Patronat et gouvernement veulent nous faire croire que pour être compétitif, il faut baisser les salaires...
La baisse du « coût du travail » ne génère pas de croissance, mais d’abord une hausse des marges que le patronat utilise pour verser des dividendes, et servir tous les rentiers du capital, actionnaires, banques, fonds de pensions, bourses... Et les investissements stagnent ! Comme le monte cette figure, le taux de marge, qui se maintenait à un très haut niveau de 30% depuis 1980 n’a pas empêché la baisse du taux d’investissement qui stagne en dessous de 20% depuis 20 ans... L’objectif de profit est déterminant. La baisse des coûts de production ne se traduit pas forcément par un gain de compétitivité si l’entreprise veut accroître ses marges Elle est plus rentable à court terme, pas plus compétitive....

La part des investissements productifs dans l’économie est dé-corrélée du niveau des marges des entreprises
Les propriétaires du capital ont été habitués depuis les années 80 à des niveaux élevés de rentabilité de leurs placements et des dividendes versés. C’est le coût du capital qui pèse sur les économies de l’OCDE. A la fin des années 80, les dividendes nets versés par les entreprises représentaient moins de 4% de la valeur ajoutée. Ils ont culminé à 10% en 2009 et 2010.
La crise depuis 2008 a réduit les ventes et donc le taux de marge (27% en 2011). Toute la stratégie du patronat vise à le faire remonter. Mais celui des sociétés non-financières est resté élevé à plus de 30% jusqu’en 2009 avec de très bons résultats pour les grands groupes. Cela traduit une situation difficile de la petite et moyenne industrie, et révèle une stratégie de « cash » à l’anglo-saxonne qui limite les investissements.
Or, le chômage s’explique d’abord par une insuffisance d’emplois ! En effet, à productivité, temps de travail et volume d’activité donnés, l’emploi ne dépend que du processus de production. Si une entreprise produit 10000 biens avec 10 personnes, même si on divise les salaires par 2, elle n’embauchera pas 10 personnes de plus pour la même production, elle augmentera ses marges ! Les pays aux salaires les plus bas sont ceux qui ont le plus souffert de la crise (Europe du Sud) !
Pour Pierre Moscovici, Ministre de l’économie et des finances, le coût du travail n’est pas une « question taboue ».
Les Français moins travailleurs que les autres ?
Les biens manufacturiers font 80% du commerce extérieur de la France. L’heure de travail 2012 est de 36,84€ contre 36,24€ en Allemagne (Coe-Rexecode), inférieur à la Belgique (42,02€/h), au Danemark (38,68€/h), et supérieur à l’Italie (27,19€/h) ou Espagne (22,43€/h) par exemple. Mais pour la productivité du travail, selon l’OCDE, la France est dans le trio de tête des pays européens avec la Belgique et l’Irlande. Or, ce qui compte pour le patron, c’est le couple salaire/productivité.

La France, moins efficace que l’Allemagne ?
Le coût du travail en France suit la moyenne de l’OCDE. L’Allemagne fait exception, « décrochant » à partir de 2000, menant avec l’Euro une guerre économique contre ses voisins. Ses parts de marché mondial progressent !
Mais la France perd du terrain même quand son coût salaral baisse ! Soyons clair, c’est la patronat Français qui est moins efficace, avec une stratégie concentrée sur quelques secteurs, fortement dépendante des aides de l’état, et de la domination sur des pays du Sud. Le deal européen avec l’Allemagne nous coûte de + en + cher.
Conclusion, le capitalisme a fait son temps. C’est aux travailleurs de prendre en main leurs usines, d’imposer à l’état la nationalisation/expropriation des patrons rentiers, la relance des salaires et des investissements