Réponse à Jean Claude Delaunay

, par  Gilles Mercier , popularité : 3%

J’avais écrit un texte de 3841 signes et je me vois renvoyé dans les cordes avec un texte de 43767 signes. Là Jean Claude je m’incline. Je m’incline d’autant plus que tu m’accordes la qualité de scientifique et honnête de surcroit. Défendre la rationalité scientifique n’est pas évident et demande un certain courage face au mouvement anti-rationnel qui a déferlé avec Attac le mouvement altermondialiste et qui continue de déferler avec l’écologisme et son idéologie catastrophiste de fin du monde prolongé par les mouvements anti-vaccination. J’avais défendu ouvertement les OGM en tant que scientifique syndiqué CGT et membre du PCF, ce qui m’avait valu de solides inimitiés pour ne pas dire plus dans le syndicat. J’avais réussi à écrire quelques articles dans l’Humanité qui allaient à l’encontre de l’orientation opportuniste du journal. Cela ne pouvait continuer Le Hyaric m’ayant « blacklisté » en mettant à la poubelle mes contributions.

Je continue 1) en défendant l’édition du génome dont les applications sont toujours interdites dans l’UE mais non aux USA et en Chine 2) en contestant l’origine anthropique du réchauffement climatique (le GIEC n’est pas une académie scientifique mais une institution politique) 3) en mettant en cause le bien fondé des énergies dites renouvelables (voir l’article sur le site). A ce propos l’affirmation de F Roussel de se débarrasser des énergies fossiles me laisse perplexe sur le sérieux de son programme électoral.

Revenons à nos moutons !

Ne me reproche pas d’être polémique Marx l’était tout autant et même parfois très sarcastique. Quant à Lénine c’était un polémiste redoutable qui pouvait aussi être très sarcastique. Je n’en démords pas l’analyse du professeur Cheng Enfu est très pauvre. 70 ans d’histoire qui disparaissent parce que les dirigeants ont trahi ou n’ont pas été à la hauteur est du même niveau des vaticinations que les Kremlinologues nous ont abreuvées pendant de nombreuses années.

Le point de vue de Cheng Enfu n’est pas seulement le sien c’est celui du parti communiste chinois. Elle repose sur une vision idéologique. Le socialisme constituant une phase de développement supérieur au capitalisme, son effondrement après 70 ans d’existence ne peut être que la conséquence de la faillite de ses dirigeants mais non pas de causes intrinsèques.

Je permets d’être en désaccord absolu avec cette vision des choses. Puisque je suis scientifique je fonde mes analyses sur les données, les faits ,« les data » pour utiliser un terme de science exacte. Les données économiques, les statistiques, établissent que les problèmes sont bien antérieurs à la perestroïka. L’URSS compte tenu de la façon avec laquelle elle s’est constituée en tant qu’Etat fédératif de la taille d’un continent constituée d’une multitude de nationalités aux cultures si différentes aux degrés de développement si hétérogène et de la façon hyper-centralisée de sa gestion ne pouvait qu’éclater.

Je suis en total désaccord sur le bilan de la période stalinienne si chère aux dirigeants chinois. En asservissant le Parti communiste en faisant de ses membres et de l’ensemble des citoyens des êtres soumis, en brutalisant la société, Staline a placé l’URSS dans une situation telle qu’à un moment donné elle ne pouvait être en mesure de poursuivre son développement.

Puisque les dirigeants chinois font si souvent référence à Lénine, je me permets de citer son post-scriptum du 4 janvier 1924 à sa lettre du 25 décembre 1923 concernant les qualités et défauts des dirigeants du Parti. Dans cette dernière il écrit « Le camarade Staline en devenant secrétaire général a concentré un pouvoir immense entre ses mains et je ne suis pas sûr qu’il sache toujours en user avec suffisamment de prudence ». Dans le post-scriptum, il écrit « Staline est trop brutal et de défaut, pleinement supportable dans les relations entre nous communistes, devient insupportable dans la fonction de secrétaire général. C’est pourquoi je propose aux camarades de réfléchir au moyen de déplacer Staline de ce poste et de nommer à sa place un homme qui, sous tous les rapports, se distingue de Staline par une supériorité- c’est à dire qu’il soit plus patient, plus loyal, plus poli et plus attentionné envers les camarades moins capricieux, etc. Cette circonstance peut paraître une bagatelle insignifiante, mais je pense que pour prévenir une scission et du point de vue des rapports entre Staline et Trotsky que j’ai examinés plus haut, ce n’est pas une bagatelle, à moins que ce ne soit une bagatelle pouvant acquérir une situation décisive »

Lénine écrivit ce post scriptum quand il prit connaissance de l’appel téléphonique de Staline à son épouse Nadejda Kroupskaïa. A la suite de l’accident cérébral de Lénine, Staline avait interdit à l’entourage de Lénine de lui communiquer aucune information aucun document, le corps médical lui ayant ordonné le repos absolu. Néanmoins, son épouse le tenait au courant des évènements et transmettait ses messages aux dirigeants du Parti.

Le 22 décembre, Staline apprenant que Nadejda Kroupskaïa avait transmis à Trotski une lettre dictée par Lénine, il lui téléphona et lui dit violemment que le partage du lit de Lénine ne lui donne aucune légitimité politique ! Elle écrivit en décembre 1923 à Kamenev responsable du politburo.
« Léon Borisovitch ! À la suite d’une courte lettre que m’a dictée, avec l’autorisation des médecins, Vladimir Ilitch, Staline est entré hier dans une violente et inhabituelle colère contre moi. Ce n’est pas d’hier que je suis au Parti. Au cours de ces trente années je n’ai jamais entendu d’aucun camarade un mot grossier. Les affaires du Parti et celles d’Ilitch me sont aussi chères qu’à Staline. J’ai besoin aujourd’hui d’un maximum de sang-froid. Ce que l’on peut — et ce que l’on ne peut pas — discuter avec Ilitch je le sais mieux que n’importe quel médecin, parce que je sais ce qui le rend ou ne le rend pas nerveux. En tout état de cause, je le sais mieux que Staline. Je m’adresse à vous et à Grigori : Zinoviev comme à de vieux camarades de Vladimir Ilitch, et vous supplie de me protéger contre des ingérences brutales dans ma vie privée, de viles invectives et de basses menaces. Je n’ai aucun doute quant à ce que sera la décision unanime de la Commission de contrôle, de laquelle Staline a jugé bon de me menacer. Quoi qu’il en soit, je n’ai ni force, ni temps à perdre dans cette stupide querelle. Je suis un être humain, et mes nerfs sont tendus à l’extrême. N. Kroupskaïa. »[2]

Cependant ce n’est que le 5 mars 1923 que Lénine envoie à Staline une lettre dans laquelle il lui reproche d’avoir insulté son épouse et lui réclame des excuses sous peine que toute relation soit rompue entre eux

Copie aux camarades Kamenev et Zinoviev
« Cher camarade Staline : Vous avez été si grossier que vous avez convoqué ma femme au téléphone et lui avez mal parlé. Bien qu’elle vous ait dit qu’elle était prête à l’oublier, le fait est néanmoins connu par elle de Zinoviev et Kamenev. Je n’ai pas l’intention d’oublier si facilement ce qui a été fait contre moi, et il va sans dire que ce qui a été fait contre ma femme j’estime l’avoir été aussi contre moi. Je vous demande donc de réfléchir à la question de savoir si vous êtes prêts à retirer ce que vous avez dit et à présenter vos excuses, ou si vous préférez que les relations entre nous soient rompues.
Respectueusement
Votre Lénine »

Voilà l’homme qui dirigea l’URSS pendant 28 années. Quand il se permet d’être aussi peu respectueux de l’épouse de Lénine cela donne une idée du respect qu’il a eu pour tous ceux qui ne partageaient son point de vue et qui le gênaient pour une raison ou une autre.

Quand Jean Claude tu écris « Un certain nombre de révolutionnaires ont totalement perdu confiance dans la révolution soviétique dans sa capacité à se moderniser dans sa capacité à résister aux nazis. Ils ont alors avec ces derniers engagé des négociations parallèles et secrètes croyant sans doute que cela aurait pour effet de bien les disposer à l’égard de la Russie » à qui à quoi fais-tu allusion et quelles sont tes sources ? Des négociations parallèles à quoi, à celles qui allaient amener à la signature du pacte Molotov-Ribbentrop ? Tu ne peux pas avancer cela sans biscuits ! Les ouvertures des archives sauf celles de la présidence qui toujours non accessibles ont révélé comment ont été constituées les preuves des multiples complots contre la patrie du socialisme.

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