La lettre de juin 2014

, par  Jacqueline Roussie , popularité : 3%

Le premier juin 2014

Monsieur le Président Obama

The White House, 1600 Pennsylvania Avenue N.W., Washington DC 20500 USA

Monsieur le Président,

Le 18 avril, l’écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez nous quittait. "Le monde a perdu l’un de ses plus grands écrivains visionnaires, et l’un de mes préférés quand j’étais jeune", avez-vous déclaré en apprenant son décès.

Gabriel Garcia Marquez a joué un rôle important dans l’histoire des agents antiterroristes cubains du réseau Avispa auquel appartenaient Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Fernando González, Ramón Labañino, et René González, « les Cinq » comme on les appelle.

En avril 1998, cet écrivain était parti à La Havane à la recherche d’un complément d’informations pour écrire un article concernant la récente visite du Pape Jean-Paul II à Cuba. Ami du président cubain, Garcia Marquez avait rencontré ce dernier, et lui avait fait part de son départ prochain pour les États-Unis où il devait assurer un atelier de littérature à l’université de Princeton à partir du 25 avril. Il l’avait informé qu’il rencontrerait peut-être le Président William Clinton.

C’est dans ce contexte que le Président Fidel Castro avait confié à l’écrivain une mission « non officielle », mais capitale, pour faire savoir au Président des États-Unis que l’organisation terroriste FNCA (Fondation Nationale Cubano Américaine) avait mis sur pied un plan diabolique qui prévoyait de poser des bombes dans des avions de lignes cubaines, ou d’autres pays desservant Cuba à partir de pays latino-américains. Bien sûr, Monsieur le président, les agents Cubains n’étaient pas étrangers à cette information.

Finalement Garcia Marquez n’avait pas pu rencontrer le Président Clinton, mais il avait été reçu le 6 mai 1998 à la Maison Blanche dans le bureau de McLarty par trois fonctionnaires du Conseil de Sécurité Nationale à qui les révélations de l’écrivain avaient fait froid dans le dos. Je vous passe les détails de l’entrevue et du jeu diplomatique qui s’en était suivi, mais la conséquence en avait été la venue à La Havane d’une délégation de fonctionnaires du FBI le 15 juin. Des experts cubains s’étaient entretenus longuement les 16 et 17 juin avec cette délégation, et lui avaient remis un dossier très complet sur les attentats en préparation afin que puissent être arrêtés les comploteurs.

La direction de la mafia terroriste de Miami qui avait eu vent des contacts entre Cuba et les États-Unis, n’avait pas perdu de temps pour obtenir un changement de la tête du FBI de Sud Floride. Hector Pesquera arrivé en mai 1998 à Miami depuis Porto Rico, nommé chef du FBI de Sud Floride le premier septembre, faisait arrêter les agents Cubains le 12 septembre.

Pesquera a mis toute son énergie à poursuivre les membres du réseau Avispa, et pendant ce temps, sur le territoire qu’il contrôlait, au moins 14 membres d’AL Quaïda s’entrainaient en toute quiétude pour préparer les funestes attentats du 11 septembre 2001.

Le jugement des Cinq à Miami a été une parodie. Dans cette ville, un jugement équitable pour eux était impossible. Comme l’écrivait dans le New York Times du 14 octobre 2009 le docteur Pastor, ancien conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter pour l’Amérique latine, « Un jugement contre cinq agents de l’intelligence cubaine se déroulant à Miami est aussi juste qu’un jugement contre un agent de l’intelligence israélienne qui aurait lieu à Téhéran ».

Les Cinq ont été lourdement condamnés, la palme revenant à Gerardo Hernández qui purge deux perpétuités plus quinze ans. On l’a accusé de « conspiration en vue de commettre un assassinat » sans aucune preuve. Cette charge avait été ajoutée à son dossier judiciaire huit mois après la constitution de celui-ci.

Le 22 janvier 2003 dans une émission radio de Miami, « Radio Martí », Pesquera avait déclaré à propos du réseau Avispa : « je suis arrivé ici en mai 1998. On m’a mis au courant de la situation. Nous avons alors commencé à mettre l’accent sur le fait que cette enquête ne devait pas en rester aux questions de renseignements. Elle devait changer de nature et se transformer en une enquête criminelle ». Ces propos nous éclairent sur l’accusation imputée après coup à Gerardo Hernández. Il serait bien facile d’innocenter cet homme, mais votre pays refuse aux avocats l’accès aux documents indispensables pour le faire.

Cette volonté de la part de votre pays, de nuire à Cuba n’est hélas pas terminée. Dernièrement, le 26 avril, les autorités cubaines ont arrêtés quatre terroristes, José Ortega Amador, Obdulio Rodríguez González, Raibel Pacheco Santos et Félix Monzón Álvarez venus de Miami pour préparer des attentats contre des installations militaires.

Monsieur le Président, il faut en finir avec une telle politique ! Écoutez donc la voix de la délégation de parlementaires de votre pays qui a visité Cuba début mai. Conduite par Barbara Lee, cette délégation composée de quatre élus a rencontré votre compatriote Alan Gross à l’hôpital pénitentiaire de La Havane, et vous a appelé à ouvrir des négociations en vue de sa libération. Elle souhaite que ces négociations soient élargies au sort des trois agents secrets cubains Gerardo Hernández, Antonio Guerrero et Ramón Labañino, emprisonnés aux États-Unis.

Écoutez aussi les nombreuses voix qui s’élèvent en ce début juin à Washington pour vous demander la libération de Gerardo Hernández, Antonio Guerrero et Ramón Labañino.

Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.

Jacqueline Roussie

64360 Monein (France)

Copies envoyées à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Kathryn Ruemmler, Janet Napolitano, à Messieurs Joe Biden, John F. Kerry, Harry Reid, Eric Holder, Pete Rouse, Rick Scott et Charles Rivkin, ambassadeur des États-Unis en France.

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