La Cour de cassation de Doha a confirmé la peine de 15 ans de prison prononcée en appel contre un poète qatari pour un poème jugé critique du régime du Qatar. Mohamed Al-Ajmi, alias Iben al-Dhib, avait été arrêté en novembre 2011 pour un poème saluant le Printemps arabe et exprimant l’espoir qu’il s’étende aux monarchies du Golfe. Condamné le 29 novembre 2012 à la prison à perpétuité pour « atteinte aux symboles de l’Etat et incitation à renverser le pouvoir », sa peine avait été réduite en appel en février dernier à 15 ans de prison. « C’est un jugement politique et non judiciaire », a déclaré Me Naïmi, ancien ministre de la Justice du Qatar, déplorant que ses appels à rouvrir l’enquête pour rejuger son client n’aient pas eu de suite. Pendant le procès, l’avocat avait fait valoir qu’il n’y avait « aucune preuve que le poète ait prononcé en public le poème pour lequel il était jugé » et assuré que le texte avait seulement été récité « dans son appartement ».
Avez-vous entendu une protestation, une indignation à Paris. Rien. Nada. Pour cause. Les « grands » intellectuels fatigués ont pris quelques jours de vacances, poètes compris ; les médias n’ont plus de journalistes disponibles, la réserve ayant pris le chemin du Kosovo pour alimenter la campagne « une famille pas très classe ». Quant au gouvernement et Mme la Ministre de la Culture, la règle est scrupuleusement observée : silence dans les rangs.
Faut comprendre. Au moment où les pétrodollars tombent à foison sur les palaces parisiens, le foot, les grands magasins, des immeubles de luxe et y compris sur des associations bidons, un choix s’impose : le fric ou le poète ? Le fric sans hésitation. Que valent quelques vers face cette manne bien agréable à palper, même en se bouchant le nez, et alors qu’il s’agit d’une simple mise en bouche prélude à un glouton festin ?
José Fort, le 24 octobre 2013
Lu sur son blog
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