En réponse à l’appel international lancé pour rejoindre la résistance contre le coup d’État du gouvernement de Poroshenko, de nombreux volontaires de toute l’Europe sont arrivés dans le Donbass pour la défense de la Nouvelle Russie (« Novorossia »). Parmi ces volontaires, certains viennent de la communauté autonome de Castille et de Catalogne ; après avoir servi dans le bataillon Vostok (DNR), ils ont décidé de rejoindre la Brigade « Prizrak », sous le commandement du charismatique Alexeï Mozgovoï. Après leur bref passage dans les brigades continentales, les jeunes antifascistes ont rejoint l’escadron rouge 404, une unité communiste au sein de la Brigade « Prizrak » qui partage ses tâches avec d’autres jeunes révolutionnaires.
Slavyangrad.es a rencontré Sergio, Hector, Miguel et Oriol, les interrogeant sur leur nouvelle vie dans le 404 et les fonctions exercées au sein de la résistance populaire de Novorossia.
Tout d’abord, quand et pourquoi vous êtes vous décidé à venir dans le Donbass pour lutter contre le gouvernement de Poroshenko ?
Nous sommes tous d’accord pour dire que le massacre d’Odessa a été l’élément déclencheur de notre décision pour venir combattre. En dehors de cela, il y a aussi beaucoup d’autres raisons : contribuer à la création d’un État socialiste en Europe, aider à défendre la population civile contre les attaques de Kiev. Il s’agit d’une lutte contre le fascisme et nous nous sentons redevables du rôle joué par les brigades internationales qui sont venues en Espagne en 36 pour lutter contre les putschistes.
Ce ne doit pas être facile de quitter une vie normale avec amis, famille, etc. pour aller se battre dans une guerre où l’on peut mourir. Est-ce que cela vaut la peine de lutter pour Novorossia ?
Nous sommes parfaitement conscients des risques que nous encourons avec notre décision de venir ici pour combattre, et nous comprenons les craintes de ceux qui sont restés en Espagne, mais la cause en vaut la peine. Nous sommes ici pour lutter contre le fascisme. C’est la première fois depuis de nombreuses années qu’il y a une réelle possibilité de contribuer à la construction d’un État socialiste en Europe. En tant que communistes, nous ne pouvions pas rater cette occasion historique.
Vous vous définissez comme communistes. Que signifie pour vous Novorossia ? Quels sont vos objectifs politiques et militaires ?
Notre principal objectif militaire est de ne pas nous arrêter tant que l’état de la Novorossia n’aura pas été libéré de la racaille fasciste. Ils ont provoqué cette guerre. Quand à nos objectifs politiques, notre tâche principale est de contribuer à la construction de l’État socialiste de Nouvelle-Russie, c’est l’objectif des forces et des unités militaires révolutionnaires et communistes qui combattent ici. Le drapeau rouge flottera de nouveau sur l’Europe.
Affiche du PCPE qui exprime l’état d’esprit des communistes espagnols
Comme au Kurdistan ou en Palestine, la résistance dans le Donbass est une résistance populaire et politiquement hétérogène. Mais il est à noter que le chef des milices populaires de la République de Lugansk est Victorovitch Vitaly, un communiste connu de Lugansk. Y a-t-il une présence réelle des communistes dans la résistance populaire ?
La présence des communistes dans la résistance populaire est très importante. Il y a deux unités communistes ; l’une est dans le bataillon Vostok et l’autre dans la brigade "Prizrak". Dans les autres unités, il y a aussi des communistes. Il y a une grande nostalgie de l’Union soviétique parmi les volontaires des milices populaires. Depuis l’effondrement de l’URSS, les gens sont parfaitement conscients que leur situation a empiré. On ne peut pas dire combien il y a de communistes dans la résistance, mais cette idéologie est hégémonique au sein des milices populaires.
Dans la sphère politique, l’idéologie communiste a également beaucoup de poids. Igor Plotnitsky, le président de la République populaire de Lugansk, est d’obédience communiste. À Lugansk et Donetsk, les communistes ont beaucoup de poids dans les milices. De nombreux commandants et colonels se battent pour la construction d’une Novorossia libérée des fascistes et des oligarques.
Après être passés par d’autres unités et bataillons, vous venez d’arriver dans l’escadron rouge 404 de la brigade "Prizrak". Pourquoi ce changement ? Parlez-moi un peu de votre nouvelle vie dans cette unité.
La vie dans cette unité est semblable à celle des autres unités : discipline militaire, même heure et même rotation vers le front. Tous respectent la hiérarchie. Ici tout est plus égalitaire, il n’y a aucun commandant. C’est le commissaire politique qui est responsable des attitudes, de la discipline et du moral des soldats. II y a aussi deux dirigeants ; celui qui est en charge de la formation militaire lorsque nous sommes en caserne et l’autre qui est chargé de guider les camarades qui sont au front.
La principale raison de notre changement d’unité vient de la différence et la diversité idéologiques existantes, même s’il est à noter que nos commandants militaires sont toujours communistes. Ces différences faisaient que nous ne nous sentions pas du tout à l’aise. Maintenant en revanche nous nous sentons pleinement en accord avec nous-mêmes et avec nos nouveaux camarades dans cette unité 404.
Même si les ultranationalistes sont une minorité négligeable dans la résistance (Comme nos nationalistes français d’Unité continentale - ndlr), certains secteurs de la « gauche » ont utilisé cela comme une excuse pour justifier les crimes de Kiev et de l’OTAN contre la population civile. Il y a non seulement vous, mais toute la résistance qui ont été traités de nazis. Quelle est votre opinion ?
La gauche justifie les massacres des populations civiles par les fascistes devrait repenser son idéologie. Certains nous ont même traités de nazis, ce qui a provoqué beaucoup de rires entre nous, avec nos origines maures et métissées (rires). Ceux qui sont ici sont les seuls à pouvoir parler en connaissance de cause, le reste, venant de plus de 3000 km, n’est que spéculation. Et je tiens à préciser (Sergio), que je suis plus rouge que le sang qui coule dans mes veines. Personne ne me fera changer d’avis, et certainement personne d’extérieur au conflit.
A votre avis quelles sont les principales caractéristiques de la lutte pour Novorossia : lutte des classes, lutte contre le fascisme, lutte nationale ?
La lutte pour Novorossia est un combat contre le fascisme, contre l’oligarchie et est aussi une lutte nationale. Nous luttons contre les fascistes de Kiev et les oligarques qui ont pillé l’Ukraine post-soviétique. En outre, c’est aussi un combat national, parce que le peuple défend sa culture, sa langue et ses habitants.
Parlons de la guerre, telle qu’on peut la connaitre ici. Comment est la vie sur le front ? Qu’est-ce qui vous passe par la tête lors des combats ?
Ici la vie est dure ; il fait froid, nous avons faim et souffrons d’épuisement, mais tout est secondaire lorsque vous savez que tout ce que vous faites va dans le bon sens. Sur le front, mille choses nous traversent l’esprit ; il y a beaucoup d’adrénaline et parfois vous avez peur de mourir. Parfois, vous vous demandez ce que vous faites ici.
Jusqu’à présent quelles tâches militaires avez vous réalisées et quels ont été vos fonctions au front ?
Par sécurité nous ne pouvons pas répondre à cette question, mais nous pouvons dire que notre unité est engagée dans des missions d’infiltration, des attaques de l’arrière et autres opérations spéciales.
Vous êtes des volontaires qui se battent sous la bannière de Novorossia ? Avez-vous des preuves de la présence de mercenaires occidentaux engagés avec Kiev ?
Oui, nous sommes des volontaires qui luttons par idéal, non pour l’argent. Par ailleurs, nous sommes conscients de la présence de mercenaires qui luttent pour Kiev, ils sont soutenus et financés par l’OTAN et l’Union européenne. Ces derniers sont responsables de ce qui se passe en Ukraine.
Comment pensez-vous que finira cette guerre ?
Nous vaincrons ! La volonté du peuple est imparable.
Interview réalisé par Ibai Trebiño pour Slavyangrad.es