De Donetsk à Stalingrad, un peu d’histoire
Quand les nazis criaient victoire à Donetsk..."Interdit aux soviets" Article du journal collaborationniste "Signal" de Novembre 1942

, par  pam , popularité : 1%

Lors de la rencontre du 4 Juillet à Vénissieux, la sociologue Danielle Bleitrach a présenté une carte issue d’un journal collaborationniste de Novembre 1942. Nous avons pris le temps de publier le texte de l’article qui applaudissait aux victoires nazis de Koursk à Kharkov en direction de Stalingrad, avec au cœur de cette carte le Donbass, victime de la guerre que livre en 2014 le gouvernement US de Kiev à son peuple.

Le journal contient aussi un article identique sur "la victoire de Chine" et la domination japonaise dans le pacifique, et un texte d’une actualité troublante d’un américain qui défend "l’unité de l’Europe"... Nous le publierons certainement...

Mais ce qui frappe à la lecture de cette carte et de son message de victoire, c’est qu’il est de manière déterminée, tourné contre les soviets ; cette guerre était bien une guerre contre ce que représentait la révolution soviétique, l’auteur ne se trompe pas et cite son principal adversaire, Lénine.

Et à quelques mois de la défaite historique de Stalingrad, ces cris de victoires nous rappellent que la guerre est toujours d’abord la guerre des mots, des médias, que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens, et qu’il faut toujours une lecture politique des rapports de force et des stratégies des acteurs.

Enfin, on peut aussi constater que la guerre idéologique s’est perfectionnée. Plus aucun journal ne nous dira avec une telle précision quels sont les enjeux économiques sur les minerais, l’industrie, l’agriculture, quels sont les "buts de guerre" que les nazis décrivaient avec tant de détails dans cet article.

Aujourd’hui, il faut aller chercher dans les médias indépendants pour trouver des données précises sur les cartes de pipe-line, les réserves de minerai, et les enjeux agricoles et industriels de la nouvelle guerre contre la Russie.

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Interdit aux Soviets

"Signal" publie, à la page suivante, une image de tournesols épanouis. ils symbolisent la joie florissante d’une terre qui était jusqu’ici, à la fois le grenier et le centre d’armement de l’Union soviétique. Voici ce que les Soviets ont perdu.

D’après leurs propres statistiques, plus de 31 % des terres plantées en tournesols ont été abandonnées par les bolcheviks en 1941. Partout, dans le sud de l’Ukraine, au nord du Caucase, on voit s’épanouir ces magnifiques plantes oléagineuses. Leur quantité a été une surprise pour les troupes allemandes et alliées, tout autant que les plantations de coton (sur 250.000 hectares) et les champs de "kok sagys", plante donnant une gomme analogue au caoutchouc (sur 130.000 hectares), dans Ies terres qui bordent la mer Noire.

Deux greniers interdits

L‘Ukraine et le territoire du Kouban sont les immenses silos qui alimentaient jusqu’ici en grains l’Union soviétique. La perte de ces riches territoires est d’une importance capitale pour les Soviets. L’Ukraine produisait 30 % de toutes les céréales. Il s’y ajoutait l’important rendement en céréales du territoire du Kouban, qui complète le bilan des pertes agricoles des Soviets. L’Ukraine, à elle seule, participait au ravitaillement de l’U.R.S.S. pour 83% en betteraves, pour 53 % en fruits, pour 40 % en légumes, pour 22 % en fibres de chanvre et pour 20 % en pommes de terre.

Les Soviets ont du abandonner la partie la plus précieuse de la ceinture des terres noires qui s’étend au sud de la ligne Krementchoug-Kharkov-Voronej-Saratov-Kouibichev et se prolonge vers la Sibérie méridionale. Mais tandis que la Russie non occupée a souffert sensiblement de la sécheresse, la Russie occupée en grande partie renferme les deux greniers de I’Ukraine et de la région du Kouban. Les Russes, en battant en retraite, n’ont pas pu emporter la terre.

Ils ont dû abandonner aussi une grande partie du cheptel : 18% des chevaux, 15% des bovins. En outre, 30% des porcs de l’Union soviétique se nourrissaient sur le sol de l’Ukraine. Leur chair, ainsi que celle des troupeaux du Kouban, ne figure plus sur les menus des maîtres de Kouibichev.

Ils ont perdu, en outre, des machines. Les bolcheviks avaient bâti, à proximité des emblavures, des fabriques de machines agricoles, de tracteurs, de locomotives et de wagons, en un mot de toutes les machines qui pouvaient servir à récolter et à transporter le blé et les produits du sol. Kharkov était un centre de leur industrie et possédait la troisième grande fabrique de tracteurs de l’Union soviétique. Odessa, Kiev, Nikolaiev, Kramatorsk, Vorochilovgrad et Iaganrog étaient les centres soviétiques les plus importants de construction de machines. En 1937, l’Ukraine participait pour 1/5ème de la production générale de l’industrie métallurgique (les Soviets font entrer dans ce calcul, non seulement l’industrie des machines, mais aussi les branches principales de leur industrie d’armement). Le chiffre s’élève encore, si l’on tient compte de la suppression des industries de Rosgov, de Moronej et de Stalingrad.

La grande rupture du fer

Sans fer, plus de machines : ni pour la guerre ni pour la paix. Il faut à l’Union soviétique beaucoup de fer pour la guerre comme pour la paix. Elle extrayait d’immenses quantités de minerai, avant tout dans les deux grands bassins de Krivoi-Rog en Ukraine méridionale, et de l’Oural. L’Ukraine, c’est-à-dire Krivoi-Rog avec quelques autres petits gisements, produisait, en chiffre rond, 27 millions de tonnes, soit 60 %.

ll faut ajouter à ces pertes le grand bassin de minerai de fer de Kertch, en Crimée, et les gisements de Voronej, de Stalingrad et du Caucase septentrional, qui sont enlevés à l’exploitation des Soviets. Ce qui aggrave leur situation, c’est que les minerais de Krivoi-Rog sont comparables, en qualité, à ceux de la Suède. Les minerais de fer de l’Ukraine constituaient 61% de l’ensemble de la production soviétique en fer brut. Les Soviets ont, de plus, abandonné les forges immenses de Dniepropetrovsk, Saporoiie, Stalino et d’autres places industrielles.

La retraite dans les régions froides

Les bolcheviks sont désormais comme un homme qui est sorti de sa chambre sans mettre son veston, par une froide journée d’hiver. Ils sont repoussés de plus en plus vers l’est. Ils s’éloignent ainsi des immenses dépôts de charbon du bassin du Donetz, qui s’étendent sur une longueur de 300 km, et de Stalino, à l’embouchure du Donetz. L’Ukraine livrait 53,7 % de toute la houille de l’immense empire, soit 69 millions sur 127 millions de tonnes.

Les bolcheviks ont dû reconnaitre que c’était là une de leurs places les plus vulnérables. Au cours des dernières années, ils avaient construit à grands frais, et en utilisant un immense matériel humain, les entrepôts de Koutznetsk, en Sibérie orientale, comme deuxième base de charbon, à laquelle ils adjoignirent les centres d’extraction de l’Oural. Ils avaient appelé le tout « la combinaison Oural-Koutznetsk ». Mais, et c’est là qu’apparait clairement l’importance du bassin du Donetz, tandis que, dans l’Ukraine, le charbon, le minerai et les produits alimentaires sont étroitement coordonnés, le charbon de Koutznetsk doit être transporté à 2.400 km dans l’Oural (c’est la distance de Berlin à Lisbonne).

Les sources de pétrole s’épuisent-elles ?

Le problème essentiel pour les soviets, depuis que la percée allemande s’est étendue jusqu’à la Volga méridionale et au Caucase, est de savoir comment transporter dans les dépôts le pétrole des riches terrains de Bakou, de Grosnyi et de Maikop.

Les bolchéviks avaient établi un programme d’extraction du pétrole pour 1942. On comptait sur 47,7 millions de tonnes. Le Caucase, à lui seul, devait en livrer 73,4 % : Bakou, 27 millions de tonnes, Grosnyi, 4,1millions et Maikop, 3,7 millions. Lorsque les terrains pétrolifères de Maikop tombèrent aux mains des Allemands, 8 % de ce plan des Soviets furent perdus. Par suite de la rupture des pipes-lines qui vont de l’est à l’ouest, le long du Caucase, vers Rostov, la source principale en pétrole des Soviets se trouva épuisée. Les 73,4 % étaient à défalquer. En réalité, le pourcentage des pertes est beaucoup plus élevé, car les nouveaux territoires pétrolifères, le long du fleuve Emba et de I’Oural, ne sont pas encore très développés.

Avec quoi fera-t-on de l’acier ?

Le combat des Soviets pour le pétrole, c’est la lutte pour la vie, et leur dernière voie de livraison est la mer Caspienne. Mais la situation est encore plus sombre pour l’industrie soviétique de l’acier. Avec quoi I’U.R.S.S va-t-elle fabriquer son métal s’il lui manque le manganèse nécessaire pour les alliages et la trempe ? En Ukraine, la perte des riches gisements de Nikopol a entraîné celle de 34,7 % de toute la production soviétique de manganèse. Dans le Caucase, l’avance allemande coupe les lignes de communications de Tchiatouri, en Géorgie, le deuxième grand centre d’extraction de manganèse des Soviets avec le bassin de la Volga. Le plus important des petits gisements de manganèse a été découvert à Labniskoïe, dans le Caucase. Les Soviets en ont produit, en 1937, 2,8 millions de tonnes et ont prétendu obtenir par là une position prédominante dans le monde. L’offensive des troupes allemandes et alliées a renversé la situation : celui qui battait le record de production en manganèse a été réduit a la misère du jour au lendemain.

Que reste-t-il ? La « barbarie », dit Lénine

Le créateur de l’Union soviétique avait-il déjà pressenti la perte des grands bassins de matières premières et des riches greniers ? L’Est demeure son espoir, mais cela ne l’empêche pas de critiquer amèrement les hommes qui le peuplent :

« Jetez un coup d’œil sur la carte de la République des soviets. Au sud-est de Rostov, le long du Don et a partir de Saratov, au sud d’Orenbourg et d’Omsk, s‘étendent à l’infini des terres où plus de 10 grands états civilisés pourraient trouver place. Dans ces immenses espaces domine ou bien une demi-barbarie ou une barbarie complète. »

Or, l’Ukraine et le Caucase ne sont pas seulement des pays d’un degré de culture relativement élevé, ils ont aussi la densité de population la plus forte. La moyenne pour un kilomètre carré de l’Union soviétique est de 8,05 hommes ; en Ukraine, 69,53 ; en Géorgie, 50,9 ; en Ruthénie blanche, 43,91 ; en Arménie, 42,72 ; en Azerbaïdjan, 37,12. Ensuite, mais loin, vient Ouzbékistan avec 16,61 tandis que l’immense noyau central de l’Union soviétique ne compte que 6,61 habitants au kilomètre carré.

Et l’on aura un terme de comparaison, si l’on remarque que dans le Reich Grand Allemand, 132 hommes peuvent vivre sur un kilomètre carré. L’Ukraine - avec sa densité d’environ 70 - offre donc encore de vastes espaces pour un développement ultérieur.

Horst Claus

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