Essai après lecture du texte de JC Delaunay « Le marxisme est la science sociale de notre temps ».
Le régne de la nécessité, une piste pour reconstruire la force communiste ?

, par  Francis Velain , popularité : 2%

Les communistes sont en crises ! Jean-Claude nous ramène finalement à la problématique du travail à partir du rapport industrie/services. Acte nécessaire et salutaire à plusieurs titres.

Le texte de Jean-Claude Delaunay [1] invite à penser le politique en examinant la transformation des activités humaines, en préservant le temps de la transformation des forces productives. Il invite d’une certaine manière à s’intéresser plus au règne de la nécessité qu’à l’émancipation, au progrès social ou à la justice sociale etc. Dialectiquement, ce pourrait devenir une piste pour surmonter l’invraisemblable mille feuilles idéologique qui traverse actuellement les pensées à prétentions révolutionnaires anticapitalistes. Je vais tenter de m’en expliquer. Avant, soulignons que son texte renvoie de fait à deux périodes importantes : celle du débat industrie/services initié dès les années 60, approfondi dans les années 80/90. Jean-Claude propose de fait des dates de référence pour le nécessaire bilan du 38ème congrès.

Sur la notion de première activité

On imagine mal une quelconque agriculture, la pratique de la chasse, et même la collecte de plantes et de fruits, la cuisson des aliments, sans outils, le plus simple des récipients devant être considéré comme outil tout autant qu’une pierre taillée. L’industrie a donc précédé l’agriculture et a accompagné immédiatement le processus d’hominisation du genre humain, de la main et du cerveau, et du langage et de la bipédie [2] .

L’industrie fut première dans l’histoire des hommes...

Avec la révolution néolithique, le règne de la nécessité se fit soudain différent. L’agriculture devint « première » au sens où elle mobilisa le travail de la masse de l’humanité, sans pour autant pouvoir se passer de l’industrie.

Outre l’accentuation sans doute des caractères de classes des sociétés, il fallut inventer de nouvelles activités de gestion de l’irrigation, de répartition des terres, de contrôle et de répartition de la production, du personnel spécialisé en conséquence, jusque au besoin, sans doute, d’en appeler à des pratiques mystiques plus développées que précédemment. Certains insisteront ici sur le rapport à la mort, à l’art etc. J’insiste ici pour ma part sur le besoin de sécuriser, d’assurer, systématiser, de rendre déterministe l’effort de travail. La démarche scientifique naquit de ce besoin productif. Durant des millénaires, la terre fut une force productive matérielle essentielle, quasi directe tant le travail de l’homme avait du mal à la fertiliser sauf en quelques lieux se prêtant à irrigation. Sa propriété structura les modes de production historiques et fonda les rapports sociaux de production et d’échange.

Dans l’Europe féodale, aussi lent furent-ils, les progrès de l’efficacité productive du travail agricole contribuèrent à « libérer » plus d’hommes encore du travail de la terre. Le règne de la nécessité lui-même se transforma en restant largement encore conditionné par la production agricole. Le commerce et la production d’artefacts et d’outils devint objectivement lentement plus décisif que la propriété de la terre.

La redécouverte du moulin conforta initialement noblesse et clergé. Puis, au fil des siècles, au titre des fonctions sociales de ces deux ordres, les bourgeois, simple groupe spécialisé au cœur du tiers-état, se firent indispensables dans la mise en œuvre des forces productives les plus modernes. Les rapports sociaux de production entrèrent à un moment en contradiction objective avec les capacités et les besoins des forces des forces productives. Ils furent adaptés en conséquence, à travers d’immenses conflits de classes. Un nouveau mode de production, le mode de production du capital, pris le relais.

L’industrie, devenue (pré)capitaliste, redevint première, dans une inversion dont l’histoire a les secrets, au titre de la valeur économique de ses productions, et tout autant des valeurs d’usages qu’elle proposait. L’agriculture en fut d’ailleurs rapidement transformée : Par la mécanisation, la chimie, elle démultiplia sa productivité de valeurs d’usage fondamentales tout en pouvant accepter de voir la « valeur » de ses productions et sa population baisser. Le régne de la nécessité ne fut plus le même. L’industrie redevint première sans que l’homme puisse se passer de l’agriculture. Déjà la science pris une singulière place.

Sous ce règne de la nécessité du capitalisme industriel, les forces productives poursuivirent leurs évolutions. Le règne de la nécessité des hommes continua de se transformer : besoin de plus de qualifications, de plus de science(s), utilité de poursuivre la spécialisation des tâches, possibilité de réduire la masse de travail dans l’industrie elle-même (d’abord relativement, puis aussi en absolu dans des branches entières), et aussi possibilité, sinon nécessité, de mieux prendre en compte certains besoins sociaux (la santé, la culture, les solidarités, les enjeux environnementaux, la gestion, la sureté et la sécurité des processus de travail, de production, des « marchandises » elles-mêmes etc.).

La notion de services apparait quand ces transformations se montrent au grand jour comme nécessaires ou possibles. « Les activités de services prenant le pas sur l’industrie » devint alors une évidence révolutionnaire pour certains : à Droite et à Gauche.

Cette thèse, somme toute récente, est déjà remplacée par d’autres. Ce serait au tour des activités numériques pour certains, informationnelles pour d’autres, qui de devenir premières.

Enfin d’autres insistent désormais sur le besoin de faire premières des activités plus respectueuses de l’environnement au nom parfois d’un messianisme scientifique très souvent oublieux du règne de la nécessité moderne d’une humanité de plusieurs milliards d’hommes.

Définir une activité comme première finalement se révèle moins opératoire que le classement plus classique : secteur primaire, secondaire, tertiaire... qui témoigne bien mieux de l’articulation des diverses activités humaines.

De l’usage de cette notion de 1ère activité

A bien y regarder, cette manière de définir un secteur économique premier a d’abord sens politique. Le fait de produire des valeurs d’usage à sacrifier au titre du règne moderne de la nécessité passe au second plan. L’appartenance de classes et le rapport social de production sont de fait tout autant relégués. La nature du travail et des valeurs d’usage de l’activité et de la marchandise font références. Première entorse à Marx ? Dès le 1er chapitre du livre 1 du capital (La marchandise) celui-ci n’invite-t-il pas à différencier entre la forme, les qualités (l’usage, l’utilité) nécessaire à cette marchandise et au travail qui la produit (le travail concret), et le processus social qui conduit aux besoins d’une valorisation économique, d’une évaluation d’une valeur à partir d’un étalon (le travail abstrait) qui règlera la répartition de ces valeurs d’usages via le marché ?

L’attention est mise sur le travail concret. Mais, finalement, est toujours proposé premier le champ d’activité voué (imaginé tel en tout cas) à accueillir à termes le plus d’emplois, et/ou à créer le plus de valeur économique... Le travail abstrait refait ici surface, mais désincarné, débarrassé de l’inquiétante problématique des rapports de classes. La politique a pu ainsi devenir esclave d’une sociologie et d’une économie niant ou dépassant A. Smith et Marx et leurs antagonismes de classes. Jean-Claude se refuse à ce glissement de la pensée scientifique !

Partir à la recherche de nouvelles activités censées être, ou devenir premières, semble bien pouvoir poser la question de nouvelles révolutions, en définissant de nouveaux acteurs économiques, à vocation majoritaire, du moins centrale au regard de l’enjeu valeur économique, et donc potentiellement politiques. Mais elle le fait en dehors des rapports de classes.

La démarche est d’autant plus pernicieuse quand, historiquement, les organisations de classes ont confondu un peu trop prolétariat, classe ouvrière, ouvriers, ou sanctuarisé la nature de l’activité, (la production de valeurs d’usages matérielles) à la compréhension de l’exploitation, au sens du rapport d’un temps de travail non-payé et d’un temps de travail payé et au fait que l’homme vit, s’humanise, s’émancipe autant à partir de valeurs d’usage matérielles qu’immatérielles. Le cerveau et la main sont inséparables. De même l’individu et la société.

La grande question est : quel doit-être le point de départ de la réflexion. Marx propose sa réponse dans l’idéologie allemande. Il adresse ce texte à ses pairs de la pensée académique, bien plus qu’au monde du travail. Il y dresse sa propre culture académique pour protéger les « ouvriers » de l’influence de ce monde académique qui participe redoutablement à l’emprise de l’idéologie dominante, même quand il s’en défend... Ensuite, il écrivit le Capital, un livre de stature académique et pédagogique pour les futures générations des deux mondes (Cf. La préface).

Quels apports pour le 38è congrès et au-delà ?

Le texte de Jean-Claude est donc important car, de mon point de vue, il renvoie de fait à une des questions qui peut aider à surmonter en conscience les limites de certaines visions actuelles du communisme, de l’organisation et du processus politique à engager pour une refonte d’une réelle indépendance idéologique du PCF.

Est-il nécessaire, ou possible, de changer les rapports sociaux à chaque fois que le régne de la nécessité semble promettre ou appeler quelques transformations, et donne à de nouvelles catégories de « producteurs » et d’activités la centralité économique ?

L’histoire ici témoigne précieusement. Les modes de production sont très résilients : 1500 ans pour le seul ordre féodal occidental qui ne cessa de rendre libre du servage initial des masses considérables de producteurs... Les modes impérialistes antiques et leur esclavagisme, leur tribu des vaincus ou conquis à leur vainqueur, perdurèrent plus longtemps encore... Tous eurent des essors remarquables, des évolutions notables dans leurs modes de vie, et même dans leurs équilibres politiques et institutionnels et de classes. Pourtant à un moment donné, ils rendirent les armes.

A l’évidence, le régne de la nécessité peut avoir à se transformer mais le mode de production en vigueur peut parfois y suffire. Et par ailleurs, ces transformations du régne de la nécessité peuvent avoir des causes objectives ou des raisons subjectives diverses.

Parfois même, elles relèvent de causes extérieures à toute évolution des forces productives.

L’écroulement simultané des deux modes de production occidentaux « barbares » et romain n’est lié à aucune nouveauté en matière de forces productives mais à leur paralysie. Il est lié à une implosion des mécanismes de classes de ces deux modes de production qui assuraient la richesse sociale que ces deux sociétés se partageaient dans des compromis politiques et des phases de violence. Le mode de production féodal naquit d’une volonté conjointe de leurs classes dominantes et exploiteuses de préserver leur domination politique à défaut de pouvoir préserver la production du règne de la nécessité de leurs modes de production respectifs intriqués inexorablement. Entre acculturation, intégration, compromis et phases de conflits.

La révolution néolithique s’est-elle faite sous la pression d’un changement climatique, d’une démographie trop conquérante, ou à travers une évolution significative des forces productives matérielles ? En tout état de cause, un nouveau régne de la nécessité et de nouveaux rapports émergèrent dialectiquement de l’intelligence et des volontés des hommes. Il semble néanmoins acquis que certains aspects de la vie des hommes se firent plus rudes, plus difficiles.... Dans un premier temps en tout cas...

La révolution qui vit le mode de production du capital supplanter l’ordre féodal est lié à la concomitance d’un régne de la nécessité à transformer (mais ce n’était pas la première fois) et de la nécessité et de la possibilité émergente d’y satisfaire bien mieux à conditions de transformer les rapports sociaux. Marx eut à penser cette situation en premier lieu... Les conditions révolutionnaires sont réunies lorsque les rapports sociaux entrent en contradiction avec le niveau de développement des forces productives.

Les révolutions russes et chinoise témoignent que l’intelligence politique peut forcer le destin, anticiper les transformations du règne de la nécessité et court-circuiter le développement « naturel » des forces productives et le passage par certains rapports sociaux.

Le premier processus est historiquement « plus naturel » : le second plus « politique » est élaboré à partir de l’expérience du premier. C’est un pari de l’intelligence et de la volonté politique, une immense expérience empirique qui s’impose sur un empirisme historique plus « pragmatique », plus ou moins raisonné de la lutte des classes...

Sommes-nous aujourd’hui devant une révolution encouragée « naturellement » ou devant une « fenêtre historique » où l’on peut forcer la marche du monde ?

Sommes-nous objectivement dans une phase « naturellement » révolutionnaire ou dans une fenêtre propre à des paris ou des utopies révolutionnaires ?

En tout état de cause, il n’est pas possible de considérer ici que, si pari, si utopie à saisir il y a, ils sont de même nature que ceux de Lénine ou de Mao, de Fidel et du Che et de quelques autres grands révolutionnaires.

Il n’est pas plus possible de considérer que la révolution s’offrant possiblement « naturellement » à nous, sera celle d’un front populaire « ouvrier ». L’Histoire a donné tort à Trotski et quelques autres [3]. Les forces productives, celles de la machine-outil de Marx, n’étaient pas à leur sommet en 1930/40 . Elles n’avaient pas fini d’évoluer... Et elles n’ont certainement pas fini de le faire... La question ici est : en quoi (et pourquoi) Marx nous est toujours aussi utile ?

Enfin, dernière hypothèse, sommes-nous contraints de « l’extérieur » (les limites de la planète et nos liens à la nature, l’urgence climatique, énergétique etc.), qui rendraient caduques notre mode de vie et de production, le règne de la nécessité que nous produisons ? Que dire alors, que faire de nos forces productives ? Quel nouveau règne de la nécessité instruire ? Quels rapports sociaux cela appelle-t-il ? Faudrait-il relativiser l’urgence à penser à rester ou redevenir communiste ? Faut-il même ranger l’étendard ?

Ce triple questionnement me semble renvoyer assez clairement à ce qui divisent sans fin les communistes depuis plusieurs décennies.

Au-delà de l’incontournable bilan de notre activité, voilà qui devrait permettre de commencer à faire bilan des transformations du monde des hommes par leur travail et de nos difficultés à y faire face, Alors, il sera possible de trancher en raison et en clarté quelques choix stratégiques pour notre prise de parti. Le 38ème congrès sera extraordinaire. Que certains essaient d’user de cette dynamique pour mener leur barque personnelle, importe peu ici. L’opportunisme politique individuel ne fonde pas une organisation, une prise de parti durable.

Nous serions-nous éloignés des questionnements de Jean-Claude ? Je ne le crois pas ? Son texte rappelle ceci : Quand les forces productives sont la cause des transformations du règne de la nécessité, tout nouveau règne de la nécessité se construit sur l’ancien, l’élargit et l’étends.

Comment résumer l’histoire modernes des forces productives ?

J’insisterai donc ici sur un dernier fait que Jean-Claude souligne d’ailleurs.

La fonction du capital est de mettre en relation rationnelle, organisée, planifiée, utile, efficiente, le producteur séparé radicalement de la « matière du travail », afin de tirer de cette « matière » une valeur d’usage valorisable économiquement, c’est-à-dire propre à accumuler, produire de manière privée via l’échange, du capital qui lui-même demandera à s’accumuler selon le même processus.

Dans les années 60, puis 80, le capital dut redécouvrir pour préserver au mieux sa propre domination, ses propres intérêts, l’enjeu de l’apport humain dans le travail. C’est le grand sens de la notion de services, en tant qu’activités où la nature de la valeur d’usage à produire restait réfractaire à l’usage de machine, contrairement à l’industrie et l’agriculture.

Le capital ici n’était utile que par sa capacité à regrouper les forces de travail et à organiser scientifiquement leur travail, comme il ne cesse d’apprendre à le faire depuis la manufacture qui, à ses débuts, connaissait fort peu la machine.
Dans les années 60 et 80, la machine ne pouvait prendre place que dans certaines fonctions de services, en gestion, comptabilité, dans les standards téléphoniques, où une certaine partie de la médecine par exemple. Aujourd’hui, le capital peut continuer à accentuer l’organisation scientifique du travail dans toutes les activités de services et en plus, il peut espérer y introduire plus largement des machines inédites.

Car dans les années 1935-45, sous l’impulsion des mathématiques, deux modèles de machines et de système technique furent inventés. La machine universelle de Turing, et le modèle cybernétique de Wiener. Il manquait la puissance de la technologie et d’immenses infrastructures (les réseaux et les banques de données), une industrie adaptée à ces besoins (le hardware séparé de l’industrie logicielle, les bases de données, les opérateurs de réseaux séparés des Gafas et autres plateformes). Depuis les années 70/80, tout cela a été construit techniquement, imposé politiquement à l’échelle mondiale.

Désormais l’homme sait déployer des machines dans toutes les disciplines et activités qui se prévalent de penser scientifiquement, rationnellement, conceptuellement. Car la machine de Turing peut simuler, reproduire, transcender tout travail rationel, conceptuel, systématique de la pensée humaine, tandis que l’approche de Wiener permet d’ouvrir cette machine à un certain apprentissage mécanique. Pour le dire en quelques mots, l’homme sait fabriquer des machines ouvertes à l’inconnu, à l’aléa, à l’imprévisible, à l’imprévu [4] . Ces qualités relevaient jusqu’ici de l’homme, et même du vivant le plus élémentaire : la capacité empirique de s’adapter pour se reproduire au prix éventuel de certaines adaptations/expérimentation évolutives peu ou prou assurées d’efficacité réelle.

La machine de l’ère moderne est déterministe dans ses principes mécaniques et scientifiques, son fonctionnement, mais offre une réactivité, une flexibilité, une prise en compte de la situation, de l’environnement à l’image de ce que fait l’homme. Elle lui donne le change jusqu’à prétendre prolonger l’horizon des capacités humaines d’imagination et de "calcul".

Les activités de services sont donc désormais vouées à être conquises totalement par la logique du capital. La machine qui « sait » être en concurrence avec l’homme le supplante, toujours. En tout cas transcende ses capacités naturelles, Sinon, elle n’est pas fabriquée dans aucun mode de production en charge d’assurer le règne de la nécessité. La science, les jeux, les arts échappent peu ou prou à cette réalité.

Rétrospectivement, l’histoire des 7 dernières décennies se résument du point de vue des forces productive à ceci : L’humanité, à l’ouest comme à l’est, est sorti discrètement de son ère de la machine-outil au tournant de la seconde guerre mondiale. Sur une courte période, le capital dû et y parvint cahin-caha, réintroduire l’enjeu du travail humain. Mais déjà, dès ces années 60/70, il pouvait de nouveau songer à le nier à un autre niveau que celui de l’action de la main et du geste. A l’Est les hommes du socialisme réel firent d’autres choix. L’écrasement du printemps de Prague acte une immense erreur de jugement... Dans les années 1980-90, l’effort de correction ne fut pas mené correctement ou ne pouvaient déjà plus l’être. Aux historiens de lever quelques voiles.

En 2018, il n’y a jamais eu autant besoin de machines, de nourriture, d’eau potable, d’énergie !) et il n’y a jamais eu besoin d’autant d’éducation, de culture, de science, de formation professionnelle supérieure, de logements, de soins). Tout ces besoins appellent désormais des valeurs d’usages qui relèvent du régne moderne de la nécessité. A comprendre en lien avec les possibilités et nécessités sociales de les produire... Avec désormais d’inédits artefacts de travail et machines. Nous sommes donc ici en permanence sur le terrain bien compris de la satisfaction des besoins sociaux. Ce qui d’ailleurs offre quelques points d’appui essentiel pour articuler en France mouvements politique et syndical.... Luttes concrètes, visant des acquis concrets, et politisation de ces luttes.

Plus largement encore, à chaque fois, ceux qui savent articuler le besoin de respecter l’ancien règne et celui à venir prennent une longueur d’avance politique sur les sociétés qui ne se transforment pas ou tentent de se transformer en oubliant les besoins issus de l’ancien règne. L’enjeu de la course Chine/USA est celui-là. Et l’Urss n’a pas abandonné toute ambition de s’y mêler et nombres d’autres pays encore. C’est donc aussi le terrain des rapports de forces géopolitiques, du besoin de penser un nouvel internationalisme des communistes.

L’homme se produit par son travail ! Cela restera-t-il l’unique voie ?

Jean-Claude montre que la notion de services rend compte de certaines transformations du règne de la nécessité du fait de l’évolution des forces productives ; que l’industrie ne continuera pas moins d’en être un des terreaux nourriciers de toutes les transformations des activités humaines.

N’en soyons pas surpris. Le communisme est, dans une de ses nombreuses définitions, le temps où les machines tourneront toutes seules (du moins bien plus qu’aujourd’hui) et ces machines sont le fait de l’industrie ? Mais alors ni l’activité industrielle, ni celle des services, ni celle de l’agriculture ne sera plus la « première » activité des hommes. La première des activités des hommes n’aura pas à produire pour le règne de la nécessité.

Pour autant, cette future première activité ne contribuera-t-elle pas à modifier ce règne de la nécessité puisque, à coup sûr, elle transformera l’homme, cet homme qui jusqu’à présent se transforme par son travail pour le règne de la nécessité ?

N’en n’avons-nous pas déjà un avant-goût avec le droit à la retraite ? Du moins depuis que celle-ci n’est plus seulement de l’ordre de l’idéalisme (Cf. la retraite comprise car vécue comme celle des morts et dénoncées par la CGT et Jules Guesde, contre la retraite perçue avancée révolutionnaire en principe, en promesse de Jaurès).

[2Cf. Engels, la dialectique de la nature.

[3« La prémisse économique de la révolution prolétarienne est arrivée depuis longtemps au point le plus élevé qui puisse être atteint sous le capitalisme. Les forces productives de l’humanité ont cessé de croître ». Programme de transition ou l’agonie du capitalisme et les tâches de la IVe Internationale Paris septembre 1938

[4Voir les travaux d’Ivan Lavallée sur la cyber-révolution en appui sur des travaux scientifiques comme : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00814812v2 et Probably Approximately Correct de Leslie Valiant ed. Perseus group, Philadelphia 2013

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    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).