Mon cher Robert, j’ai grand plaisir à te lire et te savoir toujours actif ! Me permets-tu d’objecter sur un point de ton analyse, tout en partageant l’essentiel de ton propos. Ma lecture des analyses convergentes et parallèles du Parti et de la CGT sur le retournement politique du mouvement de 68, à droite toute, n’était pas d’avoir sous-estimé le soutien de la droite à De Gaule, mais la peur et le refus des français de la violence révolutionnaire : voitures brûlées, barricades dans Paris, etc. Le mot d’ordre rassembleur : « Dix ans ça suffit » se concrétisa d’ailleurs un peu plus tard, par le rejet du Référendum, qui renvoya le Général dans ses foyers. Cette différence me semble fondamentale, parce qu’elle conduisit le Parti à rejeter la violence révolutionnaire et à redéfinir une nouvelle stratégie du concept original de « Transition révolutionnaire » en : « passage pacifique et démocratique, par la voie électorale majoritaire, non hégémonique ». Le PCF définissait ainsi une voie originale et ouvrait un espoir dans le monde pour une transition démocratique, qui rompait avec la conception léniniste du « Bolchévisme », inspiré de la Révolution Française et de la « Terreur », que concrétisait le concept de « Dictature du Prolétariat », supprimée de nos Statuts au 24^e Congrès (J’y étais et intervins dans la délégation de la Gironde). Ce choix, divergent de celui de la Chine, par exemple, rend incompatible l’idée de toute forme de violence, en faisant de la démocratie le passage obligé de toute transition révolutionnaire, par un choix populaire majoritaire, donc, des stratégies d’union et de rassemblements, s’appuyant sur un mouvement social d’action et de luttes. Syndicalistes tous les deux, nous sommes bien placés pour savoir que la nécessaire unité syndicale pour obtenir des progrès sociaux, avec le bel exemple de la retraite, ne peut se faire que sur la base d’une indépendance et autonomie revendicative, sans ingérence et récupération politiques, le PCF capitalisant et relayant les interventions syndicales, pour leur donner une perspective et une issue politique. L’idée de « grève générale, sous entendu : insurrectionnelle », par exemple, que je lis parfois, ici, est une utopie irréaliste et irréalisable ; personne n’imagine la CFDT et même la CGT, prenant d’assaut l’Elysée ou le Palais Bourbon...Je te salue très fraternellement et amicalement, au grand souvenir de nos « 4 mois », entre autres...