Texte Alternatif déposé le 9 octobre 2008 34ème Congrès du Parti Communiste Français des 11, 12, 13 et 14 décembre 2008
Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte des classes », Karl Marx, Le Manifeste

, par  lepcf.fr , popularité : 3%

SOMMAIRE

  1. Préambule
  2. Mondialisation capitaliste et résistance des peuples
  3. La crise de la France
  4. Communistes : assumer notre histoire et continuer le combat aujourd’hui
  5. Reconstruire l’organisation du PCF
  6. Notre stratégie de rassemblement populaire et électoral
  7. Un Congrès pour décider de luttes et d’actions

Nous avons une conviction : faire vivre et renforcer le PCF est une exigence de notre temps.

C’est le mandat clair que se sont donnés les adhérents du Parti lors de l’Assemblée
nationale extraordinaire de décembre 2007. Ils ont rejeté l’hypothèse de remettre en cause
l’existence du PCF, de le transformer jusqu’à le dépasser, dans la suite des choix
stratégiques des derniers congrès.

L’avenir du PCF est aussi la préoccupation d’un très grand nombre de communistes qui se
retrouvent aujourd’hui sans carte, de salariés, de jeunes, acteurs des luttes dans
l’affrontement de classes.

Les ravages de la mondialisation et de la crise du capitalisme, l’accélération de la politique
de casse sociale et démocratique dans notre pays, la menace renouvelée de guerre
impérialiste, renforcent la raison d’être de notre parti. Les crises financières répétées
éclairent les contradictions d’intérêts entre les détenteurs du capital et les salariés.
Oui, l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte de classes !

A tous les communistes, au monde du travail, à tout le pays, le 34ème congrès doit donner
un signal fort : celui de la reconquête idéologique et organisationnelle du PCF.

Le texte de base commune proposé par la direction sortante du parti ne répond pas à ces
exigences. Il acte la volonté des communistes de continuer le PCF mais il n’engage pas
les ruptures nécessaires avec les stratégies des précédents congrès. Il transforme le
PCF en une coquille vide.

Nous récusons la fatalité de l’affaiblissement de notre parti. La campagne des
communistes pour le NON au traité constitutionnel, leur action dans les luttes montrent
que le PCF retrouve sa crédibilité dès qu’il joue son rôle. Les élections municipales et
cantonales ont montré les capacités de résistance et de reconquête des communistes.

Mais sortir des 1,93 % des présidentielles, reconquérir l’influence du PCF, c’est accepter
de faire le bilan des stratégies suivies depuis Martigues, de la mutation aux collectifs
antilibéraux, en passant par la gauche plurielle.

C’est assumer notre théorie marxiste, toujours pertinente pour comprendre le monde et le
transformer.
C’est lever toute hypothèque d’une nouvelle force politique, nous engager sans ambiguïté
pour continuer le PCF dans les conditions présentes et le renforcer.

C’est sortir d’une alliance à tout prix avec le Parti socialiste, qui nous tient lieu depuis trop
longtemps de stratégie et de projet et qui nous enferme dans l’alternance et le
renoncement.
C’est assumer notre originalité, notre identité communiste, notre caractère révolutionnaire
et populaire, notre choix de classe.

C’est le pari de la révolution dans un pays capitaliste développé.
C’est se libérer du piège d’une construction européenne supra-nationale, renouer avec
l’internationalisme en travaillant avec les partis communistes et progressistes du monde
entier.
C’est reconstruire nos organisations de proximité, cellules et sections, prioritairement dans
les quartiers populaires et les entreprises, privilégier le potentiel humain et politique des
militants qui doivent avoir le dernier mot.

Sur toutes ces questions, le 34ème congrès doit permettre la confrontation d’idées et
que les communistes se prononcent.

L’enjeu de ce congrès est de maintenir et renforcer l’outil qu’est le PCF en nous
adressant à tous les militants communistes, dans leur diversité, pour qu’ils
affirment ensemble le choix d’une stratégie de rupture avec le capitalisme dans la
perspective du communisme.

Mondialisation capitaliste et résistances des peuples

L’impérialisme guerrier
Depuis la chute des pays socialistes au début des années 90, les Etats-Unis ont cherché à
imposer leur hégémonie à l’ensemble de la planète : première guerre du Golfe, guerres de
Yougoslavie… Il ne s’agissait pas seulement de calculs géopolitiques, mais d’un nouvel
essor du capitalisme, basé sur des guerres localisées, en vue de capter de nouvelles
sources de matières premières et de nouveaux marchés.

Après les événements du 11 Septembre, les Etats-Unis et leurs alliés ont franchi une
nouvelle étape en prétendant mener une « guerre de civilisation » contre le « terrorisme »
(Afghanistan, Irak). A l’ennemi communiste d’hier, ils substituent l’islamisme. L’objectif
reste identique : renforcer la mainmise de l’impérialisme partout dans le monde.

Mondialisation ou exploiter plus pour accroître les profits
Le capitalisme a su profiter du développement des nouvelles technologies pour augmenter
ses capacités d’exploitation. La « mondialisation » n’est qu’une phase
d’approfondissement et d’aggravation de l’impérialisme. Le progrès des modes
d’exploitation ne doit pas masquer l’essentiel : la baisse tendancielle du taux de profit, qui
force le capitalisme à intensifier l’exploitation du travail pour dégager une plus-value
toujours plus importante. L’augmentation numérique constante de la classe ouvrière au
plan international en est la preuve.

Le capitalisme en crise
La crise financière qui vient d’éclater n’arrive pas dans un ciel serein. Depuis un an, des
émeutes de la faim éclatent partout dans le monde à cause de la spéculation sur les
matières premières et les denrées alimentaires. La crise est due à la déconnexion entre
un système financier et boursier qui s’est emballé (au profit des détenteurs du capital) et
l’économie réelle. Cette crise montre que le socialisme comme perspective politique et le
marxisme n’ont jamais été autant d’actualité. Ils sont la seule alternative au capitalisme
qui, par nature, est un système prédateur.

Notre rôle de communistes n’est pas de créer l’illusion qu’un monde nouveau est en train
de se construire grâce au développement des nouvelles technologies, mais de pointer la
logique du système capitaliste, qui survit en mondialisant ses crises structurelles.

Notre rôle est aussi de convaincre qu’un autre monde est possible, à condition d’une
rupture radicale avec le capitalisme.

Les résistances à l’oeuvre pour un autre monde

Après l’effondrement de l’Union soviétique, beaucoup ont cru au triomphe définitif du
capitalisme. Pourtant depuis quelques années, le socialisme refait surface dans différents
points du globe.

Ainsi, plusieurs pays d’Amérique Latine se sont engagés dans des expériences
progressistes. Elles reposent toutes sur la reconquête de la souveraineté nationale grâce à la nationalisation des banques et des grands secteurs de l’économie, et la reconstruction
de sociétés visant à garantir l’accès à l’alimentation, la santé, l’éducation au plus grand
nombre.

Cuba, qui fêtera l’an prochain ses cinquante ans de socialisme malgré le blocus, a servi
de point d’appui aux pays d’Amérique latine écrasés par l’impérialisme américain.
Dans plusieurs pays (Chypre, Grèce, Inde, Népal), des partis communistes renaissent ou
regagnent en influence.

La situation actuelle ouvre au PCF la possibilité de retrouver une solidarité internationale
active dans le respect des expériences de chaque peuple et en combattant les ingérences
impérialistes, qu’elles soient militaires ou dites « humanitaires ».

L’Union Européenne : un outil de domination des peuples pour le capital

Machine de guerre contre l’emploi, les services publics, les droits des salariés et les
acquis populaires, l’Union européenne révèle cruellement aux peuples sa véritable nature :
permettre aux capitalistes de réaliser le maximum de profits dans le cadre d’une
concurrence sans limite.
Structure supra-étatique, elle impose ses choix économiques commerciaux et politiques
aux Etats membres.

Le passage à l’euro, outil de contrainte monétaire au service du capital, a encore accru la
pression sur les peuples.

Mais ceux-ci ne sont pas dupes. Ainsi en France, l’euro est largement identifié comme
responsable de la hausse des prix et de la baisse du pouvoir d’achat.
A trois reprises, en 2005 pour la France et les Pays-Bas, et en 2008 pour l’Irlande, des
peuples ont refusé de perdre leur souveraineté nationale au profit d’un processus
constituant qui vise à les priver de toute décision. Ils ont ainsi exprimé leur colère et le
rejet de ce cadre européen maastrichtien.

Ils ont aussi fait La démonstration que le cadre national reste le plus favorable à
l’expression de la souveraineté populaire alors que la construction européenne, en
éloignant les citoyens des décisions, casse les résistances.

Dans ce contexte, il est impensable qu’après avoir constaté l’échec de sa propre
stratégie en France, la direction nationale veuille nous faire croire que la seule
solution à la situation serait de se projeter à l’échelle de l’Union Européenne dans le
PGE en agitant le leurre de "l’Europe sociale".

La crise de la France

La revanche de la bourgeoisie
Nicolas Sarkozy a clairement annoncé que son élection sonnait comme une revanche sur
le programme du Conseil National de la Résistance et Mai 68.

C’est une politique de classe au service du patronat, plus déterminé que jamais à
récupérer ce qu’il a du lâcher depuis le Front populaire.
Les Français constatent tous les jours la dégradation de leurs conditions de vie et la
baisse de leur pouvoir d’achat.

Ils subissent un véritable recul de civilisation, touchant les besoins de base ; le logement,
la santé, l’éducation.

Les chômeurs sont culpabilisés et la pauvreté criminalisée. La précarité de l’emploi devient
la règle.

Le code du travail censé protéger les travailleurs est gravement remis en cause.
Les libertés fondamentales sont attaquées frontalement.

Tous les grands secteurs publics sont privatisés ou en passe de l’être : l’eau, le gaz,
l’électricité, les transports, la Poste. Les inégalités d’accès aux services se creusent et
génèrent une véritable ségrégation sociale parce que les tarifs flambent.
L’industrie française est sacrifiée pour les profits : puisqu’il est plus profitable de produire
là où les salaires ne coûtent rien, les industriels ferment allègrement les sites de
production pour délocaliser, sans que les gouvernements successifs y trouvent rien à redire. Quant à l’agriculture et à la pêche, elles sont sacrifiées sur l’autel de l’Union
européenne, qui détruit les producteurs locaux pour permettre aux industriels de
l’agriculture et de la pêche de faire main basse sur les ressources et les marchés.
Les grandes entreprises françaises accentuent leur internationalisation. Le mouvement
mondial de la concentration capitaliste touche de plus en plus l’économie du pays.

La prise de contrôle d’Arcelor par Mittal en est un exemple.

Dans le même temps, le capitalisme français tend à se financiariser, mouvement qui
reflète un nouveau stade de la course au taux de profit maximal à court terme. Des
groupes financiers, des fonds de pension étrangers, continuent à s’emparer du capital
d’entreprises françaises.

La guerre menée contre les salaires freine l’activité, fait exploser les besoins d’assistance
et creuse une dette qui engraisse les spéculateurs au profit du capitalisme financier. Les
entreprises maintiennent leurs profits à coup de restructurations, chômage technique,
délocalisations…

Le gouvernement en rajoute à chaque occasion, du paquet fiscal pour les plus riches, au
rachat des dettes bancaires de la crise financière.

Entre 1983 et 2006, la part des salaires dans le PIB a chuté de 9,3 %, soit entre 120 et 170 milliards qui sont passés du travail vers le capital chaque année !

Le renoncement de la gauche

La politique de Sarkozy n’a pas rencontré de réelle opposition de la part d’une gauche
réformiste, déconsidérée par ses renoncements gouvernementaux et prisonnière du carcan
économique de la Banque centrale européenne et de l’Union européenne.

Ce n’est pas d’une crise de la gauche qu’il faut parler mais bien du glissement à
droite du PS, du renoncement du PCF à porter un projet communiste. Parler, comme
le fait la direction nationale, d’une « politique de gauche » est une impasse
stratégique. Ce dont nous avons besoin face à Sarkozy et au MEDEF, c’est d’une
politique de rupture.

En tant que communistes, nous devons mener un combat idéologique sans complaisance
pour refuser la déculpabilisation de l’argent, le triomphe de l’individualisme, la régression
sociale présentée comme une fatalité de notre époque. En un mot, nous devons maintenir
l’espoir.

Fracture sociale et politique

Malgré des luttes importantes des travailleurs, malgré les combats des communistes (CPE,
retraites en 95, référendum sur la constitution européenne, actions contre les fermetures
d’entreprises, pour la défense des services publics…), le monde du travail ne voit pas
d’alternative politique crédible. Sarkozy surfe habilement sur des décennies de compromis
d’une « gauche de droite », semant la confusion dans les discours, débauchant sans
vergogne symboles et dirigeants.

Cette crise politique est une véritable fracture sociale, les milieux populaires étant enfermés
dans l’abstention ou le vote plébiscitaire. Les ségrégations urbaines, sociales, économiques
renforcées sont le creuset des replis identitaires et intégristes. Des forces antirépublicaines
de toutes origines jouent à la guerre des civilisations.

L’urgence : construire et renforcer les résistances, rassembler les exploités
Aidons les résistances populaires à grandir et à retrouver leur capacité politique !
Pour cela, il faut sortir de la confusion des idées et aider à reconstruire l’unité populaire au
coeur des luttes et des difficultés quotidiennes.

Pour y parvenir, le Parti Communiste doit faire un bilan de sa stratégie et assumer sa
part de responsabilité dans la situation.

Si nous voulons redevenir un parti d’opposition efficace, un parti de propositions, un parti de
transformations, on ne peut pas se contenter de dire : « pour la gauche plurielle nous avons
fait preuve de surdité », « pour le rassemblement anti-libéral, la dynamique populaire a
largement fait défaut ». Nous devons réaffirmer qu’il existe un clivage net entre la droite et
la gauche, et que le PS porte une grave responsabilité en cherchant à l’effacer.

C’est une
ligne de démarcation claire entre le Parti communiste et le Parti socialiste.
Le « nous avons fait des erreurs » n’est pas acceptable. Qui est ce « nous » ? Sûrement
pas la majorité des communistes qui se sont écartés du parti, non pas parce qu’ils se
sentaient moins communistes, mais parce que leur parti leur semblait s’en éloigner. Ce sont
les militants qui ont réaffirmé en décembre leur choix de continuer le PCF quand tant
d’appels les poussaient à le diluer dans un parti de gauche.

En tout état de cause, le Pcf doit retrouver sa fonction tribunitienne, appeler à repenser la
révolution, à conquérir des pouvoirs économiques, financiers et médiatiques, face aux
dogmes de la pensée libérale qui prétendent que le capitalisme est la « fin de l’Histoire ».

Communistes : assumer notre histoire et continuer le combat aujourd’hui

En 1920, au Congrès de Tours, le courant révolutionnaire a adhéré à la troisième
Internationale et a créé le PCF, tandis que le courant réformiste minoritaire restait à la
SFIO. Cette division entre ceux qui veulent changer radicalement la société et ceux qui
veulent l’améliorer par des réformes reste d’actualité.

Dès sa création, le Parti communiste s’est organisé dans les entreprises et s’est doté de
cadres ouvriers. Il est devenu un outil d’expression politique du monde du travail
indépendant, en lien avec les milieux intellectuels, artistiques, scientifiques.
Un parti à l’apport incomparable
Son apport dans la société française est d’une richesse incomparable. Il est le premier
parti anticolonialiste de France, appelant dès 1924 à l’arrêt de la guerre du Rif. Il a été de
tous les combats anticolonialistes : contre les guerres d’Indochine, d’Algérie, la répression
coloniale dans les pays d’Afrique du Nord et d’Afrique Noire… et de tous les combats antiimpérialistes
 : contre l’occupation de la Ruhr en 1923, la guerre d’Espagne en 1936-1938,
la guerre du Viêt-nam, le régime d’apartheid, le régime sioniste, la première guerre d’Irak
en 1991…

Il est le seul parti à s’être immédiatement dressé contre l’envahisseur nazi dès 1940, le
premier à avoir organisé la lutte armée, en la combinant à l’action politique. Le courage de
ses militants, son rôle de premier plan, expliquent qu’il ait été le premier parti de France
après la guerre.

Le Parti communiste est le parti des grandes victoires ouvrières : le Front populaire, les
acquis de la Libération – nationalisations de 1945 dans le secteur industriel et bancaire,
instauration de la Sécurité sociale, statut de la fonction publique –, ceux de 1968, ceux de
1981-1983.

Il a été le parti du courage politique, refusant la constitution de la 5ème République en
1958, le Traité Maastricht, ou le Traité constitutionnel européen en 2005.
Il a connu pourtant un affaissement électoral continu, accéléré après 1995. L’effondrement
des pays de l’Est a ébranlé de nombreux communistes, l’arrogance idéologique de la
droite et de la nouvelle gauche depuis le célèbre « Vive la crise » a désarmé les militants
progressistes.

Rompre avec l’histoire communiste et le marxisme ?

La guerre sociale menée par le patronat dans l’entreprise, par la bourgeoisie dans les
quartiers populaires, contre les services publics, nous a fortement affaiblis, écartelés entre
une insertion institutionnelle encore forte mais de plus en plus isolée de son enracinement
populaire, et une absence de perspective politique. Avec la mutation, puis les collectifs
antilibéraux, la direction a cherché des réponses dans la rupture avec l’histoire
communiste et le marxisme. Le résultat est l’émiettement des communistes égarés par
des décisions de congrès qui les laissent sans armes idéologiques et sans organisation.

La période 1997-2002, avec la participation du Pcf au gouvernement de la gauche
plurielle, a renforcé la marginalisation politique. Au lieu d’être une force de contestation, le
Parti communiste a avalisé de graves mesures anti-sociales (« réforme » de la sécurité
sociale, sommet de Lisbonne avec l’ouverture des services publics à la
« concurrence »…)
Le Pcf vit une véritable crise de crédibilité. Mais les communistes ont affirmé à plusieurs
reprises, dans la diversité de leurs approches, leur choix de continuer le PCF.

Le 34ème congrès doit tirer les leçons des échecs de ces dernières années, de
l’urgence d’une réponse communiste à la crise du capitalisme, de la renaissance
d’un point de vue communiste dans différents pays du monde. Il peut être le
congrès historique qui renouvelle le choix de 1920 dans les conditions du 21e
siècle.

Nous voulons sortir de ce congrès avec un Parti communiste fier de ses valeurs et
de ses idéaux, offensif dans ses propositions de changement de société, et
combatif en direction des classes populaires.

Reconstruire l’organisation du PCF

L’aspiration de notre peuple, particulièrement des classes sociales les plus victimes de
l’exploitation, à intervenir dans la vie politique s’exprime fortement. Les luttes qui se
développent, pour les salaires, les retraites et la sécurité sociale, les services publics…
revêtent de plus en plus nettement un caractère d’intérêt général. Elles portent une
contestation du capitalisme, de même que le vote du 29 mai 2005 contre le projet de
« constitution » européenne.

Dans le même temps, une « crise de la politique » se manifeste bien : celle de la politique
politicienne, des formations qui enferment la vie politique dans le jeu de l’alternance
institutionnelle pour mettre en oeuvre à tour de rôle des choix allant dans le sens des
mêmes intérêts. Après le quinquennat, la dernière réforme des institutions a accentué la
dérive vers la personnification du pouvoir, allant jusqu’au développement d’une politique
spectacle malsaine.

L’organisation originale du PCF

La forme d’organisation originale du PCF apparaît plus valide que jamais, donnant la
priorité à l’action politique dans les luttes, à l’intervention directe des travailleurs, sans se
détourner des institutions.

Le choix de la direction depuis le 30ème congrès de délaisser la vie des cellules,
d’abandonner leurs activités structurantes jusqu’à la remise de la carte, puis de les
supprimer au 31ème congrès e eu de graves conséquences.

Il a fortement contribué à un affaiblissement sans précédent des effectifs du parti,
particulièrement dans les quartiers populaires et les entreprises, conduisant contrairement
à l’objectif annoncé, à un recul de l’ouverture et de la diversité dans notre organisation.

Nous réaffirmons que la cellule est le coeur de la vie du PCF, le lieu où les militants
seront maîtres de leurs choix et de leurs initiatives.

La cellule permet à chaque adhérent d’être impliqué dans l’action et l’élaboration de la
politique de l’ensemble du parti. C’est aussi un lieu d’échanges humains et de fraternité
qui met au centre l’épanouissement de la personne humaine, la réflexion politique et la
formation.

Le congrès doit de fixer l’objectif de recréer des cellules, en priorité dans les quartiers
populaires et les entreprises.

La section doit retrouver son rôle d’impulsion de la vie des cellules. Le retour de
l’autonomie financière des cellules et des sections est une condition de la souveraineté
des communistes.

L’expérience depuis les derniers congrès révèle un déficit démocratique croissant. Avec la
perte de souveraineté et le recul des organisations de base, l’abandon du centralisme
démocratique a laissé place à un renforcement du centralisme tout court. Des choix
fondamentaux, comme celui de s’inscrire dans les « collectifs antilibéraux » pour l’élection
présidentielle, ont été imposés d’en haut.

Le Conseil national ne reflète pas la diversité militante et les processus conduisant aux
décisions restent opaques.

Des débats nécessaires au congrès

Concernant l’organisation du parti, le congrès devra débattre des points suivants :
· l’autonomie des organisations du parti par rapport aux institutions
· la nécessité de la formation idéologique des communistes
· la bataille pour une presse communiste indépendante
· le bilan de l’adhésion du PCF au PGE et l’absence de contacts avec de nombreux
partis communistes.

Dans la suite du mandat de l’Assemblée extraordinaire de décembre 2007, notre 34ème
congrès doit sortir avec un large appel au renforcement du PCF, une campagne
d’adhésion ancrée sur le mouvement des luttes.

Il faut des communistes plus nombreux et pleinement communistes, c’est-à-dire
organisés !

Notre stratégie de rassemblement populaire et électoral

La stratégie de « sommet » à gauche pour battre la droite s’est traduite par deux
participations gouvernementales en vingt-cinq ans et par deux échecs. Celles-ci se sont
soldées par :
- un affaiblissement considérable du mouvement ouvrier et revendicatif
- une montée en puissance du Front National dès 1984 et de l’abstention dans les
milieux populaires
- un recul électoral du PCF jusqu’à l’effondrement du 22 avril 2007
La direction du Parti communiste s’obstine néanmoins à poursuivre cette stratégie
suicidaire qui a conduit, entre autres, à gommer l’identité communiste et à lier notre
sort au PS, au prix du renoncement à tout ce qui fait l’apport original du courant
révolutionnaire dans la société et la vie politique française.

Cette stratégie a fait son temps. C’est une réponse rabougrie à la question de l’union et de
la mise en mouvement des classes populaires. Elle divise plus qu’elle ne rassemble,
décourage les milieux populaires, les forces militantes, accentue la délégation de pouvoir
et finit par désespérer le peuple de la politique.

Soyons clairs, ce n’est pas la question de notre éventuelle « participation » à un
gouvernement de gauche qui doit être systématiquement remise en cause mais le fait que
celle-ci découle d’un choix stratégique qui conditionne les orientations politiques du PCF.

Il faut rompre avec cette stratégie : notre action ne peut pas s’enfermer dans la
perspective de préparer en 2012 une nouvelle alternance électorale derrière le PS.

Le PCF n’a pas disparu du paysage politique. A preuve les 10 % de voix que ses
candidats ont obtenus aux élections cantonales en 2008. Mais son image et sa lisibilité
nationale ne cessent de s’étioler.

La crise financière qui s’ouvre, nouvelle phase gravissime de la crise du capitalisme, pose
la question du rassemblement populaire, du rassemblement du peuple de France, avec
une acuité nouvelle.

Cette volonté de rassemblement s’exprime localement dans des luttes plus nombreuses,
plus opiniâtres et plus diversifiées. Elle s’était exprimée nationalement lors du vote NON à
la « constitution » européenne. Mais elle se heurte à la fin de non recevoir du Parti
socialiste, tout entier orienté vers une politique de gestion du capitalisme.
L’expérience des collectifs antilibéraux a été menée par certains avec l’espoir de substituer
à l’alliance avec le PS une alliance à la gauche de la gauche, par d’autres par
opportunisme électoral. Les collectifs ayant été coupés des préoccupations des classes
populaires et incapables de rassembler au-delà de quelques groupes restreints,
l’expérience s’est terminée par un échec.

De fait, dissoudre le PCF dans une gauche de la gauche est un leurre.
Toutes les expériences menées jusqu’à présent – Gauche unie espagnole, gauche arc-enciel en Italie –, ont démontré leur nocivité.

La responsabilité historique du Parti communiste n’en est que plus importante. Il est grand
temps d’opérer un changement radical pour mettre en oeuvre une stratégie qui repose sur
la conscience politique du mouvement populaire.

Cela nécessite que le PCF présente ses propres candidats aux élections sur la base
d’un projet de société et d’un programme populaire de rupture.

Cela ne remet pas en cause les éventuelles alliances électorales nécessaires, y compris
avec le PS, à condition qu’elles nous aident dans le rapport de forces, qu’elles ne nous
détournent ni de nos orientations fondamentales, ni du rassemblement populaire et que
notre parti préserve toujours son entière indépendance politique.

Plus que jamais, le Pcf doit mettre en oeuvre un rassemblement populaire
anticapitaliste, avec l’objectif d’unir les travailleurs autour d’un projet de société
remettant en cause les fondements du système capitaliste, c’est à dire une stratégie
d’union à la base qui s’appuie sur les luttes, avec pour perspective politique la
rupture avec le capitalisme.

Un congrès pour décider de luttes et d’actions

Un projet pour la France

Par ses propositions, ses actions, sa bataille idéologique, le PCF peut contribuer à faire
grandir et converger les luttes, à faire reculer la droite et le patronat sans attendre 2012. Il
peut ainsi faire vivre au quotidien dans les quartiers populaires et les entreprises son
programme de transformation sociale en rupture avec le capitalisme.

Nous proposons de rassembler les communistes sur une stratégie claire, avec les
propositions suivantes :

Le PCF s’engage à :
- défendre, développer, améliorer tout ce qui est facteur d’égalité, de justice sociale et
de démocratie : services publics, Sécurité sociale, Education nationale, logement
social, énergies. Nous devons disputer sur le terrain des services publics et de la
solidarité, la modernité et l’efficacité face au chacun pour soi, aux fonds de pension
américains et au boursicotage.
- combattre la pauvreté et la précarité en augmentant substantiellement les salaires, les
minima sociaux, pensions, retraites et indemnités chômage. C’est urgent pour des
millions de femmes et d’hommes qui ne s’en sortent plus. C’est faire reculer le capital.
- arrêter la casse de l’emploi en empêchant les licenciements et les délocalisations
- obtenir de nouvelles conquêtes sociales et démocratiques qui s’en prennent
directement aux pouvoirs du capital et de la grande bourgeoisie dans les entreprises,
la finance et les institutions : appropriation sociale des moyens de production et
financiers, droits nouveaux pour les salariés, transformation des institutions.

Se libérer du carcan de l’Union Européenne, affirmer la souveraineté
nationale, développer les coopérations

Alors que la possibilité de transformer l’Union européenne apparaît de plus en plus
impossible aux peuples, ne faut-il pas se poser la question d’en sortir pour en faire éclater
le cadre impérialiste et travailler à de véritables coopérations entre pays, basées sur le
respect des souverainetés populaires ? Le 34ème congrès devrait en tous cas engager le
débat sur cette question qui devra être tranché par un référendum populaire.
Il est urgent d’arrêter le processus de construction d’une entité européenne supranationale
entièrement dévouée aux marchés et sur laquelle les peuples n’auraient pas de prise.

Pour le droit des peuples contre l’empire européen, nous disons :
- non-application des directives européennes qui entravent la liberté de la France ;
- abrogation des traités européens, notamment Maastricht et le traité constitutionnel
simplifié ;
- affirmation de la primauté de la souveraineté nationale ;
- refus de tout élargissement de l’Union Européenne.

Le Parti communiste doit présenter aux élections européennes de 2009 des listes
porteuses de la colère contre l’Union européenne et de la volonté de coopérations nouvelles entre pays européens à partir du cadre national.

Arrêtons de nous fondre et nous confondre dans les institutions européennes et
tournons-nous vers les partis communistes européens !

Solidaires des peuples, actifs pour la paix

L’internationalisme est au coeur de nos engagements et nous sommes solidaires des
combats de libération nationale, des luttes et résistances des peuples qui se sont libérés
du capitalisme et sont assaillis par l’impérialisme.

Le PCF doit reprendre le drapeau de la solidarité internationale et de la lutte pour la paix.

Nous nous battons pour :
- le respect des souverainetés nationales, tant économiques que politiques ;
- la construction d’un nouvel ordre international basé sur la justice sociale et le respect
du droit international ;
- des coopérations avantageuses pour les pays en voie de développement qui leur
permettent de sortir de la misère et de la soumission ;
- le refus des ingérences impérialistes militaires ou dites humanitaires ;
- la non-intégration de la France dans l’OTAN ;
- le retrait des troupes françaises d’Afghanistan.

Le PCF doit renouer avec les partis communistes du monde, dont certains ont connu
récemment un progrès de leur influence. Nous proposons de travailler à la
construction d’un nouveau cadre international d’échange et de coopération entre
les peuples, outil indispensable à une solidarité communiste active.

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  • (2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler

    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
    ... lire la suite

  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).