Européennes : affaiblir les partis pro-européens, pro-concurrence entre travailleurs !

, par  pam , popularité : 2%

La campagne des européennes est une campagne éclair. Tout le monde sait que l’abstention sera massive, cumulant la fracture sociale et politique qui conduit des millions de Français à la désertion de la vie politique, poussés par le renoncement, l’acceptation de la concurrence comme seule forme de rapport social, ou par la rejet des institutions, la défiance envers les partis politiques et leurs fausses promesses, et le rejet de l’Union Européenne et de son Euro symbole de la régression sociale, une Union Européenne de plus en plus clairement comprise comme l’outil de la mondialisation capitaliste, frontière Est de la domination US, terre de déploiement de l’OTAN et de ses initiatives guerrières.

Dans ce contexte, l’inquiétude de Marine Le Pen appelant ses électeurs à "ne pas la décevoir" est un signe de plus de la fébrilité de toutes les forces politiques qui font partie de ce grand cirque médiatique électoral. Bizarrement, pas de prévisions publiques sur l’abstention ce 25 Mai. Les déclarations contre l’abstention se multiplient, jusqu’à Marine Le Pen donc qui doute de la mobilisation de son électorat, mais personne ne se hasarde à dire jusqu’où peut aller le désaveu populaire de l’Europe, des institutions, des dirigeants et des partis politiques.

Il suffit de représenter l’évolution de la participation aux élections européennes depuis 1979 pour constater ce divorce croissant, en même temps que la capacité du peuple Français à donner son avis quand il a le sentiment qu’il a un outil pour le faire, ce qui a été le cas aux deux référendums sur l’Europe, celui pour le traité de Maastricht en 1992 et celui contre le traité constitutionnel en 2005.

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Dans ce contexte, pour les communistes, la situation est terrible. Leur parti affiche clairement son choix désormais pro-européen, ayant assumé la rupture avec toute l’histoire du PCF et même de la CGT qui avaient combattu pour maintenir l’alliance du drapeau tricolore et du drapeau rouge contre la mondialisation capitaliste.

Il faudrait désormais tenter de faire croire aux travailleurs que "l’Europe sociale" est possible, et il est désespérant de lire l’Humanité faire dire au député européen Jacky Henin « Sans nous, les partisans de l’austérité s’en donneraient à cœur joie en Europe ». Parce qu’ils ne s’en donnent pas à cœur joie ? Parce qu’ils ne démolissent pas tout avec acharnement, UMP et PS fermement associés pour répondre aux exigences du MEDEF demandant de défaire ce qui reste des acquis du CNR, et même désormais pour s’attaquer à tout ce que la République française contenait de traces révolutionnaires ? Et il ne suffit pas de dire ensuite « Ce que nous voulons, c’est raser et rebâtir. Reconstruire la maison Europe de la cave au grenier » pour résoudre le problème des conditions de l’utilité du combat politique vers l’assemblée européenne.

Non, Jacky, le peuple considère que les formes politiques existantes ne lui permettent pas de se défendre. Il constate que l’existence des députés du PGE n’a rien changé, et n’est même pas un atout dans de grandes luttes ouvrières notamment contre les destructions industrielles à Florange, Aulnay ou ailleurs.

Il constate que la concurrence européenne du travail devient une guerre incessante pour faire reculer tous les droits, pour faire baisser les salaires, et les dernières attaques du MEDEF contre le SMIC ne font que confirmer que tout est désormais possible contre les travailleurs. Tout, et dans cette situation, le peuple n’écoute plus aucune promesse, et pas plus celles de "l’Europe sociale" du Front de Gauche.

Pire, il constate que l’Europe désormais, c’est la guerre ! En Ukraine, il voit les ouvriers des zones industrielles de l’Est qui se révoltent contre un gouvernement mis en place par la nouvelle triade "FMI, UE, USA" militarisée par l’OTAN. Il comprend que le grand jeu du (re)partage du monde est à l’œuvre là-bas comme au moyen-orient, que le capitalisme occidental s’attaque aux matières premières et aux marchés de l’Est dans un affrontement avec une Russie qui voudrait s’affirmer comme une puissance indépendante, affrontement qui peut conduire au pire.

Malgré les efforts pour "rougir" le discours, pour tenter de se positionner en "rupture" avec l’UE telle qu’elle existe, le programme du Front de Gauche reste plombé par son refus de dire clairement ce que sait désormais le peuple :

- l’Union Européenne n’a rien à voir avec un projet pour la paix né après guerre, mais est, avec le FMI et l’OTAN, un outil de domination dans la mondialisation capitaliste,
- l’Union Européenne n’a rien à voir avec un espace nous "protégeant" de la mondialisation, et assurant notre indépendance par rapport à la puissance US, mais au contraire, est l’outil même des prétentions US à la domination de la seule superpuissance,

- l’Euro n’a rien à voir avec la solidarité et le développement économique, l’Euro est une arme contre l’emploi, contre les salaires, contre les pensions,

- L’UE et l’Euro n’ont rien à voir avec la coopération internationale, le rapprochement entre les peuples, mais sont au contraire les outils de la guerre contre l’internationalisme, contre le rapprochement entre les peuples.

Tant que les dirigeants communistes refuseront d’assumer la rupture avec le discours pro-européen qu’ils défendent depuis des années, tant qu’ils accepteront les règles institutionnelles de l’Union Européenne inscrites dans les statuts du PGE conditionnant son financement, tant qu’ils refuseront d’ouvrir en grand le débat sur l’Euro en reconnaissant que le discours des économistes associés à Boccara n’est au minimum pas le seul possible pour un communiste, tant qu’ils choisiront d’abord de rechercher des points de compatibilité avec le PS plutôt que des convergences avec tout ceux qui réfléchissent à la sortie de l’UE, de l’Euro, de l’OTAN, ils seront inaudibles dans le peuple !

Dans ce contexte, certains appellent au boycott ou à l’abstention citoyenne pour le 25 Mai. A vrai dire, il faut constater que la multiplication des listes (23 dans le Sud-Est, 31 dans la région parisienne !), n’apporte pas l’outil qui permettrait au peuple, comme en 1992 ou en 2005 d’utiliser l’élection pour se faire entendre !

Cela dit, tout ce qui réduit le soutien populaire aux partis pro-concurrence, ce qui inclut le FN, peut être considéré comme positif, abstention comme vote nul et même quelques votes s’inscrivant clairement dans la rupture avec l’UE. A chacun de juger dans sa circonscription ce qui lui sera personnellement le plus utile. Dans le Sud-Est, impossible de considérer Mme Vergiat comme s’inscrivant dans la rupture avec une UE qu’elle défend à chaque occasion [1]. Mais personne ne doute du résultat, et ce qui sera le vrai indicateur le 25 Mai au soir, ce sera le nombre cumulé de français qui auront voté pour l’UMPSFN... c’est à dire pour ceux que les médias tentent de mettre en scène dans un faux débat sur l’Europe. Plus ce poids cumulé sera bas, plus la crise politique ouvrira des espaces d’interventions.

Il faut insister de ce point de vue sur le fait que le vote FN, présenté comme un vote d’opposition à l’UE, pousse en fait la logique de la concurrence jusqu’au bout. Ce n’est pas un hasard si en Ukraine, les fascistes sont les alliés de l’Union Européenne et organisent la répression contre les communistes et les syndicalistes qui défendent l’indépendance de l’Ukraine au service de leur industrie et de leurs emplois. Le FN pense que la concurrence sur l’emploi a de telles conséquences sociales qu’il faut l’organiser au plan politique, enfermer les travailleurs de chaque pays dans un cadre nationaliste construit dans la guerre contre les autres.

De toute façon, le peuple va très massivement refuser de donner sa voix à un système qui le méprise. L’abstention va continuer à progresser, et en dehors de toute campagne pour de boycott, elle va battre de nouveaux records. Si cela peut perturber la vie politicienne, cela ne changera rien aux choix de tous les partis du système, FN compris, et donc cela n’aidera pas naturellement le peuple à résoudre le problème principal auquel il est confronté.

Oui ou non, une "révolution" qui renverserait le rapport de forces entre capital et travail est-elle possible, avec quelles forces sociales ? Dans quelles alliances ? Avec quelles étapes politiques ? Et qui, quelle organisation, quels dirigeants sont capables de porter une telle perspective politique ?

Il faut reconnaitre que nous ne résoudrons pas ce problème le 25 Mai, mais c’est la vraie question que les communistes doivent travailler avec leurs amis, leurs électeurs, avec leurs voisins et les travailleurs.

Participation aux élections européennes et aux référendums

Année Européennes Référendums
1979 60,70%
1984 56,70%
1989 48,80%
1992 69,70%
1994 52,76%
1999 46,80%
2004 42,80%
2005 69,40%
2009 40,63%
2014

[1Une seule citation révélatrice de la distance avec la colère populaire, citation de son site présentant son dernier livre : « J’ai eu envie de parler autrement d’Europe, d’amener ma petite contribution, en m’appuyant sur mon expérience, à la construction de cette autre Europe à laquelle nous sommes de plus en plus nombreux à aspirer et de dire que des combats sont à construire y compris à l’intérieur des institutions semant des pierres pour l’avenir ! ». Visiblement, rien sur le changement en France, pour elle, tout se joue à Bruxelles !

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