Paroles de cheminots : la SNCF déraille Par Laurent Brun

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Entendus ces derniers jours de la part des cheminots :

Agents des gares : « Les restructurations se multiplient et le résultat c’est qu’on ne sait plus rien faire, les usagers ont plus d’infos que nous quand il y a un incident, on commande des cars quand il n’y en a pas besoin et on en commande pas quand il faudrait... on est usés et plus très fiers de porter le costume » « les gares ferment mais il y a quand même encore des postes non tenus dans les guichets des gares qui sont sensées rester ouvertes, c’est fou !

On se fait de plus en plus agresser par rapport à l’après vente d’internet alors qu’on n’a pas accès aux dossiers. Et quand on bosse en zone diffuse, c’est la solitude complète. En cas d’incident la direction nous renvoi sur le 19 ou la police mais quand il y a des aléa, les gens veulent des réponses et le ton monte vite.

Notre métier ce n’est plus d’informer et de vendre, c’est de gérer les ennuis et le mécontentement sans avoir aucun moyen pour cela. »

Agents de la Circulation : « Ils nous remplacent par des dispositifs automatiques et on ne peut rien faire contre la technologie. Mais dès qu’il y a un aléa, on supprime tout, on ne sait plus faire rouler les trains en situation dégradée alors qu’à la base, faire rouler les trains dans n’importe quelle situation c’était notre boulot. »

Agent Équipement : « On perd les connaissances techniques et même les connaissances réglementaires à vitesse grand V parce qu’on est plus à la production. Même la nuit maintenant, on ne bosse plus en équipe, on est isolés et on doit juste surveiller les sous traitants. Le management se fait aux EVS pour faire passer des décisions aberrantes. Et l’infrastructure est dans un mauvais état, parfois même après avoir subit des travaux ! »

Contrôleurs : « On était 80 il y a 4 ans et on est 15 aujourd’hui. On n’a plus de métier, on sert de réserve à toute la région alors que dans nos trains c’est le Far West. Maintenant on nous dit qu’on va faire du contrôle en civil. On va juste servir de punching-ball. La préservation des recettes, la sécurité des circulations, la sûreté, ça n’existe plus pour nos dirigeants. »

Agent SUGE : « On nous dit que notre métier est une priorité mais on passe de 11 à 9, et on récupère toutes les tâches des collègues qui ont été supprimés en gare. On aide à gérer les flux, on fait de l’info aux usagers, on accompagne les gens vers les bus, c’est pas notre boulot à la base. Et maintenant on nous rabote un peu les heures de nuit pour nous passer de 132 à 125 repos par an. Tant pis si la gare est squattée. »

Conducteurs : « On nous ferme le bureau de commande local, on supprime les réserves... ça va pas améliorer les causes de suppression de trains ! Comme la SUGE on récupère aussi les tâches des autres métiers supprimés sans pouvoir vraiment assurer en cas de problème. Alors on serre les fesses en espérant qu’il n’y ait pas d’incident. Et la, ils veulent tailler dans les roulements. Les parcours pro, la diversité des trains pour maintenir la vigilance, les temps nécessaires à la mise en service de la rame, tout ça ils s’en foutent de plus en plus. Et comme tout ceux qui ont un pouvoir de décision ont été éloignés du terrain, ils n’ont aucun scrupules. »

Ça fait plaisir de voir que l’ambiance s’améliore à la SNCF.

En 20 ans, quasiment 40.000 emplois ont été supprimés à la SNCF !!!

Manifestement, ça n’a pas amélioré les conditions de transport des usagers, au contraire. Et pour cause, le travail, qui doit tout de même être réalisé, a été transféré à des sociétés sous traitantes à prix d’or. Pendant que les salariés sont exploités, des fortunes se constituent sur le nettoyage, la sûreté, les travaux...

Le chiffre d’affaires SNCF a explosé (comme le nombre de voyageurs) mais le poids de la masse salariale s’est effondré et ce sont donc les « achats et charges externes » ainsi que les investissements assumés à la place de l’état qui ont vampirisé les moyens. Avec au passage une forte désorganisation liée à la segmentation de la chaîne de production, et une dégradation de la qualité liée à la perte de qualification du personnel dans les entreprises sous traitantes.

Bref. 20 ans de choix libéraux, qui ne sont pas remis en cause par le Gouvernement actuel, et qui tuent l’entreprise publique et le mode ferroviaire à petit feu.

Les cheminots sont à bout. Certains décident de partir sur la pointe des pieds en démissionnant, ou encore plus dramatiquement en se suicidant. Mais ils sont encore nombreux à ne pas désespérer et à se battre. Ils continuent de porter des revendications, de faire des propositions (comme celles sur le fret récemment publiées), de se soutenir mutuellement, et d’agir collectivement.

Plus de 50 cheminots actifs à l’AG dû syndicats CGT de Saint-Étienne, plus d’une centaine inscrits à la fête des cheminots CGT de Béziers, de grosses initiatives en préparation à Bayonne et Blaye, partout on s’organise pour ne pas se laisser faire.

Donc double message :

- aux usagers : voyez dans les témoignages la détresse des agents du service public qui aimeraient vous rendre un meilleurs services mais qui en sont empêchés. Considérez que quand ils sont en grève c’est pour changer cela, autant pour eux que pour vous. Et soutenez les. Vous êtes déjà nombreux à le faire, mais nos liens doivent se renforcer. Et il y a aussi des élections régionales qui se profilent ou vous pourrez désarmer les saboteurs.

- aux cheminots : la situation est mauvaise, mais nous devons continuer la lutte sans faiblir. Pas une lutte de posts Facebook, pas une lutte à la machine à café, mais une lutte organisée, avec des objectifs, des moyens, de la réflexion collective, des actions ciblées... c’est le rôle des syndicats CGT. Organisez vous avec eux pour qu’on défendent mieux tous ensemble nos métiers, notre entreprise, le mode ferroviaire et le service public.

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    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

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