BRIC, BRICS puis BRICS + : pour aller vers une monnaie commune ?

, par  descartes

Le 1er octobre 2024 à 19:15, par descartes En réponse à : BRIC, BRICS puis BRICS + : pour aller vers une monnaie commune ?

Désolé, camarades, mais comme disait quelqu’un, « le commentaire est libre, les faits sont sacrés ». Et cet article est rempli d’erreurs :

1) Le « consensus de Washington » n’est pas « issu de la seconde guerre mondiale », mais de la politique reaganienne dans les années 1980. Et ce n’est pas un point de détail : le « consensus de Washington » est un élément de la révolution néolibérale qui met fin aux « trente glorieuses », rendues possibles par des politiques keynésiennes initiés, elles, après 1945.

2) La NBD et le FMI n’ont pas du tout la même fonction, ni le même mandat. Le FMI a été créé pour faire face aux crises monétaires et aux déséquilibres fiscaux. Il ne prête pas d’argent pour financer des programmes d’infrastructures ou de développement industriel. La NBD est une banque de développement, qui finance des projets. S’il fallait faire un parallèle, ce n’est pas avec le FMI mais avec la Banque Mondiale. Là encore, ce n’est pas un point de détail : le FMI est une institution originale, qui au départ en 1945 visait la création d’une monnaie internationale distincte du dollar. Et ce sont les Américains qui ont fait capoter ce projet.

3) Les notes données par les agences de notation servent aux grands investisseurs internationaux à évaluer les risques qu’ils prennent lorsqu’ils investissent. Si le risque évalué par une agence ne correspond pas au risque réel, l’investisseur risque de perdre beaucoup d’argent. Pensez-vous que ces gens-là continueraient à faire confiance à ces indices s’ils étaient « manipulés » ? Si demain les BRICS créaient des agences de notation, et que leurs évaluations soient de meilleure qualité, les investisseurs les préféreront aux évaluations des trois « grandes » agences américaines. Pour le moment, rien n’indique que ce soit le cas.

4) Le fait que les DTS soient un « panier de monnaies » n’implique nullement que son taux de change par rapport aux monnaies nationales des BRICS soit plus « stable » que celui vis à vis du dollar.

5) La création d’une monnaie unique des « 5R » paraît très improbable, parce qu’une monnaie unique implique une convergence structurelle des économies (c’est la théorie des zones monétaires optimales), et notamment des taux d’inflation et des déficits fiscaux. Alors que les pays européens sont beaucoup plus proches en termes de politique monétaire, l’Euro marche mal. Imaginez ce que ce serait entre l’Afrique du sud, dont la monnaie se déprécie régulièrement et dont le déficit de la balance des paiements se creuse, et la Chine qui est dans la situation contraire ?

On peut imaginer que les BRICS créent une unité de compte commune (comme pouvait l’être l’ECU en Europe). Mais une « monnaie unique » est un rêve impossible...

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