffrages à celles et ceux qui en ont absolument besoin pour exister et réaliser leurs ambitions. Ils qualifient pompeusement cela de « devoir citoyen », et ils se forgent ainsi une « légitimité » qui excusera toutes les trahisons et dérapages.

Enfin le peuple croit que ces élus dirigent les affaires du pays… ce qui est faux. 80% de la législation échappe aux députés… quand on leur demande des comptes ils n’ont qu’un seul mot : c’est Bruxelles ! où là aussi ils font leurs choux gras. Les marchés financiers auxquels ils sont intégralement soumis et la puissance des lobbys, qui souvent les arrosent, constituent le véritable pouvoir.

La mystification est complète et renforcée par un discours tant hypocrite que larmoyant quand ils évoquent « celles et ceux qui sont morts/es pour le droit de vote »… comme s’ils étaient morts pour que des profiteurs puissent se gaver en toute impunité et mènent depuis un siècle et demi les peuples à la catastrophe.

Ainsi va le vaisseau bancal de la citoyenneté, naviguant sur une mer de promesses et poussé par le vent de l’espoir. L’équipage est sûr de son impunité et sait quitter le navire en cas de catastrophe. Que crèvent les passagers !

Tant que ce système pervers continuera, nous continuerons à aller vers la catastrophe… la montée de l’extrême droite en est un indicateur. Une fois au 20ème siècle ce système nous y a conduit… on n’en a tiré aucune leçon… on recommence les mêmes erreurs que par le passé.

Les mois qui viennent vont nous le démonter… demandez dès à présent aux Grecs, demander demain au Espagnols ! Notre tour va venir et on sera tous surpris !

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Patrick Mignard, juin 2012

A voir également :

- « Peut-on avoir confiance dans les hommes/femmes politiques ? »
- « La "fausse démocratie" des partis politiques »

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