Le rêve algérien et le communisme chevillé au corps...
Hommage à Henri Alleg

, par  lepcf.fr , popularité : 2%

Collectif communiste Polex, le 18 juillet 2013

publié le 20 Juillet 2013

Henri Alleg s’est éteint, le 17 juillet 2013, il avait 92 ans.

Henri Alleg incarna, en tant que Directeur du quotidien Alger Républicain, le courage et l’honneur des communistes face à la guerre coloniale menée par les autorités françaises en Algérie.

Alors que présidents et ministres, socialistes ou de droite gaulliste, organisaient en Algérie les massacres et les camps de concentration, Henri fut un exemple de fidélité à son idéal malgré les tortures, décrites dans son célèbre livre "La question", la prison et l’exil forcé. Il aida nombre d’entre nous à rester dignes du nom d’homme en refusant l’oppression coloniale. Depuis lors, Henri Alleg a poursuivi son combat inlassable de communiste authentique pour l’égalité entre les hommes et entre les peuples, en refusant tous les opportunismes et le carriérisme qui ternissent trop souvent notre idéal.

Depuis sa création, Henri était membre du Collectif Communiste Polex pour lutter avec nous contre le colonialisme et l’impérialisme.

Pour nous toutes et tous Henri Alleg est toujours vivant.

Nous appelons toutes, tous nos camarades et ami(e)s à rendre hommage à Henri Alleg, lors de ses obsèques, le lundi 29 juillet prochain, à 10h30, au Crématorium du cimetière du Père Lachaise, salle de la Coupole.


Notre frère et camarade de combat Henri Alleg vient de nous quitter

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Il est décédé suite aux conséquences d’un accident cérébral survenu l’an dernier.

Henri Alleg, de son vrai nom Harry Salem, a été ancien directeur d’Alger républicain avant son interdiction par les autorités coloniales en 1955 et après l’indépendance jusqu’à sa suspension après le coup d’Etat du 19 juin 1965.

Il a été membre dirigeant du Parti communiste algérien puis du PAGS. Fuyant la répression anticommuniste déclenchée après le coup d’Etat, il a dû rejoindre la France.

Authentique internationaliste, il a été pris d’un immense sentiment de révolte contre l’oppression coloniale dès son premier contact avec l’Algérie en 1939. Il a adhéré au Parti communiste algérien réduit à l’action clandestine et pris fait et cause pour la lutte pour l’indépendance de l’Algérie.

Durant la guerre de libération, il est activement recherché par toutes les polices. Il est arrêté en juin 1957 par les paras du sinistre Bigeard lors d’un traquenard qu’ils lui avaient tendu au domicile de son camarade Maurice Audin, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Henri Alleg est soumis à la torture comme tous les patriotes et les combattants anti-colonialistes pris dans les griffes de l’armée française.

Il réussira à faire sortir de prison son retentissant témoignage "La Question" dans lequel il fera connaître au monde entier les atrocités commises par la soldatesque coloniales sur les patriotes.

Notre camarade Henri sera inhumé le 29 de ce mois

Alger républicain présente ses condoléances les plus attristées à la famille, aux amis et aux camarades du défunt.

Zoheir Bessa

Directeur d’Alger républicain


Communiqué du Pôle de Renaissance Communiste en France

Nous apprenons avec beaucoup de tristesse le décès de notre camarade Henri Alleg, membre du comité national de parrainage du Pôle de Renaissance Communiste en France, président d’honneur du Comité Internationaliste pour la Solidarité de Classe (ex-Comité Honecker), écrivain et journaliste communiste, ancien directeur d’Alger Républicain et ancien secrétaire général de L’Humanité, militant de la solidarité de classe avec les communistes persécutés dans les ex-pays socialistes, compagnon de Maurice Audin et héros de la lutte anticoloniale en Algérie.

Henri fut aussi une figure des lettres françaises et un éclaireur de la conscience universelle dans la grande tradition de Voltaire et de Zola : son livre bouleversant La Question, le récit poignant préfacé par Sartre qui dénonça l’usage systématique de la torture en Algérie par l’armée coloniale, a beaucoup fait pour mobiliser contre la « sale guerre » : l’indépendance du peuple algérien et l’honneur du peuple français doivent beaucoup à cet homme modeste, souriant, mais inflexible sur ses hautes convictions humanistes.

Henri fut par ailleurs de tous les combat en France et dans le monde pour le progrès social, l’émancipation des peuples, la paix et le socialisme. Alors que tant d’autres hurlaient avec les loups lors de la chute de l’URSS, Henri écrivit Le grand bond en arrière, qui dénonçait faits à l’appui la terrible régression qu’a constituée la restauration du capitalisme le plus barbare dans les pays de l’ex-camp socialiste.

Nous rendrons ultérieurement hommage à ce lutteur hors pair qui était aussi un défenseur fidèle du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, ce qui lui valut, aux côtés de Georges Hage, de Rémy Auchedé et de Georges Gastaud, d’animer l’opposition communiste à la « mutation » (en réalité, à la dénaturation) du PCF dans le cadre de la première Coordination communiste, puis dans le cadre du Comité national d’unité des communistes (CNUC), puis de la Coordination des Militants Communistes du PCF.

Pour l’heure, l’émotion nous étreint quand nous repensons avant tout à cet homme fraternel, toujours aidant, souriant et plein d’humour, qui rejoint dans notre souvenir Gilberte, son épouse disparue – elle aussi engagée avec détermination dans la lutte contre le colonialisme et pour la continuité du vrai parti communiste.

A ses fils et à toute sa famille, à tous les camarades communistes membres du PRCF et/ou du PCF, à tous les communistes et patriotes algériens, à tous les membres du CISC, à tous ses amis et camarades de France et de l’étranger, nous exprimons notre profonde sympathie et notre grand chagrin.

18 juillet 2013

Georges Hage, ancien député, président d’honneur du PRCF

Désiré Marle, prêtre-ouvrier, président du CISC

Léon Landini, président de Carmagnole-Liberté (ex-FTP-MOI), président du PRCF

Vincent Flament, rédacteur-en-chef de « Solidarité de classe »

Pierre Pranchère, vice-président du PRCF

Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF

Daniel Antonini, secrétaire de la commission internationale du PRCF

Antoine Manessis, responsable du PRCF aux actions unitaires

Madeleine Dupont, trésorière du CISC

Odile Hage, secrétaire de la section de Douai du PCF


Je n’ai pas le temps d’écrire un texte plus fouillé sur l’histoire du militant hors pair qu’a été Henri Alleg, sinon pour recommander ses "Mémoires algériennes" parues chez Stock. Elles sont finalement le meilleur témoignage de son histoire et le plus sûr moyen pour prendre connaissance de son parcours.

Henri Alleg n’a jamais abandonné la force d’engagement de ses vingt ans et il a toujours su garder confiance au destin de la classe ouvrière et à son expression organique, le parti communiste. Il n’a surtout pas voulu faire chœur avec toutes ces girouettes qui pour un plat de lentille ont décrété la mort du communisme en reprenant comme une litanie, selon la partition écrite par les maitres du moment, l’idée qu’il ne pouvait qu’être l’antichambre du goulag et des systèmes totalitaires.

Au contraire il a réaffirmé à l’issue de sa vie ce qui avait été "sa première et lumineuse raison de vivre" en écrivant cet épilogue, cette profession de foi :

"Non ce n’était pas la fin de l’histoire, comme ce ne l’était pas après la défaite de Spartacus ou de la commune de Paris. Sur tous les continents, des multitudes d’hommes et de femmes reprenaient et reprendraient encore victorieusement le flambeau, plus fort, plus expérimentés, plus unis, plus conscients encore que ceux qui les avaient précédés, aussi résolus et aussi confiants en l’avenir. Le parcours restait inachevé. Son terme se révélait seulement plus lointain, plus douloureux et plus difficile à atteindre que nous l’avions cru, mais nous savions aussi que nous ne pourrions jamais renoncer à ce qui avait été et demeurait notre première et lumineuse raison de vivre ; poursuivre, avec des millions d’autres, la lutte séculaire des exploités, des opprimés, des damnés de la terre pour que naisse enfin un autre monde, un monde de vraie liberté, de vraie fraternité".

Ce grand petit homme avait une détermination humaine qu’il savait communiquer par une expression qui forçait le respect. Elle posait un sourire sur les mots de la douleur, son sourire d’homme soumis à la question qui parvînt à écrire et faire sortir des murs le texte du défi, malgré la toute puissance de la force brutale des tortionnaires, le texte qui allait jeter une opprobre définitive sur les pacificateurs en tenue léopard et leurs mandataires colonisateurs.

Henri Alleg restera un des grands nom de notre histoire.

Gilbert Rémond


Biographie

Henri Alleg (Londres, 1921 - Paris 2013). Pseudonyme de Harry Salem. En 1940, il s’installe en Algérie et milite au sein du Parti Communiste Algérien. En 1951, il devient directeur du quotidien Alger républicain. Il entre dans la clandestinité en 1955, date d’interdiction de son journal en Algérie. Il continue cependant à transmettre des articles en France dont certains seront publiés par l’Humanité. Il est arrêté le 12 juin 1957 par les parachutistes de la 10ème D.P. au domicile de Maurice Audin, son ami arrêté la veille et qui sera torturé à mort. Henri Alleg est séquestré un mois à El-Biar où il est torturé et subit un interrogatoire mené après une injection de penthotal. Il est ensuite transféré au camp de Lodi où il reste un mois, puis à Barberousse, la prison civile d’Alger. C’est là qu’il écrira La Question, dissimulant les pages écrites et les transmettant à ses avocats. Dans La Question, il raconte sa période de détention et les sévices qu’il y a subi, en pleine guerre d’Algérie. Tout d’abord publié en France aux Éditions de Minuit, l’ouvrage est immédiatement interdit en mars 1958. Nils Andersson le réédite en Suisse, quatorze jours après l’interdiction (Lausanne, La Cité, 1958). Malgré son interdiction en France, ce livre a considérablement contribué à révéler la pratique de la torture en Algérie. Trois ans après son arrestation, Henri Alleg est inculpé d’« atteinte à la sûreté extérieure de l’État » et de « reconstitution de ligue dissoute » et condamné à dix ans de prison. Transféré en France, il est incarcéré à la prison de Rennes. Profitant d’un séjour dans un hôpital, il en profite pour s’évader. Aidé par des militants communistes, il rejoindra la Tchécoslovaquie. Il revient en France après les Accords d’Évian puis en Algérie où il participe à la renaissance du journal Alger républicain.

Tirée du site des Éditions de Minuit

Bibliographie (extrait) :

  • La Question (Minuit, 1958).
  • Prisonniers de guerre (Minuit, 1961).
  • Victorieuse Cuba. De la guérilla au socialisme (Minuit, 1963).
  • Les Problèmes du Tiers-monde (Institut Maurice Thorez, 1969).
  • La Guerre d’Algérie (Temps actuels, 1981).
  • La Guerre d"Algérie 2. Des promesses de la paix à la guerre ouverte (Temps actuels, 1981).
  • La Guerre d’Algérie 3. Des complots du 13 mai à l"indépendance. Un État vient au monde (Temps actuels, 1981).
  • Étoile rouge et croissant vert (Temps actuels, 1983).
  • S.O.S. America (Messidor / Temps actuels, 1985).
  • La Grande aventure d’Alger républicain, Henri Alleg, Boualem Khalfa, Abdelhamid Benzine (Messidor, 1987).
  • L’U.R.S.S. et les juifs (Messidor, 1989).
  • Requiem pour l’oncle Sam (Messidor, 1991).
  • Le Siècle du Dragon. Un reportage et quelques réflexions sur la Chine d’aujourd’hui et (peut-être) de demain (Le Temps des cerises, 1994).
  • Un grand bond en arrière. Reportage dans une Russie de ruines et d’espérance (Le Temps des cerises, 1997).
  • Quarante ans après la guerre d’Algérie. Retour sur La Question, entretien avec Gilles Martin (Le Temps des cerises / Aden, 2001).
  • Mémoire algérienne. Souvenirs de luttes et d’espérances (Stock, 2005).

Voir en ligne : sur l’humanité

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