Un communiqué commun, signé par plus de cinquante collectifs, syndicats, associations dénonce la répression accrue (...)
Les fêtes selon Ménard
Ite missa est
Nous devons nous aussi mener la lutte idéologique
Dans les murs de la mairie de Béziers, R. Ménard inaugure sa crèche en dépit d’une récente condamnation du conseil d’état. Les communistes de la section ont appelé à être présent pour rappeler la décision de justice, la laïcité de la République et le besoin de crèches pour les enfants, les mères et les familles de notre ville. D’autres forces de gauche se sont jointes à notre appel et nous pesions un quart de ceux qui s’étaient déplacés. L’essentiel est que l’incroyable discours de Ménard, une véritable messe des plus réactionnaires n’ai pas été sans réponse immédiate.
Lundi soir (4-12-2017), il y avait affluence sur le parvis de l’hôtel de ville de Béziers pour l’inauguration de la crèche Ménard. Il y avait les inconditionnels et les laïques qui, pancartes à l’appui, demandaient le respect de la législation en vigueur. Quel était le rapport des forces entre les deux ? Difficile de répondre.
Le maire a prononcé un discours dans lequel il a tenté d’amalgamer tous les présents, ce qui est une absurdité, les huées qui ont accompagné son propos ont bien montré que l’initiative n’était pas approuvée par une partie du public.
En quoi elle gêne cette crèche ? a interrogé Ménard. Eh bien on peut lui répondre très simplement par la symbolique qui est la sienne et qui met en avant une dimension religieuse qui doit rester du domaine du privé, les pouvoirs publics n’ayant pas à s’immiscer dans cette affaire.
La démarche s’accompagne d’une xénophobie, d’un racisme même, qui est révélateur. A côté de moi j’ai entendu une jeune femme proférer « ça gêne les gauchos et les Arabes » ! Eh oui, Ménard avait eu beau débaucher des Musulmans du faubourg pour son opération, dans l’esprit de certains ça n’éliminait pas le refus de l’autre.
Toujours à mes côté j’ai relevé cette phrase sur les communistes qui auraient fait cent millions de morts. Ce ne sont pourtant pas eux qui ont déclenché l’horrible boucherie de 14-18 ni les guerres coloniales, notamment celle d’Algérie pour laquelle on m’avait enrôlé quand j’avais 20 ans !
Le premier magistrat de Béziers a placé sa crèche sous le signe de la paix de Noël. Et en conséquence sans doute, le lendemain 5 décembre, il ne manquera pas d’aller se recueillir sur la stèle dédiée aux criminels de l’OAS. Il aurait dû effectuer ces deux démarches le même jour, ça aurait éclairé le non-respect des décisions de justice.
Eh oui, au cours de l’histoire, la religion a joué un rôle essentiel en France. L’Ancien Régime était un pouvoir théocratique, les rois étaient de droit divin. Mais il y a eu depuis la Révolution de 1789 et la loi de séparation de l’Église et de l’État en 1905. C’était pourtant la voie de la raison.
L’argument donné par Ménard dans son allocution de respect des traditions ne correspond pas à la réalité. Il n’y a jamais eu de crèche jusqu’à lui dans le hall de la mairie de notre ville et pas davantage de messe aux arènes lors de la Feria. Peut-être se verrait-il à la tête d’une nouvelle croisade contre les infidèles ? Une manière de caudillo en quelque sorte ?
Évidemment ça a l’avantage de masquer ce qui est en cause dans la crise socio-économique que nous vivons et qui résulte de la logique même de notre société fondée sur le mécanisme du profit. Mais cette donnée le dépasse comme elle dépasse ceux qui ponctuaient son discours de leurs applaudissements, en concurrence avec les huées.
Jacques Cros, Béziers