ex-Fralib
Rim, SCOP-TI : « le moral est bon ! » Entretien réalisé par Rouge-Midi

, par  communistes , popularité : 1%

Gérard Cazorla, ex-secrétaire du CCE d’UNILEVER France et aujourd’hui président du conseil d’administration de SCOP-TI, le disait à la Marseillaise du 7 décembre dernier « Ce que les banques ne voulaient pas faire en ne nous prêtant pas de l’argent pour pouvoir faire face à ces difficultés passagères de trésorerie et pérenniser notre activité, des citoyens l’ont fait ». Dans le même article il disait aussi son optimisme mesuré en partant de faits et de chiffres précis : « depuis le démarrage de son activité, en 2014, la coopérative a toujours été en progression. Elle a quadruplé son chiffre d’affaire en 2016 par rapport à 2015 passant de 470.000 euros à 1,7 millions en 2016. Cette année, le chiffre d’affaire est en progression de 70% ».

Là encore les faits lui donnent raison puisque le chiffre d’affaires atteint les 3 millions d’euros en cette fin d’année et la progression des ventes qui ne se dément pas, laisse entrevoir l’arrivée prochaine au point d’équilibre, avec à la clef bien sûr l’espoir de nouvelles progressions.

C’est dans ce contexte que nous avons rencontré Rim Hidri, l’ouvrière-actrice qui émeut celles et ceux qui ont la chance de voir la pièce de théâtre née du conflit. Passée d’opératrice qualité à employée du service comptabilité gestion, Rim qui dit depuis toujours qu’elle doit son embauche à la CGT et non à UNILEVER, est devenue depuis peu la nouvelle déléguée syndicale et DP de l’entreprise… Tâche pas banale dans une entreprise hors du commun…


Rim on dépasse maintenant largement les 230.000€ de sociofinancement ! Qu’est-ce que ça t’inspire ?
On est énormément soutenus. Cela a toujours été vrai et cela est encore vrai aujourd’hui. Dans ces circonstances on mesure bien que la solidarité n’est pas un vain mot. On sait que le soutien sera toujours là. J’ai la chance d’être à la réception des chèques et des mots de soutien. Derrière chaque don il y a des personnes qui donnent ce qu’elles peuvent, qui croient en nous et qui nous font souvent des mots touchants. J’en accroche beaucoup sur mon ordinateur tout autour de l’écran et quand je vois ça le matin en arrivant ça me motive !

Et parmi les camarades de la SCOP comment c’est perçu ?
Tu sais ça fait 7 ans qu’on est suivis dans cette histoire qui n’est pas commune. On est à la fois impressionnés et pas surpris même si la plupart d’entre nous ne pensait pas qu’on allait arriver à de telles sommes. Dans ce conflit une affection est née entre nous. Les gens de l’extérieur voient l’enjeu du combat. C’est aujourd’hui un combat qui nous dépasse.

La reprise d’activité a aussi changé votre poste de travail
Effectivement il y a une prise de compétence. C’est une formation au quotidien tous comme les prises de décision. On s’autogère et du coup il y a pour chacune et chacun d’entre nous, une émancipation personnelle. Ce qui compte aujourd’hui c’est qu’il y a un collectif. Le travail de chacun a un impact sur le collectif et comme on en a conscience, on se pousse à aller au max. On se met la pression tous seuls. Ça n’a plus rien à voir avec avant où on était dépossédés de toutes les décisions, là on est informés et on décide de tout !

En plus dans cette drôle d’aventure toi tu es en même temps actrice !!
(Rires) Oui je dis souvent qu’à l’époque de Fralib je n’avais qu’un métier et que maintenant j’en ai deux – En fait la lutte ça ouvre l’esprit et le désir de faire partager les choses, tu apprécies chaque métier. On n’est pas tous pareils, on ne peut pas tout uniformiser, on a chacun nos performances et compétences, nos domaines privilégiés dans et hors travail.

Et tu as le temps pour tout ça ? !!
Ça c’est la question à 2.000 € !! Il faut travailler et apprendre dans le domaine professionnel et hors professionnel ! Le théâtre c’est un lien, c’est militant et il y a des ponts entre l’entreprise et l’art. On se rend compte de tout ce que la lutte a généré comme action culturelle. Y a les films qui ont été faits sur nous, les documentaires, les livres, l’orchestre… En fait on essaie d’être une entreprise ouverte sur le monde.

Et en plus les résultats de l’entreprise semblent au rendez-vous ?
On a des améliorations de nos ventes depuis 6 mois et on espère atteindre l’équilibre rapidement. Il y a aussi l’importance du E-boutique qui progresse mois après mois. On va atteindre les 3 millions de Chiffre d’Affaires en 2017. Il est à noter aussi l’importance de la vente militante sur nos marques (1336 et SCOP-TI) plus que sur les marques distributeurs. Notre vœu est d’embaucher du monde, d’investir sur les machines et sur l’humain.

Et l’association Fraliberthé...
C’est l’un de nos plus gros clients. Ce sont les consommateurs qui font leur l’entreprise. C’est un lien avec ce qu’on a fait dans le passé. Quand tu vois ce qui se passe avec l’association, tu te dis que ta victoire est là. On a gagné la lutte et maintenant on gagne autre chose, le consommateur n’est plus seulement un consommateur, il est devenu ambassadeur.

Tous les jours un cadeau inestimable : les lettres de soutien...

Après la reprise tu es devenue déléguée syndicale…
Je te dis pas le métier !! (Rires. Puis après un court moment de réflexion). Ce n’est pas une entreprise comme les autres et c’est donc plus compliqué. Je suis contente et fière, mais c’est aussi une pression. Ça va me prendre du temps pour être au niveau… Il y aura toujours des batailles pour gagner des droits et avec la nouvelle politique du gouvernement le syndicat aura encore plus sa place et son combat.

Tu crois que tu vas séquestrer un jour la direction ?
(Rires) Non quand même !!!

Revendiquer ?
On a des remontées de coopérateurs/salariés, mais c’est différent d’une usine classique. Ici le personnel est engagé dans la société, il connait tout des chiffres et du fonctionnement et tout se décide en assemblée générale. Le rôle du syndicat, il est surtout important pour l’extérieur, pour les combats qu’il y a à mener en solidarité avec d’autres, pour rendre ce qu’on nous a donné pendant le conflit et pour changer la société.

Qu’est-ce que tu te dis quand tu regardes dans le rétroviseur ?
Je suis une femme très différente. Toutes les expériences que j’ai vécues font ce que je suis aujourd’hui. Si c’était à refaire je repasserai par les mêmes cases. J’ai compris comment fonctionnait la société, comment ça tournait dans ce monde capitaliste, ça a éveillé ma conscience.

Tu as adhéré à l’ANC, c’est à cause de ce que tu as vécu que tu t’es engagée politiquement ?
J’ai vu qui était avec nous dans la lutte. Je suis coco de cœur mais je le suis aussi dans mes actes. Je privilégie le collectif, je lutte syndicalement et politiquement : le moral est bon !!!

Entretien réalisé par Rouge Midi

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