Une très belle fête : l’union à la base toujours…

, par  Danielle Bleitrach , popularité : 1%

Hier, dimanche, comme prévu je suis allée pour un débat au stand du Pas de Calais, puis dans l’après-midi un bref passage à la cité du livre, au stand de la revue "Unir les communistes".

Un débat sur l’Ukraine, passionné et passionnant avec Hervé Poly et Marianne où il y avait foule, j’ai retrouvé beaucoup d’amis de ce blog mais aussi des gens attirés par le simple écriteau devant le stand et dont les chaises débordaient jusque dans le passage. Pourtant selon son extraordinaire habitude, la direction de l’Humanité avait refusé d’inscrire mon nom sur le programme de la fête et le débat était au seul nom d’Hervé Poly, ce qui visiblement était très attractif. J’ai retrouvé ce que j’avais constaté des années auparavant à propos de Cuba. A cette époque là, alors que Robert Ménard menait la danse contre Cuba, allant jusqu’à faire patronner un dissident cubain par la direction de l’Humanité, l’ensemble de la fête refusait avec un sûr instinct, cette campagne anti-cubaine à laquelle cédait la direction du PCF. La fête, déjà, était beaucoup plus solidaire des communistes en train de se battre que la direction. La fête demeurait à sa manière une avant-garde populaire, celle du peuple de France, celle qui aujourd’hui refuse la guerre contre la Russie, l’alliance avec le régime néo-nazi et criminel de Kiev. Je me souviens encore à propos de Cuba, de ces deux mille signatures de soutien à Cuba que nous avions obtenues, à deux, à l’aide de stands amis qui partout faisaient signer les feuilles de pétition que nous leur avions laissées…

Aujourd’hui, il n’y a plus les mêmes résistances de la direction sur Cuba, le Venezuela, le combat mené alors a payé, et personne ne se souvient plus que certains d’entre nous ont été taxés alors de "staliniens", de "rétrogrades" et ont depuis subi ce risible ostracisme.

Ce combat d’aujourd’hui pour la paix et contre la politique menée à l’égard de la Russie est en train également de payer. A ce qu’on m’a dit il y a désormais un virage à 180 degrés de Francis Wurtz, qui ne parle plus des "aventuriers" du Donbass, mais défend une ligne dont je me félicite et à laquelle je pense que ce blog (Histoire et société) et d’autres ont largement contribué. Même si je ne me fais pas d’illusion sur la nature de ce virage : il y a des feux que l’on souhaite éteindre pour la conférence qui aura lieu en novembre et dans laquelle les communistes devront bien s’interroger sur les échecs au municipales, sur la difficulté à dégager une perspective crédible pour notre peuple. Éviter de débattre sur la situation en Ukraine, c’est éviter de pousser trop loin l’analyse de l’UE, de l’atlantisme, du militarisme dans le monde et de la souveraineté française, tout ce qui gêne avec certains membres du PS. Enfin, réjouissons-nous de l’avancée et espérons qu’elle sera suivie d’autres… Mais que de temps perdu ! Pourquoi cette belle fête de l’Huma n’accordait-elle pas le soutien mérité aux communistes ukrainiens, aux mineurs du Donbass ?

Pourquoi cette belle fête ne clamait-elle pas haut et fort notre refus de l’interdiction d’un Parti communiste en Europe, alors même que l’UE soutient un coup d’État qui porte au pouvoir des néo-nazis ? Pourquoi cette politique des sanctions dans lesquelles ce sont les travailleurs qui sont pénalisés et qui ne permet rien de concret pour arrêter le massacre ? Pourquoi, ultime paradoxe, fallait-il laisser s’installer dans nos combats pour cet idéal de justice, ce combat pour la paix, ce refus d’un massacre, un de plus du capital, les fascistes de Marine le Pen et autres ordures racistes ?

La nature a horreur du vide et en ce moment le monde politique ou plutôt politicien a un tel mépris du peuple qu’il croit que l’issue est dans des manœuvres d’appareil qui ne mènent nulle part… Quand j’ai adhéré au parti, il y a des siècles, les vieux militants, ceux qui avaient fait du parti ce qu’il était alors, répétaient ces phrases :

"L’union à la base toujours, l’union à la base et au sommet, quelquefois, l’union au sommet seul, jamais"

C’est pourquoi, moi qui n’ai plus rien ni à gagner, ni à perdre, qui mène mes derniers combats là où j’ai commencé mes engagements, je dis à la direction du PCF : quelle erreur vous commettez encore de placer cette magnifique fête sous l’égide d’une union de sommet qui ne mènera nulle part. J’ai rencontré beaucoup de militants qui renâclaient contre la présence des pseudos frondeurs du PS auquel on ne peut même pas arracher un vote contre une politique désastreuse. On pourra toujours taxer ces militants de sectarisme, d’être des nostalgique staliniens, cela dure depuis des années cette stigmatisation. Par les mêmes qui sont incapables de voir ce qui surgit au plan international, qui demeurent si accroché au passé qu’il n’osent pas en parler, en estimer les acquis et les erreurs… Mais est-ce qu’on ne pourrait pas écouter ces communistes là, ceux qui renâclent devant ces scènes de banquet grotesque, où entre dirigeants, députés, chefs de clans, on prétend préparer des manœuvres d’union au sommet, une de plus ? Alors même que l’on ne se préoccupe pas d’engranger un véritable rapport à notre peuple dont témoigne aussi cette belle fête de l’Humanité.

Il y a une volonté d’intervention populaire, cela bouillonne de toute part… Il y a eu ce couple de non communistes mais sympathisants du Lot, qui sont venus nous voir après le débat en me demandant comment organiser un débat chez eux sur l’Ukraine, sur la paix, sur les dangers de fascisation du continent européen… Il y a eu des tas de gens, ces jeunes poètes, ce jeune homme qui a fondé un groupe de travail sur le salariat… Tous ces gens qui sont prêts à s’engager dans des combats sur le terrain et à qui aujourd’hui on ne propose que des agapes de notables parlementaires. Alors même que si quelque chose caractérise la période, c’est un tranquille désaveu des jeux politiciens et un besoin pourtant d’engagement à la base que l’on ne peut pas construire… Soit c’est l’inertie parce que l’on ne voit pas de perspective, soit il s’agit de luttes autour d’une autre manière de vivre, la défense de ce à quoi l’on tient, qu’il s’agisse de l’environnement ou de l’entreprise… Et dont on ne voit même plus la relation avec la politique…

Cette semaine j’ai eu la chance de discuter avec un jeune ami qui s’est engagé d’abord dans la lutte des intermittents et actuellement dans la défense d’un espace de nature préservée que l’on veut noyer dans un barrage du côté de Castres. Il m’explique qu’ils sont nombreux à mutualiser leur mode d’existence, à faire face jusqu’au bout au capital… Je l’écoute et je lui demande s’il croit, vu la monstruosité de la bête, dont Hervé Poly a dit que blessée elle est "enragée", il peut se passer du politique ? Vrai débat auquel j’ai pensé tout au long de la fête ? S’il y a un lieu où quelque chose peut se construire, c’est bien ici… On attend quelque chose qui ne vient pas…

Cette belle fête témoignait de cette contradiction entre un peuple qui cherchait la voie de son engagement concret et l’aspect illusoire, cette esbroufe médiatique de l’invitation d’un Kerviel… Une manière d’offrir la rédemption chrétienne à la brebis du capital… ou encore ce banquet entre les dirigeants du PCF, Melenchon et des gens qui témoigneraient de la fin du PS et dont on jouerait la voiture balai… Comme si la fin du PS ne signifiait pas l’échec de la fictive opposition des courants impuissants, les divisions gouvernementales, simples reflets d’appétits individuels… Vous croyez réellement que le peuple français s’il a décidé la fin du PS a envie de récupérer cette palinodie ?

Quels faux espoirs électoralistes êtes-vous en train de nourrir ? Quelle arithmétique de sommet êtes-vous en train d’élaborer faute de stratégie de construction du socialisme auquel vous ne croyez plus ?

Ce fut une bien belle fête et chacun à son niveau y a engrangé des contacts, une espérance qui va continuer de pousser… En ce qui me concerne, la vieille dame indigne va continuer à agir comme elle le croit juste.

Danielle Bleitrach

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    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

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    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).