Mais quel est ce faux débat mis en scène autour d’un président au milieu d’une salle avec une petite centaine de (...)
Conseil National PCF du 11 avril 2014 – Intervention de Danielle Trannoy
Intervention de Danielle Trannoy
L’abstention :
Comprendre le silence des urnes pour reconstruire une force communiste.
On constate au lendemain de ces élections municipales, une abstention autour de 40 %, voire jusqu’à 50, 60 %. Ce n’est pas ponctuel. C’est un fait politique qui s’est installé depuis de nombreuses années.
Au vu des abstentions dans les quartiers populaires, il est impératif pour le parti communiste de s’interroger, de consulter tous les communistes pour savoir comment et pourquoi, le monde du travail a fait une « nouvelle grève » des urnes.
Avions-nous une ligne qui correspondait à la situation politique ? Permettait-elle de soutenir les réalisations municipales et les représentants d’un parti qui s’inscrivait dans un projet global d’émancipation du monde de travail et donc de la classe ouvrière. Le lien n’a pas été fait.
A l’évidence, nous, le PCF, en tant que parti, avons été assimilé au Parti Socialiste et payé l’addition.
L’abstention est un vote (une expression) par défaut de choix pour ceux qui produisent des richesses et qui ne peuvent plus participer aux décisions, y compris dans leur parti.
Ils l’ont fait savoir à leur parti qui ne combat plus avec eux ces gouvernements au service du patronat. D’ailleurs aurons-nous une analyse des votes aux municipales autour des entreprises en lutte ?
Il nous faut donc interroger « le silence des urnes » (dixit André Lajoinie). D’après les échanges que nous avons avec les camarades mais aussi la population plusieurs motifs apparaissent seuls ou conjugués :
Est-ce le maintien d’une culture politique qui fait que nous ne pouvons plus voter communiste et que nous n’avons pas d’autre choix ?
Aggravation de la fatalité en raison d’une détérioration profonde des situations individuelles et de la société avec des phénomènes de repli individuel, d’intérêts de survie personnelle, d’obscurantisme, d’attente de leaders… ?
Souvent, incompréhension devant la complexité des listes proposées : PS-PC, FdG, EELV, PG, associés ou pas. Perte des repères communistes ?
Le PCF est-il crédible lorsqu’il espère faire « revenir à gauche » le Parti Socialiste ?
N’y-a-t-il pas en mémoire, le vote bafoué de 2005 contre l’Union Européenne ? N’est-il pas aggravé par le tabou et le refus de débat sur la sortie des traités, des conséquences de la monnaie unique qu’est l’Euro, de la souveraineté de la Nation et de son indépendance politique ? Cette question pèse dans le débat populaire et traverse toutes les luttes qui ne trouvent pas de convergences ?
Il faut le reconnaître le Parti Communiste est totalement absent dans ce débat.
D’ailleurs, que signifie le mot d’ordre « Sortir de l’austérité » ? S’il n’est pas lié à la sortie des traités et la monnaie unique. Faute de reprise en main de notre souveraineté, il nous renvoie dans l’impasse de la fatalité.
Comprendre l’abstention au regard des résultats et des forces communistes organisées.
Si de nombreux communistes se sont engagés et ont permis un sursaut permettant de conserver des points d’appui municipaux, des analyses très précises des résultats obtenus seront utiles à tous les communistes. Les accords passés avec le Parti Socialiste et autres partenaires, sur leurs contenus politiques ne risquent-ils pas de fragiliser les acquis de ces municipales ?
Des communistes se sont battus quel que soit les cas de figure pour tenter de se dégager de la situation de confusion dans laquelle nous étions englués.
Mais il nous semble qu’il sera important de faire le lien avec l’état d’organisation des forces communistes. En effet, on ne peut faire la même analyse pour Montreuil, Aubervilliers, Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Marseille… Comment, « les armes à la main », ils ont commencé à lever les tabous imposés et les tactiques « institutionnelles et électoralistes » jugées suicidaires. La mise en circulation des réflexions des communistes sera utile à tous.
Un enseignement qui peut être fait, c’est que même très affaibli, le PCF est une anomalie dans le paysage politique et donc un obstacle à la politique de remodelage à l’allemande pour une Europe fédérale, au projet du Medef de « changer d’Aire » pour éclater la Nation, la République française.
Dans leur ensemble, les communistes ont conscience de la fragilité et de la gravité de ce qui se passe dans la société ; l’avenir est entre leurs mains, en renforçant la lutte idéologique contre le capitalisme et en reconstruisant d’abord l’outil communiste pour être utile, d’abord, au monde du travail.