Super nouvelle : les cinq moins un Interview du libéré

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Washington, 3 mai (RHC-RR) – La juge de la Cour Fédérale de la Floride Joan Lenard a décidé que l’antiterroriste cubain René González pourra rester vivre en permanence à Cuba. Elle a répondu ainsi à une motion présentée la semaine dernière par Philip Horowitz, l’avocat de René.

En vertu du verdict de la juge, émis ce vendredi, ce combattant cubain contre le terrorisme pourra rester à Cuba en renonçant à sa condition de citoyen étasunien, comme il l’avait demandé auparavant.

René González est sous un régime draconien de liberté surveillée à Miami depuis octobre 2011. Il se trouve actuellement en visite privée et familiale à La Havane et il devait rentrer aux États-Unis le lundi 6 mai.

Cette nouvelle décision de la juge Joan Lenard lui accorde un délai jusqu’au 16 mai pour faire les démarches renonçant à la nationalité étasunienne au Bureau des Intérêts des États-Unis à La Havane, sans avoir à rentrer aux États-Unis pour ce faire.

Des médias ont rappelé que René González est sorti de prison en octobre 2011, mais qu’il purgeait une peine de trois ans de liberté surveillée en territoire étasunien. Le Département de la Justice des États-Unis s’était opposé dès le début à ce qu’il purge sa peine à Cuba.

Le 12 avril, la juge Joan Lenard a autorisé la visite de René González à Cuba afin qu’il assiste aux funérailles de son père, décédé le 1er avril et le permis accordé à été de 15 jours sous des conditions strictes.

Pendant son séjour à Cuba, Maître Philip Horowitz a présenté une motion devant le Tribunal Fédéral de Miami indiquant que son client était disposé à renoncer à la nationalité étasunienne si l’on lui permettait de terminer de purger sa peine de liberté surveillée aux côtés de sa famille à Cuba.

Le verdict émis par la juge fédérale Joan Lenard signifie que le premier des 5 antiterroristes cubains condamnés aux États-Unis restera à Cuba pour toujours tandis que Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Ramón Labañino et Fernando González sont toujours en prison aux États-Unis.


Entretien exclusif d’ICS (Iniciativa Cuba Socialista) avec René González, le premier libéré des cinq cubain !

Pour la première fois depuis 15 ans, une décision humaine est prise dans l’affaire des "cinq cubains". René González peut rester librement à Cuba, maintenant que le juge l’a exempté des trois ans de réintégration obligatoire aux Etats-Unis. ICS a eu la primeur du premier entretien après l’annonce de cette nouvelle.

Après un procès politique au cours duquel le jury a été intimidé, les prévenus et leurs avocats n’ont pas eu accès aux dossiers et les témoignages à décharge des cinq n’ont pas été retenus, ils ont été condamnés à 4 fois perpétuité et 77 ans de prison au total ! Les deux accusations principales, qui n’ont d’ailleurs jamais été prouvées, étaient « intention d’espionnage » et « intention d’assassinat » (uniquement contre Gerardo Hernández). Sous la pression de l’opinion publique internationale, trois des cinq ont obtenu en 2009 une réduction de peine. Les Cinq peuvent notamment compter sur le soutien d’Amnesty International, de dix Prix Nobel et de centaines de politiciens et de personnalités du monde culturel et syndical.

René González était le premier des Cinq a être libéré le 7 octobre 2011, après avoir purgé sa peine. Le fait qu’il possède également la nationalité américaine était toutefois utilisé comme prétexte pour l’obliger à résider encore trois ans aux Etats-Unis dans le cadre d’un programme de réintégration sociale. Cela voulait dire que René restait séparé trois années de plus de sa famille. Son épouse, Olga Salanueva, n’a en effet jamais obtenu de visa pour entrer aux Etats-Unis.

Le 12 avril 2013, René a reçu l’autorisation du juge de se rendre à Cuba pour y assister aux funérailles de son père, décédé le 1er avril. Pendant sa résidence à Cuba, son avocat a réintroduit une demande pour autoriser René à rester à Cuba, en échange de son renoncement à la nationalité américaine. Le 3 mai, le juge de Miami a donné son consentement.

Pour le moment, les autres Cubains, Fernando González, Antonio Guerrero, Ramon Labañino et Gerardo Hernández restent enfermés aux Etats-Unis. L’affaire de Gerardo est la plus pénible. Il a reçu 2 fois la perpétuité plus 15 ans de prison. Son épouse Adriana Pérez n’obtient pas non plus de visa pour rendre visite à son mari aux Etats-Unis.

Erwin Carpentier d’Iniciativa Cuba Socialista était à Cuba à l’occasion du 1er mai. Il était le premier journaliste étranger à pouvoir interviewer René.

Erwin Carpentier - Comment avez-vous été libéré finalement ? Aviez-vous déjà des indications ?

René Gonzalès - J’ai pris connaissance de la décision du juge hier, le vendredi 3 mai. Nous avions de l’espoir, certes. La procédure par laquelle nous tentions de mettre fin à ma liberté surveillée afin de pouvoir rentrer définitivement à Cuba, avait déjà démarré il y a quelque temps. En juillet de l’année passée j’avais introduit ma demande de pouvoir rentrer à la Havane. En échange, j’ai proposé de régler tous les documents auprès de la représentation des Etats-Unis de la Havane pour renoncer à ma nationalité américaine.

La loi des Etats-Unis stipule qu’il faut se trouver en dehors des Etats-Unis pour pouvoir renoncer à cette nationalité. Nous présumons qu’ils n’ont pas réagi à cette époque, parce qu’ils n’avaient pas de garantie – hormis ma parole - que je renoncerais effectivement à ma nationalité américaine s’ils m’autorisaient à rentrer à la Havane. Maintenant j’ai reçu l’autorisation de venir à la Havane à l’occasion du décès de mon père. J’ai profité du fait que j’étais déjà ici pour réintroduire une motion au tribunal, proposant de renoncer à ma nationalité à la représentation des Etats-Unis à la Havane.

Apparemment, ils n’avaient pas d’arguments contre. Si vous faites l’analyse coûts-avantages, c’est en effet plus avantageux pour eux. Moi je ne dois plus aller aux Etats-Unis et eux ils n’ont plus de soucis à mon égard. Nous avions donc de l’espoir. La semaine passée, le 29 avril, mon avocat a posé la question au juge. Les autorités américaines n’ont pas émis d’objections et sur cette base, le juge a adopté une décision positive le 3 mai.

EC - Comment ressentez-vous la liberté après tant d’années d’emprisonnement et d’injustice ?

RG - C’est une petite victoire. Il ne faut pas pour autant être triomphaliste. Car la réalité est telle que j’ai purgé ma peine jusqu’au dernier jour, et même un peu plus. Et nous ne devons surtout pas oublier que les quatre "frères" sont toujours en prison. Il n’y a certainement pas encore eu assez de pression pour changer la position du gouvernement US vis-à-vis des cinq cubains. Ce serait une erreur de penser que nous avons atteint notre objectif.

Il est évident que je me sens en même temps très heureux, parce que pour moi, c’est vraiment terminé maintenant. Je suis parti de Cuba il y a 23 ans. Ma famille a passé des moments très durs. Nous avions à peine vécu un an ensemble aux Etats-Unis. Ensuite il y a eu l’arrestation et la prison. C’est mon cas personnel mais il y a quatre camarades qui subissent toujours cette injustice.

En même temps, j’estime qu’il y a une porte qui s’est ouverte, les choses sont en train de bouger. Nous devons continuer à augmenter la pression et les efforts pour la libération des Cinq. Nous devons surtout nous axer sur la société nord-américaine. Tout ce que nous faisons doit être axé là-dessus. Nous devons ouvrir les yeux de chaque politicien, chaque journaliste et chaque citoyen pour qu’ils sortent de leur ignorance par rapport à l’affaire des cinq cubains.

Si rien de fondamental ne se passe, l’injustice est toujours là et Gerardo mourra en prison. Nous devons continuer jusqu’à ce que la situation de Gerardo soit résolue. Il a reçu une peine extrêmement lourde, tout à fait injustement.

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Olguita, René et leur petit fils Ignacio René

EC - Que signifie votre liberté pour la lutte pour libérer les quatre autres des Cuban Five ?

RG - Il est encore un peu trop tôt pour déterminer le rôle que je pourrai jouer à partir de maintenant. J’espère que mes quatre frères voient une lueur d’espoir dans ma libération. A partir de maintenant, nous sommes quatre au lieu de cinq. En fait, je suis convaincu que ma libération ne leur donne pas seulement de l’espoir, mais qu’ils se réjouissent vraiment de mon bonheur.

Mais je ne sais pas encore exactement quel rôle je pourrai jouer à partir de maintenant dans la lutte pour leur libération. Tout est encore à développer. J’espère que le fait que je sois à Cuba, est un facteur motivant pour intensifier la lutte. Cela me réjouit et j’espère que je pourrai y contribuer beaucoup, de sorte que mes quatre frères puissent eux-aussi rentrer à Cuba.

EC - Avez-vous un message pour le mouvement de solidarité en Belgique ? Nous voudrions évidemment vous inviter à "Che Presente", la fête de solidarité avec Cuba, qui aura lieu à nouveau à ManiFiesta, le samedi 21 septembre. Je vous invite donc officiellement à Che Presente !

RG - Les "cinq cubains" ont toujours été présents à Che Presente, même en étant en prison ! Vous nous avez toujours tenu au courant dans vos lettres. Notre affaire n’y a jamais été oubliée. Je veux en premier lieu vous remercier, au nom de tous les cinq. Nous avons toujours reçu beaucoup d’amour de votre part. Nos familles ont, elles aussi, toujours pu compter sur votre soutien inconditionnel. Personnellement, j’aimerais vraiment pouvoir être présent à Che Presente. En ce moment, je n’ai aucune idée si c’est réaliste. Je dois encore attendre le résultat de la décision du juge. Mais je voudrais vraiment participer à votre journée de solidarité et y représenter les "cinq cubain". Merci d’avance de cette invitation !

EC - Pendant la conférence de solidarité à Berlin de l’année passée, le mouvement européen de solidarité avec Cuba a décidé d’organiser une Commission d’Enquête internationale sur l’affaire des Cuban Five. Cette Commission d’Enquête aura lieu à Londres. Nous souhaitons inviter des personnages de renommée internationale, comme par exemple Desmond Tutu ou Mary Robinson. Actuellement, nous pouvons déjà compter sur le soutien de personnalités comme Angela Davis, Noam Chomsky et l’ancien président du parlement cubain, Ricardo Alarcon. Nous espérons bien sûr que vous y serez présent, ainsi que Fernando, qui devrait être libéré en février 2014.

RG - Vous pouvez compter sur ma disponibilité. Non seulement pour participer mais aussi pour convaincre des personnalités à siéger dans cette commission ou à appuyer cet événement !

L’épouse de René, Olga Salanueva, nous a rejoints entre-temps.

EC - Olga, comment vous sentez-vous, maintenant que René est enfin revenu, après toutes ces années de souffrance mais aussi de lutte pour sa libération. Quel message voulez-vous nous donner ?

OS - Je dois dire que je ne réalise pas encore tout à fait. Le fait qu’il soit ici, pas seulement en visite, mais pour toujours… Nous sommes tellement heureux. Mais ce sentiment de bonheur ne peut pas être total, tant qu’ils ne sont pas tous libérés (elle pleure). La libération de René est une bonne nouvelle pour notre famille, mais il faudra encore lutter beaucoup pour le bonheur de notre grande "famille cubaine" et pour celui des familles des quatre autres des "cinq cubains".

Ce qui est clair maintenant, c’est que c’est possible. Pendant toutes ces années de lutte pour leur libération, nous avons préparé le chemin. Il y a eu des moments où nous doutions si la libération de René était bien possible. La peine de René n’a pas été allégée ou suspendue. Il l’a purgée entièrement. Pour pouvoir rester ici, ils l’ont obligé à renoncer à sa nationalité américaine, un droit qu’il avait reçu parce qu’il était né aux Etats-Unis. Mais bon, à côté de Nord-Américain, René se sent avant tout Cubain.

Il est très important que René soit de retour à Cuba. Surtout pour notre famille, après une absence tellement longue. René a quitté Cuba en 1990, il y a presque 23 ans. Il nous a manqué pendant de longues périodes, en raison de sa mission cruciale. Aujourd’hui, son retour est d’une importance immense pour intensifier la lutte pour la libération des quatre autres. Le fait qu’ils ont levé l’obligation de rester en liberté supervisée à Miami, est également un soulagement pour Antonio.

Pour lui aussi, le jugement mentionne une liberté supervisée, dans son cas de cinq ans. Le retour de René donne de l’espoir à sa mère Mirtha, sa sœur Maruchi et le reste de sa famille. Car Mirtha a déjà 81 ans et le temps progresse. Si Antonio est libéré en 2017 et qu’il doit encore rester 5 ans aux Etats-Unis, il sera très difficile pour elle de pouvoir l’attendre.

Nous allons évidemment poursuivre le combat, de sorte qu’il ne faut pas attendre 2017 pour la libération d’Antonio, alors que les autres resteront en prison. Fernando sera libéré en février 2014. Nous relevons le défi de libérer les trois autres en même temps. Ainsi, ce chemin douloureux et injuste sera finalement derrière nous. Nous avons toujours continué à lutter, avec beaucoup d’espoir et de dignité. Mais cela dure trop longtemps. Nous avons tous trop souffert.

Nous profitons maintenant pleinement de notre bonheur. Nous avions pensé que notre petit-fils Ignacio René aurait deux ans au moment de la libération de René. Heureusement, ce n’est pas le cas et nous sommes tous réunis et heureux. Une bonne raison pour faire la fête, non ?

EC - Merci René et Olguita de cette interview. Nos amis en Belgique et tout le mouvement de solidarité avec Cuba sont très heureux, maintenant que René est libéré. Vous pouvez compter sur nous pour continuer le combat et nous continuerons jusqu’à la libération de cinq Cubains.

Trad. : Hilde Meesters

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