Conseil National des 8 et 9 avril
Le choix de Mélenchon serait une grave erreur politique Intervention de Caroline Andréani

, par  Caroline Andréani , popularité : 1%

La discussion que nous avons actuellement va engager le Parti communiste pour les années qui viennent.

La position prise par Pierre Laurent a le mérite de la clarté. Elle est cohérente avec tous les signaux politiques donnés par la direction nationale jusqu’à présent.

J’entends dans ce Conseil national les interventions qui portent le Front de gauche au pinacle et qui concluent que la candidature de Mélenchon est la seule possible dans le cadre du Front de gauche.

Je crois qu’il faut être prudent sur la tentation d’imposer une décision qui serait à l’opposé du sentiment majoritaire des communistes et de notre électorat. Le Front de gauche, inéluctable, véritable bouée de sauvetage pour le PCF, est une vision biaisée, comme les collectifs antilibéraux l’ont été. Or, il y a un moment où la réalité politique se rappelle à nous et nous force à ouvrir les yeux.

A Aubervilliers, nous avons présenté un candidat communiste dans le cadre d’un Front de gauche élargi. Ça ne nous a pas posé problème, même si nous avons perdu beaucoup de temps avec nos « partenaires » dans des discussions interminables. Mais pour les habitants, les électeurs, ou nos sympathisants, le Front de gauche n’a pas représenté un plus, tout simplement parce qu’il n’avait pas de réalité et que sur le terrain, ils ne rencontraient que des militants communistes. Dans l’assemblée générale qui a suivi le 2e tour et la victoire du candidat communiste , nous avons par contre eu la surprise d’entendre nos partenaires avoir une idée très arrêtée sur notre avenir commun...

Soyons réalistes : dans le cadre du Front de gauche, le rôle des communistes est de devenir le bras armé de micro-organisations qui pensent et décident à leur place. Cela ne se fera pas, parce que j’imagine mal les communistes l’accepter. Et en dernière analyse, si les communistes refusent de faire la campagne de Mélenchon, cette candidature sera un échec cinglant. L’imposer au communistes, c’est toujours possible. Mais c’est prendre le risque d’avoir à en assumer l’échec, comme il a fallu assumer l’échec de la stratégie des collectifs antilibéraux.

J’ai été signataire avec d’autres camarades d’un appel qui rassemble aujourd’hui 1200 signatures et qui défend la proposition d’un candidat communiste à la présidentielle. Nous n’avons pas pour ambition d’imposer un candidat communiste mais nous voulons un véritable débat et une consultation des adhérents dans la clarté. Et surtout, nous voulons le respect du choix des communistes.

Nous devons analyser sereinement ce que représente Mélenchon et l’opération politique qu’il mène. Mélenchon est un socialiste en rupture de ban, mais c’est bien un socialiste, ie quelqu’un qui ne défend pas le principe de la rupture avec le système capitaliste, mais un aménagement du système. Qui plus est, il construit son parti à nos dépens, en grappillant des élus et des postes sur nous.

Je suis surprise que la direction nationale, au lieu d’avoir à cœur les intérêts du Parti, défende les intérêts d’un autre parti. En faisant le choix de Mélenchon, nous allons disparaître de la scène politique nationale lors d’une élection où nous pourrions au contraire bénéficier d’une tribune pour défendre nos idées. Au lieu de quoi, on nous propose de servir de supplétifs pour porter les idées d’un autre. Cela posera évidemment un problème d’image et de crédibilité dès les législatives.

Se rallier à la candidature Mélenchon, c’est aussi porter le message que nous n’avons pas d’idées, pas de programme, pas d’ambition. Cela va à contre-courant total des attentes de nos concitoyens, auxquelles nous avons été confrontés sur le terrain, ie la volonté de changement, de rupture avec le système. Mesurons bien la colère qui gronde dans les milieux populaires, mesurons bien la souffrance sociale, et les défis que cela représente pour un parti communiste.

Mais se rallier à la candidature Mélenchon peut aussi avoir un autre objectif, celui de forcer les communistes à accepter la constitution d’une nouvelle force politique où le Parti communiste serait dilué. Que l’on ne vienne pas nous dire que ce n’est pas le cas. Tout montre au contraire qu’une partie de notre direction a fait le choix du Front de gauche contre le Parti communiste.

Pour conclure, je pense que le choix de Mélenchon serait une grave erreur politique. Je souhaite que les communistes soient consultés, et que le choix majoritaire, quel qu’il soit, soit respecté.

Il y a toujours un lendemain aux élections présidentielles. Je n’aimerais pas qu’au lendemain de 2012, nous vivions le même retour d’expérience dans cette assemblée que lors de la présidentielle de 2007.

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