38ème congrès PCF
Il n’y a pas d’autre voie possible…

, par  communistes , popularité : 1%

Après le vote qui a placé en tête un texte alternatif à celui proposé par la direction, le député du Nord Fabien Roussel s’est déclaré candidat pour le mandat de secrétaire national. Il explique son choix et le projet qu’il veut porter.

Le PCF est dans une situation inédite, avec deux candidats pour le mandat de secrétaire national. Pourquoi avez-vous proposé votre candidature ?

Fabien Roussel : En plus d’une aspiration à un changement de nos orientations exprimée par le vote du manifeste, s’exprime également un besoin de changement de direction, laquelle doit être en phase avec les orientations actuellement en discussion. J’ai donc proposé à Pierre Laurent de se rencontrer. Nous nous sommes vus et allons encore échanger. Car j’aspire à sortir de la confrontation. L’objectif doit être de construire une direction collégiale, qui réponde au besoin de changement et d’unité qu’expriment les communistes. Je n’envisage pas d’autre scénario qu’une seule liste, qui doit incarner ce renouveau, avec un nouveau secrétaire national. S’il en était autrement, nous serions tous perdants.

Le manifeste dénonce l’effacement du PCF. Comment préconisez-vous d’y remédier ?

Fabien Roussel : C’est un cri de colère. Mais comment cela peut se traduire concrètement ? D’abord avec un parti qui agit davantage. Mener des actions extraordinaires, originales, démonstratives, sur des questions comme le pouvoir d’achat, le coût du capital, l’évasion fiscale, rendrait notre parti plus visible. Ensuite, nous devons créer les conditions pour être présents aux élections. Les communistes s’expriment largement pour que nous participions aux rendez-vous nationaux. Notre absence, lors des deux dernières présidentielles, nous a mis en retrait. Et la peur n’évite pas le danger. Pour les élections locales, il faut tenir compte des contextes politiques, des rapports de forces. Ce qui compte, ce sont les idées que nous allons défendre. Nous pouvons être présents sur une liste avec d’autres, pas forcément en tête. Mais à condition que nos idées soient présentes, et notre parti respecté.

Face aux offensives macronistes, la riposte, sociale et politique, peine pour l’heure à engranger des victoires. Quel rôle doit jouer le PCF pour inverser le rapport de forces ?

Fabien Roussel : Aujourd’hui, la colère domine. Si elle n’est pas nourrie par l’espoir, elle peut se traduire par le pire. Le Parti communiste doit être force de proposition pour montrer que la politique menée par Macron n’est pas une fatalité, que l’argent existe et qu’il faut de manière urgente mieux répartir les richesses. Sinon, je crains que le fascisme ne se rapproche encore du pouvoir. Notre mission est de reconquérir les cœurs et les têtes dans le monde du travail et de la création. Pouvoir d’achat, conditions de travail, vie digne, droit au bonheur… Ce sont toutes ces idées que l’on doit décliner. Le deuxième défi porte sur le climat. Une véritable révolution doit être engagée. Elle ne passe pas par des mesurettes et encore moins par une fiscalité punitive. Le dernier défi, c’est la paix, qui n’a jamais été si fragilisée. Ne nous dispersons plus, soyons à l’offensive sur ces thématiques, à mon avis, structurantes pour le Parti communiste d’aujourd’hui.

Le débat porte également, chez l’ensemble des ­communistes, sur la conception du rassemblement à gauche. Quelle vision en défendez-vous ?

Fabien Roussel : À gauche, des forces politiques ne croient plus dans le clivage gauche-droite. Moi, j’y crois. Récemment, la gauche au pouvoir a déçu. Mais il existe encore des hommes et des femmes de la vraie gauche, sincères et authentiques, qui militent pour le progrès social, pour l’égalité, pour la laïcité, pour la République. Ils se sentent certainement orphelins dans le paysage politique qui domine. Le Parti communiste a la responsabilité de s’adresser à eux.

Et pour les élections européennes, le rassemblement à gauche avec d’autres formations est-il nécessaire ?

Fabien Roussel : Notre congrès aborde ce sujet, et le choix des communistes doit être respecté. Il faut envoyer un maximum de députés communistes au Parlement européen pour rejeter, avec d’autres, le pacte budgétaire. Bien qu’adopté en 2013, il doit désormais être traduit dans le droit européen. Il impose aux États de réduire leur déficit jusqu’à 0,5 %. C’est la fameuse règle d’or. C’est en son nom que des économies sont faites dans nos hôpitaux, nos services publics, que beaucoup d’efforts sont demandés aux Français. Nous avons l’occasion de le rejeter, de contraindre les chefs d’État à plancher sur d’autres traités qui répondent aux besoins humains et aux défis écologiques. Comment fait-on pour y parvenir ? Ian Brossat est aujourd’hui en campagne. On doit continuer de discuter avec tout le monde pour avoir la liste la plus large possible. On doit aussi pouvoir confirmer rapidement Ian Brossat pour conduire cette liste.

Face à la crise politique, quelles réponses devraient apporter le PCF ?

Fabien Roussel : Nous avons deux adversaires : la finance, mais aussi l’abstention, l’indifférence. Parmi ceux qui se détournent de la politique, beaucoup sont de gauche et ont été déçus. Nous devons nous adresser à eux. Tout comme à ces millions de salariés qui n’ont pas les moyens de vivre dignement. Montrer qu’une autre vie, une autre société, est possible. Mais ça ne se décide pas d’un claquement de doigts, ça se construit. Le Parti communiste doit avoir la tête toujours dans les étoiles, mais les pieds dans la glaise. Pour convaincre, on doit toucher, parler du quotidien, de ce que nous vivons nous-mêmes. Y mettre des mots et des visages. Construire dans les luttes et l’action. En bref, éveiller les consciences.

Entretien réalisé par Julia Hamlaoui

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