Le pouvoir des propriétaires des plus gros capitaux n’est pas invincible Par Jean-Pierre Combe

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Il est arrivé plusieurs fois dans l’histoire de notre pays que les membres du peuple voient assez clairement leur intérêts communs pour se rassembler dans la lutte et pour renverser l’oppression des riches exploiteurs :

- Le plus connu de ces évènements est la Révolution française ; mais ici, il me faut parler de l’évènement commencé par l’insurrection nationale de 1943-44, chassant de notre pays les forces armées du nazisme et du fascisme, puis retirant partiellement l’État au contrôle de la grande bourgeoisie, et qui s’est achevé au mois de mai 1947 ; cet évènement est la Libération de la France : ce sont en effet les parlements et gouvernements de la Libération qui ont créé notre système national de Sécurité sociale et de retraites et fait les nationalisations de la Libération.

- Notre histoire met en évidence que les propriétaires des plus gros capitaux actifs en France se sont élevés contre la volonté populaire clairement et démocratiquement exprimée, en s’attachant à détruire notre Sécurité sociale, nos caisses de retraites et les nationalisations dès leur premier jour, avant même que les lois en soient votées, et par tous les moyens à leur disposition, afin d’établir ou de rétablir le prélèvement du profit sur des circuits économiques que l’intérêt de notre peuple avait commandé de leur retirer (pour les nationalisations) ou de créer hors de leur portée (pour la Sécurité sociale et les retraites) ; les grands chefs du capitalisme agissent en politique arbitrairement, sans aucun débat démocratique, simplement en exerçant la propriété privée sur les plus gros capitaux terriens (miniers et agroalimentaires), industriels, commerciaux et financiers ; ils proclament se fonder sur la fatalité de prétendues lois de l’économie, et leur moyen essentiel, premier, est la violence de l’économie capitaliste ; la victoire sur les troupes nazies et fascistes et les réalisations des gouvernements de la Libération démontraient que ce moyen ne leur suffit pas, et qu’il leur faut compléter la violence économique par la violence policière quotidienne, celle qui est de la compétence des États ; pour la grande bourgeoisie, l’État est en effet le plus indispensable des accessoires.

- En juin 1947, les propriétaires des plus gros capitaux sont parvenus à modifier le gouvernement de la France : ils ont ainsi remis l’État entièrement à leur service, comme il l’était avant-guerre ; grâce à cela, ils ont retourné en leur faveur le rapport de leurs forces avec celles du peuple travailleur ; ensuite, ils ont toujours fait évoluer ce rapport dans le sens de leurs intérêts égoïstes.

- Les soixante ans (c’est-à-dire deux générations !) qui ont suivi sont le temps qu’il leur a fallu pour détruire les nationalisations de la Libération, et sont aussi le temps écoulé avant le vote du projet de loi mettant fin à la répartition : le principal facteur de cette résistance remarquablement longue est certainement la profonde démocratie qui, après avoir porté notre victoire sur les troupes nazi-fascistes, a porté et irrigué ces processus jusqu’au mois de mai 1947, les imprégnant durablement, au-delà de sa disparition de la politique de nos gouvernements (remarquez bien que la démocratie était absente des nationalisations de 1982).

- L’exemple de la répartition est tout-à-fait clair : le mode financier de la répartition, si totalement contraire au mouvement que le régime privé de la propriété confère aux capitaux, si ardemment combattu par les propriétaires des principaux capitaux privés, et sans cesse battu par la violence de l’économie capitaliste, comment a-t-il pu apparaître, exister et durer ?

- Car son histoire est beaucoup plus longue : son idée fondatrice est née au début du dix-neuvième siècle, au commencement de l’ère industrielle, lorsque la dictature bourgeoise posait la guenille de l’empire de Napoléon Bonaparte et revêtait les habits mités de la « Monarchie restaurée » : les ouvriers étaient plongés dans un besoin urgent de vivres, de vêtements, de logement, de soins élémentaires, d’argent ; leur survie n’était possible que par la lutte et seule leur union leur permettait de lutter : ils ont alors inventé de quoi satisfaire leurs besoins financiers en unissant leurs ressources afin de les répartir selon leurs besoins de survie et de lutte ; ils ont ainsi donné une interprétation de lutte au proverbe "L’union fait la force" : la répartition a pour première source le mouvement populaire de revendication issu de la Révolution française, et tout particulièrement sa composante ouvrière.

- La répartition fut d’abord la règle de fonctionnement de caisses de secours clandestines ; le développement de ces caisses de secours a bientôt donné lieu, toujours clandestinement, d’une part à la création des caisses de secours en cas de maladie, d’autre part à celle des caisses de grève, en même temps qu’aux premiers syndicats, toujours financés selon le même principe. Peu après, ce principe a encore fondé la finance mutualiste, que le gouvernement pré-impérial de Louis-Napoléon Bonaparte s’est ensuite attaché à encadrer très fermement, tout à la fois par l’administration préfectorale et par l’obligation faite aux mutuelles de se faire réassurer par un fonds capitaliste.

- Ces expériences des luttes clandestines constituèrent les bases sur lesquelles se sont formées, sous la troisième République, les mouvements coopératif, mutualiste, syndicaliste et associatif, ainsi que les mouvements populaires de la politique.

- Les gouvernements que portait le mouvement de Résistance au fascisme et de démocratisation de notre pays, et qui mettaient en œuvre le programme du Conseil national de la Résistance, n’ont pas seulement opéré la nationalisation d’importantes entreprises de notre pays, notamment de l’aviation, de l’énergie (gaz et électricité), minières (houille), et de la banque ; sous la direction du ministre Maurice Thorez, qui était communiste, ils ont encore défini le statut de la fonction publique ; sous la direction du ministre Ambroise Croizat, qui était communiste, ils ont fait de la répartition le mode financier légal des Caisses d’Assurance maladie et des Caisses de Retraites des salariés de ce pays.

- La force qui a imposé l’existence dans notre pays d’un mode financier contraire au mouvement du capital et contraire aux intérêts des propriétaires des principaux capitaux de notre pays, c’est la force avec laquelle le peuple travailleur de France a pris en mains dès 1791 la revendication de l’Égalité en droits et de la Liberté.

- Ainsi donc, il existe une force capable de combattre le pouvoir politique des propriétaires des gros capitaux : cette force est celle que l’union du peuple donne à la revendication de liberté et d’égalité en droits de tous les habitants du pays ; seule, la dispersion de l’union populaire a permis aux propriétaires des gros capitaux de remettre le gouvernement à leur service, de détruire les nationalisations et de mettre fin à la répartition financière. Pour mettre fin aux injustices et à la misère qu’impose à la majorité d’entre nous la politique des intérêts capitalistes, il faut mobiliser la force de l’union du peuple de France.

Jean-Pierre Combe, le 7 février 2011

Source : Ami de l’égalité

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