Après les municipales
Au front camarade

, par  Jean Ortiz , popularité : 2%

Ce n’est pas une claque, c’est un lynchage, une humiliation, une rouste magistrale, un uppercut de la gauche, un désaveu sans appel. François Hollande, qui se voulait "Normal premier" au point de faire concurrence aux livreurs de pizzas en motocyclette, celui qui déclarait la guerre à la finance, est ce soir tout nu, "en pelotas", et son ralliement joyeux, toute honte bue, au néolibéralisme : vomi par le peuple de gauche. La sanction est désespérante. Les travailleurs n’aiment pas ceux qu’ils considèrent comme des repentis, et les apostats finissent toujours dans les trous noirs de l’histoire. Le vote de ce soir est d’abord un carton rouge au bilan du hollandisme. Il n’est pas une adhésion tsunamique aux droites, mais un naufrage des espoirs soulevés par des promesses finalement non tenues.

Les trahisons aux valeurs de gauche, aux marqueurs de classe, aux intérêts du plus grand nombre, aux besoins des plus faibles, des plus démunis, des exploités, se payent cash tôt ou tard. A force de faire un indécent bisou-bisou permanent avec le patronat, de se vautrer avec le Medef, de ramper devant Mme Merkel, de mépriser les syndicats, d’avilir notre pays, d’en faire une serpillère "transatlantique", de prendre aux pauvres pour donner aux riches, on n’a plus rien de socialiste ni même de social-démocrate. On devient une sorte de nouvelle droite et les gens préfèrent toujours l’original à la pâle copie du transfuge.

Tout cela serait méprisable si l’adversaire de classe n’en profitait pas pour s’emparer de centaines de municipalités, pour faire main basse sur leur potentiel, pour balayer des années de "bouclier social", de gestion démocratique et populaire, même dans un contexte de plus en plus difficile.

Tout cela serait méprisable, si ceux qui allaient trinquer étaient les barons, les notables, les "élites socialistes", les cumulards, les qui-relèvent-de-l’impôt-sur-les-grandes-fortunes...

Non, non, ceux-là continueront à s’empiffrer, à grossir leur portefeuille, à se repaître des désastres sociaux, qu’ils ont eux-mêmes provoqués.

Non, non, ceux qui vont trinquer encore plus, serrer la ceinture, pleurer les fins de mois, sacrifier leur santé, l’avenir de leurs enfants, ce sont les ouvriers, les fonctionnaires, les retraités, les chômeurs, les précaires, les travailleuses, les petits paysans, les intermittents, "ceux d’en bas"...

Rien que pour cela, ces "socialistes"-là, qui enterrent Jaurès, Allende, Negrin..., exigent d’être combattus et dénoncés comme il se doit. Ils ne connaissent que le rapport de forces, et n’avancent que lorsque le peuple les bouscule. L’heure est au déploiement et à la structuration d’un vrai Front de Gauche, socialo-indépendant, sur des principes et des valeurs de classe, avec un objectif clair : aller vers une société nouvelle anticapitaliste, que nous sommes nombreux à appeler "le socialisme du XXIe siècle". Cela n’est nullement contradictoire avec la nécessité d’un parti communiste cohérent, fort, combattif, créatif, unitaire... Le peuple et la perspective socialiste en ont plus que jamais besoin.

Face au champ de ruines de ce dimanche, il n’y a plus de temps à perdre. Il n’y a pas de "plan B", et il nous reste peu de cartouches. Le pire est devant nous si nous ne sommes pas capables d’affronter les défis à venir, notamment les Européennes, autrement que les municipales.

Ce n’est pas qu’Hollande n’a rien compris : il décline consciencieusement le programme du Medef, la politique de l’Union européenne, de la "troïka", avec conviction et sans scrupules. Et qu’importe quel sera le prochain premier ministre. Qu’il soit chasseur de Roms ou plus ratoureux, après avoir touché le fond, il ne touchera pas au fond.

La reconquête commence dès maintenant.

Jean Ortiz, universitaire communiste

Tiré de son blog

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