Il ne viendra pas à l’idée de ces moralistes qu’une planification socialiste de la production prenant en compte les progrès scientifiques et techniques peut permettre une croissance rationnelle et humaine économisant les ressources et l’énergie, respectant la bio-diversité et promouvant une environnement sain ?
Le naturalisme écologiste est une idéologie réactionnaire qui se marie bien avec le capitalisme et ses tenants du libéralisme : on l’a vu avec les verts en Allemagne qui ont fait fermer les centrales nucléaires : vive la décroissance mon pauvre KARL MARX , ton pays est tombé dans cette idéologie et maintenant il est obligé de se payer le gaz de schiste américain surtout après la destruction des pipe-lines russes par l’OTAN , ses entreprises industrielles s’écroulent et les masses allemandes disent merci aux gentils écolos d’Allemagne en les sanctionnant durement aux dernières élections !
Non Marx n’a jamais prôné la décroissance qui est dans son acception actuelle une thèse réactionnaire au service de la grande bourgeoisie pour maintenir le prolétariat sous sa domination. Marx a conçu la croissance des forces productives dans un rapport dialectique avec la nature parce qu’il a étudié l’histoire des sociétés. Il voit dans cette histoire une opposition dialectique entre les hommes et la nature, c’est à dire à la fois une contradiction permanente entre l’humanité et la nature, contre elle et avec elle, et pour lui, communiste, il prend le parti de l’objectif politique que la nature soit mise au service de l’humanité, au service d’une croissance non plus fondée sur le fétichisme de l’argent et l’exploitation capitaliste du travail humain mais sur la libération du prolétariat comme libération d’une humanité consciente de ses potentialités et de ses limites à un moment T de l’histoire. Marx prône l’éducation aux sciences comme faisant partie de ce processus d’émancipation et il existe chez lui une profonde conviction que par la pensée scientifique couplée à la réalité de la production, l’humanité peut trouver les solutions aux questions et problèmes qu’elle rencontre.
Or la domination capitaliste est l’obstacle qui empêche la poursuite de ce rapport dialectique entre l’humanité et la nature et c’est donc pour lui la question du pouvoir qui est posée, la question de qui doit dominer ? Ceux qui produisent, le prolétariat moderne totalement socialisé ou ceux qui par nécessité d’accumulation du capital, détruisent à la fois la nature ou plutôt l’environnement et dans le même mouvement anéantissent une partie du prolétariat par leurs guerres, le divisent par le chômage, le manipulent par l’idéologie.
Et curieusement aussi je m’interroge sur ces marxistes à la mode largement diffusés par les médias capitalistes qui ne posent jamais la question du renversement de pouvoir pour une démocratie inédite qui est au centre de l’œuvre de Marx et qui se nomme : la dictature du prolétariat.
MARXISME ET DÉCROISSANCE
Selon certains marxistes le mouvement climatique est en train de perdre la bataille même si malheureusement ils ne voient pas ce qui se passe en Chine et qui est prometteur pour atteindre les objectifs fixés mondialement.
Dans le premier paragraphe de son livre Climate Change as Class War : Building socialism on a warming planet, Matt Huber ne mâcherait pas ses mots. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter malgré une prise de conscience croissante de la crise climatique et une attention politique accrue en matière de climat. Comment pouvons-nous gagner la bataille du climat ? Le fil conducteur du livre de M. Huber est que la lutte contre le changement climatique est un enjeu de pouvoir. (Tiens, tiens, cela me parait un peu plus marxiste). La crise climatique est fondamentalement liée à notre relation avec la nature. Il s’agit essentiellement d’une relation de production : comment produisons-nous les aliments, l’énergie, le logement et les autres biens et services de première nécessité ? Et qui contrôle et bénéficie de cette production ? Comment cela se répercute-t-il sur la stratégie du mouvement pour le climat ? Dans son ouvrage, M. Huber cherche une stratégie gagnante pour le mouvement climatique.
Selon Le Nouvel Obs, il s’est produit ces derniers temps dans la pensée écologiste un phénomène rare : deux veines intellectuelles qui se détestaient ont esquissé un rapprochement. Historiquement, les partisans de la décroissance reprochaient aux marxistes de se complaire dans le productivisme, tandis que les marxistes reprochaient aux décroissants d’ignorer les rapports de classe. Une synthèse est en cours, dont la pointe la plus visible est peut-être la curiosité suscitée par les écrits de ce très fameux Kohei Saïto, un « marxiste » japonais qui défend un « communisme décroissant ». Mais le succès de Saïto a relancé le débat que l’on pensait dépassé : plusieurs représentants de l’écomarxisme se sont distanciés de ses interprétations et ont défendu la bonne vieille base productiviste.
Face à Saïto, Huberts défend ainsi une thèse opposée. Pour le géographe, professeur à l’Université de Syracuse, à New York, le marxisme se compromet en insistant sur les limites planétaires plutôt que sur le potentiel émancipateur de la technique. On reconnaîtra facilement dans sa critique nos partisans de l’écologisme qui défendent des thèses naturalistes de restriction des forces productives industrielles notamment, les mêmes qui en Allemagne ont fait régresser ce pays en interdisant le nucléaire et en relançant les centrales à charbon dont les impacts carbone se font sentir durement pour les particuliers et les entreprises pour le coût de production et pour les dégâts sur l’environnement.
Son hypothèse est intéressante car si nous sommes marxistes conséquents nous devons agir pour que le développement des forces productives se fonde sur une maîtrise par les travailleurs pour répondre aux besoins rationnels de la société et non de l’accumulation privée du capital et cela passe par des investissements massifs dans la recherche qui permettent de développer de puissantes et nouvelles technologies favorables à une relation environnement/humanité qui soit bénéfique.
En fait les défis environnementaux sont des défis de société : capitalisme ou socialisme ? On ne peut que constater que la Chine qui a pris tardivement le train de la transition écologique va de succès en succès et atteindra très certainement les objectifs internationaux de la COP alors que les puissances occidentales sont à la peine.
La planification socialiste à la Chinoise va certainement démontrer combien le contrôle étatique de l’économie avec une diversité des modes de production ( socialiste, privé et mixte) représente l’avenir sécurisé pour l’humanité.
Mais le journal l’Humanité épouse trop souvent les tendances de la mode populiste dans laquelle je mettrais tous ceux qui déclarent que le marxisme prônerait une décroissance, combat qui rejoint curieusement ceux qui, chez les capitalistes et libéraux, prônent eux aussi la « sobriété » de l’austérité.
Jean-Paul LEGRAND
Le papier de l’Huma