L’Union est un combat (1) Georges Marchais. RAPPORT AU COMITÉ CENTRAL, PARIS, 29 JUIN 1972

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Un texte important qu’on ne trouve pas sur internet, le rapport de Georges Marchais proposant au comité central en Juin 1972 de valider le programme commun dont la rédaction vient d’aboutir avec le parti socialiste.

Cette première partie expose le contexte historique et la stratégie du parti communiste, le projet de programme, les conditions de négociations avec le parti socialiste...

Une deuxième partie expose les arguments de Georges Marchais pour proposer aux communistes d’accepter ce programme... malgré les risques qu’il éclaire concernant le PS... C’est sans doute cette partie qui conduira le comité central à ne pas publier ce rapport, contrairement aux habitudes. Il sera finalement publié en livre en 1975.

Camarades,

Vous avez pris connaissance du projet de programme commun élaboré par les représentants de notre Parti et du Parti socialiste, et adopté par les délégations des directions de nos deux Partis. Il est aujourd’hui soumis à la discussion et à l’approbation du Comité central.

La décision que nous avons à prendre est de la plus haute importance. Elle ne peut absolument pas être comparée avec celles que le Comité central a prises au cours des dernières années lors de la ratification des précédents documents communs. Les conséquences de la décision d’aujourd’hui sur la vie et l’activité du Parti, sur les conditions générales de notre lutte seront beaucoup plus profondes et plus durables.

Le texte du projet, comme chacun peut le constater, va lui-même beaucoup plus loin que tous les documents antérieurs adoptés ensemble par le Parti socialiste et le Parti communiste au long de leur histoire. C’est un texte sans précédent.


C’est en premier lieu le fruit de la bataille pour l’unité persévérante, inlassable, conduite par notre Parti depuis de longues années.

Pour nous communistes — nous l’avons souvent dit mais il faut le répéter précisément aujourd’hui — la lutte pour l’unité de la classe ouvrière, pour l’union de toutes les forces démocratiques est une politique constante, une politique de principe.

L’union est un moyen essentiel pour le succès du combat contre le grand capital. Elle est nécessaire à toutes les étapes de celui-ci.

C’est pourquoi, même dans les pires difficultés, notre Parti n’a jamais renoncé à sa lutte pour l’union. Il ne s’est jamais laissé aller au découragement, au repli sectaire.

Ainsi, au lendemain de l’échec sérieux de 1958, sous l’impulsion de Maurice Thorez, il a entrepris immédiatement un effort patient et tenace pour aider les ouvriers socialistes, les travailleurs et les démocrates dans leur masse à se tourner contre le pouvoir des monopoles dont la politique ne pouvait que les léser.

Les communistes eurent pour souci d’élargir peu à peu les rangs de l’opposition au pouvoir personnel, de favoriser les actions parallèles contre celui-ci. Le mot d’ordre : marcher côte à côte et frapper ensemble, mis en avant en 1962, fut l’expression de cette tactique adaptée aux circonstances.

A partir de 1963, il fut possible de passer à certaines formes d’action commune.

Dès 1964, à son XVIIe Congrès, notre Parti plaça l’objectif d’un programme commun des partis et organisations démocratiques au centre de sa bataille pour l’union. Tirant les enseignements des changements survenus dans le monde et en France, Waldeck Rochet déclarait alors « qu’il était possible d’envisager une unité allant au-delà de ce qu’elle fut en 1936 et 1945 ».

Les communistes engageaient là une grande bataille qui allait demander beaucoup d’efforts. En relation avec la remontée du mouvement ouvrier et démocratique, avec les progrès de l’action commune, notre Parti prit de grandes initiatives, il favorisa la conclusion d’accords qui furent autant de pas en avant dans la voie du programme commun.

C’est ainsi qu’en 1965, nous avons joué un rôle déterminant dans le regroupement des partis de gauche autour d’un candidat commun pour l’élection présidentielle.

En décembre 1966, nous adoptions avec la F.G.D.S. un premier document qui donnait une base politique, certes encore restreinte, à l’action commune, notamment à la tactique commune pour les élections législatives.

Il fut suivi en février 1968 d’une plate-forme minimum qui élargissait le champ des convergences politiques existant entre les deux Partis.

Enfin, en décembre 1970, un nouveau progrès fut enregistré dans la recherche d’une entente solide entre communistes et socialistes avec la publication du premier bilan des conversations engagées entre nos deux Partis sur les conditions fondamentales d’un accord politique.
Nous examinons aujourd’hui un projet de programme commun.

Ces progrès importants de notre combat pour l’union ne peuvent naturellement être séparés de l’évolution générale de la situation dans notre pays.


C’est en effet dans le développement de la crise du capitalisme monopoliste d’État que ces progrès puisent leurs racines profondes.

Toutes les couches de la population laborieuse, à commencer par la classe ouvrière, connaissent au­jourd’hui de graves difficultés d’existence.

Chacun s’interroge avec inquiétude, voire avec anxiété sur sa situation, sur l’avenir. L’instabilité, l’insécurité dominent.

Les hommes politiques et les idéologues de la bour­geoisie parlent d’abondance de « crise de la civilisa­tion industrielle ». Us mettent « la croissance » en accusation.

Selon eux, les difficultés des travailleurs et de la grande majorité des Français, les problèmes qui se posent dans tous les domaines de la vie nationale seraient la conséquence inéluctable des progrès rapides des sciences, des techniques et de la production. Confrontés à ces problèmes, les uns proposent de mettre un peu de baume sur les plaies et dans les cœurs, mais non de soigner la maladie. C’est le cas du C.N.P.F., c’est le point de vue d’Edgar Faure ou encore de Giscard d’Estaing qui se demande — avec une grande hardiesse de pensée — s’il ne faut pas renoncer à « un point de croissance » plutôt que « d’énerver la société ».

D’autres — remettant au goût du jour les théories réactionnaires les plus éculées — proposent de renon­cer au progrès des connaissances, à l’accroissement des richesses sociales, à l’expansion de l’humanité.

« A quoi bon travailler, étudier, voyager, essayer de construire un foyer confortable, avoir des enfants ? On peut être heureux sans cela », s’écrie le commis du grand capital Mansholt.
Quelle aubaine si les masses populaires pouvaient ainsi accepter tranquillement la pénurie, les travailleurs les bas salaires et le chômage, les familles la réduction de leurs allocations, les jeunes la ségrégation scolaire et l’inadaptation de l’enseignement !

En vérité, tous ces rebouteux du capitalisme en­foncent la société dans l’impasse.
Car la solution des problèmes nouveaux soulevés par le développement des forces productives, la satis­faction des besoins que ce développement fait appa­raître, appellent une profonde transformation des structures économiques, sociales et politiques du pays.
Or, les hommes du grand capital — qu’ils soient à la direction de l’économie ou à la direction de l’État — n’ont qu’un objectif : la recherche du profit le plus élevé possible pour quelques-uns au détriment du plus grand nombre.

Après 1958, le grand capital — en renforçant sa domination sur l’économie et sur l’État — escomptait résoudre les contradictions de son système pour une longue période. Les progrès des techniques et de la production devaient, à eux seuls, assurer l’abondance pour tous, permettre l’intégration de la classe ouvrière au système, l’extinction de la lutte des classes. Pro­duisez plus, vous vivrez mieux, tel était le mot d’ordre.

Nous avons affirmé, alors seul comme Parti que, bien loin de résoudre les contradictions du capita­lisme, la politique du pouvoir des monopoles donne­rait naissance à des contradictions plus profondes, plus étendues.

C’est effectivement ce qui s’est produit.

Et, confrontée avec les exigences de la révolution scientifique et technique, avec l’aiguisement de la concurrence internationale, avec la montée du mé­contentement populaire et des luttes, la bourgeoisie monopoliste a pratiqué une sorte de « fuite en avant » accentuant encore tous les traits négatifs de sa poli­tique. Comme l’a montré notre XDCe Congrès, celle-ci est entrée dans « une nouvelle étape ».

Elle se caractérise essentiellement par le renforce­ment de la concentration et des capacités financières d’un nombre restreint de monopoles géants de taille internationale, par le drainage systématique du maxi­mum des ressources nationales dans leur direction, par une exploitation accrue des travailleurs et de l’ensemble de la population laborieuse, par la concen­tration autoritaire de tous les pouvoirs au sommet de l’État, par le resserrement des liens avec les parte­naires impérialistes.

Mais ce qui est significatif de la situation actuelle, c’est précisément que ces moyens mis en œuvre à notre époque par le grand capital pour résoudre ses contradictions perdent de plus en plus de leur efficacité. Ils sont devenus eux-mêmes la source de contradictions nouvelles profondes.

C’est de cela qu’il s’agit lorsque nous parlons de crise du capitalisme monopoliste d’État. Car la crise actuelle n’est pas la crise d’on ne sait quelle civilisa­tion industrielle, c’est la crise d’un système, d’un type d’organisation de l’économie et de la société.

L’actualité apporte sans cesse des exemples de cette incapacité croissante de la bourgeoisie monopoliste à calfeutrer durablement les brèches de son navire.

C’est ainsi qu’un accord — « inscrit dans la pierre de l’histoire » comme l’a dit Nixon — avait été réalisé il y a à peine six mois en vue de stabiliser le système monétaire des pays capitalistes. Un autre accord d’harmonisation avait été conclu entre les pays ouest- européens. Tout est remis en cause avec la crise de la livre anglaise.

Sur un autre plan, le président de la République espérait à la faveur du référendum du 23 avril, conso­lider et élargir sa majorité. Il a échoué. Et depuis, la coalition gouvernementale est en plein désarroi. Élections anticipées ou pas, changement du Premier ministre ou pas, mini-remaniement ou pas, chacun se livre au petit jeu des hypothèses et se tourne vers l’oracle de l’Élysée. Car, dans la majorité, on se comporte comme s’il n’y avait plus de Premier mi­nistre. Ce qui saute aux yeux, c’est le caractère déri­soire des remèdes proposés pour résoudre une crise profonde. Le pouvoir, décidément, n’embraye plus sur le pays.

En vérité, comme notre Parti l’a dit, il y a un an, tout montre que nous sommes dans une période de crise généralisée, c’est-à-dire « une période où s’affir­ment les symptômes que la situation ne peut plus continuer comme auparavant-, rester ce qu’elle était auparavant ou le redevenir. C’est la période où les problèmes d’un système se sont développés au point qu’ils doivent trouver une nouvelle réponse ».

En d’autres termes, la France est à la croisée des chemins.

Nous avons dû, nous communistes, expliquer pen­dant de longues années ce qu’est le capitalisme mono­poliste d’État, souligner la liaison intime existant entre les grandes sociétés capitalistes et l’État, agissant ensemble pour surexploiter les travailleurs et le pays. Aujourd’hui, cette liaison entre le pouvoir et l’argent est devenue un fait d’expérience, et d’expérience amère, pour des millions et des millions de gens.

Du même coup, les termes du choix politique appa­raissent de plus en plus nettement : ou bien cette domination économique et politique du grand capital se poursuit et rien ne change, ou bien on s’attaque résolument à l’emprise du grand capital en engageant le pays dans la voie de transformations économiques, sociales et politiques profondes.

C’est notre analyse de cette évolution des réalités et des consciences qui nous a conduits à la conclusion que nous sommes entrés dans une étape nouvelle de notre lutte, dans une période de grandes batailles politiques dont l’enjeu décisif est : maintien ou sup­pression du régime failli des monopoles.

C’est à partir de là que nous avons pris la décision de publier un programme de gouvernement.
C’est sur cette base que se sont effectués les progrès de l’union jusqu’à atteindre le niveau où nous en sommes aujourd’hui.

Naturellement, les choses ne sont pas allées et n’iront jamais d’elles-mêmes.

Le grand mouvement populaire de mai-juin 1968 a constitué la première expression globale de la crise naissante du capitalisme monopoliste d’État. Il a donné au combat pour l’union des dimensions nouvelles.

Des couches sociales plus nombreuses sont entrées dans le champ des luttes de classes. Les bases objectives de rassemblement de ces couches autour de la classe ouvrière se sont élargies.

Comme on le sait, la F.G.D.S. que présidait François Mitterrand n’a pas permis de tirer parti de toutes les possibilités que recélait le mouvement, en refusant alors nos propositions d’alliance sur un programme commun. La grande bourgeoisie a sauvé son pouvoir. Mais elle n’a rien réglé au fond, elle n’a fait que reporter les échéances.

Nous l’avions dit à l’époque : mai-juin 1968 aura des conséquences durables.

En effet, les tendances au développement du combat de classe, au progrès de l’aspiration à l’union pour un changement politique profond n’ont cessé de se manifester et de grandir.
Lorsque l’on réexamine les différentes étapes de cette évolution, il est frappant de relever que si le Parti socialiste a pu freiner, bloquer pour un temps le cou­rant unitaire, il n’a pu empêcher qu’au bout du compte, ce courant reparte à chaque fois de l’avant sous l’im­pulsion de notre Parti.

C’est ainsi qu’en 1969, alors que le départ de de Gaulle créait des conditions pour un élan du mouve­ment populaire, la candidature Defferre a divisé les forces démocratiques. Mais celui-ci a subi un échec sévère et le Parti socialiste a opéré un tournant im­portant et positif à son Congrès d’Issy-les-Mouli­neaux. La reprise des discussions a été rendue possible.

Cependant, le Parti socialiste continuait de refuser notre proposition d’élaborer ensemble — sans atten­dre — un programme commun de lutte et de gouver­nement, ouvrant une perspective claire aux travailleurs, à la majorité de notre peuple.

Il affirmait qu’il était nécessaire d’explorer au préalable « les conditions fondamentales d’un accord politique ».

Tout en soulignant qu’à nos yeux, la discussion sur ce plan entraînerait un retard préjudiciable à l’union, nous avons accepté de faire ce détour, considérant qu’il pouvait aboutir à un pas en avant.

Effectivement, un an plus tard, en décembre 1970, un premier bilan positif des conversations engagées était établi en commun par nos deux partis.

Mais ce bilan — dont je ne rappelle pas le contenu — a suscité de profondes inquiétudes dans la « droite » du Parti socialiste. La volonté de stopper le processus engagé en vue d’un accord fondamental a joué un rôle déterminant dans le changement de direction intervenu au Congrès d’Épinay de juin 1971.

Les camarades se souviennent de l’appréciation que nous avons portée sur ce Congrès. Nous avons dit : il y a ambiguïté.

En effet, les aspirations à l’union — y compris sur la base d’un programme commun — s’étaient forte­ment exprimée à ce Congrès. La motion finale avait dû, dans une certaine mesure, en tenir compte, en réaffir­mant que la ligne du Parti socialiste — en ce qui
concerne ses alliances — resterait celle définie à Issy- les-Moulineaux.

Mais dans le même temps, nous avons considéré que le compromis réalisé entre Mitterrand-Defferre- Mauroy avait pour but de bloquer les discussions engagées, de faire du renforcement du Parti socialiste l’objectif prioritaire, en vue de créer une situation où notre Parti serait contraint au rôle de force d’appoint. Nous avons estimé que la nouvelle direction voulait, pour les élections législatives, s’en tenir à un accord limité, lui laissant les mains suffisamment libres pour drainer des forces sur sa droite, voire réaliser de ce côté certaines ententes.
Nous nous en sommes constamment tenus à cette appréciation.

C’est ainsi que devant le Comité central, réuni en janvier, je rappelai, au nom du Bureau politique, que « les aspirations à l’unité — y compris sur un pro­gramme commun — étaient vivaces dans le Parti socialiste et pèseraient dans les décisions à l’heure des échéances ». Mais dans le même temps, je mettai les camarades en garde contre les tendances à perdre de vue les orientations négatives issues du Congrès d’Épinay.

Nous avons dû lutter contre des tendances de même nature à l’occasion du référendum.
En bref, depuis un an, notre ligne a été de prendre appui sur les aspirations à l’union et au changement pour exercer la pression maximum sur le Parti socia­liste, de développer au maximum l’activité indépen­dante du Parti dans les masses. De ce point de vue, un rôle déterminant a été joué par la publication de notre programme de gouvernement d’union populaire. Notre non au référendum a également exercé une influence positive.

Un fait significatif de la dernière période nous a confirmé dans la justesse de cette ligne et dans la nécessité de s’y tenir : c’est l’épisode de la négociation Mitterrand/Servan-Schreiber.

Il est certain que la direction du Parti socialiste, mettant en avant l’idée que les partis de gauche ne rassembleraient que 35 % des suffrages, escomptait conclure un accord avec Servan-Schreiber, et en tirer ensuite argument pour tenter de nous imposer un accord au contenu limité. Notre pression résolue et finalement l’échec de la tentative ont pesé lourd en faveur d’une issue positive des discussions que nous avions engagées.

Autre élément que j’ai rappelé au dernier Comité central : la volonté manifeste des socialistes de réduire autant que possible la phase de la négociation sérieuse, réelle, avec — là aussi — l’objectif de nous acculer à un accord limité. Au reste, dix jours avant la fin des discussions, Mauroy se prononçait encore, dans son journal Nord-Matin pour un tel accord, comportant un strict minimum de nationalisations.

Nos négociateurs ont dû lutter avec ténacité pour accumuler les heures de discussion et faire progresser, pied à pied, les représentants socialistes.

Telles sont les conditions dans lesquelles le Parti socialiste a été amené à accepter le projet de programme commun.

Au long de cette période d’un an de lutte pour l’union, tout le problème a été pour nous de créer les conditions d’un accord d’un niveau suffisant pour qu’il soit acceptable, ce qui supposait qu’il corres­ponde aux exigences actuelles de la bataille politique, à notre conception de ce que doit être un programme commun.

Comme nous l’indiquions dans les thèses de notre XIXe Congrès :

« L’union que veulent les communistes et qu’ils s’efforcent inlassablement de réaliser est une union qui repose sur une base claire, solide et durable.

« C’est une alliance des forces politiques et sociales qui, voulant une politique novatrice, définissent en­semble un programme de réformes démocratiques profondes dans les domaines politique et économique, sont décidées à lutter ensemble pour faire triompher ce programme démocratique, puis à l’appliquer ensemble demain à la direction des affaires du pays. »

Pour prendre aujourd’hui notre décision, il s’agit d’abord pour nous de se demander si le contenu de l’accord que nous venons de réaliser correspond bien à la conception définie par notre XIXe Congrès.

C’est pourquoi je veux maintenant en venir à l’appré­ciation que porte le Bureau politique sur le document qui vous est soumis.


Comme les camarades peuvent le constater, il s’agit d’un texte qui ne se contente pas de définir quelques options générales ou quelques grandes orientations. Il s’agit d’un texte détaillé, où sont évoqués avec précision tous les domaines de la vie nationale, tous les aspects de ce que serait l’activité d’un gouvernement démocratique sur les plans inté­rieur et extérieur.

D’autre part, ces divers aspects ne sont pas simple­ment juxtaposés ou additionnés ; ils sont étroitement liés entre eux. C’est ainsi, par exemple, que les objec­tifs sociaux avancés, définis dans la première partie, trouvent les moyens de leur réalisation dans les pro­fondes réformes économiques prévues dans la deuxième partie. De même, pour prendre un autre exemple, les mesures de nationalisations sont étroitement liées à l’établissement d’une gestion démocratique des entre­prises nationalisées. Et cette participation effective des travailleurs à la gestion des entreprises est elle- même un des éléments de la rénovation démocratique de toute la vie politique et économique du pays.

L’ensemble du document dessine donc l’image d’une politique gouvernementale cohérente, à la fois novatrice et réaliste.

Le projet qui vous est soumis comporte quatre grandes parties qui concernent successivement :
- les objectifs sociaux du gouvernement démo­cratique ;
- les réformes économiques que celui-ci mettrait en œuvre ;
- les mesures qu’il prendrait pour élargir les droits et les libertés, ainsi que pour démocratiser les institu­tions à tous les niveaux ;
- la politique extérieure qui serait celle du gouver­nement d’union.

Je ne pense pas nécessaire de faire l’analyse du document. Les membres du Comité central le connais­sent. Je veux simplement attirer l’attention sur une série de questions, qu’il est indispensable d’éclairer pour que le Comité central soit en mesure de se pro­noncer en pleine connaissance de cause.

1° Les discussions ont été longues. On peut dire qu’en résultat de notre insistance, elles se sont dérou­lées tout au long de ces trois dernières semaines quasi­ment sans désemparer. Il était en effet indispensable qu’elles soient approfondies. Les ambiguïtés, les équivoques ne pouvaient être de mise dès lors qu’il s’agissait d’établir un accord de cette importance.

Ce souci de clarté et de rigueur dans les discussions était rendu plus nécessaire encore pour une autre raison.

En effet, communistes et socialistes partaient, dans
ces discussions, de leurs programmes respectifs. Or, si le programme de notre parti est tout à fait clair et cohérent, le programme du Parti socialiste — comme nous avions eu l’occasion de le dire — est marqué par l’équivoque, souvent par les contradictions. On peut même dire que, sur la plupart des questions, ce pro­gramme socialiste dit « blanc » dans un alinéa et « noir » dans l’alinéa suivant. En outre, ce programme contradictoire et imprécis, les négociateurs socialistes eux-mêmes l’interprétaient souvent de façon ondoyante, parfois même le traitaient en dérision. Il fallait donc savoir à quoi s’en tenir exactement sur la position du Parti socialiste sur chaque question.

Inversement, nous avons toujours veillé, sur chaque problème, à ne pas arracher à nos interlocuteurs un accord « à l’esbrouffe », par ruse ou dans la confusion. En toutes circonstances nous avons toujours expliqué à fond notre position, nos raisons.

C’est après avoir fait la clarté maximum sur nos positions respectives que nous avons, soit consigné l’accord si les positions des uns et des autres se révé­laient en fin de compte vraiment convergentes, soit cherché un compromis acceptable si les positions étaient différentes.

2° Nous l’avions dit : nous estimons que notre programme à nous, communistes, est le meilleur, c’est-à-dire le plus conforme aux intérêts de la classe ouvrière, de l’ensemble des travailleurs et de la popu­lation laborieuse, de la nation elle-même. Et nous en restons convaincus. Si convaincus que nous sommes bien décidés à continuer d’agir pour en faire triompher les solutions.

Nous n’avons pas du tout l’intention de troquer notre programme contre le programme commun. Nous considérons au contraire ce dernier comme un pas en avant, permettant de créer les conditions les plus favorables pour mettre les masses en mouvement sur nos idées, nos solutions, nos objectifs.

Ceci dit, et précisément parce que nous avons en vue de créer les meilleures conditions à la poursuite de notre action, nous avons toujours expliqué que notre programme n’est pas à prendre ou à laisser. Dès lors que nous voulions — conformément au mandat de nos congrès — l’union autour d’un programme commun, dès lors que nous engagions des discussions pour y parvenir, nous acceptions l’idée de consentir à certains compromis. Sur une série de points diffi­ciles, où les positions de nos partis sont éloignées les unes des autres, de tels compromis ont été réalisés.

Sur quelles bases ?

Nous n’avons consenti aucun compromis qui porte atteinte à nos principes, à la ligne de notre XIXe Con­grès, aux intérêts des travailleurs et du pays, à nos devoirs internationalistes, à ce qui fait que nous sommes le Parti communiste français.

Pour résoudre les questions les plus difficiles, nous sommes partis de l’idée qui nous a guidés dans la discussion de tous les aspects du programme. Cette idée, c’est que chaque disposition de ce programme devait absolument être telle qu’elle favorise l’inter­vention des masses dans le domaine concerné, qu’elle offre un tremplin au mouvement populaire et au développement de son action.

Pour nous, en effet, les dispositions adoptées ne constituent évidemment pas un point d’arrivée ou, selon l’expression significative de Mitterrand, un « seuil maximum ». Il s’agit au contraire de points de départ pour une puissante action des masses, susceptible d’engager effectivement notre pays dans une étape démocratique nouvelle, ouvrant la voie au socialisme.

C’est en partant du souci de créer les meilleures conditions d’une telle action des masses — ou au moins dans les questions les plus controversées, de préserver ces conditions — que nous avons réalisé les compromis indispensables.

J’ajoute que ces compromis ne doivent pas être considérés isolément, mais rapportés d’une part au recul effectué par le Parti socialiste sur une série de questions importantes, d’autre part à l’ensemble du document commun.

3° Quelles sont les caractéristiques essentielles de ce document ?

Concernant les objectifs sociaux, il s’agit d’un programme réellement avancé, capable de susciter un véritable enthousiasme dans les plus larges masses de travailleurs, au premier chef dans la classe ouvrière et chez tous les salariés.

Dans cette partie, le projet est très proche de notre propre programme.

Il faut savoir qu’au départ le Parti socialiste n’enten­dait pas donner la priorité à une politique sociale hardie en faveur des travailleurs et des masses popu­laires. Son propre programme est d’ailleurs imprécis sur ces questions. On peut dire que, pour l’essentiel, ce sont nos propositions qui ont trouvé place dans le document commun. De plus, nous avons obtenu que ces objectifs sociaux figurent en tête du programme, ce que ne souhaitait pas le Parti socialiste.
Naturellement, celui-ci se trouvait, dans ce domaine, directement sous la pression des masses laborieuses, et plus précisément du développement des luttes ouvrières. Je n’en prendrai qu’un exemple : au dernier moment, il a dû consentir à ce que l’âge d’ouverture des droits à la retraite soit ramené pour les femmes à cinquante- cinq ans — et pas seulement à soixante ans comme pour les hommes.

De façon générale, qu’il s’agisse du relèvement du pouvoir d’achat, de l’amélioration des conditions de travail, des prestations sociales, du logement et de l’urbanisation, de l’éducation nationale (où nos deux partis annoncent la création d’un service public unique et laïque) ou de la jeunesse — on retrouve dans ce document la plupart des propositions de notre propre programme.

Les concessions que nous avons faites sont essen­tiellement les suivantes :
- concernant la composition des organismes de gestion de la Sécurité sociale, le Parti socialiste tenait à ce que soit prévue la représentation des employeurs pour un quart, alors que nous estimons que la gestion de ces organismes doit revenir en totalité aux repré­sentants des salariés. En fin de compte, le document ne tranche pas cette question, mais prévoit que « les organismes chargés de la gestion de la Sécurité sociale seront administrés démocratiquement par des conseils d’administration élus ». Nous continuerons donc de soutenir la juste revendication des salariés à ce propos ;
- concernant les divers régimes de Sécurité sociale, le Parti socialiste demandait l’unification pure et simple des régimes des salariés et des non-salariés. Nous sommes, comme les salariés, hostiles à une telle conception. L’accord s’est fait sur une double idée, que nous estimons juste : d’une part l’alignement des avantages des différents régimes, d’autre part la recherche d’une harmonisation des régimes sur la base d’une concertation avec tous les intéressés.

Confrontées à l’ensemble de la politique sociale définie dans le document, ces concessions sont de portée mineure.

La partie du document qui concerne les mesures de démocratisation politique porte d’une part sur les libertés, d’autre part sur les institutions.

Cette partie appelle quelques observations.

Le document déclare :

« Les partis de la majorité comme ceux de l’opposition respecteront le verdict exprimé par le suffrage universel. Si la confiance du pays était refusée aux partis majoritaires, ceux-ci renonceraient au pouvoir pour reprendre la lutte dans l’opposition. »

Nous avons maintes fois affirmé dans la dernière période que notre Parti entendait voir respecter le verdict du suffrage universel, librement exprimé — et exprimé selon un mode de scrutin équitable, c’est-à- dire à la proportionnelle. Cette affirmation figurait d’ailleurs dans le bilan de décembre 1970. Le docu­ment la reprend et en tire la conséquence logique.

Cette affirmation n’a jamais eu, de notre part, un caractère défensif. Au contraire, elle a toujours signifié et elle signifie que nous entendons voir nos partenaires respecter désormais le verdict du suffrage populaire — alors qu’ils ont toujours fait le contraire jusqu’ici. Il s’agit donc d’un engagement de leur part, engagement que concrétise, sur cette base le contrat de législature.
La même appréciation est à porter en ce qui concerne le contrat de législature.

Nous avons accepté — et c’est indiscutablement une concession — qu’en cas de rupture du contrat de législature, la dissolution de l’Assemblée nationale ne soit pas immédiate, mais qu’elle puisse être précédée d’un ultime recours, à savoir la constitution d’une autre équipe ministérielle. Le Parti socialiste tenait absolument à cette procédure « en deux temps » et il était impossible de le faire reculer sur ce terrain. A nos yeux, c’est une indication qu’il souhaiterait avoir, comme par le passé, les mains libres vis-à-vis du suffrage universel s’il le pouvait. C’est pourquoi nous avons cru préférable de livrer bataille sur le plan politique, c’est-à-dire obtenir du Parti socialiste un engagement politique clair devant les masses. A
cet égard, nous sommes parvenus à avoir satisfaction.

En effet, le document stipule que « le programme de gouvernement pour la réalisation duquel la majorité a été élue constituera le contenu politique du contrat de législature ». Il ajoute que « le contrat de légis­lature comportera des engagements réciproques entre le gouvernement et le Parlement et définira les objec­tifs de la majorité pour la durée de la législature, ainsi que les voies et les moyens pour les réaliser.

Le document précise enfin — et ceci est capital :

« Le contrat de législature traduira l’accord politique entre les partis qui s’engageront à s’opposer par le vote négatif de leurs élus à la constitution d’un gouver­nement s’appuyant sur une autre majorité que la majorité de gauche issue du suffrage universel. »

Le Parti socialiste s’engage donc de la sorte et déclare qu’il s’engagera publiquement à rester fidèle au Programme commun, à ne pas participer à un de ces renversements de majorité dont toute son histoire est faite, ni même à permettre un tel renversement.

Que nous ne puissions nous en remettre à un tel engagement de sa part, cela est évident. Il serait dangereux de se faire la moindre illusion sur la sincérité ou la fermeté du Parti socialiste à ce sujet. Il est indiscutable que cet engagement politique du Parti socialiste lui rendra plus difficile de rompre, au lendemain des élections, l’union de la gauche pour passer alliance avec une partie de la droite. En même temps, la vigilance, la pression des masses pour exiger l’application du Programme commun en sera facilitée.

Nous pensons qu’il faut considérer cet acquis comme un succès de notre Parti. Il s’agissait en effet d’une des questions décisives des discussions, d’une des conditions que nous mettions à l’accord. En bref, il s’agissait d’une des garanties que nous entendions obtenir. Et une garantie pas simplement pour nous, mais pour les travailleurs, pour les millions de Fran­çais qui aspirent à l’union et qui ne veulent pas être frustrés de la victoire qu’ils peuvent obtenir.
Je rappelle à ce sujet ce que Waldeck déclarait devant le Comité central le 5 mai 1969 :

« Il y a quelque temps, lorsque nous avons avancé l’idée de la nécessité d’un programme commun de lutte pour la démocratie et le socialisme, les dirigeants socialistes se dérobaient en nous demandant des « garanties ». Or, ce sont les travailleurs, les démocrates et nous-mêmes qui, forts de l’expérience de ces dernières années, sommes en droit de demander de telles garanties. »

Le contrat de législature, passé et rempli dans les conditions indiquées par le document commun, est une de ces garanties.

Les camarades du Comité central peuvent mesurer sur cet exemple le chemin parcouru depuis ces der­nières années.

D’autant plus que l’observation que je viens de faire est valable pour l’ensemble du programme. En fait, dans ces discussions, c’est nous qui avons demandé en tous domaines des garanties, et pour l’essentiel nous les avons obtenues. Du moins dans le cadre de l’objectif qui était le nôtre à cette étape, c’est-à-dire l’élaboration du Programme commun. Car la véritable et, au fond, la seule garantie, c’est l’action propre de notre Parti pour impulser, diriger, organiser et déve­lopper au maximum le mouvement des masses. J’y reviendrai.

Nous avons également obtenu du Parti socialiste l’instauration de la proportionnelle pour les élections législatives et régionales. La question du régime élec­toral des assemblées communales et départementales reste ouverte — le Parti socialiste ne voulant pas encore trancher. Nous continuerons, quant à nous, à récla­mer que la représentation proportionnelle soit appli­quée dans toutes les élections.

La définition de la politique extérieure d’un gou­vernement démocratique — gouvernement auquel nous participerions avec d’autres formations — posait des problèmes particulièrement difficiles.

Pour résumer, il s’agissait essentiellement de l’appar­tenance de la France à la fois à l’Alliance atlantique et à la Communauté économique européenne.

L’une et l’autre portent atteinte à l’indépendance de la France. L’une et l’autre constituent des alliances de classe, ayant pour nature et pour fonction d’enchaîner notre pays au système impérialiste, sous la direction des États-Unis.

C’est pour cette raison fondamentale que le Parti socialiste est profondément attaché ET à l’Alliance atlan­tique et à l’intégration de la petite Europe occidentale.

Nous sommes, quant à nous, résolus à préserver l’indépendance de la France. Notre pays doit pouvoir déterminer librement et souverainement ses institu­tions, sa politique, ses relations avec les autres États. Nous ne transigerons jamais sur ce point.

Nous sommes également résolus à faire en sorte que la politique extérieure — et j’ajoute : la politique militaire — de notre pays ne soit plus soumise aux impé­ratifs de classe du système impérialiste mondial, qu’elles ne s’inscrivent plus dans la stratégie globale de l’impérialisme.
Nous ne demandons pas pour autant que la France rejoigne l’organisation défensive des pays socialistes et adhère au traité de Varsovie. Nous entendons que notre pays mène une politique indépendante à l’égard de tout bloc quel qu’il soit.

Bien entendu, nous tenons compte des réalités actuelles. Dès 1963, notre Parti a dit qu’il ne faisait pas du retrait de l’Alliance atlantique un préalable à l’unité avec le Parti socialiste. Dès 1967, nous avons dit que le Marché commun — dont nous avons com­battu la création — était désormais une réalité et que nous entendions en tenir compte.

Dans ces conditions, quel a été notre souci dans l’élaboration du Programme commun ?
Il a été :
- Premièrement, de préserver en toutes circons­tances la liberté de la France de réaliser le programme de gouvernement démocratique qu’aura ratifié la majorité de notre peuple. Ce qui implique le refus de toute institution ou mécanisme de caractère supra­national, dont les décisions seraient contraignantes pour notre pays ;
- deuxièmement, de désengager, fut-ce progres­sivement, notre pays de l’Alliance atlantique ;
troisièmement, d’affirmer la volonté du gouver­nement démocratique de combattre l’orientation mono­poliste de la Communauté économique européenne.

Comme les camarades peuvent le constater, le Programme commun est profondément marqué par ce triple souci.

L’exposé des principes sur lesquels reposera la politique extérieure de la France démocratique est entièrement conforme aux principes de notre propre programme. Nous avons catégoriquement refusé que figure parmi ces principes la participation de la France à la C. E. E.
En ce qui concerne les problèmes relatifs à la défense nationale, à l’organisation de la sécurité et aux al­liances de la France, le pivot des compromis qu’il a été nécessaire de réaliser est l’idée que le gouvernement démocratique — je cite — « manifestera sa volonté d’engager le pays sur la voie de l’indépendance à l’égard de tout bloc politico-militaire ». C’est en fonction de ce critère — très proche de la notion de « désenga­gement » qui est celle de notre programme—qu’ont été élaborées des solutions que nous estimons acceptables.

Priorité est donnée à l’action en faveur de la sécu­rité collective et du désarmement.
La France ne réintégrera pas l’O.T.A.N. et, si elle ne s’interdit pas de contracter des alliances stric­tement défensives en cas de besoin, elle pourra éga­lement conclure des traités de non-agression.

Le gouvernement démocratique arrêtera immédia­tement l’expérimentation et la fabrication de la force de frappe nucléaire. Il renoncera à la force de frappe stratégique sous quelque forme que ce soit, donc aussi sous la forme d’une communauté nucléaire ouest-européenne.
Deux observations sérieuses sont nécessaires à ce sujet.

D’abord, cette renonciation est restrictive puis­qu’elle ne concerne pas l’armement atomique tac­tique. Et l’insistance acharnée de Mitterrand à laisser la porte ouverte à une force atomique tactique « euro­péenne » est révélatrice non seulement de ses calculs mais aussi sans doute de l’existence de certains projets précis dans les milieux pro-européens. Cepen­dant, nous avons considéré que l’essentiel était à l’étape actuelle, l’abandon de l’arme stratégique.

Seconde observation : en raison de l’obstination du Parti socialiste, le Programme commun ne fait pas mention de la liquidation des charges nucléaires existantes. Aux termes du programme, la France resterait donc équipée de l’armement nucléaire exis­tant au moment de l’établissement d’un gouvernement démocratique. Le Parti socialiste souhaite visiblement maintenir cet armement en état d’alerte et de fonc­tionnement. De plus, comme je viens de le dire, il n’a absolument pas renoncé (il ne s’en cache pas) à la constitution d’une force nucléaire européenne. La plus grande vigilance et la poursuite — sous les formes appropriées — de notre action pour la liquidation proprement dite de l’armement nucléaire français sont donc nécessaires.

Ceci dit, nous avons lié cette concession — sans laquelle le Comité central doit savoir que l’accord eut été rendu impossible — à une condition qui (en quelque sorte) la neutralise. A savoir que « le gou­vernement définira une stratégie militaire permettant de faire face à tout agresseur éventuel quel qu’il soit ».

De ce fait, la politique militaire et l’orientation même de la politique extérieure de la France échappe­raient, dans un domaine essentiel, à la stratégie globale de l’impérialisme, dont la cible désignée à l’avance et en permanence est le système socialiste mondial.

Concernant le Marché commun, les concessions que nous avons consenties — et sans lesquelles il eut éga­lement été impossible de conclure un programme com­mun —, ces concessions sont essentiellement formelles.

Si nous avons souscrit à l’affirmation que le gou­vernement démocratique participerait à la « cons­truction » de la C.E.E., à ses institutions, à ses politiques communes, le document précise aussitôt que ce sera « avec la volonté d’agir en vue de la libérer de la domination du grand capital, de démocratiser ses institutions, de soutenir les revendications des travailleurs et d’orienter dans le sens de leurs intérêts les réalisations communautaires ». C’est là une ligne conforme à celle de notre propre programme, et aussi de la bataille que nous avons menée lors du référen­dum d’avril.

Mais surtout nous avons veillé à ce que l’affir­mation qui figure en tête de ce chapitre — « pré­server au sein du Marché commun la liberté d’action du gouvernement démocratique pour la réalisation de son programme politique, économique et social » — trouve ses garanties en toutes circonstances. Le Comité central pourra constater que nous y sommes parvenus.
Le Parti socialiste a renoncé à revendiquer le pas­sage à la règle de la majorité. Dans l’état actuel du Marché commun et des contradictions interimpéria­listes en Europe occidentale, le statu quo pour les décisions communautaires — c’est-à-dire la règle de l’unanimité — subsistera sans aucun doute pour une période indéterminée. Chaque pays membre garde ainsi un droit de veto. Il en est de même en fin de compte en ce qui concerne les délégations de compé­tence (et non pas de souveraineté) que nous avons admises dans le document, qui sont limitées à des cas particuliers et qui impliquent le jeu des dispositions de l’article 235 du traité de Rome, donc de la règle de l’unanimité.

Ceci dit — et compte tenu des concessions de notre part que représentent en tout état de cause ces points — l’essentiel est ailleurs. En effet, le document indique expressément que le gouvernement démocratique se réservera le droit d’invoquer les clauses de sauvegarde, d’étendre le secteur public, de définir et d’appliquer sa propre politique nationale du crédit et d’utiliser tous autres moyens propres à réaliser la planification démocratique nationale, de pratiquer enfin la coopé­ration économique et politique la plus large avec tous les pays, sans distinction de régime économique et social.

La France restera donc maîtresse de ses décisions, de sa politique économique et sociale, et, en fait, de ses relations internationales — dès lors, bien entendu, que le gouvernement démocratique y sera résolu. En ce do­maine comme dans les autres, c’est naturellement la condition fondamentale pour que le programme, en quelque sorte, tienne parole.

Les chapitres de politique extérieure n’appellent pas d’autres explications de fond. Si nous n’avons pu obtenir la mention d’une reconnaissance immédiate de la R.D.A., le document reconnaît néanmoins l’existence de la R.D.A. comme État, se prononce pour son entrée à l’O.N.U. et prévoit l’établissement avec elle de rapports nouveaux devant aboutir à sa reconnaissance en droit. D’autre part, il se prononce pour la reconnaissance de la R.D.Y., de la Répu­blique populaire démocratique de Corée et du gouver­nement royal d’Union nationale du Cambodge.

Le gouvernement démocratique, non seulement reconnaître le droit à l’autodétermination des D.O.M. et des T.O.M., mais il leur donnera immédiatement les moyens d’exercer ce droit. Ces moyens sont conformes aux revendications des organisations popu­laires représentatives de ces territoires, notamment des D.O.M., telles qu’elles se sont encore exprimées récemment à la Conférence de Paris.

Compte tenu des mesures envisagées pour en finir avec toute orientation néo-colonialiste de la poli­tique de coopération et d’aide, notamment aux pays d’Afrique, on peut dire que si la politique extérieure définie par le Programme commun n’est pas une poli­tique ouvertement, activement anti-impérialiste, elle permettrait néanmoins d’engager notre pays sur une voie nouvelle. D’autant plus qu’il faut ici — j’y reviendrai — faire entrer en ligne de compte l’évolution de la situation internationale, dont la caractéristique est à l’évidence la modification accentuée du rapport des forces de classe à l’échelle internationale en faveur de la détente, de la paix, de l’indépendance des peuples, et au détriment de l’impérialisme.

Pour pratiquer cette politique de large coopéra­tion dans l’indépendance, comme d’ailleurs pour atteindre ses objectifs sociaux avancés, la France doit pouvoir disposer des leviers économiques essentiels.

Il ne s’agit pas ici d’une transition de discours et ce n’est pas par hasard que j’aborde cette question en dernier lieu.

Dès le début des discussions — et pour des raisons de principe sur lesquelles je ne pense pas nécessaire de revenir devant le Comité central — nous avons considéré que la question des transformations écono­miques constituait, si je peux dire, la question des questions. Aucun changement réel ne peut avoir lieu aujourd’hui dans notre pays, dans les conditions du capitalisme monopoliste d’État, aucune amélioration durable du sort des travailleurs, aucune politique authentiquement nationale ne sont possibles si l’on ne parvient pas à limiter, à briser la domination des monopoles sur la nation. C’est la ligne stratégique sur laquelle reposent notre Manifeste de Champigny et notre programme Pour un gouvernement démocra­tique d’union populaire.

C’est pourquoi nous avons mis au centre de notre programme le mot d’ordre : nationalisation des secteurs-clefs de l’économie.

C’est autour de cette question que s’est déroulée la bataille la plus difficile avec le Parti socialiste, et cela jusqu’à la dernière minute.

Pour l’essentiel, en effet, les chapitres portant sur la politique économique n’appellent qu’une remarque : à savoir qu’ils sont proches de nos propositions. La réalisation du programme commun en ce qui concerne la gestion démocratique de l’économie, notamment dans les entreprises nationales, constituerait une ré­forme profondément novatrice, correspondant parfai­tement à nos conceptions et ouvrant à la classe ouvrière des possibilités d’initiative, d’intervention et d’action sans précédent.

La possibilité de cette gestion démocratique est étroitement liée dans le document à la nationalisation des branches décisives de l’économie.

A ce sujet, comme les camarades le savent, le Programme commun prévoit plusieurs mesures de nationalisation.

D’abord, la nationalisation de l’ensemble du sys­tème bancaire et financier. Je n’insiste pas sur l’ex­trême importance de ce point, nous en avons parlé lors de l’élaboration de notre propre programme. Le système des banques et du crédit privé est une des bases de la domination et du parasitisme économique des monopoles. Les grands groupes financiers, intime­ment liés à l’industrie, ont un immense pouvoir sur la production. L’ensemble des moyens financiers de l’État est organisé à leur convenance. La nationali­sation de l’ensemble de ce secteur portera un coup considérable à ces féodalités financières, mettra à la disposition de la nation les instruments financiers dont elle a besoin pour réorienter les fonds selon les objectifs démocratiques, donnera à l’État démocra­tique le contrôle d’une partie importante de l’économie nationale.

Le programme prévoit également des mesures de nationalisations industrielles. Il faut dire que les dis­cussions sur ce point ont été beaucoup plus difficiles. Au dernier moment, elles ont même donné lieu à un véritable affrontement. Ce n’est pas par hasard. Il s’agit en effet d’une question décisive, de la pierre de touche pour juger de la volonté de procéder à des changements réels, de rompre avec la politique et le régime du grand capital, de s’engager sur la voie du socialisme.

Comme nous le disons, dans notre programme, « il serait faux et dangereux de croire que la nationalisa­tion du système de crédit rendrait inutile celle des secteurs-clefs de la production. La croyance dans les vertus d’une politique centrale d’« incitation » par le crédit relève, en fait, d’une conception technocra­tique et autoritaire, dont s’accommoderait fort bien le capital ».
La nationalisation des monopoles dominant les secteurs-clefs de l’industrie est donc indispensable. Elle peut être progressive — cette progressivité étant fonc­tion du rapport des forces existant — mais un seuil minimum doit en tout état de cause être franchi dès le départ.
Or, la position du Parti socialiste était, à cet égard, très restrictive.

Son programme, à la différence du nôtre, n’envisa­geait pas la nationalisation de la pharmacie, ni du pétrole, ni de la sidérurgie, ni de la chimie.

De plus, lorsqu’il s’est agi de désigner nommément les groupes monopolistes devant figurer dans le seuil minimum de nationalisation, il est apparu que le Parti socialiste entendait faire de la nationalisation une vitrine — mais une vitrine vide. Jusqu’aux der­nières heures des discussions, en effet, il s’en est tenu à cinq groupes et il a refusé énergiquement de faire figu­rer la sidérurgie dans le seuil minimum.

Sentant que cette position serait difficile à justifier devant la partie des travailleurs qui continue à lui accorder sa confiance, il a consenti quelques conces­sions. Nous avons lutté pour en obtenir d’autres, tout en veillant à ne pas lui donner la possibilité de rompre en nous présentant comme des « maximalistes », des gens intransigeants. C’est ainsi que nous avons abouti au texte que les camarades connaissent.

Il comporte la notion décisive du seuil minimum.

Il inscrit dans ce seuil une série étendue de secteurs industriels, en général décisifs (industries de base ou de pointe).

Il dresse une liste déjà significative de groupes mono­
polistes qui devront être nationalisés dès l’entrée en fonction du gouvernement démocratique. Ces groupes sont deux fois plus nombreux que ceux proposés par le Parti socialiste — et j’attire l’attention des cama­rades sur le fait qu’une unité, dans ce domaine, cela représente d’immenses capitaux, des ressources hu­maines considérables, un poids économique détermi­nant. Alors que le Parti socialiste acceptait seulement la nationalisation de Dassault, Péchiney, Saint-Gobain et la C.G.E., la liste des nationalisations directes et immédiates prévues par le programme commun y ajoute les géants que sont Rhône-Poulenc, Thomson- Brandt, Honeywell-Bull, I.T.T.-France, Roussr’ Uclaf.

La sidérurgie et le pétrole, ainsi que d’autres secteurs, seront l’objet de prises de participation finan­cière pouvant aller jusqu’à des participations majori­taires. Usinor-Vallourec, Wendel-Sidélor, Schneider, la Compagnie française des pétroles sont expressément désignés comme entrant dans ce cadre.

Comment apprécier cette partie du programme commun ?

Je rappelle ce que contient notre propre programme : « Dans l’industrie, la nationalisation devra porter progressivement sur les secteurs-clefs, qui conditionnent en fait le développement des principales activités natio­nales et qui sont d’ailleurs déjà largement financés sur fonds publics : sidérurgie et mines de fer, chimie, notamment industrie pharmaceutique, pétrole, électro­nique, industries d’armement, aéronautique, grandes compagnies de transports aériens et maritimes, indus­trie nucléaire, industrie automobile, autoroutes. »

Le Programme commun recouvre cet ensemble, à une seule exception près.
En effet, si le Programme commun présente avec notre programme des différences en ce qui concerne trois secteurs, ces différences n’ont pas toutes la même portée.

Le Programme commun restreint la nationalisation de l’électronique à sa branche ordinateurs ; mais, outre le fait que cette branche joue un rôle de pointe, l’élec­tronique se voit concernée aussi par la nationalisation des industries d’armement et nuclaires. Par conséquent, c’est la partie la plus décisive de ce secteur qui est visée par le programme commun.

La sidérurgie a été l’objet de la discussion la plus âpre de toute la négociation. Le Parti socialiste se refusait catégoriquement à la nationalisation de la sidérurgie et il était même prêt à faire de ce point un motif de rupture des négociations, de refus d’un pro­gramme commun. Nous attachons la plus grande im­portance à la nationalisation de ce secteur de base : les trois monopoles qui se le partagent sont de véritables féodalités, dont l’influence économique et politique pèse lourd dans la détermination des orientations nationales ; c’est une industrie qui compte quelque 80 000 salariés et qui constitue une partie décisive de l’activité d’une région comme la Lorraine ; enfin, sa nationalisation est réclamée par les deux grandes organisations syndicales du pays. Nous n’avons pas cru pouvoir faire échouer tout l’accord sur ce seul point. Les travailleurs nous auraient reproché de confondre fermeté et rigidité. C’est pourquoi nous avons fait l’accord sur la base de l’entrée de la sidérurgie dans le secteur public par une prise de participation majoritaire. Cette disposition — il faut bien le compren­dre — doit être appréciée en liaison avec l’existence d’un gouvernement démocratique, avec la mise en œuvre de l’ensemble de la politique sociale et écono­mique prévue par le Programme commun, et surtout avec l’indispensable action des travailleurs, au premier chef des travailleurs de la sidérurgie eux-mêmes. Ceux- ci sont d’autant plus intéressés à ce que la sidérurgie fasse l’objet de prises de participation majoritaire que c’est seulement dans ce cas que les mesures de gestion démocratique joueront dans les entreprises sidérur­giques. Leur pression sera décisive pour faire en sorte que cette possibilité reconnue par le Programme com­mun devienne réalité.
Les commentateurs de la presse écrite et parlée ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : ils font figurer la sidérurgie dans la liste des secteurs dont le Programme commun prévoit la nationalisation. Cela ne veut naturellement pas dire que nous pouvons présenter les choses d’une façon aussi directe. Mais nous pensons que le programme commun offre un solide point d’appui à un puissant développement du mouvement uni des travailleurs en faveur de la nationalisation financière des trois féodaux de la sidérurgie.

Si l’on tient compte de tout cela, le seul secteur où nous n’avons pas obtenu satisfaction est l’automobile. Le Parti socialiste refuse la nationalisation de Peugeot et de Michelin-Citroën. Là est la seule différence réelle avec notre propre programme de nationalisation. Nous avons pu compenser, dans une certaine mesure, ce que nous considérons comme une lacune importante, par la décision commune de faire apporter par le gouverne­ment démocratique aux activités diverses de Renault un soutien préférentiel, donc de mettre cette firme nationale à même de jouer un rôle-pilote.

Pour être complet sur ce chapitre, j’ajoute qu’un premier coup serait porté au trust Hachette par la décision de lui arracher la branche « distribution de la presse » et de faire entrer celle-ci dans le secteur public.

Un chiffre témoigne de l’importance des groupes industriels dont le programme fait figurer la nationali­sation dans le seuil minimum : au total, ces groupes représentent actuellement 25 milliards 600 millions de francs sur une capitalisation boursière de 150 milliards (à la Bourse de Paris).

Mais, surtout, il ne faut pas dissocier, pour bien apprécier cette question, les différents points du cha­pitre intitulé « la démocratisation et l’extension du secteur public ».

A ce sujet, c’est le journal Les Échos qui donne l’appréciation correcte : « En fait, écrit-il, la partie cohérente des informations publiées ne doit pas être recherchée dans une liste plus ou moins boiteuse de grandes sociétés industrielles qu’on désigne ainsi du doigt, mais plutôt dans des définitions générales, celles laissant entendre qu’on veut prendre en mains le secteur bancaire et financier — ce qui, après plusieurs années de concentration de capitalisme financier, représente déjà une large partie de l’industrie fran­çaise — la sidérurgie, l’électronique, le pétrole, les transports aériens et maritimes, le traitement et la distribution des eaux, la construction et les travaux publics, la chimie. Alors les modalités détaillées n’ont qu’une importance secondaire puisque aussi bien l’en­semble de ces secteurs représente à quelques détails près l’ensemble de l’économie française. »

Il y a là une indication générale juste ; cependant, il faut veiller à combattre toute exagération. Il est faux que les mesures prévues par le programme commun touchent l’ensemble de l’économie française : elles ne font entrer dans le secteur public ni l’agriculture, ni les activités de distribution, et surtout elles ne concer­nent que les secteurs, voire les branches-clefs de l’in­dustrie — et, dans ces secteurs, les entreprises monopo­listes. Un très large secteur privé subsistera donc. Il faut être d’autant plus précis dans cette question que l’axe essentiel de la campagne de la réaction contre le Programme commun va être d’identifier démocratisa­tion économique et socialisme. Nous ne pouvons laisser peser aucune équivoque à ce sujet, car elle se ferait au détriment du socialisme, de ce qu’il est et de ce qu’il doit être.

Inversement, Les Échos ont tort de juger « secon­daire » la liste des premiers groupes monopolistes qu’un gouvernement démocratique nationalisera.

D’abord parce que cette liste illustre concrètement pour l’opinion publique, pour les travailleurs le pro­gramme de nationalisation. Ce n’est pas seulement qu’elle permet de fixer les idées, mais surtout elle a valeur d’exemple.

Ensuite parce que désigner nommément des mono­poles était pour nous un moyen indispensable d’en­gager le Parti socialiste, de lui couper les ponts avec le grand capital et avec les forces de droite — non pas de façon irréversible, nous ne devons pas avoir la moin­dre illusion à ce sujet — mais dans une mesure qui lui rende beaucoup plus difficile devant les travailleurs de nouveaux revirements. On comprend que ce soit sur ce point que la discussion ait été la plus difficile, la résistance du Parti socialiste, et singulièrement de F. Mitterrand, ayant été très forte.

A ce propos, les discussions ont totalement confirmé ce que F. Mitterrand laissait entendre dans sa préface au programme socialiste : pour le Parti socialiste, — et malgré ses déclarations générales aux accents volon­tiers gauchistes sur la « socialisation » — le seuil minimum de nationalisation constitue surtout un seuil maximum. Là encore, il importe par conséquent d’avoir bien présent à l’esprit ce qui est l’essentiel : l’essentiel, c’est que le Programme commun — qu’il s’agisse des nationalisations ou de n’importe quelle autre question — fournit un point d’appui extrême­ment positif à un développement considérable de l’action unie des travailleurs, du mouvement des masses populaires pour arracher le pays à la domination des monopoles et l’engager sur une voie radicalement nouvelle.

Voilà donc, camarades, les principaux éclaircisse­ments que nous avons cru indispensable de donner au Comité central en ce qui concerne le contenu du docu­ment qui lui est soumis. Il ne s’agit pas d’une analyse exhaustive, mais seulement de quelques caractéris­tiques des points les plus complexes. Il est par consé­quent tout à fait possible que des membres du Comité central aient des questions à poser sur certains points ou certains aspects des discussions. Si tel est le cas, il ne faut pas hésiter à poser les questions, car chacun doit avoir, non seulement une connaissance très pré­cise, minutieuse, de ce document — mais aussi une bonne compréhension du contenu de l’accord.

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