La FSU, une chance pour le MEDEF ?
Immigration, une chance pour l’Europe capitaliste...

, par  pam , popularité : 1%

Les forces syndicales en France sont-elles devenues un des vecteurs principaux pour faire accepter au monde du travail les règles du jeu de la domination capitaliste ? C’est une question qu’on peut se poser en découvrant avec effarement la une de l’hebdomadaire de la FSU, le grand syndicat progressiste de l’éducation nationale, héritier d’une longue bataille contre la direction réformiste de l’ancienne FEN.

La une nous montre une jeune femme joyeuse, arborant fièrement un tee-shirt "I love Europe", en touriste visiblement puisqu’en pleine action avec son appareil photo. Le montage lui juxtapose une représentation symbolique du sujet du dossier. Alors que la jeune femme est visiblement d’une couche sociale moyenne aisée, blonde, souriante, un homme au style plus "nomade", en jean, avec des cheveux longs noués en masse à l’arrière de la tête, fouille dans son sac pour y chercher certainement des papiers, puisqu’il fait face à deux policiers, l’un de dos, l’autre (a priori, une femme, parité médiatique bcbg oblige) en train de remplir un formulaire.

Quel est le sujet ? vous l’avez deviné ? L’immigration. Et quel est le message donné par ce grand syndicat progressiste jouant un rôle majeur dans le paysage politique de la "gauche de la gauche" ?

"L’immigration est une chance pour l’Europe"

Les rédacteurs ont-il eu conscience qu’ils reprenaient ainsi le slogan de "Business Europe" et de sa branche Française, le MEDEF ? Le programme du MEDEF "Changez d’aire" affirme avec force l’exigence de terminer l’intégration de la France dans une puissance économique et politique dirigée par le grand patronat, en défaisant ce qui reste des éléments de sa souveraineté politique, la souveraineté économique étant elle depuis longtemps défaite. L’objectif est clair, pousser encore plus la "mobilité du travail", en fait des travailleurs, comme condition de la concurrence "libre et non faussée", donc de la mobilité du capital.

C’est pourquoi le MEDEF le répète avec envie à chaque occasion, l’immigration est une chance pour un patronat qui explique encore et encore que les chômeurs n’ont qu’à accepter de plus bas salaires, n’ont qu’à émigrer ailleurs pour voir si l’herbe est plus verte, et que si un patron a besoin de travailleurs, il est normal qu’il aille les chercher le plus loin possible, notamment à l’Est où des millions de personnes confrontés à la survie, sont prêtes à travailler à n’importe quelle condition.

Le MEDEF/Business Europe exploite deux fois les roms, en les rejetant dans la survie permanente, et en les utilisant dans les médias pour organiser la division des travailleurs, installant dans les consciences l’idée que la justice et l’égalité sont impossibles face au risque de la déchéance sociale ! Plus généralement, le patronat exploite deux fois les sans-papiers, les travailleurs "détachés", tous ces immigrés européens de la concurrence libre et non faussée, qui non seulement permettent de réaliser des profits plus importants et assurent la plus grande flexibilité du travail possible, embauché le matin, dehors le soir même sans même avoir besoin de procédures, mais permettent aussi de faire peur à tous les travailleurs, qui sont de plus en plus souvent menacés d’une émigration contrainte !

Cette communication de la FSU est tout à fait "MEDEF compatible". L’immigré est propre et calme devant des policiers qui semblent respectueux, et tout le monde s’exclame avec le grand sourire de ces couches moyennes aisées qui ont les moyens du tourisme tranquille... "vive l’Europe, vive l’immigration"

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On peut tirer deux conclusions de cette une

- d’abord il y a effectivement convergence entre les deux positions politiques sur l’Europe et sur l’immigration. Ceux qui pensent qu’il faut accroitre encore la mobilité du travail, pousser les jeunes, les travailleurs à partir le plus loin possible, à résoudre les problèmes d’emploi non pas en intervenant sur les décisions économiques de leur région, de leur pays, mais en cherchant des solutions individuelles en se mettant sur ce grand marché unique de la concurrence libre et non faussée, tous ceux-là défendent la construction européenne, critiquant ses défauts et insuffisances, mais pour en demander toujours plus, organisant ainsi la sainte alliance objective du patronat et des travailleurs pour "défendre l’Europe".

- ensuite, la une d’un hebdomadaire syndical peut construire un discours politique totalement déconnecté des questions sociales concrètes qui sont posées dans son secteur d’activité, totalement déconnecté des revendications et des luttes sociales...autrement dit, un discours totalement idéologique, totalement politique, mais bien entendu, sans jamais le rattacher à une "prise de parti"... [1]. Car cette une ne trouve pas un signe pour condamner la réforme ERASMUS qui transforme des bourses en prêt et donc des étudiants en clients, rien au contraire pour marquer le refus de l’anglicisation imposée contre les langues nationales, rien contre la remise en cause généralisée des services publics, la privatisation accélérée des universités, l’organisation de la concurrence entre enseignants-chercheurs et établissements avec la reconnaissance officielle des classements individuels ou collectifs, rien contre les réformes Pécresse/Fioraso qui sont toutes la traduction des directives de cette Europe qu’il faudrait aimer...

Non, tous les immigrés économiques le savent, l’immigration, c’est d’abord l’angoisse de l’exil forcé, l’exploitation des passeurs, loueurs de chambres, trafiquants de papiers en tout genre, jusqu’à la soumission à l’exploitation au travail la plus dure, la moins protégée, contrôlée... Mais le travail et les patrons sont totalement absents de cette une, donc totalement dédouanés. Pour la FSU, ils sont en dehors du sujet !

Cette une confirme la nature profonde de cette "autre gauche", cette "gauche de la gauche", dirigée par des (anciens) trotskystes ; alternatifs, écologistes, socialistes, qui ont un point commun politique, leur anti-communisme, qui ont tant fait pour faire disparaitre ce vieux PCF qui leur faisait tellement peur, et qui espèrent bien que ce processus ira à son terme.

Non seulement, ils sont un facteur de division, mais quand le PCF ne joue plus son rôle, et c’est malheureusement le cas sur l’Europe, où le PCF n’existe plus, enfermé dans l’acceptation de la construction politique de l’Union Européenne, ils n’hésitent pas à entrainer les syndiqués, le monde du travail, plus loin encore vers l’acceptation de la domination capitaliste.

Il est au contraire urgent de reconstruire les seuls slogans qui unissent les travailleurs de tous les pays contre leur bourgeoisie.

Prolétaire des tous les pays, unissez-vous, en France, en Espagne, en Pologne, en Roumanie... pour le droit de vivre et travailler au pays

Reste une question posée par cette une : FSU, MEDEF même combat ? C’est aux enseignants syndiqués de le dire !

[1C’est l’avantage du "rejet de la forme parti", du "refus de l’enfermement dans des étiquettes", on peut avancer en sous-main, dans la confusion et le non-dit, mais tout en menant la bataille des idées de manière très organisée, déterminée...

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