A la veille de l’anniversaire du déclenchement du mouvement
« Femme, Vie, Liberté » le régime intensifie la répression

, par  Leila Moussavian-huppe , popularité : 4%

A la veille de l’anniversaire du déclenchement du mouvement « Femme, Vie, Liberté », le régime intensifie la répression

extrait du « Nameh Mardom » Organe du Parti Toudeh N°1178 août 2023

A la veille de l’anniversaire du mouvement Femme Vie Liberté le régime est à la manœuvre pour démontrer sa détermination à réprimer toute action. Craignant un nouveau départ du soulèvement populaire soutenu par les travailleurs, les jeunes, les étudiants, les femmes et les retraités, il a pris ces dernières semaines des mesures à la hâte espérant que le climat de terreur contraigne le peuple à battre en retraite, à abandonner les bastions conquis et le combat pour le port volontaire du voile.

La première offensive du régime a consisté à la remise en circulation des fourgonnettes de la « patrouille d’orientation ». Malgré les menaces du commandant des forces armées et de la police – Ahmad-Reza Radan - proférant l’irréversibilité de la répression des femmes et leur obligation de respecter le port du voile dans les rues, les lieux et passages publics, non seulement les femmes iraniennes refusent de s’y plier mais des citoyens interviennent entravant leur arrestation par la patrouille d’orientation. Dans certaines villes, dont Chiraz, la forte présence des forces armées et policiers en civils aux côtés des fourgonnettes de la patrouille témoigne de la crainte de ces forces de l’opposition de la population à ces patrouilles et d’éventuelles altercations.

Parallèlement au retour des patrouilles d’orientation dans les rues, une répression de plus en plus violente touche les enseignants, les travailleurs et les activistes des mouvements politiques, civils et sociaux. Fait sans précédent, les peines prononcées par les Cours de l’injustice du régime condamnant des actrices pour « non-port du voile islamique » consistent à des consultations psychologiques hebdomadaires et l’obtention d’un certificat de santé. Mesures dénoncées par l’ordre des professionnels de la santé mentale du pays.

Des arrestations et condamnations de militants ouvriers participent de ce climat de terreur et d’intimidation de l’appareil sécuritaire. Dans le même temps de lourdes peines continuent d’être infligées aux enseignants Avec l’intensification de ces répressions, la campagne des « 100.000 signatures pour la libération des enseignants incarcérés » initiative du conseil de coordination des associations syndicales des enseignants soutenu par l’organisation des enseignants d’Iran, pourraient être le début d’une action unitaire des différents groupes qui luttent pour la libération des prisonniers politiques. Le soutien des travailleurs de l’usine de canne à sucre de Haft Tapeh et des retraités à cette campagne et leur déclaration conjointe s’inscrit dans cette perspective.

La répression des étudiants continue : obstacles dans le déroulement des élections des conseils syndicaux dans différentes universités, suspension de l’activité de l’association islamique Rouyesh à l’université des Sciences et Technologies (IUST n.d.t) qui depuis 4 ans empêche la mise en place d’un conseil syndical, l’admission à l’université de Téhéran de 30 membres du groupe paramilitaire irakien Hach al-Chaabi, pour la poursuite de leurs études alors que des étudiants sont suspendus, interdits d’études et expulsés de l’université sur la base de fausses accusations. Par crainte de l’expansion du mouvement Femme Vie Liberté, le régime planifie la répression et sème la terreur surtout en début de semestre universitaire.

Une autre offensive : pour mettre un terme aux manifestations des vendredi à Zahedan et dans le Balouchistan , les forces de sécurité en civil ont fait irruption dans le village d’Amlak près de la ville de Minoudasht dans la province du Golestan et ont procédé à la fouille des habitations et la mosquée sunnite.

La résistance héroïque de la population contre l’obligation du port du voile a aussi causé des fractures au sein du pouvoir et ses contours. Ainsi, l’assemblée des enseignants et chercheurs du séminaire théologique de Qom demande dans son communiqué : «  Pourquoi la patrouille réitère-t-elle des comportements illégaux et non conformes à la religion à l’encontre de certaines femmes, ?... Que ces messieurs qui ont fait du voile l’identité du régime et qui d’après le directeur adjoint des forces armées sont prêts à en payer le prix, fassent que la justice sociale, la résolutions des problèmes de subsistance du peuple et l’éradication de la fracture de classe deviennent l’étendard du régime et qu’ils en paient le prix. » Ou bien M. Khatami, un des dirigeants réformateurs du régime, : « Je n’ai cessé d’attirer l’attention des responsables du régime sur le danger d’une auto subversion et d’un effondrement social. Mais ils n’ont rien voulu entendre. » Ces oppositions et fractures dans la pyramide et le corps du régime ne se limitent pas qu’aux continuateurs ou réformateurs. On les relève aussi dans les prises de positions de certains parlementaires conservateurs : toutes des manœuvres visant à maintenir le système et par crainte d’un soulèvement populaire.

Tous ces discours d’opposition à l’obligation du port du voile de la part de personnalités influentes au sein et autour du pouvoir proviennent de leurs sérieuses inquiétudes quant à la capacité du système administratif, juridique et sécuritaire existant à maintenir la domination du régime du Velayat-e-Faqih.

Avec la propagation de la pauvreté et des problèmes économiques, ainsi que les problèmes environnementaux qui ont alimenté la grave crise et pénurie d ’eau de ces derniers mois, à la veille de l’anniversaire du mouvement Femme Vie Liberté, le régime est très inquiet des conséquences futures dans le pays et tente de contrôler la situation en réprimant et en faisant preuve d’une autorité qui est fragile face à la volonté et la détermination du peuple. Dans une telle situation, l’alliance des différentes composantes du mouvement populaire ainsi que le soutien efficace et large des forces progressistes et éprises de liberté du pays, peut contraindre le régime à battre en retraite et préparer le terrain au dépassement de la dictature en place.

Voir en ligne : traduction leila pour lepcf.fr

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