Rencontre du "programme partagé"’ sur l’Europe
Oui, quitter l’Euro ! Cela fait débat et c’est légitime.

, par  Robert Malcles , popularité : 3%

Trois remarques préalables.

1- Je constate qu’aucun des candidats communistes à la candidature, que ce soit André Chassaigne ou André Gérin, ne sont présent à ce débat à caractère national (cf. rencontre du "programme partagé" sur l’Europe).

2- Pour la désignation d’un candidat aux présidentielles, je suis pour ma part, farouchement attaché au vote par tête et je refuse le vote par ordre. Une voix pour Jean-Luc Mélenchon, et le parti de gauche, 1 voix pour Christian Piquet et « La gauche Unitaire » et une voix pour 130000 militants communistes, cela ne me convient pas.

3- La situation de la France, la colère, l’exaspération des français exigent, plus que jamais, de notre part un programme de rupture totale avec le système tant au plan national qu’au plan européen. Si nous n’apparaissons pas comme porteurs de cette volonté de rupture et de la nouveauté, il est fort à craindre que ce soit l’abstention ou pire le vote en faveur des démagogues de la droite extrême qui progressent dans les milieux populaires, L’affaire de ce syndicaliste CGT qui passe de Lutte Ouvrière au NPA pour finir candidat du Front National risque de ne pas être un fait marginal.


Nous sommes appelés ce soir à débattre sur le thème :

« Face à la domination des marchés financiers et à l’échec du traité de Lisbonne, Quelle Europe ? ».

Je note qu’il n’est pas fait référence au traité de Maastricht, et j’ai vraiment l’impression que la direction de mon parti, ainsi que celles du Parti de gauche et de la gauche unitaire, se bercent et nous bercent d’illusions.

En effet, que nous dit-on concernant l’Union européenne, quels sont les propositions et moyens d’action envisagés ? On nous explique que les peuples d’Europe doivent faire pression sur la BCE afin qu’elle change de politique et ne soit plus aux service des marchés. On nous propose de signer une pétition demandant au monde de la finance d’être compréhensif, bien gentil, et de prendre conscience que sa politique est mauvaise et qu’elle est nocive à la majorité de la population.

Aujourd’hui, on nous propose non pas de combattre l’Euro mis en place par le traité de Maastricht, mais de l’accepter et de le transformer en monnaie commune européenne. Cela n’est qu’une vue de l’esprit, et relève comme je viens de le dire de l’illusion.

En effet comme le prévoient les traités, la banque centrale européenne est totalement indépendante des États. Le contrôle de la circulation des capitaux est strictement interdit. Et toutes les décisions doivent être prise à l’unanimité.

On peut rêver et imaginer un soulèvement des peuples d’Europe, ou bien une prise de conscience de la totalité des gouvernements européens qui décideraient de prendre le contrôle de la BCE en la nationalisant.

Je suis peut-être pessimiste mais je ne crois pas à cette hypothèse. Pourtant ceux qui me connaissent m’ont souvent reproché de pêcher par optimisme.

Dans ces conditions je considère que la seule solution, c’est de sortir de l’Euro, de re-nationaliser la banque de France et tout le secteur financier, de façon que ce soit le gouvernement français qui décide de la politique monétaire de la France. Un pays qui ne contrôle pas sa politique monétaire ne peut conduire aucune politique indépendante. « La politique de la France ne se mène pas à la corbeille » disait le général De Gaulle. Et encore, à l’époque la corbeille était à Paris. Aujourd’hui, certes il n’y a plus de corbeille puisque l’informatique est passée par là, mais surtout les décisions sont prises à Francfort ou ailleurs.

Oui, quitter l’Euro !

Cela fait débat et c’est légitime.

Il y a quelques semaines l’Humanité des débats a publié quatre avis sur cette question.

Entre parenthèse, 3 avis favorables au maintien dans l’Euro, celui d’un responsable d’ATTAC, celui d’un responsable socialiste, celui d’un responsable communiste et un avis favorable à la sortie de l’Euro, celui de Nikonoff. Au-delà du rapport 3 contre 1, qui est déjà tout un programme, il est remarquable de constater que les arguments des trois intervenants favorables au maintien dans l’Euro étaient extrêmement proches. Il s’agissait pour l’essentiel d’arguments techniques. On se serait cru dans une chronique boursière des Echos ou de La Tribune.

Si nous quittons l’Euro, disent-ils, nous serons obligés de dévaluer, notre dette extérieure va mécaniquement s’accroître, et nous aurons beaucoup de difficultés à la rembourser. Il faudrait réduire le pouvoir d’achat des salariés pour garder la compétitivité, comme si le prix du travail était le principal élément de du coût de production. On croit rêver ! Si vous le permettez je vais vous lire quelques lignes du texte de Denis Durand, membre de la commission économique du PCF dans l’Huma du 15 janvier 2011.

Le titre de l’article est déjà révélateur : Quitter l’Euro : « Une tentation illusoire, car la pression des marchés serait accrue ». Autrement dit, la pression des marchés serait irrésistible.

« L’effet immédiat d’une sortie de l’Euro serait une dévaluation de la monnaie nationale, donc une hausse dans les mêmes proportions de la dette libellée en Euros : la pression des marchés en serait accrue. A terme, pour espérer recouvrer sa compétitivité, le pays devrait an passer par une baisse du pouvoir d’achat de ses habitants : le remède serait pire que le mal.

L’euro y est présenté ensuite comme un instrument de résistance à la domination du dollar. On reprend la vieille antienne des partisans les plus acharnés de l’atlantisme et d’une Europe soumise aux intérêts étasuniens.
Il n’est pas étonnant que dans ces conditions Francis Wurtz dans l’Huma dimanche en appelle aux mânes de Schuman (Robert, pas Maurice), d’Adenauer et de Gaspéri, triade qu’il m’est arrivé de qualifier de la sainte trinité lotharingienne.

Vous pouvez le constater rien de politique dans ces analyses mais une adaptation aux règles du capitalisme mondialisé. Ce que certains, en d’autres temps, ont appelé une saine gestion du capitalisme. Aucune dialectique. Rien qui essaie d’envisager ce qui pourrait être entraîné par le mouvement d’un peuple.

Que peuvent 65 millions de Français dans une Europe supra nationale de plus de 500 millions d’habitants ? : Peu de chose ou même rien. Que peut un peuple comme le nôtre (où éventuellement un autre peuple d’Europe) décidé à rompre avec le système ? : Beaucoup ! Quel extraordinaire effet d’entraînement cela aurait ! Je peux multiplier les exemples. A côté du rôle que joue un petit pays comme Cuba en Amérique latine et dans le monde, quel serait celui de douze à treize millions de cubains fondu dans un ensemble latino-américain de plus de 500 millions d’habitants ? Et plus près de nous dans l’espace et dans le temps, qu’auraient pesé 10 millions de Tunisiens fondus dans un ensemble berbéro-arabe de plusieurs centaines de millions de personnes alors que la révolution dans ce petit pays a des conséquences mondiales.

Face à la question politique de la sortie de l’Euro, il ne faut pas se contenter de réponses techniques. A question politique réponse politique.

Quitter l’euro, en quoi cela serait-il si catastrophique ? Les pays de l’UE qui n’ont pas accepté l’Euro, n’ont pas une situation plus mauvaise que celle de la France. Elle n’est pas meilleure non plus, puisque, dans ou hors de l’Euro, les gouvernements mènent la même politique. Avec cependant une différence, si leurs gouvernements voulaient tout d’un coup, prendre le contrôle de leur banque centrale, décider de leur politique monétaire, ils auraient une étape de moins à franchir.

Quant à l’Union Européenne, on peut s’interroger sur son efficacité pour améliorer les conditions de vie des peuples d’Europe. Mis à part la PAC qui a pu avoir des aspects intéressants comme les prix planchers, mais des aspects beaucoup plus négatifs comme l’élimination de millions de paysans jugés non rentables qu’a-t-elle apporté ? Les thuriféraires qui sévissent largement dans les médias et jusque dans les manuels de géographie des collèges et lycées en viennent à présenter Airbus et Ariane comme des réalisations de l’Union Européenne. En réalité ces vrais succès sont le résultat de la coopération entre quelques pays d’Europe membre ou non de la CEE.

Face à un EURO surévalué, à un dollar sous évalué, nous n’avons pas à avoir peur de la dévaluation. Quant à la dette, qui n’est quand même pas aussi importante que la propagande des ultra libéraux voudrait nous le faire croire, elle peut être remboursée à condition d’augmenter les recettes fiscales directes. Je rappelle qu’en 1932, Roosevelt, qui n’était quand même pas, un dangereux bolchevik, a créé un taux marginal d’imposition de plus de 80 % (80 % était le taux d’imposition sur la plus haute tranche des revenus déclarés).

Lors de la campagne présidentielle de 1981 Georges Marchais disait « au-delà de 40000 francs par mois, je prends tout », donc un taux marginal de 100% et je constate qu’un candidat à la candidature, qui n’a pas mon soutien, a repris cette proposition.

Et puis après tout, ne pourrait-on pas s’interroger pour savoir si cette dette en est vraiment une, faut-il vraiment la rembourser ?
La dette de la France est pour l’essentiel une dette extérieure auprès des institutions financières internationales, qui se sont déjà largement remboursées.

La Banque centrale européenne, financée par nos impôts, prête à 1 ou 2 % à ces institutions, qui ensuite prêtent aux États à 6, 8, 10, 12 % en fonction des classements des agences de notations que personne ne contrôle, dont on ne sait rien, sauf qu’elles sont au service des puissants de ce monde.

Il faut en finir avec un programme en demi-teinte, il faut donner un signe fort, très fort sans souci de respectabilité.

Nous devons nous adresser vraiment à tous ceux qui souffrent, à ceux qui ne peuvent même pas se nourrir ou se chauffer convenablement comme vient de le reconnaître la ministre des transports et de l’énergie.

Qu’a-t-on fait, à part quelques déclarations de peu de portée, contre la hausse totalement injustifiée du prix du gaz (20 % en 1 an), du fuel domestique et de l’essence, alors que les grandes compagnies pétrolières s’empiffrent comme jamais. A-t-on appelé à des rassemblement et manifestations dans les quartiers populaires, devant les préfectures ?

Nous devons nous adresser aux jeunes diplômés à bac + 4, 5 ou plus, auxquels on ne propose que des emplois précaires, à temps partiel, payés au SMIC horaire, à ces jeunes dont les parents venus de milieux populaires ont pris l’ascenseur social vers le haut, alors que pour eux, l’ascenseur ne connaît qu’une direction : il va vers le rez-de-chaussée ou le sous-sol. Il faut que nous leur offrions de vraies solutions et non pas des contrats aidés, ou des emplois jeunes sans avenir comme on l’a connu entre 1997 et 2002.

Sortir de l’euro et mener une politique indépendante serait un signe fort pour notre peuple, mais aussi pour les peuples d’Europe. Je ne pense pas tomber dans le nationalisme en disant que je crois à l’exception française, comme l’automne 2010 nous l’a rappelé. « Si un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène ». Encore faudrait-il que nous nous battions pour une Europe des peuples, au lieu d’accepter l’Europe supranationale !

Robert Malclès

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