Pour un parti communiste des temps d’orage

, par  Jean Jullien , popularité : 2%

Le monde capitaliste a engendré une nouvelle crise d’ampleur inégalée, où il s’enfonce depuis plus de cinq ans.

Afin de préserver les profits, l’Etat de la bourgeoisie accumule les mesures antipopulaires, détruit les protections sociales, diminue les salaires, augmente les taxes et les tarifs publics, de sorte que la consommation des masses ne peut plus absorber les richesses produites, lesquelles sont détruites, ainsi que les moyens de production.

Les plus grandes entreprises suppriment encore des postes de travail pour accroître la productivité. Des dizaines de milliers de salariés sont ainsi jetés à la rue et des régions entières sinistrées par le chômage.

Pour faire accepter cette régression insupportable, l’Etat bourgeois est capable d’utiliser tous les moyens, de la persuasion par des médias et des syndicats stipendiés à cet effet, jusqu’à la violence armée policière ou militaire, ou encore celle des groupes paramilitaires fascistes.

Ainsi la police de Valls en crevant l’œil d’un sidérurgiste belge, aussitôt licencié, nous remémore l’assassinat en décembre 1947 de plusieurs grévistes par la police du ministre socialiste Jules Moch.

La dictature de la classe capitaliste prend selon les circonstances le visage de la démocratie et de la liberté d’expression, ou bien celui de l’oppression et du terrorisme d’Etat. Mais lorsque la crise s’aggrave, la concertation n’est plus de mise. Bien au contraire, la concurrence entre les monopoles accentue entre eux et entre les Etats la guerre économique, la guerre des monnaies et finalement la guerre tout court. Les monopoles français ont déjà montré leurs ambitions bellicistes par la subversion et l’intervention militaire directe de l’autre côté de la Méditerranée. Mais aucune région n’est à l’abri ni aucune alliance car la rapacité des requins capitalistes peut déchirer les amis d’hier et précipiter leurs peuples les uns contre les autres, au nom de l’Union Sacrée des classes pour la défense de la Patrie.

Il faut un parti communiste authentique

Plus la situation se dégrade, plus le ciel est menaçant et plus se fait jour la nécessité non pas de réclamer « de nouveaux droits pour les salariés » ni de « réduire le pouvoir des actionnaires », mais de remplacer définitivement le capitalisme par le socialisme. Pour cela il faut un authentique parti communiste capable de diriger la lutte révolutionnaire dans toutes les situations que nous impose l’ennemi de classe : légale ou non, pacifique ou non.

La confiscation du parti de la classe ouvrière

Notre parti communiste doit se placer sous la direction idéologique de la classe ouvrière et organiser dans ses rangs prioritairement les éléments les plus résolus du prolétariat.

Marx écrivait dans le Manifeste du Parti Communiste « De toutes les classes qui, à l’heure présente, s’opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie ; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique ».

De nombreux communistes sont ulcérés de voir le prolétariat écarté de la direction de son parti et réduit à un faire valoir. Tandis que ce parti se dissout dans l’idéologie et l’organisation sociales-démocrates, ce sont des classes intermédiaires nullement révolutionnaires qui le dirigent au nom de « l’humain », et qui en ont jeté tous les principes à la poubelle, jusqu’aux symboles de la classe ouvrière et de la paysannerie modeste, la faucille et le marteau.

Certains camarades ont dénoncé là avec lucidité un communisme de "bobos".

La révision des principes marxistes-léninistes a eu pour résultat de remplacer la révolution socialiste par d’improbables réformes de structure dans le système capitaliste. En s’obstinant avec la foi du charbonnier dans la voie électoraliste, et sous le prétexte fallacieux de « ne pas faire le jeu de la droite », on en vient à répéter jusqu’à ce jour « vous avez eu raison d’y croire » alors que tout démontre le contraire.

Dès les années soixante d’autres communistes et anciens résistants, alertés par le rejet sans appel de toute l’œuvre de Staline et par la lettre en 25 point du Parti Communiste Chinois, empêchés de débattre au sein du PCF et exclus, avaient tenté de créer un nouveau parti communiste, le PCMLF. Mais cette tentative échoua face à l’afflux de la petite-bourgeoisie et à la vague social-démocrate de 1981.

Depuis d’autres camarades tentent encore d’impulser un nouveau parti ou de redresser la dérive révisionniste de leur parti, mais sans succès jusqu’à son dernier congrès, dont la majorité a soutenu la ligne de Pierre Laurent et la fusion voire la dissolution prochaine dans le Front de Gauche.

Ne lâchez rien !

Ces derniers camarades, peut-être désemparés, mais toujours attachés à un précieux esprit de parti, ne veulent pas lâcher la proie pour l’ombre ni rejoindre d’autres groupes marxistes-léninistes, encore déchirés par quelques querelles sectaires. Et eux-mêmes ne sont pas unis sur d’importantes questions. Pensons à l’avenir : qu’ils fassent ce qu’ils jugent le plus utile pour rassembler tout ce qui peut l’être, mais qu’ils n’oublient pas le moment venu de récupérer la faucille, le marteau, le titre de communiste et avec eux tout le passé glorieux de leur parti et de ses sacrifices.

Qu’ils ne laissent là ni l’héritage ni la gloire, avant que leur parti ne sombre sans rémission dans la social-démocratie.

Unissons nos forces

Le temps presse, n’attendons que le ciel nous tombe sur la tête. La boussole du marxisme-léninisme et du parti communiste font cruellement défaut à la classe ouvrière et aux masses populaires.

Pour l’heure, et avant de renouer avec l’esprit du congrès de Tours, nous appelons les communistes qui aspirent réellement à la transformation révolutionnaire de la société à unir leurs forces tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du parti révisionniste, à s’emparer du marxisme-léninisme et à confronter fraternellement leurs opinions.

« Pratiquer le marxisme, non le révisionnisme ; travailler à l’unité, non à la scission ; faire preuve de franchise de droiture, ne tramer ni intrigues ni complots » Mao Tsé-toung.

La révolution violente, la dictature du prolétariat font partie de ce débat que des décennies d’anticommunisme ont étouffé, mais aussi bien la bourgeoisie nous donnera elle-même la réponse. Nous ne souhaitons ni les uns ni les autres la violence et la contrainte mais ce sont les classes exploiteuses qui obligent les masses populaires à y recourir.

Il nous faut aussi juger notre passé et remettre en question l’esprit de secte et le penchant à la liquidation et à la scission stériles pour des queues de cerise, mais avec de lourdes conséquences pour notre cause ainsi paralysée des décennies durant.

Il est hors de question de créer une secte. Nos meilleures intentions n’auront aucun effet sans rassembler l’immense majorité des masses de notre pays. Et leurs intérêts matériels ne seront jamais déterminés par des accommodements électoralistes mais par l’étude attentive des classes de notre société, des alliés sûrs de la classe ouvrière et des éléments qu’elle peut neutraliser, afin d’isoler notre ennemi fondamental qui est le capitalisme monopoliste.

« Ni révisionnisme, ni gauchisme, une seule voie : celle du marxisme-léninisme » François Marty.

Seul le centralisme-démocratique au sein d’un authentique parti communiste nous permettra de progresser dans l’unité et dans une discipline librement consentie, en appliquant le matérialisme-dialectique à la réalité de notre pays. Mais dès à présent il nous faut les uns et les autres nous débarrasser de l’esprit de clocher, considérer à la fois ce qui nous unit et ce qui nous sépare et viser à l’unité en partant des faits.

Ces faits, c’est la cause des plus larges masses, et en particulier celle des plus exploités.

Unissons-nous pour un parti communiste des temps d’orage !

Editions Prolétariennes

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