Un communiqué commun, signé par plus de cinquante collectifs, syndicats, associations dénonce la répression accrue (...)
Combattre le communautarisme, agent de division
Les commentaires qui accompagnent les crimes odieux de Montauban et de Toulouse utilisent souvent les mots communauté et communautarisme. Ils sont devenus des éléments de langage quotidien des hommes politiques et de la caste médiatique. Il y a accélération d’un mouvement commencé il y a plusieurs années, qui de façon insidieuse nous fait passer de la République indivisible, laïque, démocratique et sociale à une société basée sur le communautarisme [1].
Ce glissement vient d’en haut. La montée en force des lobbies religieux est réelle, de même que la connivence des princes qui nous gouvernent. Sous les gouvernements de droite comme de gauche, les ministres des divers cultes sont persona grata. Certains pays Arabes, tel le Qatar [2] s’implantent en France. Les religions deviennent matière d’enseignement. Sarkozy se rend au dîner annuel du conseil représentatif des institutions juives (CRIF) accompagné d’autres dirigeants politiques. Le président de la République va plus loin lorsqu’il déclare que « croire dans quelque chose vaut parfois mieux que croire que tout se vaut ». Devant le Pape à St Jean de Latran, Sarkozy présenta la laïcité comme une forme de méfiance à l’égard des religions, et un obstacle à l’expression de celles-ci dans l’espace civil. Il opposa l’instituteur au curé et au pasteur, accordant le monopole de la conscience morale, de la définition du bien et du mal, à ces deux dernières figures. A son retour de Rome, il proposa que le conseil économique et social face une place "aux grands courants spirituels".
Ces prises de position, et ces comportements, blessent les consciences, elles ébranlent le principe de laïcité qui n’est pas une révérencieuse neutralité ou tout se vaut. La République est attaquée. Selon certains, la loi de 1905 de séparation des églises et de l’état serait devenue archaïque. La liberté d’opinion et de croyances est certes un impératif catégorique, mais respecter la piété d’un chrétien, d’un juif, d’un musulman, d’un bouddhiste ne saurait interdire de passer au crible de la critique rationnelle des fables et dogmes, et des tabous nés dans l’enfance de notre espèce humaine. La laïcité -si propre à la France- est enracinée dans notre histoire. Il convient comme aux temps héroïques du combat anticlérical "d’écraser" ce que Voltaire appelait "l’infâme", c’est-à-dire la superstition, l’intolérance et les ingérences cléricales dans l’état. Il faut rassembler et unir ces forces potentielles trop inertes faces aux multiples attaques. La défense et la promotion de la laïcité à l’école, et dans la nation, est un combat d’une brûlante actualité. Mettre en échec le piège du communautarisme c’est travailler à unir le monde du travail pour les salaires, l’emploi, le logement, les libertés à l’entreprise.
Guy Poussy, le 27 mars 2012
Lu sur Combat